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11/05/2013

(Pilote AUS) A place to call home : un period drama qui connaît ses classiques dans l'Australie des années 50


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Amateurs de period dramas dépaysants, de mélodrames historiques, direction l'Australie en ce printemps. Depuis le 28 avril 2013, la chaîne Seven a en effet lancé une nouvelle série, A place to call home, qui nous plonge dans la société rurale des années 50. Elle vient confirmer l'attrait de la télévision australienne pour les séries historiques, lequel n'est plus à démontrer ces dernières années, de Cloudstreet aux Doctor Blake Mysteries, en passant par les Miss Fisher's Murder Mysteries.

Créée par Bevan Lee, A place to call home a des inspirations transparentes : ce n'est pas un hasard si la série s'est vue attribuer la case horaire du dimanche soir qu'occupait précédemment Downton Abbey. Il s'agit pour elle de capitaliser sur les ingrédients qui ont fait le succès mondial de récents period dramas, en y injectant une part de local pour proposer une déclinaison australienne. Si les attentes de la chaîne étaient élevée, les choses tournent plutôt favorablement pour l'instant pour A place to call home : son pilote, bénéficiant du lead-in de l'émission My Kitchen rules, a rassemblé 1,768 millions de téléspectateurs. Si l'audience a logiquement baissé pour le deuxième épisode, la série s'est tout de même très bien maintenue à 1,3 millions de téléspectateurs. Et il faut reconnaître que A place to call home dispose d'un certain nombre d'atouts pour s'assurer de la fidélité de son public.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des deux premiers épisodes.]

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A place to call home s'ouvre en 1953. Sarah Adams, une infirmière, rentre en Australie après deux décennies passées en Europe. Elle aimerait renouer avec sa mère qui ne lui a pas pardonné certains de ses choix de vie, notamment sa conversion au judaïsme. Mais leur brève rencontre se passe mal. Décidée à rester en Australie malgré tout, voulant laisser son passé européen derrière elle, Sarah prend alors contact avec George Bligh, un riche notable, veuf, rencontré sur le bâteau qui la ramenait. Ce dernier lui avait proposé de lui trouver un emploi si jamais ses plans ne se déroulaient pas comme prévus. C'est finalement un poste d'infirmière dans la clinique locale de la bourgade dans laquelle les Bligh vivent qui lui est offert.

Le travail est certes intéressant, mais Sarah découvre vite que la vie à la campagne n'est pas non plus vide d'intrigues. Elle doit notamment faire face à l'hostilité de la matriarche Bligh, Elizabeth. Plus que le rapprochement qui semble s'opérer entre l'infirmière et son fils, Elizabeth craint les révélations éventuelles qu'elle pourrait faire sur James, son petit-fils, qui, tout juste marié, a tenté de se suicider sur le bâteau revenant d'Angleterre, seulement sauvé par l'intervention de Sarah. Dans une société encore marquée par une rigidité sociale qui commence tout juste à se fissurer, chacun cache son lot de secrets, tandis que certains rêvent de s'émanciper de ce carcan. En découvrant le monde des Bligh, Sarah perturbe bien des convenances. Elle va ne pas devoir craindre l'adversité pour mener sa vie comme elle l'entend et trouver sa place.

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A place to call home est un period drama aux ingrédients classiques, dont la recette éprouvée n'en fonctionne pas moins efficacement. A défaut d'user de ficelles subtiles, la série assume ses emprunts aux codes du genre pour délivrer un cocktail vivant et pimenté comme il se doit de diverses intrigues tendant vers le mélodrame. Entre reconstruction personnelle, amours impossibles, secrets mal gardés et passé envahissant, le récit ne tergiverse pas, suivant un rythme de narration efficace. Le cadre des années 50 est mis à profit avec la dualité qui lui est inhérente. D'une part, il s'agit de faire susciter une diffuse nostalgie avec ce cadre rural, mais aussi tout le luxe qui accompagne les Bligh. D'autre part, il s'agit d'utiliser comme ressort dramatique la rigidité d'une époque, avec des classes et des moeurs très codifiées, symbolisée par la poigne de fer d'une matriarche peu sensible aux voies du coeur. Si on peut parfois reprocher aux dialogues de A place to call home un certain manque de naturel, la série a le mérite de vite poser son cadre et d'impliquer le téléspectateur dans ses enjeux : du passé mystérieux de Sarah en Europe, aux dynamiques relationnelles à l'oeuvre chez les Bligh où le drame est rapidement frôlé. Le potentiel d'émotions, de sentiments et de rebondissements est bel et bien là, reste donc à l'exploiter pleinement.

