22/03/2013
(UK) Being Human, saison 5 : the desire to be human is the end, not the beginning
"What none of you realised, none of us realised, is
- the desire to be human is the end, not the beginning.
To want it is to have it. You're not wasting your time, Tom.
You've already won."
(Hal - 5.06, The Last Broadcast)
Il est temps de revenir sur mon deuil sériephile de ce mois de mars. Being Human s'est achevée il y a presque deux semaines en Angleterre. Si la série aura donc bénéficié de cinq saisons pour exploiter son concept, une durée très honorable, la pointe de regret est pourtant là en commençant la rédaction de ce billet. C'est en effet peut-être par la plus aboutie et belle de ses saisons qu'elle s'est conclue. En disant adieu à une série, on mesure souvent son importance : elle m'aura prouvé que ce n'est pas pour rien qu'elle fut une des rares à avoir l'honneur de sa propre catégorie dédiée sur ce blog. Je l'ai suivie avec un attachement jamais démenti, passant par tous les états : j'ai connu les semi-déceptions, les frustrations, mais aussi ces grands moments, forts, chargés d'une humanité qui m'a touché au coeur.
Par-dessus tout la grande caractéristique de Being Human est d'avoir toujours su se réinventer. Jusqu'au bout. Mon histoire avec elle a commencé durant l'hiver 2008 par un pilote loin d'être parfait, mais où perçaient un charme et un potentiel indéniables. C'est pourtant une autre série, à la tonalité réajustée, avec un casting quasiment entièrement renouvelé (elle avait perdu deux de ses trois acteurs principaux) qui, finalement, a vu le jour en janvier 2009 après une mobilisation (méritée) de fans de la première heure. J'ai passé la moitié de la première saison à regretter "l'originale" et Andrea Riseborough, avant de me prendre d'affection pour ce nouveau trio. Partie d'un quotidien quasi-anecdotique s'il n'y avait eu cette dimension fantastique, Being Human s'est ensuite peu à peu tournée vers des enjeux toujours plus grands, glissant à l'occasion dans une surenchère hors de contrôle. Trois saisons éprouvantes ont conduit à une conclusion inévitable.
Au cours de sa quatrième, l'an dernier, la série a de nouveau prouvé sa faculté à s'adapter, démontrant comme peu de fiction en sont capables que sa magie dépassait les protagonistes mis en scène. Quoiqu'on en dise, cette série avait une âme, solidement ancré dans son concept, qui aura survécu à tous ces bouleversements. De nouveaux personnages ont été introduits. La téléspectatrice que j'étais s'est un instant crispée : pouvait-on envisager Being Human sans Mitchell, sans George, et enfin, sans Annie ? Pourtant, pour la troisième fois, elle m'a conquise. Hal et Tom se sont imposés naturellement. Et, quelque part au fil de cette cinquième saison, j'ai soudain pris conscience que ce dernier trio sera sans doute l'image de Being Human que j'emporterais pour la postérité.
Tuée la saison précédente, Alex, jeune femme au fort caractère, a vite trouvé ses marques pour compléter un duo vampire/loup-garou qui avait déjà montré tout son potentiel. L'étonnante dynamique née entre Hal et Tom, deux personnages si dissemblables, a fonctionné à merveille au cours de cette saison 5, vacillant plus d'une fois et pourtant toujours si solide. Dans le même temps, la série a poursuivi dans la surenchère pour désigner l'ennemi de la saison. La menace des vampires, récurrente depuis le début, réduite à néant par la fin des Old Ones, Toby Whithouse s'est logiquement tourné vers le plus grand adversaire qu'un scénariste puisse envisager dans une mythologie surnaturelle : le Diable. Une ultime bataille, pour une ultime saison, tel était donc le programme.
La réussite de cette saison 5 tient en premier lieu au fait d'avoir prolongé le retour aux sources entrevu la saison précédente : s'être rappelé que le charme de Being Human repose sur ces petites scènes d'une vie quotidienne se démarquant seulement de l'ordinaire par le twist fantastique apporté par la nature des différents protagonistes. Par-delà son univers surnaturel, la série doit tout à l'humanité, souvent touchante, toujours empreinte de doutes, qui émane de ses personnages. C'est dans leurs contradictions que ces derniers se révèlent. La série se construit sur ces dualités. On retrouve cette caractéristique jusque dans les relations que les protagonistes entretiennent. Il n'y avait rien de plus improbable que l'amitié naissante entre Hal et Tom, entre un ancien vampire un peu snob, obsédé par l'ordre, avec des troubles obsessionnels compulsifs qui lui permettent de canaliser ses pulsions, et un jeune loup-garou spontané, ayant encore tellement à apprendre de la vie. La série n'a pourtant jamais sonné aussi juste que durant ces instants-là.
Au fil des épisodes, se sont esquissés des portraits toujours riches en contrastes, mettant ainsi en lumière l'essence même de la série. Tous ces personnages ont dévoilé plusieurs facettes. Tom a désarmé le téléspectateur par la troublante vulnérabilité et l'inattendue innocence qu'il a préservées, lui pourtant tellement endurci par son éducation et ses combats contre les vampires. Hal a séduit autant par ses phases où son magnétisme vampirique ressort que par les passages où il vacille en tentant désespérément de retrouver le contrôle chèrement acquis de lui-même. Alex a touché par ce qu'elle représentait : une vie coupée nette, dont elle conservait malgré tout la répartie et la vitalité qui la définissaient. Toutes ces figures multidimensionnelles se sont cherchées, égarées, rassurées... Elles tendaient à l'aveuglette vers une supposée normalité qui demeurait cet idéal brandi d'une humanité perdue, sans comprendre que c'étaient justement tous ces questionnements, tous ces échecs, qui les rendent simplement... humains.
Fidèle à la tonalité particulière de Being Human, cette saison 5 a alterné, dans ses intrigues, les phases de dramédie du quotidien, légère voire insouciante, et les basculements vers une fiction horrifique, culminant avec quelques scènes sanguinolantes et dramatiques à souhait. Cela lui a permis d'explorer plus avant des thématiques familières, comme l'impossible rédemption des vampires. Le décrochage de Hal a été bien traité, en choisissant l'angle de l'addiction et en introduisant aussi l'idée d'une sorte de deuxième personnalité, comme un double maléfique. De manière générale, chaque personnage a eu droit à ses moments, nous offrant de nombreuses scènes mémorables qui ont su toucher : des confrontations à l'intensité bouleversantes aux passages à la simplicité touchante. Being Human n'a jamais semblé plus fidèle à elle-même que lors de ces instants précieux où l'écriture éclaire la spécificité de ce concept.
Parallèlement, le fil rouge diabolique s'est fait de plus en plus inquiétant. Les tensions sont devenues pesantes, s'exacerbant face à différentes péripéties. Les grandes confrontations finales n'ont jamais été le point fort de Being Human, laquelle a toujours préféré la construction progressive les précédant. Mais ce à quoi est parvenu le dernier épisode constitue une magnifique chute, orchestrée en deux temps. Embrasser une humanité retrouvée en faisant disparaître la nature respective des personnages, c'est tout d'abord leur permettre de toucher le rêve qu'ils chérissaient tant. C'est dans le même temps offrir au téléspectateur une décharge émotionnelle rare. Suggérer ensuite, enfin, que tout ne serait resté bel et bien qu'un rêve, diabolique, une utopie, c'est rester fidèle jusqu'au bout à la dualité inhérente à la série. Je n'ai pas besoin de connaître la réponse qu'apportera le DVD pour être satisfaite, je préfère ces trois petits points de suspension suggestifs. C'est une fin avec ses contrastes que chacun peut conclure comme il l'entend.
Sur la forme, Being Human a acquis une identité visuelle bien à elle au fil de ses saisons. Dans cette fiction fantastique qui n'a jamais eu un budget d'effets spéciaux très conséquent, ce sont les transformations en loup-garous qui ont toujours été l'écueil le plus problématique à surmonter. Qu'importe, la série a su naviguer entre ses genres, oscillant opportunément, suivant les scènes ou les épisodes, entre la dramédie humaine attachante et des emprunts aux codes de l'horreur fantastique. Elle n'aura pas hésité à recourrir à quelques effets de styles classiques de ce dernier genre, avec une mise en scène qui ne s'est jamais montrée avare en hémoglobine. Quant à sa bande-son, elle a su trouver quelques chansons bien choisies pour l'accompagner.
Enfin, côté casting, cette saison 5 a de nouveau accueilli quelques solides guest-stars pour construire le fil rouge, avec Phil Davis (Bleak House, Collision, Whitechapel) pour incarner le Diable, et Steven Robertson (Tess of the D'Ubervilles, The Bletchley Circle) pour interpréter un fonctionnaire très (trop) zélé. Surtout, elle a permis de confirmer tout le bien que l'on pouvait penser de son trio de jeunes acteurs qui ont su admirablement s'affirmer au fil des épisodes. Promue pour l'occasion, Kate Bracken a apporté une fraîcheur et une vitalité appréciable, venant compléter le duo déjà en place. Michael Socha (This is England) a su, lui, capturer la complexité de Tom, un personnage qui restera sans doute comme le plus attachant et désarmant de la série. Quant à Damien Molony, il aura séduit et marqué dans un rôle très riche, franchement fascinant, qui lui aura en plus donner l'occasion de s'exprimer dans des registres très différents.
Bilan : Au terme de cette cinquième saison, Being Human s'en est sans doute allée de la meilleure des façons : avec les honneurs d'une sortie réussie et une dernière saison admirable, fidèle à ce qui aura fait l'essence de la série, en insufflant à son concept une fraîcheur nouvelle. Ce n'est pas sans regret que le téléspectateur fait ses adieux à ce trio de personages qui a su si bien s'imposer, tout en n'ayant finalement eu qu'une poignée d'épisodes bien à lui. Mais c'est au moins sur l'impression de satisfaction laissée par cette ultime saison que cette série se clôture.
Finir Being Human laisse un vide. Elle a fait partie de mon quotidien téléphagique pendant six ans, même si elle compte moins de 40 épisodes. Je ne nie pas qu'elle m'a fait passer par tous les états, de l'enthousiasme à la déception. J'en garderai pourtant avant tout le souvenir d'une série capable de générer quelques instants véritablement magiques d'une humanité touchante, attachante et sincère, comme peu de fictions savent le faire. Ce fut une aventure sériephile avec ses hauts et ses bas que je ne regrette pas d'avoir vécue.
En guise d'ultime conclusion, permettez-moi de vous conseiller la lecture de deux beaux billets d'adieux qui, chacun à leur façon, m'ont parlé pour dire au revoir à Being Human : celui de Carole et celui de Saru.
NOTE : 7,5/10
La bande-annonce de la saison :
15:32 Publié dans (Séries britanniques), Being Human | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : being human, bbc, damien molony, michael socha, kate bracken, phil davis, steven robertson | Facebook |
31/03/2012
(UK) Being Human, saison 4 : un nouveau départ pour une série fidèle à elle-même
Bien négocier cette saison 4 était sans doute le plus grand défi qu'ait jamais relevé Being Human depuis sa création. Ayant toujours fait de ses personnages son atout principal et les garants de la fidélité du public, la série allait devoir prouver sa capacité à se renouveler. Car, dans la continuité du final sur lequel elle nous avait quitté, le premier épisode de la saison 4 sera celui qui referme définitivement un chapitre : celui de la première ère de Being Human. En effet, du trio original, seule Annie demeure fidèle au poste, protectrice autoproclamée du bébé laissé derrière eux par George et Nina, Eve, un War Child qui suscite tant d'attentions.
Le téléspectateur pouvait naturellement craindre que la série ne s'égare dans une sorte de re-boot maladroit, devenant un ersatz sans saveur de ce qui avait fait cette fiction. Mais les scénaristes feront le bon choix : celui de rester fidèle au cadre conceptuel de la série, cette idée, un peu farfelue sur le papier, d'une cohabitation entre un vampire, un loup-garou et un fantôme, chacun s'entraidant pour supporter leurs conditions respectives. Et parvenant à introduire de nouveaux protagonistes ou en développant de plus anciens, comme Tom désormais esseulé, la saison 4 n'aura pas démérité. Certes, certains schémas narratifs invariables ont perdu un peu de leur charme, mais dans l'ensemble, la greffe tentée aura permis de passer 8 épisodes très sympathiques.
Si Annie symbolise la continuité et la fondation sur laquelle s'appuyer, la première réussite de cette saison 4 tient à sa faculté à reformer des dynamiques au sein d'un nouveau trio principal reconstitué dans les deux premiers épisodes. On y retrouve des éléments familiers, mais aussi certaines approches très différentes, notamment dans le duo loup-garou/vampire qui s'esquisse. En effet, lorsque le téléspectateur avait rencontré pour la première fois George et Mitchell, ces derniers avaient déjà une solide amitié établie en dépit de leur nature respective. Ici, l'association de départ est plus malaisée et difficile. La saison va nous permettre d'assister à la construction d'une confiance fragile, se consolidant peu à peu. Du respect qui s'installe naîtra même une véritable amitié. Ainsi, non seulement la paire formée par Tom et Hal, véritable valeur ajoutée de la saison, fonctionne très bien, mais de plus, tout en ne reniant pas les thématiques classiques liées à leur antagonisme de loup-garou et de vampire, la série ne se contente pas d'un simple copier-coller du passé.
L'éducation de Tom au milieu d'un environnement surnaturel hostile omniprésent et ses réflexes de combattant rendent le personnage très différent des incertitudes que pouvait manifester George. Sa jeunesse est également un facteur non négligeable : il va devenir adulte au fil de la saison. A l'opposé, si Hal a des problèmes typiquement vampiriques, devant combattre cette soif de sang jamais assouvie, c'est aussi un vampire très âgé (un "Old one"), qui a du recul par rapport à sa condition et aussi à ses illusions. Enfermé depuis longtemps dans un cycle qui semble insurmontable, où à des décennies de sevrage succèdent des décennies de sauvagerie indescriptible, il cherche constamment à maintenir un équilibre. La ritualisation de son quotidien, qui confine à des troubles obsessionnels compulsifs, ainsi que son ouverture progressive sur le monde que lui permettent ses nouveaux colocataires, apportent une complexité à ce personnage très intéressant se dévoilant peu à peu.
Fidèle à ce qui fait le charme de la série depuis ses débuts, la saison 4 s'attache donc à développer une dimension humaine très appréciable. Elle se rappelle aussi que c'est à la croisée des tonalités, dans ces oscillations entre passages légers et drama horrifique, que Being human s'est créée une identité à part dans le registre du fantastique. Evitant toute sur-dramatisation, la série trouve un juste équilibre. Si les évènements causeront leur lot de morts, et en dépit d'un fil rouge clairement apocalyptique, la saison 4 sera néanmoins moins sombre et désespérée que la troisième. Peut-être est-ce parce que, malgré toutes les menaces, elle donnera toujours la priorité à l'exploration et au développement des personnages principaux, ne négligeant pas non plus les créatures surnaturelles de passage le temps d'un épisode. Rafraîchissante et humaine, elle suscite l'attachement du téléspectateur, fidélisant un public qui, finalement - et presque par surprise en ce qui me concerne -, en vient à apprécier le sang neuf permis par ce nouveau départ.
Au-delà de ses atouts inchangés, Being human conserve aussi ses faiblesses. En premier lieu, c'est la mythologie de la saison, centrée sur Eve et l'arrivée prochaine des Old Ones, anciens vampires décidés à s'approprier le monde, qui peine à convaincre. Si les perspectives apocalyptiques sont efficaces, le mystère autour du War Child sonnera toujours un peu trop creux. Par ailleurs, la série laissera entrevoir de bonnes idées, avec un potentiel intéressant, mais la chute finale ne sera pas toujours à la hauteur, à l'image de Nick Cutler, vampire pragmatique censé nous faire patienter jusqu'aux Old Ones et qui finira par leur voler la vedette et le titre de méchant le plus réussi de la saison. Outre ses excellentes lignes de dialogues ("They're eating my focus group !"), c'est un personnage qui va acquérir une vraie dimension au fil des épisodes, pour rencontrer une fin aussi expéditive que décevante dans le dernier épisode. Le fil rouge aura donc eu ses promesses inachevées, sans pour autant que cela porte préjudice à la saison en elle-même.
Enfin, côté casting, Being Human peut une nouvelle fois s'enorgueillir d'accueillir quelques guest stars particulièrement convaincantes, comme Mark Gatiss (Sherlock) dans le dernier épisode. Cependant, celui qui a le mieux tiré son épingle du jeu est indéniablement Andrew Gower (Monroe) qui, tout au long de la saison, a bénéficié des ces quelques répliques qui marquent. Il aura fait un très bon travail pour incarner, avec aplomb et distance, Cutler, vampire adepte des nouvelles technologies ne manquant pas de ressources. Dans un autre registre, Kate Bracken s'est également très bien imposée en potentielle petite amie, puis fantôme au fort caractère.
Parmi le trio principal, Lenora Crichlow est restée fidèle à elle-même, dans un rôle parfois un peu agaçant mais qui garde sa logique. Michael Socha interprète avec une spontanéité bienvenue Tom ; il a l'art de savoir nous rappeler soudain, au détour d'une réaction immature, qu'en dépit des épreuves et des horreurs, Tom reste un jeune homme qui a tant à apprendre. Mais ma révélation personnelle de la saison aura été Damien Molony, acteur irlandais charmant que je n'avais jamais eu l'occasion de croiser jusqu'à présent dans le petit écran. Il réussit à retranscrire de manière convaincante toutes les facettes de Hal, du vampire maniéré avec son quotidien entièrement ritualisé au charismatique et puissant buveur de sang. Jouant sur l'ambivalence de son rôle, mais aussi sur sa transformation progressive au contact des deux autres membres du trio, il aura vraiment réussi à trouver très vite ses marques dans l'univers de la série.
Bilan : La saison 4 de Being Human a offert à la série un nouveau départ. Au vu de la place déterminante qu'ont toujours occupée les personnages, redistribuer les rôles et repartir avec de nouveaux protagonistes principaux était loin d'être un pari gagné d'avance. Pourtant, en restant fidèle à elle-même, à son fantastique à la tonalité mi-drama, mi-comédie, à sa mise en valeur soignée de personnages attachants, la série a réussi à relativement bien négocier ce tournant difficile, conservant également ses limites mythologiques structurelles. Ce n'est plus le Being Human que nous connaissions, mais elle a précieusement conservé l'âme du show. C'est le plus important.
Une saison 5 de 6 épisodes a d'ores et déjà été commandée ; et s'il est acquis qu'Annie ne reviendra pas, je serai au rendez-vous pour la suite des aventures de Hal, Tom et des autres...!
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la saison :
Le prequel de Hal :
16:44 Publié dans (Séries britanniques), Being Human | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : being human, bbc, lenora crichlow, michael socha, damien molony, mark gatiss, andrew gower, kate bracken | Facebook |
20/03/2011
(UK) Being Human, saison 3 : la fin des illusions
La saison 3 de Being Human s'est terminée dimanche dernier sur BBC3. D'ores et déjà renouvelée pour une saison 4, elle s'est clôturée sur un épisode aussi éprouvant nerveusement qu'émotionnellement, conclusion logique des différents arcs qui auront formé ces 8 épisodes. Mais si j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour cette série que j'ai souvent défendue, au terme de cette troisième saison, pour la première fois peut-être, je m'interroge sur son avenir.
Comme d'habitude serais-je tentée de dire, Being Human aura su alterner le bon, le prometteur et le plus brouillon, parvenant toujours à rappeler et à exploiter l'affectif que le téléspectateur a noué avec ces personnages à la faillibilité tellement humaine. Mais au cours du glissement progressif de cette saison 3 vers une atmosphère plus sombre que les précédentes, c'est en partie son concept de départ que la série a remis en cause. En entérinant l'échec que la dernière saison avait mis en scène, ce sont les frontières de cette quête d'humanité initiale qui ont été redéfinies. Par là-même, la question laissée en suspens demeure celle-ci : en perdant définitivement toute innocence, dans cette spirale de désillusion, Being Human pourra-t-elle se réinventer ? Saura-t-elle éviter les écueils que la dernière scène pose sur sa route pour la suite ?
[SPOILERS WARNING : La suite du billet contient des informations sur des évènements de la saison 3. A lire à vos risques & périls.]
Cette saison 3 n'aura ménagé que peu de répit au téléspectateur comme aux différents protagonistes. Mais en bien des points, elle se situe dans la parfaite continuité de l'évolution amorcée durant la saison 2. Consciente de la précarité intenable de la situation de notre quatuor, la série ne va pas tergiverser. Les évènements passés ont laissé une trace indélébile et ce sont ses conséquences qui vont être traitées. Pour cela, la répartition des tonalités demeure inchangée, les loup-garous représentant cette parenthèse d'espoir possible, se permettant à l'occasion d'offrir des passages plus légers, tandis que les vampires concentrent les drames et s'imposent comme les adversaires. La seule nuance à ce tableau relativement manichéen, désormais bien installé, viendra du deuxième épisode de la saison.
Représentant l'avenir, George et Nina poursuivent leur relation grâce à l'équilibre désormais trouvé. Ils demeurent plus que jamais l'embryon de normalité dans l'univers de Being Human. C'est vers le futur qu'ils se tournent en franchissant une étape supplémentaire : avoir un enfant. Si la grossesse n'est pas programmée, elle a le mérite de permettre à la série de poursuivre l'exploration de ses thématiques fétiches, entremêlant surnaturel et vie humaine. Si les incertitudes liées à leur état de loup-garou sont bien traitées, leurs états d'âme liés à leurs rapports avec leurs parents cèderont à quelques clichés, sans remettre en cause cette humanisation d'un couple solide, dont la dynamique sonne juste.
Parallèlement, comme un écho opposé à cet espoir incarné par les deux loup-garous, Mitchell va poursuivre une lente, mais inéluctable, descente aux enfers. On se situe ici dans la suite immédiate de la saison passée, au cours de laquelle le vampire paraissait avoir définitivement franchi le point de non retour avec le terrible massacre du train. Cet évènement va d'ailleurs rester un des fils rouges les plus imperturbables de la saison 3. Dès le départ, le téléspectateur le sait avec certitude : Mitchell ne peut, ne saurait, se remettre des évènements. Sauver Annie du purgatoire ne va faire que repousser une échéance que chacun pressent inéluctable.
Pour arriver jusqu'à la fin de cette intrigue, les scénaristes conservent ce style volontairement sans éclat propre à la série. C'est ainsi que Being Human va jouer, tout au long de la saison, avec les codes narratifs d'une construction mythologique et les attentes du téléspectateur, sans jamais pour autant abandonner la sobre rationnalité qui la sous-tend. En effet, à la manière de la découverte finale de l'amateurisme et des limites de la mystérieuse organisation de la saison passée, la prophétie de Lia ne sera qu'illusoire poudre aux yeux, tout en servant pourtant pareillement de catalyseur déterminant à l'issue finalement choisie.
Car la promesse de Lia, faisant office d'épée de Damoclès, biaise forcément notre analyse de la situation, tandis que l'inquiétude de Mitchell grandit. Dans cette perspective, c'est bien toute la saison qui va servir à exacerber les tensions entre vampires et loup-garous. Très feuilletonnante, elle en profite pour faire intervenir de nouveaux protagonistes, mais aussi pour faire revenir d'anciennes figures clés. Si cette gestion du surnaturel demeure intéressante, avec des passages très émotionnels, elle laisse aussi parfois un arrière-goût d'inachevé un peu frustrant.
De manière générale, il faut saluer le fait que Being Human a incontestablement gagné en maturité pour traiter de cas auxquels seul un épisode va être consacré. Le vampire adolescent de l'épisode 2 ou encore la "zombie" de l'épisode 3 rappelleront au téléspectateur le parfum encore un peu innocent des débuts de la série, abordant avec tact et nuance ces destinées précaires. Si les histoires brèves seront donc plutôt bien maîtrisées, en revanche, c'est encore une fois dans la gestion globale de ces arcs que Being Human pèche. La série n'hésite pas à céder à certaines facilités un peu dommageables, comme la façon dont sont traitées les différentes étapes du retour de Herrick. Dans l'ensemble, si on perçoit bien la recherche fréquente de symbolique, on n'échappe pas toujours à un sentiment de mise en scène un peu artificielle.
La qualité globale de la saison fut fluctuante. Mais la fin pose surtout question sur la suite de la série, et la pérennité de ce concept de départ porté par cette idée un brin utopique de quête d'humanité. Jusqu'à présent, l'équilibre avait reposé sur ce trio rassemblant trois types de créatures surnaturelles. Certes Mitchell avait amplement démontré à quel point cet objectif initial paraissait inaccessible à ceux de son espèce, mais on continuait de le suivre dans ces tentatives, même vouées à mal finir. Sauf que, dans cette saison 3 plus que dans aucune autre, la césure vampires/reste des créatures surnaturelles semble définitivement consacrée. Et au fil de ce glissement, ce sont les bases mêmes de la série qui ont évolué. La quête de l'humanité est devenue presque secondaire face à une réalité surnaturelle à laquelle on ne peut désormais plus échapper, et qui s'oriente cette fois vers un Bien vs Mal dans lequel la série devra faire attention de ne pas perdre sa spécificité.
L'échec de Mitchell, ce n'est pas le massacre du train de la saison 2. Son échec, c'est sa reconnaissance symbolique de son impossibilité, du fait de sa nature de vampire, d'envisager cette humanité à laquelle il aspirait. Ce constat scelle l'échec de l'utopie initiale résumée dans le titre de la série. La scène finale, avec la mort de Mitchell, en présence de cet ancien vampire qui nourrit les illusions de grandeur commun à sa race, opère sous nos yeux un re-équilibrage qui laisse songeur sur la suite de la série. Le nouveau trio (Nina, George, Annie) faisant front commun avec l'ennemi, est-ce la dynamique désormais centrale ? Est-ce que la rupture définitive avec les vampires est ainsi entérinée, la suite se construisant dans une opposition officialisée ? Ce tableau manichéen avait jusqu'à présent toujours été nuancé par la présence de Mitchell, aussi fluctuante qu'elle ait pu être. La série saura-t-elle se réinventer sur ces bases, ou bien le début de la saison 4 opèrera-t-il un retour à un équilibre plus classique ?
Bilan : Avec cette saison 3, Being Human aura entériné la fin des rêves d'humanité qui avaient fondé la série. Plus sombre que les précédentes, elle a perdu ses derniers pans d'innocence, permettant ainsi de tourner la page de certaines illusions que l'on percevait sans doute de plus en plus intenables. Maîtrisée et toujours très humaine et pleine de tact dans les histoires plus anecdotiques qui entourent ses grands arcs, elle aura encore une fois eu recours à des raccourcis narratifs et à des chutes parfois un peu frustrantes en ce qui concerne ses grands fils rouges, affaiblissant une force symbolique pourtant perceptible et indéniable. Désormais, à elle de savoir se réinventer. L'évolution suivie s'est toujours inscrite dans une logique cohérente, mais cela ne réduit en rien les difficultés qui vont se poser pour la saison 4. Wait & see.
NOTE : 6,5/10
15:11 Publié dans Being Human | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : bbc, being human, aidan turner, russel tovey, sinead keenan, lenora crichlow | Facebook |
28/01/2011
(UK) Being Human, series 3, episode 1 : Lia
Dimanche soir dernier commençait sur BBC3 la saison 3 de Being Human (la vraie version). A la différence de l'an dernier, je n'ai plus le temps de me consacrer à des reviews épisode par épisode ; mais je vous propose d'adopter le même système que pour Spooks (MI-5) cet automne : une review si jamais l'épisode de la semaine s'avère marquant - soyons optimiste, dans un sens positif ! - et un bilan en fin de diffusion pour faire le point sur la saison entière.
J'avoue que j'étais plutôt impatiente et assez contente de retrouver Being Human. Si je reconnais sans peine les insuffisances et inégalités qualitatives récurrentes qui parsèment la série, je me suis mine de rien très attachée à cette fiction, à ses personnages comme à son casting. C'est un divertissement honnête, sans prétention, dont la force majeure reste l'empathie que ses thèmes sont capables de susciter. Au fond elle me donne souvent l'impression de constamment verser dans une sorte de narration expérimentale, d'où sortent indistinctement de superbes scènes et d'autres plus confuses. Mais le téléspectateur sait à quoi s'attendre quand il s'installe devant Being Human ; et ces débuts vont parfaitement illustrer les hauts - mais aussi les bémols inhérents - de la série, pour offrir une entrée en matière plutôt réussie.
Ce premier épisode a pour objet principal de boucler les éléments encore en suspens de la saison passée, tout en posant les fondations des intrigues à venir. L'enjeu n'est pas tant d'assurer une transition travaillée que de se tourner vers le futur. Ainsi, l'emménagement dans une nouvelle ville - qui s'explique dans la réalité par un déménagement du tournage à Cardiff - est géré de manière relativement expéditive et anecdotique : tout le monde a déjà trouvé un travail à l'hôpital de la ville ; et la maison qu'ils découvrent offre tous les avantages pratiques auxquels ils pourraient aspirer, à commencer par une pièce au sous-sol insonorisée qui intéresse forcément les loup-garous de la maison. De même, la gestion du "pseudo" cliffhanger de fin de saison dernière n'apparaît jamais véritablement comme un enjeu central : le retour d'Annie ne fait aucun doute, c'est plutôt la façon dont il va s'effectuer qui retient l'attention.
Et dans cette storyline, Being Human fait du Being Human. A défaut d'être réellement solide ou travaillée, elle s'approprie une mythologie minimaliste à la simplicité un brin désarmante, mais qui a au moins le mérite de ne pas parasiter inutilement le récit. Elle préfère se concentrer sur l'essentiel : prendre un tournant introspectif, en explorant plus avant les états d'âme d'un personnage, en l'occurence Mitchell. Le purgatoire d'Annie se transforme en douloureux retour sur certains crimes passés du vampire. On retrouve ici ce thème familier du décalage entre les aspirations utopiques des personnages à l'humanité et la nature qui les rattrape, mais qui ne doit pas les déresponsabiliser pour autant. La force de ce passage est de ne jamais prendre une tournure expiatoire. D'autant que l'épisode met bien l'accent sur un point de non retour franchi l'an passé : une rupture nette avec ses rêves d'humanité a eu lieu durant ce massacre dans le train, dont l'omniprésence jusque dans les infos qui tournent en boucle sur BBC News indique bien que les faits vont hanter toute la saison.
Aussi artificiellement amenées qu'elles puissent être, ces scènes au purgatoire sont incontestablement une des grandes réussites de ce premier épisode, reflet de cet éternel paradoxe constitué par cette série capable d'alterner maladresses et scènes d'une intensité émotionnelle troublante. Il faut dire que question "personnage torturé", Mitchell avait déjà quelques longueurs (décennies) d'avance sur ses deux amis. Les évènements de la saison passée n'ont fait qu'aggraver les choses. Et dans ce lieu où il met les pieds pour sauver Annie, la donnée narrative qui change, c'est l'obligation soudaine d'une franchise imposée. Pour une fois, il ne peut pas fuir. Pas plus que se réfugier dans ses défenses habituelles, celle d'une nature de tueur qui l'emporte en raison de circonstances exceptionnelles. Et si tout cela fonctionne aussi bien, ces scènes le doivent en grande partie à une figure faussement tutélaire qui va pousser Mitchell dans ses derniers retranchements : Lia.
La jeune femme apparaît initialement avec tous les attributs du guide classique, sensé accompagner voire guider Mitchell dans sa "quête". La longue lignée des meurtres qu'a pu commettre le vampire les conduit dans ce fameux wagon, théâtre de cette tragédie sanglante. Mais Lia n'est pas là pour être compréhensive ou offrir une nouvelle épaule pour pleurer à Mitchell : elle est morte dans ce train, victime anonyme d'un déchaînement vampirique d'une ampleur rare. Elle ne va pas accorder un pardon, ni ne veut déclencher la pitié (son ton oscillant entre sarcasme et détachement est parfait), mais elle entend froidement placer Mitchell devant ses responsabilités, et stopper cette fuite perpétuelle constituée par ce jeu de balance macabre, où une bonne action effacerait tel crime passé. Leur dialogue dans le train est un des grands moments de cet épisode, parvenant avec sobriété à retranscrire une intensité et une force émotionnelle qui ne laissent vraiment pas indifférents. L'actrice (Lacey Turner) délivre une performance vraiment remarquable à saluer.
Pour contrebalancer ces passages très sombres, l'épisode suit une répartition classique des tonalités, introduisant un pendant plus léger grâce à George et Nina. Le couple s'efforce de retrouver un équilibre après tous les bouleversements de ces derniers mois, une dynamique que la présence de Mitchell n'encourage pas vraiment. De soirées spéciales interrompues (la scène du lit étant absolument savoureuse) à l'exploration d'un nouveau territoire boisé qui mène George directement en prison, on retrouve dans ces petites anecdotes chaotiques du quotidien le charme plus humoristique de la série, capable de prendre de la distance et de faire sourire de la condition de ses héros, à travers des passages tragi-comiques assez jubilatoires. La complicité entre George et Nina n'a jamais semblé plus aboutie que dans cet épisode.
Pour autant, la thématique des loup-garous n'est pas seulement synonyme de comédie. Il existe d'autres créatures surnaturelles dans cette nouvelle ville. Et si l'entente vampire/loup-garou semble toujours aussi peu concluante, l'épisode introduit deux nouveaux personnages, ayant leur lot de problèmes quotidiens et qui s'efforcent tant bien que mal de survivre : deux loup-garous, respectivement incarnés par Robson Green (Wire in the blood) et Michael Socha (This is England 86'). L'ambiance de leurs scènes tranche avec la relative insouciance de celles de George et Nina ; ce qui ne fait qu'accentuer l'envie du téléspectateur pour une première rencontre. Prometteur.
Bilan : C'est une reprise dans la droite lignée de la fin de saison passée que nous propose Being Human, soldant les comptes tout en posant les fondations des intrigues à venir. Expédiant le "cliffhanger" constitué par la perte d'Anny en le transformant en confrontation introspective pour Mitchell, l'épisode place également comme thème central la question des rapports entre loup-garous et vampires, en introduisant de nouveaux protagonistes. Alternant les tonalités, entre semi-comédie et passages très sombres, les anciens enjeux d'humanité apparaissent cependant désormais bien loin pour certains. Mitchell va sans doute vivre son propre purgatoire cette saison ; avec une mort déjà prophétisée pour couronner le tout.
En résumé, on retrouve toutes les recettes qui font le charme de la série : de bonnes idées dans la dynamique relationnelle et l'introspection des personnages, des scènes marquantes, des facilités pour résoudre les crises et toujours un certain éclatement des intrigues et une différence de tonalités très importante qui donne parfois l'impression d'un manque de cohésion d'ensemble. Bref Being Human est de retour. Ni plus, ni moins. Mais ça fait quand même sacrément plaisir !
NOTE : 6,75/10
La bande-annonce de ce premier épisode de la saison 3 :
09:53 Publié dans Being Human | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : being human, bbc, lacey turner, robson green, russell tovey, aidan turner, lenora crichlow, michael socha | Facebook |
03/03/2010
(UK) Being Human : series 2, episode 8 (Finale)
Being Human revient s'embourber quelque peu dans ses travers classiques, avec cet épisode de clôture d'une saison qui aura pourtant été, incontestablement, plus solide et prenante que la première. Elle aura apporté une consistance aux personnages, prenant le temps de les développer et de leur faire gagner en complexité. Les storylines auront été diversement maîtrisées, mais dans l'ensemble intéressantes. Ne restait qu'à gérer le final, avec l'exposition du fil rouge qui aura tenu tout au long de la saison. Cependant, ce season finale, assez brouillon, n'aura pas tenu toutes ses promesses.
Annie et George se sont désormais intallés, aux côtés de Nina, dans les locaux de l'organisation religieuse. Ils attendent patiemment la pleine lune, pour poursuivre les expérimentations dans le caisson d'isolation. Or, si George et Nina espèrent une guérison, les scientifiques ont, pour leur part, déjà commandé les sacs mortuaires où seront rangés leurs cadavres après la nuit fatale. L'épisode prend le temps, dans sa première partie, d'explorer un peu plus la relation entre ces deux-là, que la saison avait laissée quelque peu en hiatus, entre les peurs de la jeune femme et les lubies familiales de George. J'aime beaucoup la dynamique qui s'installe naturellement au sein de ce couple, complémentaires en bien des points, mais aussi très différents. Leurs rapports entre eux, mais aussi face à leur condition de loup-garou, permettent des échanges qui sonnent juste et que les scénaristes semblent bien maîtriser. La façon dont ils expriment leurs hésitations parait toujours très authentique, ce qui leur confère une touche profondément humaine qui est un des éléments le plus réussi de cet épisode.
Pourtant, l'épisode va peu à peu basculer, d'un récit quotidien quasi inoffensif à un ersatz de film d'horreur non identifié. En effet, les scénaristes s'emploient à recréer une ambiance d'épouvante, en utilisant des ingrédients très classiques pour marquer l'arrivée de Mitchell dans le bâtiment. Les vampires ne se reflètent pas dans les caméras de sécurité, ce qui nous offre des portes s'ouvrant toutes seules. Complètement hors de contrôle, le désir de vengeance de Mitchell nous procure une série de scènes assez gores, marquées par un recours important à une bonne dose d'hémoglobine, alors qu'il tue un à un les membres de l'organisation secrète. Le tout se passe dans un décor de faux classique d'horreur : au sein d'un vieil immeuble, l'électricité qui fonctionne par intermittence fait clignoter les lumières, plongeant pendant quelques secondes les lieux dans l'obscurité. Cette atmosphère inspirée de scènes d'épouvante apparaît finalement comme une sorte d'hommage des scénaristes, à un genre auquel ils ne prétendent pas, mais qui confère un certain piquant à ces scènes. Being Human n'est pas une série d'horreur, mais, comme elle l'a déjà démontré, elle prend beaucoup de plaisir à emprunter des références à tous les genres très divers du fantastique, même si cette exploitation ne consacre jamais totalement un parti pris et s'assimile parfois à un cahier des charges à la mise en scène pas toujours très naturelle.'
L'épisode va fonctionner en deux conclusions successives. La première correspond au drame qui se déroule au QG de l'organisation religieuse. L'arrivée de Mitchell précipite et bouleverse les plans, mais tout le monde ne pourra pas être sauvé. Si George et Nina, forts du lien qu'ils ont renoué entre eux en se côtoyant quelques jours, font face et, comprenant que quelque chose cloche, parviennent à échapper à des geôliers paniqués par les massacres causés par Mitchell, ce n'est pas le cas d'Annie. L'ex-prêtre enlève le masque et se transforme pour l'occasion en caricature de méchant fanatique, renvoyant Annie, par la force, dans l'au-delà, au plus grand désespoir de ses amis.
Si certains moments sont intenses émotionnellement, les problèmes de cohésion d'ensemble de ces diverses scènes entravent quelque peu leur impact. George, se refusant d'abandonner Mitchell, va intervenir pour l'empêcher de tuer l'ex-prêtre. Il est étrange de constater que, au final, la vengeance du vampire n'aura finalement fait que des victimes collatérales : s'il a beaucoup tué, au moment d'exécuter les deux figures réellement responsables de l'explosion, Lucy et l'ex-prêtre, il aura à chaque fois flanché. C'est typiquement ce problème de versatilité qui affaiblit un peu la cohérence d'ensemble, comme l'illustre la conclusion véritable de l'épisode.
En effet, alors même que les deux leaders extrêmistes avaient survécu au raid du vampire à leur QG, c'est trois semaines plus tard qu'ils vont finalement apporter une conclusion définitive à leur existence, d'une façon très artificielle. George, Nina et Mitchell se sont réfugiés à la campagne, dans un lieu un peu isolé, et ont repris une routine difficile. Nina se considère responsable de ce qui est arrivé à Annie, George ne s'en remet pas et Mitchell ressasse ses actions, chacun semblant s'inscrire à porte-à-faux par rapport aux deux autres. Or, rompant ce fragile équilibre, Lucy débarque un jour, cherchant à comprendre, à atteindre un pardon. Son attitude et le traitement de ses rapports avec Mitchell m'ont laissé profondément perplexe. Après son discours passionné sur le caractère monstrueux des vampires et des loups-garous, sur leur non-humanité, lors de sa confrontation avec Mitchell au QG, la voilà qui semble avoir considérablement évolué, en raison de la supposée culpabilité d'avoir provoqué la mort de quatre loups-garous. Le plus étrange étant sans doute que Mitchell soit presque prêt à lui offrir une seconde chance, ou du moins, accepte qu'elle dorme chez eux pour une nuit. En réalité, cette évolution brutale de cette relation n'est qu'un prétexte construit à la va-vite par les scénaristes pour recréer un semblant d'impact émotionnel au cours de la vraie scène de fin de cette storyline. Le retour de l'ex-prêtre, au milieu de la nuit, et la confrontation que cela engendre, conduit à une seule mort : celle de Lucy. C'est très artificiel, un brin bâclé, et le téléspectateur ne sait trop quoi en penser. Cela donne aussi l'impression que les scénaristes souhaitaient véritablement clôturer les comptes au sens propre, refusant de laisser le moindre personnage en suspens. Le fait que tout cela soit décalé de trois semaines avec le drame du QG fait perdre considérablement, en force et en crédibilité, à ce dénouement.
Peut-être était-ce une volonté de parvenir à introduire les fils directeurs de la troisième saison. Annie, désormais dans l'au-delà, revient un bref instant pour entraîner avec elle l'ex-prêtre, à travers la porte ouverte pour Lucy... Les scénaristes distillent donc un mince espoir : la possibilité que la fantôme revienne, puisqu'elle existe toujours en tant qu'individualité, dans ce qui paraît être une bureaucratie mortuaire infernale. Les liens entre les trois ex-colocataires auront encore une fois prouvé leur intensité, pas toujours rationnelle mais toujours très profondément ancrée. En parallèle, Daisy -qui avait étrangement disparu dans cet épisode- et une autre vampire survivante réalisent un rituel assez étrange qui aboutit à une résurrection un peu tirée par les cheveux, mais qui marque le retour d'un personnage emblématique de la série : Herrick.
Bilan : A partir d'un scénario très (trop?) dense, ce final aura offert un épisode assez peu maîtrisé, survolant les thématiques sur l'humanité, la vengeance et autres classiques, tout en démontrant une versatilité dans l'écriture parfois un peu naïve ou maladroite, dont le traitement quelque peu schizophrénique de Lucy, ainsi que sa conclusion, est l'exemple le plus frappant. L'épisode contient de nombreux éléments dispensables (tel l'étrange attrait de l'ex-prêtre pour Lucy, vaguement introduit en une scène suggestive, puis envoyé aux oubliettes), ce qui donne l'impression qu'il part quelque peu dans tous les sens. Les scénaristes ont peut-être pêché en voulant trop en faire ; ce qui produit finalement une explosion finale quelque peu ratée, car trop forcée.
Being Human reste pourtant pragmatique, adressant un signe à ses téléspectateurs, en posant d'ores et déjà les grandes problématiques de la saison 3, avec la quête d'Annie d'une part, la gestion du "retour" d'Herrick de l'autre, le tout dans un environnement géographique désormais plus rural.
NOTE : 6,5/10
Bilan global de la saison :
En dépit d'une conclusion poussive et assez maladroite, il ne faut pas remettre en cause un constat évident de cette seconde saison : elle aura incontestablement été mieux maîtrisée et plus aboutie que la précédente. Bénéficiant d'épisodes plus équilibrés, débarassés dans l'ensemble des temps morts et ruptures de rythme qui avaient handicapé la première saison, cette seconde fut par bien des côtés peut-être plus ambitieuse, capitalisant pleinement sur l'univers créé, explorant ses limites ainsi que celles des personnages. L'écriture aura conservé sa naïveté parfois quelque peu maladroite, mais ce fut globalement plaisant à suivre ; et le seul réel regret réside dans la façon dont la storyline sur l'organisation religieuse aura connu son dénouement, les deux derniers épisodes auront été moins assurés, semblant privilégier des effets de style à une réelle cohérence scénaristique. Un manque de rigueur quelque peu dommageable.
NOTE : 7,5/10
Voilà donc achevée la deuxième saison de la série. Je serais, sans hésitation, au rendez-vous pour la prochaine.
07:37 Publié dans Being Human | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : being human, bbc, russel tovey, lenora crichlow, aidan turner, sinead keenan | Facebook |