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27/06/2011

(US) Game of thrones (Le trône de fer), saison 1 : You win or you die.

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La saison américaine 2010-2011 s'achève tout juste en ce début d'été, et avec elle, la première saison de celle qui s'est révélée comme une des meilleures - et ma préférée - de ses nouveautés : Game of Thrones (Le trône de fer). Lors de ma critique déjà très enthousiaste du pilote, j'avais replacé tout l'enjeu et le contexte qui sous-tendaient cette adaptation d'une des grandes sagas littéraires de fantasy encore en cours (4 tomes à ce jour sortis, le cinquième est prévu pour ce mois de juillet aux Etats-Unis, l'intégrale devant normalement comporter 7 volumes). La pression était forte, le challenge compliqué... si bien que la réussite n'en est que plus savoureuse !

Au vu du déroulement de cette première saison, où la qualité, mais aussi l'intensité, auront été constantes, je ne doute pas que la saga aura glané au passage plus qu'une poignée de lecteurs que la perspective d'une longue attente avant la saison 2 (laquelle a - heureusement - été très rapidement commandée) galvanise tout autant que les émotions fortes procurées au cours de ces dix premiers épisodes. En ce qui me concerne, Game of Thrones n'aura pas simplement rempli toutes mes attentes, la série aura bel et bien dépassé mes espoirs. C'est quelque chose de tellement rare que je me suis même surprise à regarder plusieurs fois - avec toujours autant de saveur - certains épisodes. 

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Si la première scène de la série introduisait une menace lointaine semblable à une épée de Damoclès pesant sur tout le continent de Westeros, l'histoire de Game of Thrones reste en cette première saison avant tout une lutte de pouvoir. Sur l'échiquier impitoyable du trône du fer, chaque pion se place et chaque coup se révèle létal pour le perdant. D'alliances en trahisons, les rapports de force se redessinent sans cesse modelant les batailles à venir. Tout en nous plongeant dans un univers très complexe, l'ensemble n'en demeure pas moins accessible : sa densité fascine, notamment parce qu'elle oblige à recourir à une grille de lecture des conflits à plusieurs niveaux. Les grandes maisons focalisent les attentions, déclenchant de vastes engrenages. Mais chaque protagoniste, chaque choix fait, apparaît comme autant de contributions à la partie qui a commencé il y a deux décennies ; et ceux qui veillent dans l'ombre sur leurs propres agendas sont tout aussi déterminants.

La réussite de l'adaptation va être d'avoir su capter l'âme et la force du récit d'origine. L'ensemble acquiert rapidement une véritable dimension épique prenante et intense. Dans cette course au trône, aucune alternative n'existe, comme le comprendront trop tard certains : seule la mort attend le vaincu. Au-delà de la multiplicité des camps en présence, la force de cette mise en scène doit beaucoup à une approche dénuée de tout penchant manichéen. Les parallèles faits avec certaines oeuvres littéraires (et sériephiles) comme Les rois maudits me semblent assez bien refléter cet aspect. Et si le téléspectateur éprouve une inclinaison naturelle pour les Starks, force est de constater rapidement que chacun oeuvre pour des intérêts qui ont tous, de leur point de vue personnel, une forme de légitimité indéniable. Que leurs actions se fondent sur l'honneur, la vengeance ou au nom du sang familial, tout est enveloppé dans un voile de pragmatisme qui brise les stéréotypes. La fresque qui prend forme peu à peu devant nos yeux ne comporte ni noir, ni blanc... constamment en mutations, elle n'est que nuances...

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C'est par la richesse de ces destinées personnelles qui s'entrechoquent que Game of thrones assoit sa légitimité de grande saga de fantasy. Retranscrire l'ampleur des enjeux impliquait de savoir gérer une vaste galerie de protagonistes : c'est le cas ici, le nombre impressionnant ne faisant pas obstacle à ce que la psychologie de chacun soit travaillée. Se jouant des codes traditionnels, les personnages transcendent et dépassent souvent les simples canons du genre. Cela leur confère une authenticité qui leur permet de sonner justes jusque dans leurs failles et leurs impulsions irréfléchies. Non seulement, ils ne sont pas unidimensionnels, mais ils ne sont pas non plus figés. C'est sur les plus jeunes que la saison pèse le plus, les voyant perdre leur innocence initiale : s'adapter, c'est survivre aux épreuves qu'ils doivent affronter. Mais qu'ils soient honorables ou méprisables, grandioses ou pathétiques, brillants ou aveuglés par leurs émotions, tous ces personnages s'imposent immédiatement avec force à l'écran, galerie bigarrée qui retient assurément l'attention d'un téléspectateur captivé et charmé.

Cette mise en scène de l'ambivalence de ces protagonistes hauts en couleurs va même légitimer l'adaptation : la série apporte sa propre valeur ajoutée, même pour quelqu'un connaissant l'univers par le livre. Alors que les romans offrent des chapitres contés suivant le point de vue particulier et biaisé d'un personnage, la série, avec sa vision d'ensemble extérieure, objectivise les évènements. Le lecteur redécouvre ainsi, sous un jour presque différent, tel ou tel passage important. Non seulement des vérités sautent soudain aux yeux, mais en plus des personnages peu mis en valeur dans le premier tome bénéficient d'un tout autre traitement, et dévoilent très vite leur potentiel en gagnant considérablement en épaisseur. C'est par exemple le cas pour Jaime Lannister auquel il faut plusieurs tomes pour acquérir une autre étiquette que celle du "Régicide" introduit par un acte si choquant au tout début, qu'il en aura marqué plus d'un. Dans la série, le personnage est immédiatement bien plus soigné et donc nuancé. De même, l'avènement de Robb, pas seulement vu à travers le regard maternel, prend une dimension supplémentaire vraiment galvanisante.

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De manière générale, Game of Thrones atteint une maîtrise de sa narration impressionnante et aboutie. Commençant plutôt dans l'exposition, afin que chacun puisse situer enjeux et protagonistes, la suite de la saison se construit en allant crescendo, pour atteindre un souffle et une tension aussi jubilatoires qu'éprouvants dans son dernier tiers. Le téléspectateur (peut-être celui qui est familier des livres y est-il plus sensible) reste fasciné par sa faculté à sélectionner avec soin les informations à partir d'une base excessivement dense : on perçoit le choix minutieux fait de chaque scène, de chaque dialogue. C'est ce qui va permettre de jongler avec fluidité entre tous ces lieux et toutes ces intrigues. Les scénaristes sont parvenus à capturer l'essence même du récit, en préservant son esprit, mais tout en sachant le rendre accessible à l'écran : l'explicite côtoie le symbolique, mais aussi des éléments simplement suggérés implicitement. Un vrai délice.