Rapidement, il apparaît que A place to call home est une fiction dominée par ses protagonistes féminins. Parmi elles, c'est sur les épaules de l'héroïne que repose une bonne partie de l'attrait du récit, par contraste avec des figures secondaires qui restent pour le moment assez pâles. Sarah est un personnage assuré, au caractère affirmé et qui n'a pas froid aux yeux : elle ne craint pas de perturber certaines donnes sociales, tout en étant consciente qu'elle ne peut se fondre dans le monde des Bligh. Derrière son visage volontaire, elle cache aussi des blessures dont on ne sait encore rien : elle a été infirmière durant la guerre d'Espagne, puis a vécu en France un temps avant la Seconde Guerre Mondiale... Mais les informations nous sont données ici au compte-goutte. Un flashback dans le deuxième épisode laisse cependant entrevoir la dureté des épreuves qu'elle a dû traverser. Sarah est donc un personnage fort, engageant pour le téléspectateur. A partir de cette base, l'histoire se construit autour de l'antagonisme naissant entre elle et Elizabeth Bligh. Si la possibilité romantique avec George Bligh est esquissée, elle reste un pendant très calibré : c'est dans ses ressorts conflictuels que A place to call home entend retenir en premier lieu l'intérêt du téléspectateur.

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Sur la forme, A place to call home dispose de plusieurs atouts. Tout d'abord, la série propose une reconstitution historique appliquée : outre les costumes, elle peut s'appuyer sur une bande-son où ressortent quelques musiques d'époque. Cependant l'ambiance musicale plus générique qui l'accompagne trop souvent le reste du temps a tendance à être un peu envahissante. Surtout, cette fiction se déroule à la campagne : elle met donc en scène une Australie rurale. Loin de la ville, c'est sur des paysages typiques qu'elle peut s'appuyer pour assurer le dépaysement du téléspectateur. Bénéficiant de quelques jolis plans - des levers de soleil aux escapades champêtres en voiture sur les routes de la localité -, la série a donc un cadre qui encourage l'immersion du public.

Enfin, A place to call home repose sur son actrice principale, Marta Dusseldorp (Crownies), dont la solidité de la performance n'est pas pour rien dans l'intérêt de la série. Son personnage est le pivot autour duquel toute la fiction s'articule, et la manière dont elle contraste avec le milieu dans lequel elle est projetée constitue une dynamique narrative des plus efficaces. Face à elle, au sein du clan Bligh, c'est Noni Hazlehurst (City Homicide) qui interprète la matriarche, tandis que le rôle de George, veuf qui n'est pas insensible à Sarah, est confié à Brett Climo (The Elephant Princess). Quant aux deux jeunes Bligh, ils sont joués par David Berry et Arianwen Parkes-Lockwood. En outre, la distribution comprend également Frankie J. Holden, Craig Hall (Outrageous Fortune, Underbelly), Abby Earl, Aldo Mignone, Dominic Allburn, Vanessa Buckley, Rupert Degas ou encore Adam Gray.

