17/07/2011
(Pilote AUS) Crownies : Sex, Lies & Magistrates
Suits sur USA Network ne vous a pas pleinement convaincu ? Vous cherchez toujours un legal drama divertissant pour l'été ? Voici votre deuxième chance de la saison : en effet, ABC1 a pensé à vous avec le lancement ce jeudi 14 juillet 2011 de sa dernière nouveauté, Crownies, reprenant le surnom que l'on donne aux représentants du ministère public en Australie. Outre une promotion intensive sur le slogan "Sex, Lies & Magistrates", la chaîne a d'ailleurs vu les choses en grand puisqu'elle a commandé pas moins de 22 épisodes pour cette saison 1, une longueur plutôt rare de ce côté-ci de l'hémisphère sud.
A priori, la lecture du synopsis de Crownies me faisait beaucoup penser à la trop tôt disparue Conviction, série américaine sur une bande de jeunes substituts du procureur à laquelle je m'étais attachée. Les deux séries démarrent en effet sur un esprit très similaire, le parallèle se faisant naturellement sans doute aussi parce que leurs recettes sont très semblables. Aucune ne marquera l'histoire du legal drama, mais Crownies a-t-elle les moyens de devenir un divertissement du genre sympathique ? Ce premier double épisode (d'une durée de 1h48), qui fait office de pilote, pose des bases intéressantes, mais peut-être un peu trop quelconque pour pleinement convaincre.
Crownies nous plonge dans le quotidien des services du bureau du procureur de Sidney, aux côtés de jeunes gens pas encore trentenaires et qui ont encore tout à prouver. Ayant délaissé les bancs de la fac de droit il y a peu, travaillant depuis seulement quelques mois dans ce milieu judiciaire, ils sont encore remplis de certitudes et de préconceptions sur le métier qu'ils ont choisi, mais leur manque d'expérience va rappeler, parfois brutalement, à ces brillants jeunes carriéristes qu'ils ont encore tout à apprendre.
Des questions pratiques, dont les réponses n'étaient pas contenues dans les bouquins qu'ils ont dû dévorer au cours de leurs études, se posent soudain à eux. Comment gérer l'empathie naturelle qu'ils peuvent éprouver face à certaines victimes ? Comment faire la part des choses et laisser leurs sentiments de côté pour raisonner froidement en juriste quand il s'agit d'évaluer le caractère plaidable ou non des cas d'espèce si divers, parfois sordides, qu'ils doivent traiter ? Car s'ils connaissent leurs textes et leurs précédents sur le bout des doigts, le passage de la théorie à la pratique, devant un juge, est aussi un moment de prise de conscience parfois douloureuse de la réalité de leur métier. C'est ainsi que la première plaidoirie fait presque office de bizutage, surtout lorsque des imprévus viennent la perturber.
C'est cette recherche d'équilibre entre une vie professionnelle envahissante et éprouvante, mais aussi une vie personnelle qui ne peut être complètement négligée, que va nous conter Crownies.
Investissant un terrain connu, aux dynamiques judiciaires très familières pour le téléspectateur, Crownies fait preuve, dans ce pilote, de beaucoup de volontarisme pour installer son cadre, ses enjeux, mais aussi et surtout son ambiance. Parfaitement huilée, dotée de dialogues énergiques, la série alterne les thèmes sérieux et des pointes plus légères permettant d'évacuer la pression. S'imposant dans le registre de la dramédie dynamique, les affaires s'enchaînent et se chevauchent, donnant le rythme à l'épisode.
Il apparaît vite clair que nous sommes plus devant une série sur le milieu judiciaire - et son personnel -, que devant un vrai legal drama procédural. Ne s'arrêtant jamais vraiment sur tous ces cas survolés qui défilent, nos jeunes héros préparant plus souvent les dossiers qu'ils ne les plaident devant la cour, le téléspectateur n'a pas vraiment l'occasion de s'impliquer dans ces histoires, lesquelles sont plus le prétexte de connaître certains personnages, ou de les placer devant des épreuves, que le réel enjeu de l'épisode. Ce choix de narration fonctionne puisque l'ensemble se laisse suivre sans difficulté, ni déplaisir dans le registre du divertissement.
L'âme de Crownies, ce sont ses personnages. Elle va se concentrer prioritairement sur ces cinq jeunes gens qui ont encore beaucoup à apprendre. Si le pilote évite l'écueil du "premier jour au travail" comme ils sont en place depuis plusieurs mois, c'est cependant de manière assez inégale que chacun va être introduit, avec des storylines à la solidité et à l'intérêt très variables. La série cède souvent à la facilité ; et chacun peine à se dégager des stéréotypes trop unidimensionnels dans lesquels il se retrouve rapidement confiné. C'est sans doute sur cet aspect, parce que ces protagonistes sont si importants pour le futur de la série, que Crownies laisse des regrets et devra s'affiner.
L'optimisme doit quand même être de rigueur car, ce qui est bon signe, c'est que les passages les plus réussis restent les scènes de groupe, durant lesquelles la tonalité de dramédie décomplexe agréablement des dialogues regorgeant de réparties et de petites piques bien orientées. Ces jeunes gens ont encore tout à apprendre sur la pratique de la loi, mais aussi sur la vie : pendant un bref instant, confrontés aux mêmes doutes, ils délaissent tout instinct carriériste et individualiste pour une forme de solidarité diffuse qui ne dit pas son nom. L'effet golden generation en phase d'apprentissage humanise ainsi cette série qui en a bien besoin : la fidélisation du téléspectateur passe en effet par cet aspect.
Sur la forme, Crownies adopte un style qui respecte parfaitement sa tonalité de dramédie : on est bien face à du divertissement calibré et maîtrisé. La réalisation est plutôt dynamique, la photographie reste très claire. Le tout est accompagné d'une bande-son très présente, où prédominent des musiques rythmées.
Enfin, le casting, sans démériter, laisse une impression globalement mitigée. Si aucun acteur ne marque, ni ne s'impose vraiment, je pense qu'ils sont très dépendants de l'écriture de leurs personnages. C'est sans doute ce qui explique que, parmi eux, j'ai retenu et apprécié Ella Scott Lynch et Hamish Michael. A l'opposé, c'est paradoxalement avec la seule tête qui m'était familière, Todd Lasance (Cloudstreet, Rescue Special Ops) que j'ai eu le plus de difficulté. On retrouve aussi Andrea Demetriades, Indiana Evans (H2O : Just Add Water), Jeanette Cronin, Marta Dusseldorp, Lewis Fitz-Gerald, Peter Kowitz ou encore Jerome Ehlers.
Bilan : Plus qu'un legal drama procédural, Crownies relate avant tout l'histoire de cinq jeunes gens trouvant leurs marques au bureau du procureur, cherchant à équilibrer vie professionnelle et vie personnelle. Sans ambition particulière pour exploiter le volet judiciaire au-delà d'une toile de fond servant de révélateur aux personnages, elle s'impose comme une dramédie, sans doute prévisible, mais assurément bien huilée et efficace. Un peu plus de spontanéité et une dimension humaine moins inégale seront sans doute nécessaires pour tenir la durée des 22 épisodes. Reste que pour le moment, Crownies est un divertissement rythmé qui se visionne sans déplaisir. Pourquoi pas en cette période estivale ?
NOTE : 6,25/10
La bande-annonce de la série :
10:48 Publié dans (Séries Océanie) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : australie, abc1, crownies, ella scott lynch, hamish michael, todd lasance, andrea demetriades, indiana evans, jeanette cronin, marta dusseldorp, lewis fitz-gerald, peter kowitz, jerome ehlers | Facebook |
11/02/2011
(Pilote NZ) The Almighty Johnsons : les Dieux sont tombés d'Ásgard !
L'été dernier, j'avais découvert avec This is not my life que les Néo-zélandais ne se contentaient de prêter leurs beaux paysages pour servir de décors aux diverses productions internationales de fantasy qui prenaient leurs quartiers sur place. Il s'est avéré qu'ils les utilisaient même à l'occasion pour y tourner leurs propres séries. L'expérience This is not my life n'ayant pas été déplaisante, j'ai donc gardé un oeil sur le petit écran kiwi. Et quand les créateurs de Outrageous Fortune (James Griffin et Rachel Lang) se retrouvent pour proposer une nouveauté au concept pour le moins atypique, forcément cela mérite au moins un coup d'oeil.
The Almighty Johnsons a donc été lancée en début de semaine en Nouvelle-Zélande : elle est diffusée depuis le 7 février 2011 sur TV3. La lecture du synopsis n'était pas sans éveiller une curiosité téléphagique justifiée : la série semblait s'inscrire dans une certaine filiation avec Outrageous Fortune, saupoudrée d'une dimension fantastique pimentée d'héros dotés de super-pouvoirs, à laquelle s'ajoute une pincette de mythologie des Dieux nordiques. Et figurez-vous que ce pilote ne dément pas l'intérêt éveillé en lisant cet étrange synopsis, prouvant également que du côté de l'Océanie, on maîtrise toujours sacrément bien un véritable art de la décontraction. Il est encore trop tôt pour savoir précisément quelle direction la série va prendre par la suite, mais il y a assurément du potentiel pour passer un moment de divertissement sympathique devant sa télévision !
The Almighty Johnsons est une dramédie fantastique qui se concentre sur quatre frères à la vie plus pimentée que l'apparente normalité confondante qu'ils cultivent. Car la famille Johnsons n'est pas une simple famille comme les autres. En effet, ses membres sont les réincarnations des Dieux nordiques, venus se réfugier en Nouvelle-Zélande pour fuir les persécutions religieuses. Papa était ainsi dieu de la mer, tandis que maman, une déesse qui décida un beau jour qu'élever quatre garçons dieux en devenir était une tâche bien complexe et préféra se rendre dans la forêt pour se changer en arbre. De son côté, Grand-Papa a allégrement dépassé les 90 ans, mais semble toujours être dans la trentaine et se présente comme leur cousin. Heureusement, en dépit d'une maturité pas forcément en adéquation avec son grand âge, il fait également office d'oracle familial, permettant à l'occasion de guider ses petits-enfants.
Chez les Johnsons, on découvre et embrasse sa nature divine lorsque l'on entre dans l'âge adulte, à 21 ans. Si les trois frères plus âgés ont déjà subi ce rituel initiatique pour le moins foudroyant, le plus jeune, Alex, fête justement son anniversaire au cours de ce pilote qui va permettre au téléspectateur de pénétrer dans cet univers aux côtés du jeune homme. L'initiation d'Alex se déroule normalement, cependant les signes semblent lui réserver une grande destinée : il serait l'incarnation d'Odin ! Mais cette révélation s'accompagne d'une quête qui peut se révéler fatale, pour lui comme pour ses trois frères : il lui faut retrouver sa Frigg, celle qui est destinée à devenir son épouse afin de compléter la prophétie. Un but qui va servir de fil rouge à la série, tandis qu'autour des Johnsons gravitent de mystérieuses femmes qui ne paraissent pas nourrir de très bonnes intentions à leur égard.
Entre les tracas d'une vie humaine normale et les ajustements aux impératifs divins, c'est le quotidien assurément compliqué de quatre frères aux tempéraments très différents, dont les relations fraternelles ne sont pas exemptes de certaines tensions, que la série nous invite à suivre.
C'est un pilote rythmé et rondement mené que nous propose The Almighty Johnsons, permettant tout autant de présenter efficacement les différents personnages que d'introduire des enjeux sur le plus long terme afin de s'assurer de la fidélité des téléspectateurs. Après une entrée en matière un brin brouillonne, la série trouve rapidement son équilibre, naviguant entre une légèreté décontractée travaillée et des passages plus posés qui laissent entrevoir un potentiel dramatique bien réel. Gérant plutôt habilement ces différentes tonalités, il faut lui reconnaître une vraie capacité à manier à froid un absurde de circonstance qui prête souvent à sourire, le tout servi par des dialogues jamais dépourvus en réparties. Cependant, l'insouciance diffuse se dégageant des scènes de comédie familiale fantastique se trouve toujours invariablement tempérée par un registre plus sérieux qui rappelle aux protagonistes que leurs conditions divines ne va toujours leur simplifier l'existence.
C'est incontestablement dans cette dualité de tons que se trouve une bonne part du charme de The Almighty Johnsons. Elle s'attache d'ailleurs à garder ouvertes toutes ses options narratives. En effet, on va certes retrouver une thématique classique au genre, celle du mensonge pour prétendre à une pseudo-normalité en gardant secrète une nature différente (la divinité). De plus, tout cela fonde aussi une quête qu'il va falloir mener à bien : pèse sur les épaules d'Alex une lourde responsabilité qui engage toute la destinée familiale. S'il meurt avant de découvrir Frigg, alors toute sa famille mourra. Mais au-delà des problématiques attendues liées à la détention de super-pouvoirs, c'est aussi sur un versant plus proche du drama familial que la série semble également pouvoir évoluer. En effet, leur nature divine est source de tensions entre des frères très différents, qui ne conçoivent pas l'utilisation de leurs pouvoirs de la même manière. Le pilote offre sur ce thème quelques scènes assez crédibles qui sonnent juste, explorant les rapports ambivalents que les frères entretiennent. Si on n'esquive pas quelques clichés, tous les personnages se révèlent attachants à leur manière, et surtout aucun n'est unidimensionnel. Chacun a donc son potentiel, le grand-père n'étant d'ailleurs absolument pas oublié !
Avec ce premier épisode, The Almighty Johnsons paraît donc démontrer qu'elle a non seulement les moyens de rester dans un léger divertissement fantastique sympathique, mais qu'elle peut aussi prendre plus d'épaisseur pour exploiter un concept qui lui laisse de larges possibilités. Son futur dépendra sans doute du degré d'ambitions des scénaristes.
Sur la forme, The Almighty Johnsons reste relativement modeste. La réalisation est correcte, mais il n'y a aucune réelle recherche d'esthétique, ni de travail de la photographie. Dotée d'un budget modeste qui ne lui fournit pas les moyens d'embrasser un fantastique chargé d'effets spéciaux, la série contourne intelligemment la difficulté, nous épargnant de manière inspirée le style cheap que je craignais un peu au départ. Hormis un personnage foudroyé pour célébrer son entrée au panthéon nordique local néo-zélandais, les quelques autres effets visuels demeurent anecdotiques. Les super-pouvoirs de nos différents Dieux n'ont globalement pas besoin de se manifester de manière trop éclatante, et c'est tant mieux.
Enfin, pour conforter sa dimension de divertissement plutôt attachant, The Almighty Johnsons bénéficie d'un casting sympathique et convaincant, dans la droite lignée de la série. Les quatre frères sont incarnés par Tim Balme (Maddigan’s Quest, Mercy Peak, Shortland Street), Dean O’Gorman (McLeod’s Daughters, Shortland Street), Jared Turner (Go Girls ) et enfin Emmett Skilton. A leurs côtés, on retrouve des habitués du petit écran kiwi, comme Ben Barrington (Outrageous Fortune, The Insiders Guide to Love, The Strip), Keisha Castle-Hughes (Whale Rider, The Vintner’s Luck), Roz Turnbull (Outrageous Fortune, Spies & Lies, Stolen), Alison Bruce (This Is Not My Life, Legend of the Seeker) ou encore Michelle Langstone (McLeod’s Daughters, This is Not My Life).
Bilan : Derrière ses allures de dramédie sympathique, The Almighty Johnsons se révèle être un divertissement plaisant, cultivant avec soin une ambiance savamment décontractée à laquelle contribuent grandement des personnages principaux attachants. Pour autant, elle n'est pas dépourvue d'une relative consistance dramatique qui pourra être exploitée plus avant ultérieurement. Ce pilote semble en tout cas prendre un plaisir communicatif à jouer sur les codes narratifs vaguement improbables que lui offre son concept de Dieux nordiques réincarnés, n'ayant pas son pareil pour manier le ridicule sans jamais trop faire. La dynamique prend plutôt bien, même si l'épisode n'évite pas quelques maladresses, le tout étant assorti de l'introduction d'un fil rouge qui permet de poser un cadre et des enjeux pour la suite.
Au final, entre mythologie nordique et relations fraternelles, The Almighty Johnsons part sur des bases fantastiques plutôt légères qui ont un potentiel... J'ai bien envie de me laisser embarquer.
NOTE : 6,75/10
La bande-annonce de la série :
13:20 Publié dans (Séries Océanie) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : nouvelle-zélande, the almighty johnsons, tv3, tim balme, dean o'gorman, jared turner, emmett skilton, ben barrington, keisha castle-hughes, roz turnbull, alison bruce, michelle langstone | Facebook |
07/11/2010
(Pilote AUS) Rake : une série judiciaire décontractée sous les latitudes australiennes
Depuis deux mois qu'il existe une belle et flambant neuve catégorie "Pilotes Océanie", autant entreprendre de la garnir un peu... Et pourquoi pas en inaugurant une nouvelle nationalité - la dixième ! - traitée sur ce blog ? Car la découverte du jour nous vient tout droit d'un pays jamais encore mentionné, mais pourtant loin d'être un inconnu. Penser qu'il aura fallu attendre plus d'un an pour le voir enfin abordé me rendrait même confusément honteuse. Ce n'est pas comme si les séries australiennes nous venaient de contrées insoupçonnées... Mais il est vrai que 2010 n'aura pas été australien (certes, ce fut au profit d'autres explorations géographiques ; la vie du téléphage étant faite d'arbitrages). Les quelques rares expériences réalisées durant l'année n'avaient jusque là pas été suffisamment concluantes pour décrocher un billet.
Cependant, hier soir, parmi les pilotes visionnés, c'est bien une production tout récente en provenance d'Australie qui a attiré mon attention : Rake. Commandée pour huit épisodes, son pilote a été diffusé ce jeudi soir sur la chaîne ABC1. Legal drama atypique, décontracté à l'excès, frôlant la comédie douce par instants, on y croise même des Mr Smith tout droit échappé d'une Matrice, et d'autres guest-stars comme Rachel Griffiths y sont annoncés dans les prochains épisodes. Bref, c'était une des *places to be* des nouveautés du paysage téléphagique de la semaine.
Le pilote de Rake nous plonge sans introduction dans le chaos organisé, maintenu dans un précaire équilibre fonctionnel, que représente la vie de Clearver Greene. Avocat de profession, c'est cependant loin du barreau que le téléspectateur fait sa connaissance, la première scène de la série nous proposant un face-à-face musclé et unilatéral avec son bookmaker fort peu satisfait du rythme de remboursement des dettes de jeux qu'il a contractées. Pour se remettre de la raclée reçue, Cleaver va ensuite noyer son chagrin et trouver du confort dans les bras d'une prostituée, Missy, avec qui il s'est persuadé d'entretenir une forme de relation particulière, au bout de cinq années de loyaux services. Le lendemain, avant même de revêtir le costume de défenseur pour ses clients, c'est d'abord avec la qualité de défendeur qu'il se présente à la barre pour exposer une défense surréaliste visant à lier ses retards de paiement d'impôts à des aléas météorologiques exceptionnels.
Personnage atypique, cultivant une irresponsabilité assumée de laquelle ressort par intermittence une bonhomie expérimentée, rudement efficace au cours d'un procès, Cleaver Greene est à l'image de la tonalité détendue qui règne dans la série. Pourtant les affaires judiciaires ne manquent pas de détails peu ragoûtants et quelque peu sordides, en témoigne celle traitée dans ce pilote : l'acte de cannibalisme d'un éminent économiste qui a dégusté, avec son accord préalable, un avocat s'étant suicidé. L'occasion pour les autorités de découvrir un tragique oubli dans la législation pénale de leur Etat : le cannibalisme n'est pas prévu parmi les infractions pénales. Nullum crimen, nulla poena sine lege... L'absence de charges n'étant pas politiquement envisageable, ce sera donc dans un procès pour meurtre que Cleaver va devoir assurer la défense de ce professeur.
Le premier aspect marquant de Rake réside incontestablement dans son ambiance. Forcément atypique par son côté très détendu, flirtant avec des accents latents de comédie qui s'ignore, la série tranche avec l'image traditionnelle du legal drama tiré à quatre épingles. Il est immédiatement clair que nous ne sommes pas dans un procedural show rigide. L'enjeu est ailleurs. Soulignant bien ses priorités, ce n'est ainsi pas autour de l'affaire criminelle du jour que tourne le pilote. Se concentrant sur une dimension humaine, et choisissant de se mettre au diapason de son personnage principal, Rake se sert de son cadre juridique comme d'un décor dans lequel évoluent ses protagonistes, et non comme d'une fin en soi. Cela ne l'empêche cependant pas de retrouver à l'occasion des bases plus classiques pour une fiction judiciaire.
Sur ce plan, la série bénéficie certes pleinement de cette tonalité décontractée, ce qui nous permet d'assister à un première plaidoirie de défense personnelle face à l'administration fiscale, où, jouant sur les contrastes offerts par l'avocat adverse, caricature rigoriste, Cleaver peut adopter une ligne de défense excentrique avec un aplomb et un sérieux au-delà desquels pointe une légère autodérision des plus savoureuses pour le téléspectateur. Pour autant, sans jamais perdre cette tonalité assez indéfinissable, cela n'empêche pas Rake de se montrer aussi plus traditionnelle quand il s'agit de nous proposer le procès de cet économiste cannibale. Le caractère extraordinaire de l'affaire, autant que l'excentricité de l'accusé, lui permettent de conserver sa particularité, tout en nous introduisant dans les prétoires australiens, terrain aux procédures et decorum encore inconnus pour la téléspectatrice que je suis, mais qui semblent plus se rapprocher de l'Angleterre que des désormais trop familières cours américaines.
Judiciaire par son cadre, c'est cependant surtout dans le développement de ses personnages que Rake va savoir se révéler. Ou plutôt, c'est par l'exploration de sa figure centrale qu'elle va être en mesure de prendre ses distances avec les canons du genre. Ce qui fait son originalité, ce n'est pas en soi la vie dissolue, confusément chaotique, que mène Cleaver Greene, cultivant méticuleusement tous les vices concevables à son niveau, des jeux d'argent à la dépendance à la drogue, en passant par la fréquentation assidue d'un lupanar. Ce qui va faire la particularité du traitement du personnage dans la série, c'est plutôt la manière, excessivement débonnaire, avec laquelle il assume pleinement ses choix, sans s'en cacher. C'est ainsi qu'avec une familiarité et une spontanéité confondantes, il pourra aller se lamenter auprès de la mère de son fils du départ soudain de Missy, sa prostituée de coeur, esquissant une psychanalyse de comptoir sur sa relation avec elle dans un discours qui reflète parfaitement la dualité de ton de la série, entre sérieux et une touche de dérision.
Car voilà bien l'atout principal de Rake : une ambiance où la décontraction semble être élevée au rang d'art. Tout en conservant une narration classique, la série aime à jouer sur les conventions et les attentes du téléspectateur. Les premières scènes où elle choisit invariablement de démarrer dans des cadres familiers pour ensuite révéler un petit twist qui, finalement, fait toute la différence, sont bien révélatrices de cette volonté de s'amuser des codes scénaristiques traditionnels, assumant leur utilisation tout en conservant une certaine distance. C'est ainsi que la discussion au lit entre Missy et Cleaver renvoie initialement l'apparence d'un couple uni, ayant un échange normal après que le petit ami soit rentré ensanglanté... et soudain, les lumières clignotent pour indiquer que l'heure payée est passée. De la même manière, la discussion sur ses déboires amoureux entre Cleaver et une femme qui pourrait être une amie proche, ou un psy, s'éclaire sous un tout autre jour lorsqu'un adolescent entre et lance un "Hi Dad ! Hi Mum !" au naturel désarmant. C'est cela aussi Rake, une façon tranquille mais toujours ambivalente, de naviguer à la croisée des chemins, des tonalités et des inspirations. Sans aller jusqu'à vraiment marquer, cela lui confère indéniablement un côté très rafraîchissant, plaisant à suivre.
Si la forme ne présente pas de particularité notable, le casting de la série s'avère très homogène. C'est sur l'art de mettre en scène une bonhomie cultivée dans laquelle se complaît Richard Roxburgh (East of Everything) que repose une bonne partie de la série. A ses côtés, on retrouve un certain nombre de têtes très familières du petit écran australien, voire au-delà : Matt Day (Tangle, Underbelly), Danielle Cormack (Xena, Rude Awakenings, The Cult, Legend of the Seeker), Russell Dykstra (Spirited), Adrienne Pickering (Headland), Caroline Brazier (Parallax), ou encore Keegan Joyce (K9).
Pour compléter cette distribution déjà solide, Rake pourra compter sur un certain nombre de guest-stars de luxe au fil des épisodes. Si durant ce pilote, l'économiste cannibale est incarné par Hugo Weaven, sont annoncés pour la suite, Rachel Griffiths, Sam Neill, Lisa McCune ou encore Noah Taylor. En somme, du beau monde qui devrait constituer une motivation supplémentaire pour un public non australien.
Bilan : Legal drama à la frontière des tonalités, flirtant avec la comédie sans jamais franchir le pas, Rake cultive avec beaucoup d'application une étonnante décontraction qu'elle pose avec naturel et dont elle fait sa marque distinctive. Plaisante à suivre, capable de prendre de la distance avec des codes narratifs qu'elle ne remet pourtant pas en cause, il règne au final une ambiance atypique à laquelle doit une bonne partie du charme rafraîchissant de ce pilote. Les amateurs de legal drama qui chercheraient un peu de dépaysement devraient y trouver leur compte. Les autres téléspectateurs aussi.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
08:40 Publié dans (Séries Océanie) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : australie, rake, abc1, richard roxburgh, matt day, danielle cormack, russell dykstra, adrienne pickering, caroline brazier, keegan joyce, hugo weaven | Facebook |
19/09/2010
(Pilote NZ) This is not my life : un mystérieux thriller avec une pointe de sci-fi
You may find yourself in another part of the world.
You may find yourself in a beautiful house, with a beautiful wife.
You may ask yourself, well, how did I get here ?
La téléphagie a cela de rassurant qu'elle repose sur une réalité télévisuelle particulièrement riche et éclectique. D'où, si tant est qu'on creuse un peu, il est peu probable que l'on revienne complètement bredouille de ses explorations. Comme je vous le disais jeudi, ces deux premières semaines de septembre n'ont pas été très concluantes en terme de nouveautés. Le coup de blues sériephile commençait à poindre, en attendant peut-être le vrai lancement de la rentrée, ce soir, aux Etats-Unis. Mais la nuit de vendredi m'a remis du baume au coeur. J'ai poursuivi mes voyages téléphagiques pour mon plus grand bonheur. Non seulement j'ai craqué pour un coup de coeur japonais dont j'aurais l'occasion de vous reparler ultérieurement, mais j'ai aussi mis les pieds dans une toute nouvelle contrée jusqu'alors inexplorée : la Nouvelle-Zélande. Avec la critique du jour, c'est l'occasion d'inaugurer une nouvelle catégorie "Pilotes océanie" (ce qui me permettra d'y inclure les productions australiennes).
C'est un commentaire de Melysandre, relatif aux nouveautés de la saison à découvrir, qui avait éveillé ma curiosité il y a de cela quelques semaines. Je lui adresse encore une fois tous mes remerciements car voici bien une série qui était passée inaperçue à mon radar et dont je n'avais retenu aucun écho sur les sites que j'ai l'habitude de fréquenter : elle s'appelle This is not my life. Créé par Gavin Strawhan et Rachel Lang, dont les noms sont notamment associés aux séries Go Girls et Outrageous Fortune, ce mystérieux thriller, dont 13 épisodes ont été commandés, est diffusé sur la chaîne TV One depuis le 29 juillet 2010. Et, au milieu de ces si exotiques salutations maori qui apportent une touche de dépaysement à ce show anglophone ("kia ora !"), son pilote - d'une durée d'1h30 - s'est assuré de ma fidélité pour la suite de la série.
This is not my life se déroule dans un futur proche, puisque nous sommes en 2020. C'est suffisant pour s'offrir un cadre d'anticipation soft sans basculer dans de la science-fiction gadgétisée à outrance. L'histoire débute un matin qui aurait pu être ordinaire. Alec Ross se réveille dans une chambre d'une confortable villa, sans le moindre souvenir en tête. Il ne sait ni qui il est, ni même où il est... Sur le qui-vive, il est pourtant accueilli en descendant dans la cuisine par l'image d'Epinal d'une parfaite petite famille en train de prendre son petit-déjeuner en se chamaillant. Mais s'ils s'introduisent comme tels, il ne reconnaît ni son épouse, ni ses enfants, sa mémoire demeurant désespérément vierge de toute information. Réagissant instinctivement, il panique, cherchant à s'éloigner de ce cadre étranger... pour découvrir toute une ville aux allures policées à l'excès, du nom de Waimoana. Un lieu qui n'évoque absolument rien en lui.
Ce réveil compliqué le conduit, logiquement, à l'hôpital, pour voir le médecin de famille, sur l'insistance de sa femme. On lui raconte alors qu'il a souffert d'un choc à la tête la veille, ce qui pourrait expliquer cette étrange amnésie. Une simple opération chirurgicale devrait corriger cela. Mais la méfiance d'Alec glisse peu à peu vers une sourde paranoïa que viennent alimenter certaines remarques, poussant l'homme à s'enfuir. La découverte des règles qui régissent cet endroit, l'impossibilité manifeste de le quitter rapidement évidente, nourrissent les doutes d'Alec, sans qu'il puisse cependant faire quoique ce soit lorsque les infirmiers de l'hôpital le retrouvent enfin.
Le lendemain matin, Alec se réveille dans la même maison, devant le même cadre pseudo-idyllique. Il n'a aucun souvenir des évènements du jour précédent. S'il reste un peu confus, cette fois, lorsque ses yeux se portent sur le visage de son épouse, les souvenirs reviennent en cascade. Alors qu'il reprend peu à peu confiance en la tangibilité du monde qui l'entoure, tout est remis en cause par un bien étrange enregistrement vidéo qu'il retrouve. Avant d'être repris par les infirmiers, il s'était enregistré, insistant biien sur le fait qu'il n'est pas "Alec Ross" et que "ce n'est pas sa vie"...
Dans le cadre si surveillé de Waimoana, il va devoir redoubler de prudence pour percer le mystère que cette ville dissimule, afin de découvrir qui il est vraiment, mais aussi ce qui se cache derrière le vaste mensonge que semblent être leurs vies manipulées.
L'atout majeur de This is not my life réside incontestablement dans l'efficacité avec laquelle son mystère va être posé. L'ambiance générale de la série prend rapidement un tour résolument paranoïaque, le moindre détail le plus anecdotique faisant naître la suspicion dans l'esprit d'un téléspectateur qui est prend naturellement fait et cause pour Alec Ross. Si cette atmosphère poussant à la sur-interprétation pouvait faire craindre un recours excessif aux sous-entendus, la fiction va bâtir son intrigue sur des faits tangibles. S'il demeure une part de non-dit, d'inexpliqué, si des ressorts nous échappent encore, en raison du manque de certaines informations, la série, elle, ne tergiverse pas : notre inquiétude se trouve rapidement confortée par les évènements auxquels nous assistons.
En fait, en terme de filiation téléphagique, reconnaissons qu'il règne incontestablement comme un faux air du Prisonnier sur la ville si parfaite de Waimoana. Même si son cadre lui est propre, il est difficile de ne pas faire de parallèles avec cette série - voire avec d'autres fictions déclinant ce thème de la ville factice où le héros s'inscrit en porte-à-faux, comme The Truman Show. On retrouve ainsi dans This is not my life un certain nombre de thématiques et de ressorts narratifs familiers, qu'elle est cependant en mesure de se réapproprier de manière convaincante. L'approche reste classique, mais n'en est pas moins efficace.
Au fur et à mesure que le pilote progresse, l'indubitable impression d'artificialité de la ville se renforce donc. L'évidence que quelque chose cloche s'impose à Alec, comme au téléspectateur. Dans cette culture du mystère, la force de la série va finalement résider dans sa simplicité. De façon imperturbable et solide, elle capitalise et explore son concept. Inutile de trop en faire dans un suggestif qui deviendrait rapidement lourd, pas besoin d'étirer inutilement les choses en longueur... Ce premier épisode ne perd pas de temps en exposition inutile, mené sur un rythme enlevé. Une pointe d'action, des drames, la perte de certains repères, les nerfs qui lâchent, tout s'enchaîne efficacement et les suspicions du héros se confirment.
Ce pilote apporte ainsi au téléspectateur suffisamment d'évènements concrets pour offrir de solides fondations à cette atmosphère de thriller qu'il distille. Mine de rien, c'est toute une mythologie qui s'esquisse avec un minimum de ressources. Par rapport à d'autres séries du genre qu'on a trop souvent vu s'égarer dans les méandres creuses d'une introduction pompeuse, voici une approche directe qui a le mérite d'être rafraîchissante. Qui est Harry ? Quel est ce lieu ? Comment les forces de sécurité de la ville sont-elles en mesure d'exercer une surveillance permanente sur chacun ? Et, peut-être la plus troublante des questions, qui conclut l'épisode, comment est-il possible de "remplacer" un adolescent par un autre, manipulant non seulement la mémoire de ce dernier, mais également celle de chaque habitant ? Au terme de cette heure et demie, nous aboutissons donc à un intrigant mystère. Toutes les questions, qui se bousculent dans la tête d'un héros soudain écrasé par l'ampleur du phénomène auquel il est confronté, trouvent un écho particulier auprès d'un téléspectateur à la curiosité plus qu'aiguisée. De quoi s'assurer de sa fidélité pour la suite.
Par ailleurs, un autre aspect mérite d'être salué, il s'agit de la manière dont This is not my life construit son cadre, permettant de renforcer son ambiance confusément troublante. Je ne sais pas quel est l'état de santé financier de l'industrie télévisuelle néo-zélandaise, mais il est évident que la série n'a pas à sa disposition des moyens budgétaires démesurés. Toute la difficulté va être de parvenir à mettre en scène une série de semi-anticipation, se déroulant dans une décennie, avec un minimum d'effets spéciaux.
Si la technologie subit quelques améliorations, la série n'essaye pas de se lancer dans une surenchère perdue d'avance dans cet aspect gadgétisé, n'étant pas en mesure de re-créer un cadre futuriste à la Caprica, par exemple. C'est par sa seule esthétique - particulièrement soignée - que This is not my life va parvenir à un résultat sobre mais abouti, qui est loin d'être inintéressant. Le décor est épuré, presque clinique. Une impression que renforce la photographie de la série : celle-ci se décline dans des couleurs pastels froides, à forte dominante de blanc, de bleu et de gris. Cela accentue le côté excessivement policé et lisse renvoyé par cette ville, permettant ainsi de jouer sur le contraste entre cette apparente perfection qui sonne faux et les secrets qui sommeillent derrière, masquant des réalités plus perturbantes.
Sur la forme, This is not my life propose donc une oeuvre travaillée et recherchée. Ses moyens limités ne l'empêchent pas de faire preuve d'initiative et de savoir pleinement exploiter tout le potentiel qu'elle a à disposition pour délivrer un cadre qui apporte une réelle valeur ajoutée. De manière générale, la réalisation demeure classique, tout en s'offrant un certain nombre de plans plus larges qui illustrent l'effort réalisé pour poser une ambiance. Si la bande-son, surtout instrumentale, n'est pas des plus maîtrisée, donnant parfois l'impression d'être un peu brouillonne, elle ne dépareille cependant pas.
Quant au casting, la performance d'ensemble est globalement solide. On retrouve en tête d'affiche un acteur familier des téléphages, Charles Mesure (Xena/Hercule, Preuve à l'appui, Outrageus Fortune, V). Si j'étais un peu sceptique au départ, j'ai été assez agréablement surprise par la densité de son jeu ; il s'impose en effet de façon plutôt subtile et assez crédible. A ses côtés, Tandi Wright (Seven Periods with Mr Gormsby, Serial killers) incarne sa femme. Tania Nolan (Go Girls) joue une docteur des plus troublantes.
Bilan : Construit comme un thriller, le pilote de This is not my life se charge de nous introduire dans un mystère des plus intrigants. Posant efficacement les bases de sa mythologie, l'épisode exploite pleinement tous les (modestes) moyens qui sont à sa disposition pour aiguiser la curiosité d'un téléspectateur rapidement happé par cette ambiance paranoïaque et inquiétante. Derrière ses faux airs d'un Prisonnier où viendrait poindre une touche d'anticipation futuriste, il est impossible de savoir dès à présent quelle orientation prendra This is not my life. Basculera-t-elle pleinement dans la sphère de la science-fiction ? Est-ce une intervention humaine ou venue d'ailleurs qui se cache derrière la ville de Waimoana et ses allures paradisiaques ? Voici en tout cas une fondation solide pour débuter une série.
En résumé, This is not my life est une agréable surprise et une première incursion réussie dans la télévision néo-zélandaise. Elle sait capitaliser sur son concept de départ très fort sans tergiverser. C'est aussi dans cette simplicité et cette sobriété que réside sa force, évitant la tentation à laquelle ne surent pas résister d'autres fictions du genre trop promptes à étaler des ambitions pompeuses qu'elles ne purent jamais confirmer.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
10:21 Publié dans (Séries Océanie) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : nouvelle-zélande, tv one, this is not my life, charles mesure, tania nolan, tandi wright | Facebook |