Pour ne pas totalement verser dans la critique dithyrambique uniforme, quelques points éventuellemet discutables peuvent être soulevés. Parmi les choix de scènes, il y a celui de ne nous montrer aucune bataille : la caméra se contentant des scènes avant/après. Cependant, cela ne m'a pas dérangé : à aucun moment, dans cette saison, cela n'affaiblit la portée du récit. Comme on touche ici à des problématiques également financières, j'aurais tendance à penser que dans la mesure où l'intensité et les enjeux ne sont pas amoindris, il n'y a rien à y redire. Plus discutable est en revanche la tendance aux scènes de sexe gratuite dans laquelle la série verse parfois. Certes, on est sur HBO, face à d'autres moeurs et civilisations... nulle surprise donc de les retrouver dans la série. Certaines se justifient même sans aucun problème ; en revanche, d'autres frôlent le racolage un peu facile et assez dispensable (le show organisé par Littlefinger par exemple).

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Totalement aboutie sur le fond, Game of Thrones l'est également sur la forme. Le défi que représente la fantay, c'est de parvenir à créer un univers médiévo-exotique qui garde une relative crédibilité à l'écran. La série s'en tire avec les honneurs. Non seulement, la réalisation est superbe, mais elle est aussi très intelligente. Ainsi, elle sait à l'occasion se jouer des limites budgétaires, en privilégiant notamment parfois les cadres serrés quand la présence d'une foule importante doit être suggérée. Elle va aussi se retenir de verser dans toute surenchère, nous offrant des scènes implacables dont la force réside justement par cette faculté à ne pas trop en faire. Bref, le téléspectateur se retrouve totalement immergé, de manière très convaincante, dans ces différents décors aux tonalités si dissemblables. Le tout s'accompagne d'une bande-son magnifique, qui apporte cette petite touche supplémentaire parachevant l'ensemble.

Enfin, Game of Thrones, c'est aussi un grand casting, extrêmement solide, qui va rendre justice aux personnalités fortes que la série transpose à l'écran. Parmi ceux qui m'ont vraiment marqué, Sean Bean est vraiment parfait pour le rôle d'Eddard Stark, apportant cette noblesse indéfinissable qu'il insuffle à chacun des personnages de fantasy qu'il joue. Peter Dinklage est caustique et jubilatoire comme j'en rêvais dans le rôle de Tyrion. La classe de Nikolaj Coster-Waldau sied de façon si naturelle à Jaime Lannister. Et du côté féminin, Maisie Williams incarne une Arya plus vraie que nature, tandis qu'Emilia Clarke dans la droite lignée de son personnage. Enfin, à titre personnel, je confesse ne pas être restée insensible au charme aux bouclettes noires de Kit Harington et de Richard Madden.

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Bilan : A la fois féroce et magnifique, violente et épique, Game of thrones dispose de ce souffle rare qui construit les grandes épopées. La série signe une immersion convaincante et prenante dans un univers de fantasy complexe, où l'ambivalence règne, et dont elle va prendre la pleine mesure. Adaptation fidèle dans l'esprit comme dans son contenu, dotée d'une maîtrise narrative impressionnante, elle nous entraîne dans une lutte pour le pouvoir, impitoyable et létale, dont le froid réalisme marquera plus d'un téléspectateur. Cette série m'aura fait frissonner comme rarement devant mon petit écran : simplement superbe. A savourer.


NOTE : 9,25/10

Une bande-annonce de la série :

Le (superbe/somptueux) générique :

19/04/2011

(Pilote US) Game of Thrones : Winter is coming...

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Après des semaines d'orchestration d'une campagne médiatique alléchante, de vidéos foisonnantes titillant la curiosité, dimanche soir, débutait sur HBO une des nouveautés les plus attendues de la saison, Game of Thrones. Adaptation d'une des grandes sagas littéraires récentes de fantasy (non encore achevée) de George R. R. Martin, c'était aussi l'occasion pour la chaîne câblée américaine de se glisser dans un genre qu'elle n'avait encore jamais exploré dans un décor médiéval réaliste.

Pour l'avoir tant espérée, j'en ai presque hésité à lancer le pilote hier soir, de crainte de rompre une magie préinstallée. A la question de savoir si Game of Thrones peut être apprécié tant par les fans que par des personnes ne connaissant pas (encore) cet univers, je pense que la réponse est positive. Mais il est certain que les deux publics n'auront pas la même approche du pilote. Là où certains vont s'efforcer de se situer et de retenir la complexité de l'univers introduit et de ses intrigues, les autres vont seulement admirer - les yeux brillants, en ce qui me concerne - la mise en scène d'une histoire qu'ils connaissent déjà, s'attachant aux détails, aux non-dits et, plus généralement, à la symbolique dont chaque scène regorge.

Cela donne donc une review forcément subjective venant d'une téléphage qui a lu et aime le Trône de Fer. Je signale cependant que j'ai fait attention à m'en tenir uniquement au pilote et aux informations qui y sont dévoilées en écrivant ce billet.

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L'hiver approche dans le Royaume des Sept Couronnes. Il se murmure que, après des siècles d'absence, des Autres auraient été aperçus par-delà le Mur qui protège des territoires sauvages les plus au nord ; des dire wolves (de grands loups) ont même franchi cette frontière de pierre pourtant si imposante. Des forces sont à l'oeuvre autour, mais également au sein même du royaume, s'apprêtant à plonger ces terres dans un des plus terribles hivers qu'elles aient connu.

Impassible, le roi Robert Baratheon règne sur le continent de Westeros. Il a renversé et déposé le roi Aerys II Targaryen, il y a presque deux décennies. A l'époque, la victoire avait été remportée avec l'aide décisive de son ami, Eddard (Ned) Stark, seigneur de Winterfell ; ce dernier administre toujours ce vaste duché situé le plus au nord du royaume. Il s'est jusqu'à présent sagement tenu loin des intrigues de cour, préservant sa famille dans leur domaine. Mais, au sud, dans la capitale, Jon Arryn, la Main du Roi, meurt soudainement. N'envisageant qu'une personne de confiance à qui confier ce poste décisif où le titulaire régente tout le royaume, Robert se met alors en route vers le nord pour raviver l'amitié passée et demander à Ned de prendre la place du défunt conseiller.

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L'arrivée du roi et de la cour, notamment des Lannister, dont la reine Cersei est une des représentantes, va mettre un terme au quotidien familial, loin des complots et ambitions, que connaissaient les Stark. Ces derniers se retrouvent projetés dans des rapports de force dont ils ne savent encore rien. Catelyn, l'épouse de Ned, reçoit ainsi un message inquiétant de sa soeur, veuve de Jon Arryn, affirmant que la mort de ce dernier n'a pas une cause naturelle. Quels secrets et machinations sont à l'oeuvre à Port-Réal ? L'union envisagée entre trois des principales Maisons du Royaume (Baratheon, Stark et Lannister) que permettrait le mariage de Sansa avec le prince héritier, fils de Robert et de Cersei, revêt soudain une importance particulière.

Loin de ces considérations nordiques, sur un autre continent, un autre héritier, celui-ci considéré comme "légitime", manoeuvre également pour reconquérir son pouvoir perdu. Derniers descendants de la lignée déchue des Targaryen, Viserys marie en effet sa soeur Daenerys à un chef militaire puissant, Drogo, dans l'espoir d'obtenir une armée lui permettant de chasser l'usurpateur du Royaume des Sept Couronnes, ainsi que tous les traîtres qui avaient scellé la chute de leur Maison, les Stark comme les Lannister, dont le surnom du frère de la reine est resté, après toutes ces années, inchangé : le Régicide.

La lutte pour la conquête du Trône de Fer peut débuter... L'hiver vient.

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Ce résumé condensé ci-dessus ne fait qu'effleurer la complexité et la richesse d'un univers qui ne demande qu'à se construire et s'animer sous nos yeux. Le défi du pilote allait donc résider dans sa capacité de retenir l'attention et d'éveiller la curiosité du téléspectateur pour qui ce cadre était inconnu, sans le perdre au détour de cette galerie de personnages hauts en couleur et d'intrigues compliquées. Le tout, en apportant dans le même temps suffisamment de nuances et de soins à une reconstitution appliquée afin que les personnes déjà familières de l'histoire soient elles-aussi captivées. Dans la recherche de cet équilibre narratif, Game of Thrones s'en sort avec les honneurs.

En effet, l'épisode mêle habilement des séquences d'exposition et des passages déjà déterminants pour le futur en train de se mettre en mouvement, l'importance des décisions à prendre étant perceptible. On se sent rapidement impliqué dans les évènements qui s'annoncent. On partage ainsi, par exemple, l'inquiétude et le dilemme de Ned. Mais la preuve la plus éclatante que l'on est vraiment entré dans l'histoire, c'est la vraie claque téléphagique que l'on subit lors de la scène de fin, ô combien marquante : elle vous laisse le souffle presque coupé, même lorsque vous saviez ce qui allait se produire. Après une telle conclusion qui scelle définitivement notre plongée dans le royaume, il n'est même pas pensable de ne pas lancer l'épisode suivant !

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Construit sur un rythme de narration plutôt rapide qu'explique l'effort de condenser tant d'informations en une petite heure, il faut noter que l'épisode suit rigoureusement les débuts du premier tome dont il est l'adaptation, sélectionnant de manière opportune les scènes clés déterminantes. Il va à l'essentiel. Il n'y a rien en trop, et les scénaristes ont su choisir les échanges qui, par leurs répliques ou la mise en scène symbolique qu'ils occasionnent, permettent de poser tant les enjeux que de présenter des protagonistes dont la complexité ira croissante.

D'ailleurs, il faut bien insister sur cette capacité à susciter une fascination (pour les Lannister) ou de l'affection (pour les Stark) à l'égard de tous ces personnages, qui sont autant de pions sur une vaste partie d'échecs pour le pouvoir. L'attrait de ces figures souvent ambivalentes s'explique par une absence de manichéisme rafraîchissant. Cela demeure un des apports les plus fondamentaux de l'oeuvre de George R. R. Martin, et ce pilote en pose les bases prometteuses, notamment par la mise en scène des frères Lannister que j'ai trouvés parfaitement introduits. Le souffle épique et l'âme de la saga sont donc tous deux perceptibles dans cette première immersion fidèle.

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Soignée sur le fond, Game of Thrones l'est aussi sur la forme. La réalisation est aboutie et, surtout, avec cette volonté de condenser un maximum d'informations, voire d'esquisser des suggestions non encore formulées, de nombreux plans jouent un registre très symbolique dans leur mise en scène. C'est vraiment appréciable à suivre. Sans doute le téléspectateur ne connaissant pas l'univers ne fera pas immédiatement attention à tous ses détails, mais cela renforce cependant le sentiment que l'on a une série vraiment penséee qui pose ici ses premières fondations.

De même, l'épisode sait mettre en valeur et distinguer les différents lieux qui seront déterminants pour la suite. Pour le moment, la sobriété froide de Winterfell tranche de façon convaincante avec l'exotisme du continent de l'Est, tandis que le Mur apparaît, brièvement, glacé au possible et que Port-Réal devrait symboliser le véritable luxe. Précisons que nous nous situons plutôt dans un registre plutôt de low fantasy, à savoir que le décor médiéval se veut globalement réaliste. S'il y aura des éléments plus caractéristiques de la fantasy par la suite, il y a une réelle volonté de nous introduire dans un univers où les luttes de pouvoir entre ces différentes puissantes familles suivent l'art de la guerre et de la ruse propre à toute intrigue de ce genre.

De plus, Game of Thrones bénéfice d'une bande-son vraiment excellente qui colle parfaitement à l'atmosphère de l'histoire. C'est dès le générique que les ambitions sont affichées. En effet, non seulement réussit-il à présenter le cadre, géographique et géopolitique de la série, mais sa musique est une vraie réussite : entraînante juste comme il faut, avec une tonalité un peu grave qui renforce l'impression de solennité du récit et confère à l'ensemble ce souffle épique qui lui sied si bien. 

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Enfin, Game of Thrones repose sur une galerie impressionante de personalités fortes qu'il convenait donc de bien transposer à l'écran. Le passage de l'imaginaire du livre au concret de la série est globalement bien conduit. Sean Bean est convaincant en Eddard (Ned) Stark, avec cette noblesse pleine de principes qui semble un peu isolée au milieu de toutes ces ambitions pragmatiques. Je serais un peu plus mesurée quant au choix de Michelle Fairley comme épouse, peut-être trop éteinte par rapport à l'idée que je me faisais de Catelyn. En revanche, j'ai trouvé les enfants Stark juste parfaits. Ils gagnent une paire d'années au passage par comparaison aux livres (par rapport à la chronologie originale, tout l'univers gagne deux ans), mais trouvent dès les premières scènes le ton juste, servis par une introduction vraiment bien menée lors d'une séance de tir à l'arc pleine de symboles. J'ai été tout particulièrement heureuse du choix de mes Stark préférés, c'est-à-dire Jon Snow (Kit Harington), Brandon (Isaac Hempstead-Wright) et Arya (Maisie Williams). Robb est incarné, avec cette fierté caractéristique, par Richard Madden et la si sensuelle Sansa par Sophie Turner.

Dans les autres maisons, si Mark Addy, pour jouer le roi Robert Baratheon, est également très bien casté, je serais un peu plus mitigée du côté des Lannister. En fait, pour ce qui est des deux frères, ce serait presque un euphémisme que d'affirmer que je les ai trouvés extra. En deux scènes, Peter Dinklage impose immédiatement Tyrion à l'écran de façon assez jubilatoire (forcément, ses répliques le sont toujours) et me rappelle pourquoi il est mon personnage préféré de toute la saga. Tandis que Nikolaj Coster-Waldau trouve vraiment l'ambivalence adéquate pour Jaime, avec cet "attachement" familial sincère (dans tous les sens du terme) qui contrebalance étrangement l'inimité suscitée par ses actes. De plus, il prononce la dernière et grande phrase marquante de l'épisode avec une pointe de désinvolture caractéristique juste parfaite. En revanche, je reste réservée sur le choix de Lena Headey en Cersei qui m'est apparue trop en retrait et effacée par rapport aux autres.

Enfin, du côté des Targaryen (une autre famille aux moeurs très saines, mais les Targaryen se mariant entre eux depuis des générations, on dira que la consanguinité est ici normalisée, avec toutes les conséquences qu'elle implique), Emilia Clarke impose une grâce assez troublante dans ce personnage de Daenerys, mêlant une fragilité évidente mais aussi une force plus sourde, qui ne demande qu'à s'éveiller, symbolisée par la scène où elle plonge dans l'eau presque bouillante : les dragons ne craignent pas le chaud. Quant à Viserys, les amateurs de Doctor Who auront sans doute reconnu Harry Lloyd, et il trouve instantanément ses marques pour mettre en scène ce prince dévoré, sans le moindre recul, par l'ambition et le désir de vengeance. Et pour incarner le nouvel époux de Daenerys, Khal Drogo, on retrouve un Jason Momoa (Stargate Atlantis) qui se fond très bien dans ce décor violent et exotique.

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"The things I do for love..." (Jaime Lannister)

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Bilan : Offrant une mise en images aboutie et particulièrement soignée, regorgeant d'une symbolique assez jubilatoire, le pilote de Game of Thrones propose une introduction efficace, posant les bases de l'univers en présentant les protagonistes et les grands enjeux. On perçoit non seulement la densité d'un univers où il y a tant à explorer, mais également le caractère épique que vont vite prendre ces luttes de pouvoir. Le seul regret éventuel viendra de la durée presque trop courte, obligeant à condenser au maximum et donc à laisser de côté certains aspects (les croyances religieuses avec la scène de l'arbre, etc.). Il y a tant de choses qu'il faudra préciser ; mais je pense que, par exemple pour la Garde de Nuit, tout viendra en son temps.

En résumé, c'est avec le regard brillant et une pointe d'émerveillement que j'ai suivi ce premier épisode d'une saga assurément prometteuse : la suite, vite !


NOTE : 9/10


Une bande-annonce de la série :

Le (superbe/somptueux) générique :

17/04/2011

(Mini-série US) Mildred Pierce : un portrait de femme fascinant et éprouvant dans la Californie des années 30


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Parmi les mini-séries américaines de ces dernières semaines, outre The Kennedys, une autre production était également très attendue : Mildred Pierce. Se proposant de nous offrir un plongeon dans le Los Angeles des années 30, il s'agissait de porter à l'écran un roman classique de James M. Cain, qui n'avait au préalable connu qu'une version cinématographique en 1945. Diffusée du 27 mars au 10 avril 2011, cette mini-série comporte en tout 5 épisodes, d'une heure chacun environ.

A priori, son sujet de départ, un casting prometteur centré autour d'une actrice que j'apprécie tout particulièrement, Kate Winslet, le tout produit par HBO... tout cela constituait autant d'éléments qui avaient forcément éveillé ma curiosité. Et finalement, je n'ai pas été déçue de l'immersion, certes éprouvante, dans cette oeuvre assez fascinante qu'est Mildred Pierce. Mini-série aboutie, poignante comme peu, elle ne peut laisser indifférent un téléspectateur rapidement happé par cette superbe mise en images.

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C'est en Californie, à une époque où le soleil ne peut faire oublier la crise que traversent des Etats-Unis heurtés de plein fouet par la Grande Dépression, que s'ouvre Mildred Pierce. Mildred est une jeune mère de famille, dont la vie paraît a priori renvoyer une image de perfection parfaitement huilée : elle habite en banlieue, dans un quartier de classe moyenne relativement aisée, avec un mari et ses deux enfants. Mais la mini-série débute sur un après-midi qui va bouleverser un quotidien dont seule la surface est irréprochable. Lassée des infidélités de Bert, son mari, qui passe désormais plus de temps avec sa maîtresse qu'avec sa famille légitime, Mildred prend une décision radicale en le mettant à la porte. Si Bert, entraîné dans des affaires louches, n'avait déjà plus l'assise financière de l'époque de leur mariage, la jeune femme se retrouve brusquement esseulée, avec deux enfants à charge.

Outre la crise qui a considérablement ralenti l'économie, Mildred a en plus passé les onze dernières années à jouer les parfaites maîtresses d'intérieur. Elle n'a donc aucune compétence, ni expérience professionnelle particulière dans le domaine du travail, si ce n'est un talent pour la cuisine, notamment la conception de tartes, qu'elle monnaye déjà à l'occasion. Cependant, pour ses filles, Mildred va trouver la force de mûrir et de se prendre en charge. Dépassant ses préjugés, mais aussi son propre orgueil, la jeune femme va se donner les moyens pour se construire une nouvelle vie, cette fois-ci indépendante des hommes, et réaliser une ambition qui apparaît comme un défi personnel : celle d'ouvrir son propre restaurant. En réalité, pour comprendre tous les sacrifices consentis par Mildred au service de sa réussite professionnelle, il faut se placer sur un plan plus intime. Ses efforts resteront toujours subordonnés à une quête qui demeure la motivation sous-tendant ses choix : gagner le respect et l'affection de Veda, sa fille aînée dont les idées bourgeoises et artistiques d'adolescence ne s'estompent pas avec le temps. Parviendra-t-elle à harmoniser et réussir sur ces deux tableaux, personnel et professionnel ?

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Mildred Pierce, c'est tout d'abord une reconstitution historique soignée qui va fonder le récit de cette destinée personnelle. La mini-série offre une immersion dans une période de crise, où les préconceptions sociales de protagonistes issus de classes aisées se heurtent à un principe de réalité douloureux. Le culte des apparences qui prédomine dans la banlieue semi-bourgeoise de Mildred, comme dans le clinquant d'Hollywood, impose ainsi un détachement matériel apparent, à la mise en scène cultivée, mais qui apparaît désormais déplacé. De façon très intéressante, la mini-série va notamment explorer le rapport au travail - manuel - de ce milieu, éclairant les contradictions dans les exigences des personnages. Émanation de cette forme d'aristocratie rentière dont le mode de vie n'est plus adapté à l'économie moderne, Monty apparaît ainsi comme un dandy à la fois symbole de tous les paradoxes, mais aussi séquelle d'un autre temps autrement plus faste. 

Ce cadre historique retranscrit de façon convaincante sert de base à une histoire autrement plus intime. Mildred Pierce va proposer, avec une justesse et une intensité rares, un portrait de femme poignant et nuancé. La figure de Mildred constitue l'âme de la mini-série ; c'est une femme ancrée dans son époque, mais aussi dans son milieu social. Une personnalité forte, obstinée, va peu à peu se dessiner sous nos yeux, fascinante par sa complexité. En effet, la rupture avec son mari, catalyseur sur laquelle s'ouvre le récit, est fondatrice de tous les changements. Cette soudaine liberté s'accompagne d'une prise de responsabilité inattendue. L'émancipation a un coût, ou du moins nécessite des ajustements douloureux pour une jeune mère de famille dont les propres conceptions de normalité sociale sont désormais remises en cause. Mildred va lutter contre ses propres préjugés, sacrifiant ce qu'elle considère comme sa dignité, au nom d'un intérêt supérieur : nourrir sa famille. Cette affirmation presque initiatique d'une femme confrontée à un carcan social qu'elle a elle-même contribué à légitimer par le passé nous est narrée avec beaucoup de sobriété et de pudeur, ce qui confère une authenticité prenante au récit. Mais Mildred va constater que le personnel et le professionnel ne s'allient pas toujours, en dépit de tout son investissement pour réussir à les réconcilier.

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Au-delà du portrait de femme, c'est par sa dimension émotionnelle que Mildred Pierce marque et ne saurait laisser indifférent un téléspectateur qui va ressortir très éprouvé du visionnage. Si la jeune femme se caractérise par son obstination, son parcours va être extrêmement chaotique. Elle semble invariablement destinée à monter très haut, pour ensuite voir sa réussite professionnelle considérablement relativisée, voire réduite à néant, par de nouvelles épreuves personnelles à surmonter. Il y a une forme d'inévitabilité au parfum presque tragique dans ce cycle invariable. L'alternance entre une euphorie grisante et une détresse bouleversante permet au récit d'acquérir une portée émotionnelle des plus fortes. Après une phase d'introductive de mise en situation, Mildred Pierce démarre véritablement au cours de la dernière scène qui clôture le premier épisode. Par la suite, la mini-série ne va cesser d'aller crescendo, gagnant constamment en intensité pour culminer tout spécialement dans les deux derniers épisodes.

En fait, cette scène finale du premier épisode comporte tous les éléments sur lesquels Mildred Pierce va se développer. Dans la salle de bain, Mildred craque nerveusement et confie à son amie ses états d'âme sur son nouveau statut de serveuse. L'uniforme de travail apparaît comme le symbole d'une dégradation sociale qu'elle ne peut accepter que pour des filles, dont elle ne saurait pourtant affronter le regard. Si nul ne doute que la décision de Mildred est celle d'une courageuse prise de responsabilité, le dernier plan de la caméra - ô combien significatif ! - annonce les tensions futures : derrière la fenêtre, impassible, Veda a écouté toute la conversation. Le fossé entre la mère et la fille ne va alors jamais cesser de croître. Aux efforts constants, presque désespérés par moment, d'une mère entièrement dévouée à son enfant, ne repond que la prise d'indépendance méprisante d'une adolescente aux désillusions de grandeur blessantes. Cette dynamique familiale est au coeur de la mini-série. Le parallèle est perturbant : à mesure que Mildred se construit professionnellement, ce sont les graines d'une destruction psychologique plus intime qui germent. La vanité de tous ses sacrifices qui se heurtent à l'indifférence invariable de Veda entraîne Mildred dans une spirale où l'explosion finale, potentiellement tragique, apparaît inévitable.  

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Solide sur le fond, Mildred Pierce se révèle également particulièrement aboutie sur la forme. Dotée d'une réalisation soignée, superbement mise en valeur par une photographie dont la teinte permet de renforcer le ressenti de reconstitution historique travaillée, la mini-série propose de très belles images, qu'il s'agisse de mettre en avant le décor, avec quelques cartes postales californiennes distillées ça et là, ou bien de mettre en scène ses personnages, avec une Mildred qui resplendit à l'écran. De plus, le récit bénéficie d'une bande-son sobre et bien utilisée, composée d'instrumentaux adéquats : la mini-série saura mettre en valeur certains passages grâce à sa musique, mais elle saura aussi préférer le silence quand cela est nécessaire. Cette sobriété musicale témoigne d'un savoir-faire maîtrisé très appréciable.

Enfin, Mildred Pierce doit beaucoup à son casting. Ou plus précisément à son actrice principale. Kate Winslet est en effet magistrale. Elle propose une interprétation d'une justesse admirable, mais aussi d'une intensité bouleversante, qui confèrent une dimension supplémentaire à l'émotionnel du récit. Il émane du portrait ainsi esquissé une classe qui éclaire chaque scène et où trouvent à s'exprimer tant la détermination du personnage qu'une forme de fragilité touchante. A ses côtés, les autres acteurs se mettent au diapason pour offrir une prestation d'ensemble des plus convaincantes. Guy Pearce n'a pas son pareil pour incarner cet aristocrate hollywoodien, un peu gigolo, menant une vie en dilettante. Evan Rachel Wood (True Blood) est parfaite en Veda qui va repousser toujours plus loin les limites de la provocation et de l'ingratitude. On retrouve également Melissa Leo (Treme), James LeGros (Ally McBeal, Sleeper Cell), Mare Winningham (Grey's Anatomy) ou encore Brian F. O'Byrne (Brotherhood, Flashforward).

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Bilan : Portrait humain et nuancé d'une figure féminine centrale fascinante, portée par l'interprétation proposée par une grande actrice, Mildred Pierce est un récit éprouvant émotionnellement, marqué par le contraste entre l'épanouissement professionnel et la destruction personnelle plus intime mis en scène. Cela confère une épaisseur psychologique troublante au récit, dont l'intensité croissante s'orientera inévitablement vers une issue douloureuse. Sachant exploiter en toile de fond les préconceptions d'un certain milieu californien heurtées par la Grande Dépression, Mildred Pierce propose une reconstitution sociale soignée, entièrement mise au service d'une histoire finalement simple mais pour laquelle l'intérêt du téléspectateur ne va jamais faiblir.

Une très intéressante mini-série à découvrir.


NOTE : 8,5/10


Deux bande-annonces de la mini-série :


19/02/2011

[TV Meme] Day 25. A show you plan on watching (old or new).

Par définition, voici le jour du TV Meme qui donne des sueurs froides au téléphage consciencieux. Le moment de dresser une liste de toutes ces séries si nombreuses qu'il n'a pas encore vues, mais qu'il rêve de pouvoir caser dans ses programmes surchargés et qui n'attendent au final qu'une fenêtre de temps libre pour se glisser jusqu'à son petit écran. Si le choix est compliqué, c'est un jour du TV Meme presque facile parce que ce sont des projets qui flottent toujours dans un coin de notre tête, le passionné ayant naturellement tendance à éditer et, surtout, ajouter à cette liste de nouvelles séries sur lesquelles il lit ou dont il entend parler chaque semaine. C'est un cercle vicieux inhérent à la sériephilie et qui se divise en deux grandes catégories de visionnages : les "rattrapages" et les "nouveautés".


Commençons donc par la première : toutes ces séries dont nous sommes passés à côté au moment de la diffusion, et qui depuis nous narguent et nous appellent. En début d'année, je m'étais fixée quelques résolutions utopiques pour 2011. C'est ainsi que j'avais établi un tableau de mes priorités à rattraper au cours des 12 mois à venir. J'avais plus ou moins arbitrairement sélectionné une série par pays considéré. Une série dont je n'ai jamais vu un seul épisode, mais qui a attiré mon attention, pour des raisons diverses : que ce soient par les échos que j'ai pu en avoir, la place qu'elle occupe dans le monde de la télévision, ou encore pour les noms qui y sont associés. Cela donnait le résultat suivant :

En Angleterre - Lark Rise to Candleford : Un period drama anglais que je n'ai pas vu ? Une anomalie à corriger.
En Australie - The Circuit : Un legal drama aux frontières aborigènes en faveur duquel certaines personnes ont fait tant de prosélytisme que je suis prête à m'y lancer les yeux fermés.
En Corée du Sud - Winter Sonata : Je sais que ce n'est pas mon genre de fiction (le mélodrama). Mais pour ce que cette série représente au sein des k-dramas, ainsi que pour son casting (cependant, ce sera quand j'aurais retrouvé le coeur de revoir Park Yong Ha dans mon petit écran).
Aux Etats-Unis - In Treatment : Une série dont le concept la place un peu à part et qui m'a toujours profondément intrigué.
En France - Un village français : La reconstitution de l'occupation sous la Seconde Guerre Mondiale. Le seul pitch de départ suffit à me vendre à la série. Je me demande toujours où j'étais quand la première saison a été diffusée.
Au Japon - Last Friends : On m'en a tellement parlé lorsque j'ai visionné Sunao Ni Narenakuta l'an dernier.
A Taiwan - Black & White : Ce devait être mon premier tw-drama, il va bien falloir se lancer. 

A ce jour, j'ai commencé le visionnage d'une seule de ces séries : Un village français. J'en suis actuellement à la saison 2 et je l'apprécie de plus en plus, tant pour la reconstitution proposée que pour les personnalités qui portent le récit. J'aurais sans doute l'occasion d'en reparler quand j'aurais achevé la saison 3.

Cependant, dans toute cette liste (qui se complète d'un certain nombre d'autres séries), je pense que celle dans laquelle je souhaiterais m'investir en priorité, ce serait In Treatment. Cela fait déjà quelques temps que j'ai acheté la saison 1 en DVD. Elle est encore à ce jour emballée dans son plastique d'origine. Plus qu'une question de temps libre, je crois qu'il existe des séries que l'on ne se sent prêt à regarder que si certaines conditions très particulières sont réunies. In Treatment me semble de celles-là, d'après ce que j'ai pu en lire. J'ai très envie de savoir et de prendre le temps de l'apprécier. Vivement donc... euh... Le déclic !

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A côté des rattrapages, la deuxième grande catégorie de séries pour lesquelles il va falloir faire une place dans les plannings, ce sont les nouveautés à venir. Parmi celles attendues pour 2011, voici les quelques pistes que je surveille :

En Angleterre - Silk : Un legal drama écrit par Peter Moffat avec Rupert Penry-Jones... Ai-je vraiment besoin de développer ?
En Corée du Sud - Crime Squad : Je devrais sans doute être vaccinée des tentatives de cop-shows coréens, mais je ne peux pas rester sur le seul souvenir de A man called God concernant Song Il Gook. Et les promos ont achevé d'aiguiser ma curiosité.
Aux Etats-Unis - Game of Thrones : De la fantasy. Sur HBO. Adaptant une des grandes sagas littéraires de la dernière décennie.
En France - Les Beaux Mecs : Grâce à la promo du Village, et parce que j'ai essayé de citer une série qui n'est pas historique juste pour voir si j'en étais capable.
Au Japon - Nankyoku Tairiku : Je ne suis pas assez l'actualité pour savoir ce que les prochains mois nous réserve, mais j'ai vu passer l'annonce du casting de Kimura Takuya pour ce drama prévu pour l'automne prochain
. S'il a retenu mon attention, c'est que l'histoire vraie dont cette série est tirée est celle qui fut à la base du premier film japonais que j'ai vu de ma vie (Antarctica). Je serai donc curieuse de suivre ce projet s'il voit le jour !

Parmi toutes ces séries, celle dont j'attends le plus, c'est sans doute Game of Thrones. Il y a la place de faire quelque chose de vraiment intéressant et de différent par rapport à ce que la télévision propose actuellement. Et surtout c'est une histoire qui correspond parfaitement à mes goûts. Je suis non seulement une grande lectrice de fantasy, mais aussi une grande fan des livres d'origine, donc... Je vais croiser les doigts !


Une bande-annone de Game of Thrones :


En conclusion, les esprits chagrins noteront que je me retrouve avec deux séries diffusées sur une même chaîne... Cela tend encore une fois à prouver deux choses. Tout d'abord, la promotion américaine reste celle dans laquelle je baigne le plus et qui demeure la plus influente pour attiser les curiosités, ne serait-ce que par les réseaux sociaux que je fréquente. De plus, on peut dire ce qu'on veut sur les âges d'or et autres des chaînes US, et couvrir de louanges certaines (à juste titre)... Mais mes goûts n'ont manifestement pas suivi la tendance et semblent toujours rester (bloqués?) fidèles à HBO.

12/12/2010

(US) Boardwalk Empire, saison 1 : entre gangster et politique dans les eaux troubles d'Atlantic City

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Si vous êtes des lecteurs plus ou moins réguliers de My Télé is Rich!, vous connaissez ce relatif désamour avec les productions en provenance des Etats-Unis qui aura marqué mon année 2010. J'ai déjà fait suffisamment de billets pour tenter d'expliquer cet étrange désintérêt, en rupture avec les fondements de ma téléphagie. Le constat de ce dernier trimestre a été encore en deça de ce que je pressentais déjà cet été. C'est bien simple, en cet automne qui s'achève, j'ai regardé avec régularité et suis allée au bout de la saison d'une seule série venue d'outre-Atlantique : Boardwalk Empire.

Pour une raison ou pour une autre, par manque de temps comme de motivation, je n'ai retrouvé aucune de mes anciennes séries - alors même que je considère aimer Sons of Anarchy ou Friday Night Lights. De même, la suite de la saison 1 de The Walking Dead m'attend également (et j'avoue être assez curieuse de découvrir le résultat au vu des bilans si mitigés que j'en lis un peu partout sur la blogosphère). Mais je ne ressens pourtant ni le besoin, ni l'envie, de m'installer devant.

Il y aurait sans doute matière à rédiger un de ces posts de crise que j'affectionne (vous n'y échapperez sans doute pas, j'avoue en avoir déjà fait un brouillon cette semaine), mais en attendant, prenons au moins le temps de revenir sur LA perle rare de cette automne : une série américaine qui a su capter mon attention durant toute sa saison ! 

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Comme je l'avais fait remarquer lors de ma review (poisitive) du pilote, Boardwalk Empire avait a priori tout pour me plaire : son thème, son époque, son casting et même sa chaîne de diffusion (je suis une retardataire qui n'est pas encore passée sur AMC). Le pilote était enthousiasmant, dévoilant un potentiel indéniable qui ne demandait qu'à être exploité. Le tout était donc de, justement, réussir à le faire éclore, pour ne pas rester une énième déclaration d'intention non concrétisée. Or, écrire que les débuts de Boardwalk Empire ont engendré une attente particulière dès les premiers épisodes, serait très exagéré. En effet, cette fiction s'est d'abord placée sous le signe du paradoxe, sorte d'écho à cette dichotomie que l'on retrouve parfois entre la série que l'on juge objectivement de qualité et celle que l'on va effectivement aimer.

Pendant la première partie de la saison, Boardwalk Empire a semblé constamment tourner autour de ce petit déclic nécessaire qui lui permettrait de véritablement s'imposer dans le paysage téléphagique. Cette impression ambivalente se traduisait par une intense frustration devant une reconstitution travaillée mais parfois trop distante, de laquelle on aurait aimé ressentir de réelles émotions, couplée par une absolue fascination jamais démentie devant la fresque ainsi dépeinte. Elle naviguait donc dans un entre-deux téléphagique pas pleinement satisfaisant : assez solide pour gagner sa place dans les programmes du téléspectateur, mais insuffisamment affirmée pour en trouver une dans son coeur. Or une série sans empathie, aussi soignée soit-elle, ne peut retenir l'attention à moyen ou long terme.

Reste que, finalement, c'est dans la durée que Boardwalk Empire aura su progressivement me conquérir, et c'est au cours du dernier tiers de la saison que j'ai vraiment commencé à attendre avec une relative impatience chaque épisode. Parce que oui, j'ai aimé cette première saison. 

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Le premier atout que Boardwalk Empire aura su efficacement exploiter dès le départ est une immersion riche et attrayante dans une certaine Amérique du début des années 20. Au-delà des moeurs débridées des milieux d'Atlantic City que nous suivons, par-delà des thématiques plus nationales comme le vote des femmes, c'est avant tout ce règne des faux-semblants qui, rapidement, fascine dans ce portrait. Le clinquant des apparences n'est que prétexte à tenter de donner le change. De la corruption généralisée, touchant tous les rouages d'un pouvoir assimilable à une marionnette fantoche dont d'autres, dans l'ombre, tirent les ficelles, à une violence qu'exacerbe la montée des enjeux financiers, nous est dépeint un milieu chargé d'ambivalences. Derrière le vernis policé, se révèle une pièce de théâtre impitoyable, faite de rapports de forces constants entre des protagonistes passés maître dans l'art de la mise en scène. Les masques n'y tombent qu'exceptionnellement, mais lorsqu'ils le font, l'instant est d'autant plus fort.

Car voilà bien le point fort de Boardwalk Empire : elle a cette spécificité d'être une série de gangsters tout autant qu'une fiction politique ; et c'est cela qui fait son originalité autant que sa richesse. La notion de "respectabilité" n'aura jamais semblé aussi creuse, aussi vaine, mais en même temps aussi indispensable et vitale, que dans les milieux que l'on y découvre. L'époque permet une confusion particulièrement poussée des genres, quasiment schizophrène par moment, au sein des élites de ces deux sphères du pouvoir, composées d'individualités appartenant à un même microcosme où tous se côtoient. Ce mélange autorise la série à s'approprier tant les codes narratifs de la fiction de gangster (entre règlements de comptes et développement d'activités illégales) et du politique (entre discours mielleux et élections truquées). Une sorte de Brotherhood sans ligne de démarcation. Le résultat est atypique parce que le récit joue sur de multiples tableaux habituellement beaucoup plus cloisonnés.

Cette dichotomie, entre les comportements socialement attendus de milieux aisés et les moyens utilisés pour maintenir cette influence, au sein de personnages désensibilisés à toutes les extrêmités de la violence, symbolise sans doute le mieux ce que représente la série et la perspective particulière qu'apporte ce cadre des années 20. 

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Si l'intérêt du téléspectateur ne s'est jamais démenti pour ce décor des plus passionnants, en revanche, c'est plus dans sa dimension humaine que l'histoire va mettre du temps à trouver son équilibre. Certes, la figure qui résume à elle-seule l'esprit de Boardwalk Empire s'est immédiatement imposée à l'écran sans contestation possible. En effet, Nucky Thompson représente, voire personnifie, à merveille toute l'ambiguïté de cette fiction : derrière son bagoût naturel et son pragmatisme assumé, se cache un maître de la manipulation, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Dans ce jeu de pouvoirs permanent où tout n'est qu'apparence, le téléspectateur en est réduit à cette interrogation constante et malhabile, se demandant où commence le vrai Nucky et où finit l'homme d'affaires.

Cependant Boardwalk Empire a longtemps semblé un peu déséquilibré, son personnage central empêchant de réellement s'investir dans le sort des autres protagonistes, non pas en les occultant, mais plutôt parce qu'ils apparaissaient trop prévisibles, trop unidimensionnels, par rapport à cette figure tutélaire écrasante qu'incarne Nucky. C'est le temps qui a su corriger cela, avec la découverte progressive de différentes facettes de leur personnalités, se révélant dans la confrontation face à des situations inattendues. A mesure qu'ils gagnaient en épaisseur et en ambivalence, la série devenait plus homogène, permettant au téléspectateur de se sentir vraiment impliqué par le sort et les storylines de chacun. A un degré moindre, c'est d'ailleurs toute la galerie de personnages qui connaît cette maturation, les rêves parisiens brisés de la femme de Jimmy n'étant qu'un exemple parmi d'autres de la capacité de la série a peu à peu atteindre le plein potentiel de ses protagonistes.

Seule la transformation de l'agent fédéral ne m'aura pas convaincue : ce personnage excessivement monolithique m'aura laissée avec une impression de malaise contant durant toute la saison. A la différence des autres, ses erreurs et son hypocrisie ne l'humanisent jamais, continuant de le placer en porte-à-faux par rapport au téléspectateur.

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Si sur le fond, la solidité de Boardwalk Empire n'aura jamais été démentie, en dépit d'une dimension humaine qui laissa un temps dans l'expectative, sur la forme la série aura parfaitement répondu aux attentes. Sans trop en faire, ni vouloir éblouir inutilement le téléspectateur, la caméra se sera finalement attachée à la mise en scène d'une reconstitution appliquée mais, somme toute, relativement sobre. La photographie fut ainsi travaillée et soignée, mais sans un esthétique trop clinquant. L'utilisation de chansons d'époqus, en particulier pour conclure les dernières scènes des épisodes, est restée récurrente, ajoutant un certain charme assez plaisant à cette immersion dans les années 20.

Côté casting, il n'y a aucun reproche à formuler. Comblé par des scénaristes inspirés qui lui ont réservé quelques scènes incontournables, Steve Buscemi a enfin l'occasion de pleinement nous démontrer tout son talent et il y réussit assurément avec brio. Pour ma part, si j'aimais déjà beaucoup Kelly Macdonald, la série a été l'occasion de redécouvrir Michael Pitt. Mon absence de cinéphilie fait que je ne l'avais pas recroisé depuis Dawson - qui n'était pas non plus une série dans laquelle je m'étais vraiment investie -, mais je l'ai trouvé très bon en personnage qui cherche sa place, entre une aspiration à une certaine normalité de vie famille et cette facette de tueur désensibilisé par les atrocités de la Première Guerre Mondiale. Le seul acteur à l'égard duquel j'émettrais quelques réserves serait sans doute Michael Shannon, mais il est probable que cela soit au moins en partie dû à la manière dont l'agent fédéral qu'il doit incarner est écrit.

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Bilan :   Boardwalk Empire n'aura donc pas été une révélation immédiate, mais plutôt une fiction qui se sera construite par et grâce au format de série qu'elle a adopté. Elle échappe à l'écueil d'une relative déshumanisation qui aurait pu l'affaiblir à moyen terme et réussit, dans sa deuxième partie de saison, une conciliation convaincante entre ce mélange des genres admirablement maîtrisés des codes de gangster et du politique, et une dimension humaine qui s'épanouit pleinement dans les figures ambiguës de ses personnages principaux qui n'auront cessé de gagner en épaisseur tout au long de la série, conduit par un Nucky Thompson absolument fascinant.

Cette première saison aura en un sens rappelé les fondements du format télévisé et sa différence fondamentale par rapport au cinéma. Une bonne série, c'est celle qui saura grandir et mûrir au fil de sa saison et ne se contentera des bases, aussi chatoyantes soient-elles, entre-aperçues au cours du premier épisode. En cela, Boardwalk Empire aura su assumer ses ambitions et poursuivre sa construction ; et c'est à saluer.  


NOTE : 8/10


Le générique de la série :