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Bilan : A place to call home est un period drama traditionnel, avec sa dose promise de mélodrames, d'émotions et de confrontations, à la fois universels et fruits d'une époque. Assumant ses ficelles classiques, la série a pour elle de pouvoir s'appuyer sur une héroïne engageante, marquée par des épreuves passées, auprès de laquelle le téléspectateur s'implique rapidement. La fiction bénéficie aussi de son cadre rural australien pour une immersion dépaysante dans les années 50. La progression narrative est assurée, les enjeux vite identifiés. Si A place to call home a quelques limites, les ingrédients de son récit parlent aisément à ceux qui ont un penchant pour de tels period dramas. Et une fois embarqué dans les destinées de chacun, il vous sera bien difficile de ne pas poursuivre à leurs côtés. Avis aux amateurs.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série :

17/07/2011

(Pilote AUS) Crownies : Sex, Lies & Magistrates

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Suits sur USA Network ne vous a pas pleinement convaincu ? Vous cherchez toujours un legal drama divertissant pour l'été ? Voici votre deuxième chance de la saison : en effet, ABC1 a pensé à vous avec le lancement ce jeudi 14 juillet 2011 de sa dernière nouveauté, Crownies, reprenant le surnom que l'on donne aux représentants du ministère public en Australie. Outre une promotion intensive sur le slogan "Sex, Lies & Magistrates", la chaîne a d'ailleurs vu les choses en grand puisqu'elle a commandé pas moins de 22 épisodes pour cette saison 1, une longueur plutôt rare de ce côté-ci de l'hémisphère sud.

A priori, la lecture du synopsis de Crownies me faisait beaucoup penser à la trop tôt disparue Conviction, série américaine sur une bande de jeunes substituts du procureur à laquelle je m'étais attachée. Les deux séries démarrent en effet sur un esprit très similaire, le parallèle se faisant naturellement sans doute aussi parce que leurs recettes sont très semblables. Aucune ne marquera l'histoire du legal drama, mais Crownies a-t-elle les moyens de devenir un divertissement du genre sympathique ? Ce premier double épisode (d'une durée de 1h48), qui fait office de pilote, pose des bases intéressantes, mais peut-être un peu trop quelconque pour pleinement convaincre.

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Crownies nous plonge dans le quotidien des services du bureau du procureur de Sidney, aux côtés de jeunes gens pas encore trentenaires et qui ont encore tout à prouver. Ayant délaissé les bancs de la fac de droit il y a peu, travaillant depuis seulement quelques mois dans ce milieu judiciaire, ils sont encore remplis de certitudes et de préconceptions sur le métier qu'ils ont choisi, mais leur manque d'expérience va rappeler, parfois brutalement, à ces brillants jeunes carriéristes qu'ils ont encore tout à apprendre.

Des questions pratiques, dont les réponses n'étaient pas contenues dans les bouquins qu'ils ont dû dévorer au cours de leurs études, se posent soudain à eux. Comment gérer l'empathie naturelle qu'ils peuvent éprouver face à certaines victimes ? Comment faire la part des choses et laisser leurs sentiments de côté pour raisonner froidement en juriste quand il s'agit d'évaluer le caractère plaidable ou non des cas d'espèce si divers, parfois sordides, qu'ils doivent traiter ? Car s'ils connaissent leurs textes et leurs précédents sur le bout des doigts, le passage de la théorie à la pratique, devant un juge, est aussi un moment de prise de conscience parfois douloureuse de la réalité de leur métier. C'est ainsi que la première plaidoirie fait presque office de bizutage, surtout lorsque des imprévus viennent la perturber.

C'est cette recherche d'équilibre entre une vie professionnelle envahissante et éprouvante, mais aussi une vie personnelle qui ne peut être complètement négligée, que va nous conter Crownies.

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Investissant un terrain connu, aux dynamiques judiciaires très familières pour le téléspectateur, Crownies fait preuve, dans ce pilote, de beaucoup de volontarisme pour installer son cadre, ses enjeux, mais aussi et surtout son ambiance. Parfaitement huilée, dotée de dialogues énergiques, la série alterne les thèmes sérieux et des pointes plus légères permettant d'évacuer la pression. S'imposant dans le registre de la dramédie dynamique, les affaires s'enchaînent et se chevauchent, donnant le rythme à l'épisode.

Il apparaît vite clair que nous sommes plus devant une série sur le milieu judiciaire - et son personnel -, que devant un vrai legal drama procédural. Ne s'arrêtant jamais vraiment sur tous ces cas survolés qui défilent, nos jeunes héros préparant plus souvent les dossiers qu'ils ne les plaident devant la cour, le téléspectateur n'a pas vraiment l'occasion de s'impliquer dans ces histoires, lesquelles sont plus le prétexte de connaître certains personnages, ou de les placer devant des épreuves, que le réel enjeu de l'épisode. Ce choix de narration fonctionne puisque l'ensemble se laisse suivre sans difficulté, ni déplaisir dans le registre du divertissement.

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L'âme de Crownies, ce sont ses personnages. Elle va se concentrer prioritairement sur ces cinq jeunes gens qui ont encore beaucoup à apprendre. Si le pilote évite l'écueil du "premier jour au travail" comme ils sont en place depuis plusieurs mois, c'est cependant de manière assez inégale que chacun va être introduit, avec des storylines à la solidité et à l'intérêt très variables. La série cède souvent à la facilité ; et chacun peine à se dégager des stéréotypes trop unidimensionnels dans lesquels il se retrouve rapidement confiné. C'est sans doute sur cet aspect, parce que ces protagonistes sont si importants pour le futur de la série, que Crownies laisse des regrets et devra s'affiner. 

L'optimisme doit quand même être de rigueur car, ce qui est bon signe, c'est que les passages les plus réussis restent les scènes de groupe, durant lesquelles la tonalité de dramédie décomplexe agréablement des dialogues regorgeant de réparties et de petites piques bien orientées. Ces jeunes gens ont encore tout à apprendre sur la pratique de la loi, mais aussi sur la vie : pendant un bref instant, confrontés aux mêmes doutes, ils délaissent tout instinct carriériste et individualiste pour une forme de solidarité diffuse qui ne dit pas son nom. L'effet golden generation en phase d'apprentissage humanise ainsi cette série qui en a bien besoin : la fidélisation du téléspectateur passe en effet par cet aspect.

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Sur la forme, Crownies adopte un style qui respecte parfaitement sa tonalité de dramédie : on est bien face à du divertissement calibré et maîtrisé. La réalisation est plutôt dynamique, la photographie reste très claire. Le tout est accompagné d'une bande-son très présente, où prédominent des musiques rythmées.  

Enfin, le casting, sans démériter, laisse une impression globalement mitigée. Si aucun acteur ne marque, ni ne s'impose vraiment, je pense qu'ils sont très dépendants de l'écriture de leurs personnages. C'est sans doute ce qui explique que, parmi eux, j'ai retenu et apprécié Ella Scott Lynch et Hamish Michael. A l'opposé, c'est paradoxalement avec la seule tête qui m'était familière, Todd Lasance (Cloudstreet, Rescue Special Ops) que j'ai eu le plus de difficulté. On retrouve aussi Andrea Demetriades, Indiana Evans (H2O : Just Add Water), Jeanette Cronin, Marta Dusseldorp, Lewis Fitz-Gerald, Peter Kowitz ou encore Jerome Ehlers.

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Bilan : Plus qu'un legal drama procédural, Crownies relate avant tout l'histoire de cinq jeunes gens trouvant leurs marques au bureau du procureur, cherchant à équilibrer vie professionnelle et vie personnelle. Sans ambition particulière pour exploiter le volet judiciaire au-delà d'une toile de fond servant de révélateur aux personnages, elle s'impose comme une dramédie, sans doute prévisible, mais assurément bien huilée et efficace. Un peu plus de spontanéité et une dimension humaine moins inégale seront sans doute nécessaires pour tenir la durée des 22 épisodes. Reste que pour le moment, Crownies est un divertissement rythmé qui se visionne sans déplaisir. Pourquoi pas en cette période estivale ?

NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :