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10/02/2012

(Pilote DAN) Lulu & Leon : une mère de famille se lance dans le crime

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Depuis l'année dernière, je me suis découvert un intérêt aussi inattendu que non démenti pour les fictions en provenance des territoires scandinaves. Et si j'ai bon espoir de pouvoir vous parler prochainement d'une série du pays d'Ikea, en attendant, poursuivons notre exploration du petit écran du moment, celui du Danemark. Il faut dire que, hier soir, ça parlait danois jusque sur Arte pour les débuts remarqués d'une des séries phares de DR, Borgen (pour les retardataires, il est toujours temps de rattraper (pendant 7 jours) les deux premiers épisodes).

Si DR est incontestablement celle qui dispose du plus de moyens au Danemark, les autres chaînes s'essaient également aux fictions. Et le résultat est parfois fort sympathique, comme semblent le montrer les débuts de Lulu & Leon (Lulu og Leon). Cette série a été diffusée sur TV3 de 2009 à 2010 (les audiences n'ont cependant pas été au rendez-vous). Elle a duré deux saisons, pour un total de 24 épisodes d'une quarantaine de minutes chacun. Si c'est de son pilote dont je vais vous parler aujourd'hui, c'est que la série sera prochainement diffusée en France, sur Eurochannel (disponible via les bouquets SFR, chaîne numéro 89), à partir du dimanche 26 février 2012, en prime-time à 21 heures.

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Lulu & Leon nous raconte l'histoire d'une mère de famille qui se retrouve entraînée par les circonstances dans le milieu du crime organisé. Elle va devoir apprendre à s'y débrouiller pour continuer à vivre. Pourtant, Lulu avait un quotidien en apparence bien rangé. Habitant en banlieue résidentielle et tenant un salon de coiffure, elle vit avec Leon, officiellement gérant d'un lavomatic, et élève ses deux enfants (l'aînée étant issue d'un précédent mariage). Jusqu'à présent, tout en aimant profondément son compagnon, elle avait posé une condition avant d'accepter de se laisser passer la bague au doigt : que Leon, avec son passé criminel qu'elle n'ignore pas, soit en mesure d'éviter les ennuis vis-à-vis de la police pendant cinq années d'affilée. La série débute le jour où ce challenge est justement réussi et rempli, c'est donc de mariage dont il va être question dans ce premier épisode.

Il faut dire que Leon a déjà tout prévu pour organiser la cérémonie, et cette journée démarre de la plus heureuse des façons pour Lulu. Seulement, au cours de la fête qui suit le passage à la mairie, deux inspecteurs de police débarquent : ils arrêtent Leon et embarquent même Lulu au commissariat dans sa robe de noces. Voyant tous leurs comptes en banque gelés (puisque désormais mariés, elle n'a plus de patrimoine propre), sans argent mis de côté pour parer à ce genre d'urgence, Leon ne peut transmettre à Lulu qu'une chose : l'appareil qui lui sert à faire des casses d'entrepôt en craquant les codes d'entrée... Or il a aussi des dettes qu'il va falloir rembourser...

C'est le début, pour la jeune femme, de la découverte d'un autre milieu, où elle va devoir faire preuve de ses capacités d'adaptation, tout restant une mère de famille présente pour ses deux enfants. 

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Si ce pilote se suit avec plaisir et sans voir le temps passer, c'est tout d'abord parce que Lulu & Leon se révèle être une fiction très rafraîchissante. On y trouve une spontanéité et une sobriété d'écriture qui insufflent un dynamisme communicatif à l'ensemble. A défaut de situations mises en scène particulièrement originales, les dialogues ne manquent pas de réparties. Rythmé et sans temps mort, l'épisode navigue à la lisière du drama et de la comédie, trouvant rapidement ses marques dans cet "entre-deux". L'approche orientée dramédie permet ainsi de traiter avec une tonalité jamais pesante et plutôt légère de thèmes sérieux - la vie d'une famille qui bascule avec l'arrestation du mari, les confrontations avec la police, etc. -, sans avoir à les esquiver ou que ces derniers perdent en tension ou en enjeu.

