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20/05/2012

(Pilote AUS) Bikie Wars - Brothers in Arms : l'histoire d'une rivalité conclue dans le sang

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L'Australie et les histoires de gangsters, c'est devenu toute une tradition dans l'univers des séries télévisées. En début d'année, ABC1 tentait avec The Straits une approche originale (peu récompensée côté audiences), mais ce printemps, c'est Channel 10 qui revient, elle, aux fondamentaux en puisant dans l'histoire criminelle australienne pour exhumer un fait divers sur lequel construire une série. Cela ne surprendra pas si on précise que la boîte de production de Bikie Wars est Screentime, à qui l'on doit, justement, la célèbre franchise Underbelly, représentante la plus aboutie de ce genre dans le petit écran australien.

Bikie Wars : Brothers in Arms a débuté mardi dernier sur Channel 10. Elle sera composée de 6 épisodes et a très bien démarré côté audiences, dominant sa case horaire en rassemblant 1,261 millions de téléspectateurs devant leur petit écran. L'inspiration d'un fait réel est indéniablement un atout, mais si ce pilote a pu séduire les Australiens, je vous avoue qu'il m'a laissé assez mitigée. Le trailer m'avait intrigué, l'épisode m'a plutôt rappelé certains des problèmes que j'ai avec la franchise Underbelly...

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Si ,à la lecture du projet, certains avaient pu faire des parallèles avec l'américaine Sons of Anarchy, c'est parce que Bikie Wars nous plonge dans le milieu des bikers. Cependant, l'approche est ici différente car la série va nous raconter le sort de deux bandes rivales, les Comancheros et les Bandidos (un groupe qui a fait scission avec les premiers), et la montée des tensions jusqu'à leur fatal apogée. L'engrenage va en effet conduire, le 2 septembre 1984, au massacre de Milperra, au cours duquel, dans un bref affrontement, sept personnes trouveront la mort et 28 autres seront blessées.

Dans ce pilote, Bikie Wars nous introduit dans le club des Commancheros encore uni, à travers Snoddy, un ancien militaire qui est recruté par leur leader, Jock Ross. Ce dernier a certaines ambitions pour leur groupe. Pour les mener à bien, il recherche de nouveaux bikers, si possibles solides et n'ayant pas peur de se battre. Si nous assistons aux premières explosions de violence, ce sont les tensions à l'intérieur du club dont il va falloir prendre garde.

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Le premier aspect sur lequel Bikie Wars retenait l'attention, c'était par sa volonté de mettre en scène le milieu des bikers dans la fin des années 70 et le début des années 80, avec ses codes et sa culture. A l'image de Snoddy, on y trouve notamment des anciens militaires peinant à retrouver la vie civile. En jouant un rôle d'exposition, l'épisode nous permet de suivre la découverte du club par ce nouveau membre. L'approche est cependant très superficielle, sonnant souvent convenue et cédant à tous les clichés du genre dont elle finit par abuser : motos, alcool et sexe tournent ainsi en boucle à l'écran. Sauf rares passages, le pilote ne prend jamais le temps de vraiment s'intéresser aux dynamiques particulières de ce groupe. Cette présentation, bénéficiant d'un rythme de narration efficace, se laisse suivre, mais, si l'on ne s'ennuie pas, on regrette le manque de souffle, mais aussi de profondeur du récit.

En effet le pilote de Bikie Wars ne fait pas vraiment d'effort pour introduire les enjeux de l'histoire, se présentant plutôt comme une promesse d'explosion à venir. Pourtant, la série est légitiment attendue sur sa dimension tragique : non seulement elle relate une confrontation entre bikers issus d'un même club qui se terminera en drame national, mais il s'agit d'évènements réels qui ont marqué la mémoire australienne. Or ce pilote, tout à sa certitude que le fait divers trouvera un écho particulier auprès du public, semble tenir pour acquis que la force de son concept seule maintiendra la fidélité du téléspectateur. En ce sens, il n'a sans doute pas complètement tort : pour peu que l'on ait visionné la bande-annonce (ou qu'on soit australien, j'imagine), on a en effet envie d'assister au glissement vers la rivalité. Mais ce manque d'ambition initial, se reposant trop sur ce qui est à venir sans donner de garanties qualitatives, est une entrée en matière décevante. 

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L'impression de manque de relief du fond est accentué par certains choix formels. Si la réalisation est correcte, avec quelques plans extérieurs qui jouent bien sur les attraits du monde des bikers - notamment une scène "sur la route" entre Snoddy et Lee, le principal problème vient d'une bande-son omniprésente et envahissante. Le choix d'enchaîner les chansons rock pouvait sur le papier paraître pertinent pour poser l'ambiance des clubs d'alors, mais la musique est sur-utilisée et perd vite tout attrait : elle transforme l'épisode en grand clip, où les images typiques du milieu s'enchaînent en arrière-plan. Cela renforce l'impression que Bikie Wars a dans ce pilote assez peu de choses à dire.

Enfin, Bikie Wars bénéficie d'un casting volontaire qui doit faire avec des dialogues qui manquent de naturel. Parmi les deux acteurs principaux, Callan Mulvey (éternel Drazic de mon adolescence dans Hartley Coeur à vif, Rush) qui interprète Snoddy, nouveau recruté, s'en sort pour l'instant un peu mieux que Matthew Nable (East West 101), qui le prend sous son aile, devenant en quelque sorte son mentor. En love interest, le premier n'est pas insensible aux charmes de Maeve Dermody, tandis que le second est marié avec le personnage joué par Susie Porter (East West 101). A leurs côtés, on retrouve quelques têtes familière du petit écran comme Anthony Hayes (The Slap), Richard Cawthorne, Luke Ford, Todd Lasance (Crownies) ou encore, à venir plus tard dans la série, Aaron Fa'aoso (East West 101, The Straits).

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Bilan : A partir d'un sujet intéressant, avec le récit d'une rivalité aux accents tragiques, Bikie Wars s'ouvre sur un pilote manquant de consistance. En essayant de poser l'atmosphère de ce milieu des bikers, l'épisode cède à la facilité et à tous les clichés du genre, avec des scènes qui se transforment trop souvent en clip musical. Cette écriture trop superficielle pèse aussi sur des personnages qui peinent à prendre de l'ampleur. En somme, une introduction décevante, même si le concept et les évènements à venir demeurent une promesse intriguante qui peut permettre de dépasser ce début poussif.


NOTE : 5,75/10


Le générique de la série :


La bande-annonce :

17/07/2011

(Pilote AUS) Crownies : Sex, Lies & Magistrates

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Suits sur USA Network ne vous a pas pleinement convaincu ? Vous cherchez toujours un legal drama divertissant pour l'été ? Voici votre deuxième chance de la saison : en effet, ABC1 a pensé à vous avec le lancement ce jeudi 14 juillet 2011 de sa dernière nouveauté, Crownies, reprenant le surnom que l'on donne aux représentants du ministère public en Australie. Outre une promotion intensive sur le slogan "Sex, Lies & Magistrates", la chaîne a d'ailleurs vu les choses en grand puisqu'elle a commandé pas moins de 22 épisodes pour cette saison 1, une longueur plutôt rare de ce côté-ci de l'hémisphère sud.

A priori, la lecture du synopsis de Crownies me faisait beaucoup penser à la trop tôt disparue Conviction, série américaine sur une bande de jeunes substituts du procureur à laquelle je m'étais attachée. Les deux séries démarrent en effet sur un esprit très similaire, le parallèle se faisant naturellement sans doute aussi parce que leurs recettes sont très semblables. Aucune ne marquera l'histoire du legal drama, mais Crownies a-t-elle les moyens de devenir un divertissement du genre sympathique ? Ce premier double épisode (d'une durée de 1h48), qui fait office de pilote, pose des bases intéressantes, mais peut-être un peu trop quelconque pour pleinement convaincre.

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Crownies nous plonge dans le quotidien des services du bureau du procureur de Sidney, aux côtés de jeunes gens pas encore trentenaires et qui ont encore tout à prouver. Ayant délaissé les bancs de la fac de droit il y a peu, travaillant depuis seulement quelques mois dans ce milieu judiciaire, ils sont encore remplis de certitudes et de préconceptions sur le métier qu'ils ont choisi, mais leur manque d'expérience va rappeler, parfois brutalement, à ces brillants jeunes carriéristes qu'ils ont encore tout à apprendre.

Des questions pratiques, dont les réponses n'étaient pas contenues dans les bouquins qu'ils ont dû dévorer au cours de leurs études, se posent soudain à eux. Comment gérer l'empathie naturelle qu'ils peuvent éprouver face à certaines victimes ? Comment faire la part des choses et laisser leurs sentiments de côté pour raisonner froidement en juriste quand il s'agit d'évaluer le caractère plaidable ou non des cas d'espèce si divers, parfois sordides, qu'ils doivent traiter ? Car s'ils connaissent leurs textes et leurs précédents sur le bout des doigts, le passage de la théorie à la pratique, devant un juge, est aussi un moment de prise de conscience parfois douloureuse de la réalité de leur métier. C'est ainsi que la première plaidoirie fait presque office de bizutage, surtout lorsque des imprévus viennent la perturber.

C'est cette recherche d'équilibre entre une vie professionnelle envahissante et éprouvante, mais aussi une vie personnelle qui ne peut être complètement négligée, que va nous conter Crownies.

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Investissant un terrain connu, aux dynamiques judiciaires très familières pour le téléspectateur, Crownies fait preuve, dans ce pilote, de beaucoup de volontarisme pour installer son cadre, ses enjeux, mais aussi et surtout son ambiance. Parfaitement huilée, dotée de dialogues énergiques, la série alterne les thèmes sérieux et des pointes plus légères permettant d'évacuer la pression. S'imposant dans le registre de la dramédie dynamique, les affaires s'enchaînent et se chevauchent, donnant le rythme à l'épisode.

Il apparaît vite clair que nous sommes plus devant une série sur le milieu judiciaire - et son personnel -, que devant un vrai legal drama procédural. Ne s'arrêtant jamais vraiment sur tous ces cas survolés qui défilent, nos jeunes héros préparant plus souvent les dossiers qu'ils ne les plaident devant la cour, le téléspectateur n'a pas vraiment l'occasion de s'impliquer dans ces histoires, lesquelles sont plus le prétexte de connaître certains personnages, ou de les placer devant des épreuves, que le réel enjeu de l'épisode. Ce choix de narration fonctionne puisque l'ensemble se laisse suivre sans difficulté, ni déplaisir dans le registre du divertissement.

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L'âme de Crownies, ce sont ses personnages. Elle va se concentrer prioritairement sur ces cinq jeunes gens qui ont encore beaucoup à apprendre. Si le pilote évite l'écueil du "premier jour au travail" comme ils sont en place depuis plusieurs mois, c'est cependant de manière assez inégale que chacun va être introduit, avec des storylines à la solidité et à l'intérêt très variables. La série cède souvent à la facilité ; et chacun peine à se dégager des stéréotypes trop unidimensionnels dans lesquels il se retrouve rapidement confiné. C'est sans doute sur cet aspect, parce que ces protagonistes sont si importants pour le futur de la série, que Crownies laisse des regrets et devra s'affiner. 

L'optimisme doit quand même être de rigueur car, ce qui est bon signe, c'est que les passages les plus réussis restent les scènes de groupe, durant lesquelles la tonalité de dramédie décomplexe agréablement des dialogues regorgeant de réparties et de petites piques bien orientées. Ces jeunes gens ont encore tout à apprendre sur la pratique de la loi, mais aussi sur la vie : pendant un bref instant, confrontés aux mêmes doutes, ils délaissent tout instinct carriériste et individualiste pour une forme de solidarité diffuse qui ne dit pas son nom. L'effet golden generation en phase d'apprentissage humanise ainsi cette série qui en a bien besoin : la fidélisation du téléspectateur passe en effet par cet aspect.

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Sur la forme, Crownies adopte un style qui respecte parfaitement sa tonalité de dramédie : on est bien face à du divertissement calibré et maîtrisé. La réalisation est plutôt dynamique, la photographie reste très claire. Le tout est accompagné d'une bande-son très présente, où prédominent des musiques rythmées.  

Enfin, le casting, sans démériter, laisse une impression globalement mitigée. Si aucun acteur ne marque, ni ne s'impose vraiment, je pense qu'ils sont très dépendants de l'écriture de leurs personnages. C'est sans doute ce qui explique que, parmi eux, j'ai retenu et apprécié Ella Scott Lynch et Hamish Michael. A l'opposé, c'est paradoxalement avec la seule tête qui m'était familière, Todd Lasance (Cloudstreet, Rescue Special Ops) que j'ai eu le plus de difficulté. On retrouve aussi Andrea Demetriades, Indiana Evans (H2O : Just Add Water), Jeanette Cronin, Marta Dusseldorp, Lewis Fitz-Gerald, Peter Kowitz ou encore Jerome Ehlers.

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Bilan : Plus qu'un legal drama procédural, Crownies relate avant tout l'histoire de cinq jeunes gens trouvant leurs marques au bureau du procureur, cherchant à équilibrer vie professionnelle et vie personnelle. Sans ambition particulière pour exploiter le volet judiciaire au-delà d'une toile de fond servant de révélateur aux personnages, elle s'impose comme une dramédie, sans doute prévisible, mais assurément bien huilée et efficace. Un peu plus de spontanéité et une dimension humaine moins inégale seront sans doute nécessaires pour tenir la durée des 22 épisodes. Reste que pour le moment, Crownies est un divertissement rythmé qui se visionne sans déplaisir. Pourquoi pas en cette période estivale ?

NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la série :