De plus, le pilote de Lulu & Leon sait éveiller la sympathie du téléspectateur. On s'attache en effet facilement à ses personnages. Tout en distillant quelques pointes de mystère (comme les motivations d'un des deux policiers qui semble essayer d'entraver l'enquête), la série opte dans l'ensemble pour une simplicité d'approche assumée, avec une caractérisation rapide de chacun, qui se révèle au final payante. Il faut dire que Lulu est un personnage principal solide, laissant entrevoir du potentiel. Si elle passe de la belle surprise d'une demande en mariage au saut du lit, à la descente de police qui soudain gèle sa vie, mais aussi ses affaires, elle a trop de caractère pour rester passive dans cette situation. L'escapade champêtre de fin d'épisode, pour récupérer ce qui est dû à son mari, est là pour nous prouver le pragmatisme, mais aussi tout l'aplomb de cette mère de famille qui fait preuve d'un sang froid admirable face à la police. Cela donne donc envie de l'accompagner sur ce chemin vers le monde du crime.

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C'est sans doute sur la forme que le contraste de moyens entre DR et TV3 se ressent le plus fortement, mais la réalisation reste très correcte, tout comme la qualité d'image, la photographie gardant une dominante plutôt froide. Par ailleurs, la bande-son apparaît sympathique, sans trop en faire. J'ai bien aimé l'intégration à plusieurs reprises de chansons rythmées : cela permet à moindre coût de donner de l'énergie au récit, et cela correspond bien à ce mélange des tons où les passages plus dramatiques gardent toujours une certaine légèreté.

Enfin Lulu & Leon dispose d'un casting au sein duquel Lene Maria Christensen (Deroute) s'impose comme la solide tête d'affiche, retranscrivant bien la dualité de Lulu. Derrière une apparence très ordinaire et douce, on devine dès le pilote qu'elle est capable de se révéler dans l'adversité pour prendre les choses en main. A ses côtés, Lars Brygmann (Forsvar, Borgen, Lykke) interprète son mari, désormais derrière les barreaux. On croise également Nicole Johansen, Jacob Ottensten, Lars Kaalund, Jacob Randrup ou encore Henning Valin Jakobsen (Pagten, Broen/Bron).

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Bilan : Fort d'un concept intéressant mêlant familial et fiction de gangster, le pilote de Lulu & Leon se révèle à la fois rafraîchissant et sympathique. On s'attache aux protagonistes de cette dramédie rythmée, au premier rang desquels figure une Lulu qui a tout pour être un personnage fort, ne manquant pas de potentiel. S'il faudra voir concrètement comment sera traité le glissement vers le milieu du crime annoncé par le pitch, la série semble cependant avoir les cartes en main pour proposer un divertissement plaisant à suivre sur une famille assez atypique.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

11/02/2011

(Pilote NZ) The Almighty Johnsons : les Dieux sont tombés d'Ásgard !


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L'été dernier, j'avais découvert avec This is not my life que les Néo-zélandais ne se contentaient de prêter leurs beaux paysages pour servir de décors aux diverses productions internationales de fantasy qui prenaient leurs quartiers sur place. Il s'est avéré qu'ils les utilisaient même à l'occasion pour y tourner leurs propres séries. L'expérience This is not my life n'ayant pas été déplaisante, j'ai donc gardé un oeil sur le petit écran kiwi. Et quand les créateurs de Outrageous Fortune (James Griffin et Rachel Lang) se retrouvent pour proposer une nouveauté au concept pour le moins atypique, forcément cela mérite au moins un coup d'oeil. 

The Almighty Johnsons a donc été lancée en début de semaine en Nouvelle-Zélande : elle est diffusée depuis le 7 février 2011 sur TV3. La lecture du synopsis n'était pas sans éveiller une curiosité téléphagique justifiée : la série semblait s'inscrire dans une certaine filiation avec Outrageous Fortune, saupoudrée d'une dimension fantastique pimentée d'héros dotés de super-pouvoirs, à laquelle s'ajoute une pincette de mythologie des Dieux nordiques. Et figurez-vous que ce pilote ne dément pas l'intérêt éveillé en lisant cet étrange synopsis, prouvant également que du côté de l'Océanie, on maîtrise toujours sacrément bien un véritable art de la décontraction. Il est encore trop tôt pour savoir précisément quelle direction la série va prendre par la suite, mais il y a assurément du potentiel pour passer un moment de divertissement sympathique devant sa télévision !

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The Almighty Johnsons est une dramédie fantastique qui se concentre sur quatre frères à la vie plus pimentée que l'apparente normalité confondante qu'ils cultivent. Car la famille Johnsons n'est pas une simple famille comme les autres. En effet, ses membres sont les réincarnations des Dieux nordiques, venus se réfugier en Nouvelle-Zélande pour fuir les persécutions religieuses. Papa était ainsi dieu de la mer, tandis que maman, une déesse qui décida un beau jour qu'élever quatre garçons dieux en devenir était une tâche bien complexe et préféra se rendre dans la forêt pour se changer en arbre. De son côté, Grand-Papa a allégrement dépassé les 90 ans, mais semble toujours être dans la trentaine et se présente comme leur cousin. Heureusement, en dépit d'une maturité pas forcément en adéquation avec son grand âge, il fait également office d'oracle familial, permettant à l'occasion de guider ses petits-enfants.

Chez les Johnsons, on découvre et embrasse sa nature divine lorsque l'on entre dans l'âge adulte, à 21 ans. Si les trois frères plus âgés ont déjà subi ce rituel initiatique pour le moins foudroyant, le plus jeune, Alex, fête justement son anniversaire au cours de ce pilote qui va permettre au téléspectateur de pénétrer dans cet univers aux côtés du jeune homme. L'initiation d'Alex se déroule normalement, cependant les signes semblent lui réserver une grande destinée : il serait l'incarnation d'Odin ! Mais cette révélation s'accompagne d'une quête qui peut se révéler fatale, pour  lui comme pour ses trois frères : il lui faut retrouver sa Frigg, celle qui est destinée à devenir son épouse afin de compléter la prophétie. Un but qui va servir de fil rouge à la série, tandis qu'autour des Johnsons gravitent de mystérieuses femmes qui ne paraissent pas nourrir de très bonnes intentions à leur égard.

Entre les tracas d'une vie humaine normale et les ajustements aux impératifs divins, c'est le quotidien assurément compliqué de quatre frères aux tempéraments très différents, dont les relations fraternelles ne sont pas exemptes de certaines tensions, que la série nous invite à suivre.

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C'est un pilote rythmé et rondement mené que nous propose The Almighty Johnsons, permettant tout autant de présenter efficacement les différents personnages que d'introduire des enjeux sur le plus long terme afin de s'assurer de la fidélité des téléspectateurs. Après une entrée en matière un brin brouillonne, la série trouve rapidement son équilibre, naviguant entre une légèreté décontractée travaillée et des passages plus posés qui laissent entrevoir un potentiel dramatique bien réel. Gérant plutôt habilement ces différentes tonalités, il faut lui reconnaître une vraie capacité à manier à froid un absurde de circonstance qui prête souvent à sourire, le tout servi par des dialogues jamais dépourvus en réparties. Cependant, l'insouciance diffuse se dégageant des scènes de comédie familiale fantastique se trouve toujours invariablement tempérée par un registre plus sérieux qui rappelle aux protagonistes que leurs conditions divines ne va toujours leur simplifier l'existence.

C'est incontestablement dans cette dualité de tons que se trouve une bonne part du charme de The Almighty Johnsons. Elle s'attache d'ailleurs à garder ouvertes toutes ses options narratives. En effet, on va certes retrouver une thématique classique au genre, celle du mensonge pour prétendre à une pseudo-normalité en gardant secrète une nature différente (la divinité). De plus, tout cela fonde aussi une quête qu'il va falloir mener à bien : pèse sur les épaules d'Alex une lourde responsabilité qui engage toute la destinée familiale. S'il meurt avant de découvrir Frigg, alors toute sa famille mourra. Mais au-delà des problématiques attendues liées à la détention de super-pouvoirs, c'est aussi sur un versant plus proche du drama familial que la série semble également pouvoir évoluer. En effet, leur nature divine est source de tensions entre des frères très différents, qui ne conçoivent pas l'utilisation de leurs pouvoirs de la même manière. Le pilote offre sur ce thème quelques scènes assez crédibles qui sonnent juste, explorant les rapports ambivalents que les frères entretiennent. Si on n'esquive pas quelques clichés, tous les personnages se révèlent attachants à leur manière, et surtout aucun n'est unidimensionnel. Chacun a donc son potentiel, le grand-père n'étant d'ailleurs absolument pas oublié !

Avec ce premier épisode, The Almighty Johnsons paraît donc démontrer qu'elle a non seulement les moyens de rester dans un léger divertissement fantastique sympathique, mais qu'elle peut aussi prendre plus d'épaisseur pour exploiter un concept qui lui laisse de larges possibilités. Son futur dépendra sans doute du degré d'ambitions des scénaristes.

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Sur la forme, The Almighty Johnsons reste relativement modeste. La réalisation est correcte, mais il n'y a aucune réelle recherche d'esthétique, ni de travail de la photographie. Dotée d'un budget modeste qui ne lui fournit pas les moyens d'embrasser un fantastique chargé d'effets spéciaux, la série contourne intelligemment la difficulté, nous épargnant de manière inspirée le style cheap que je craignais un peu au départ. Hormis un personnage foudroyé pour célébrer son entrée au panthéon nordique local néo-zélandais, les quelques autres effets visuels demeurent anecdotiques. Les super-pouvoirs de nos différents Dieux n'ont globalement pas besoin de se manifester de manière trop éclatante, et c'est tant mieux.

Enfin, pour conforter sa dimension de divertissement plutôt attachant, The Almighty Johnsons bénéficie d'un casting sympathique et convaincant, dans la droite lignée de la série. Les quatre frères sont incarnés par Tim Balme (Maddigan’s Quest, Mercy Peak, Shortland Street), Dean O’Gorman (McLeod’s Daughters, Shortland Street), Jared Turner (Go Girls ) et enfin Emmett Skilton. A leurs côtés, on retrouve des habitués du petit écran kiwi, comme Ben Barrington (Outrageous Fortune, The Insiders Guide to Love, The Strip), Keisha Castle-Hughes (Whale Rider, The Vintner’s Luck), Roz Turnbull (Outrageous Fortune, Spies & Lies, Stolen), Alison Bruce (This Is Not My Life, Legend of the Seeker) ou encore Michelle Langstone (McLeod’s Daughters, This is Not My Life).

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Bilan : Derrière ses allures de dramédie sympathique, The Almighty Johnsons se révèle être un divertissement plaisant, cultivant avec soin une ambiance savamment décontractée à laquelle contribuent grandement des personnages principaux attachants. Pour autant, elle n'est pas dépourvue d'une relative consistance dramatique qui pourra être exploitée plus avant ultérieurement. Ce pilote semble en tout cas prendre un plaisir communicatif à jouer sur les codes narratifs vaguement improbables que lui offre son concept de Dieux nordiques réincarnés, n'ayant pas son pareil pour manier le ridicule sans jamais trop faire. La dynamique prend plutôt bien, même si l'épisode n'évite pas quelques maladresses, le tout étant assorti de l'introduction d'un fil rouge qui permet de poser un cadre et des enjeux pour la suite.

Au final, entre mythologie nordique et relations fraternelles, The Almighty Johnsons part sur des bases fantastiques plutôt légères qui ont un potentiel... J'ai bien envie de me laisser embarquer.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :