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19/01/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 2

"Your humanity, this thing you're... Are you protecting it ? Are you looking for it ? Do you even know ? Because take it from me, it's long gone. And this house accelerates it." (Nina)

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Avec ce deuxième épisode, Being Human retourne à une atmosphère encore très sombre et plus intimiste, privilégiant ses personnages, tout en intégrant leurs états d'âme aux grands arcs d'intrigue et en continuant à s'intéresser à leur évolution les uns aux côtés des autres. C'est ce qui  a fait la force de la série au cours de sa première saison : une capacité à mettre en valeur ses protagonistes, parfois dans une perspective proche de l'introspection, mais qui réussit surtout à les rendre attachants, fidélisant plus sûrement le téléspectateur. Si l'épisode prend son temps pour développer chacune de ses intrigues, son contenu est dense et l'attention du téléspectateur ne faiblit jamais.

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Les ennuis commencent du côté d'Annie. Trop heureuse et souriante pour le rester, son travail au bar lui permet surtout de flirter avec le client rencontré au cours de l'épisode précédent, sous le regard attristé, teinté d'une timide jalousie, de son patron. Certes, le bel Apollon paraît lui aussi tombé sous le charme d'Annie ; mais progressivement, le téléspectateur découvre qu'il cache certaines choses interrogeant sur sa "normalité". Le fait que ce soit d'abord le téléspectateur qui soit pris à témoin, tandis qu'Annie ne se doute encore de rien, aide à accroître la tension sous-jacente qui se développe peu à peu. L'intrigue est bien amenée ; même si elle l'est par un biais ultra-classique : le présentateur dans la télévision qui s'adresse directement au personnage. Après s'être interrogée sur la santée mentale du Roméo, il apparaît rapidement que les choses sont plus complexes que cela. Ce dernier a connu une expérience proche de la mort, suite à un accident de voiture. Or, les médias qui lui parlent semblent au courant de bien des informations concernant notre fantôme favori ; ajoutant à cela le fait qu'ils s'intéressent particulièremet à son sort.

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Annie va découvrir que l'on ne rejette pas la mort sans conséquence ; et que cette dernière est prête à tout, y compris à instrumentaliser des humains, pour lui faire franchir, de gré ou de force, la porte du corridor final et ainsi lui faire quitter cette Terre. Un brusque rappel de la réalité de sa fragile situation -qu'elle avait volontairement comme oublié ces derniers temps- et qui se révèle d'autant plus cruel que sa dernière confrontation à l'hôpital, où elle a failli franchir la porte de la mort, a laissé des traces : elle est de nouveau invisible au regard des personnes normales. Pendant un bref instant, elle a cru pouvoir mener une "vie" proche de la normalité, où le seul élément perturbant était le fait d'expliquer qu'elle ne buvait, ni ne mangeait, en public. Mais voilà qu'elle se retrouve ramenée au point de départ, ayant perdu tout ce qu'elle a pu acquérir depuis le début de la série. L'insouciance n'est plus de mise. Il va falloir reconstruire, en gardant à l'esprit qu'un danger bien réel la guette.

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En parallèle, l'épisode continue d'explorer les grandes storylines initiées à la fin de la saison 1, à commencer par les conséquences de la mort d'Herrick. Ivan annonçait, avec une certaine satisfaction, le prochain glissement dans le chaos de la situation ; et c'est bien ce qui est en train de se produire. Pour illustrer cela, c'est l'occasion de s'intéresser, sous un éclairage différent, à la communauté vampirique, à travers le personnage de Karl. Il est celui qui a ouvert à Mitchell les portes de sa nouvelle vie, ne se nourrissant plus de sang humain directement sur des victimes. Mais nous sommes bien placés pour savoir que la froide réalité de la nature vampirique peut reprendre le dessus à tout moment. Karl a ainsi tué son compagnon, après des années de sevrage, en s'abandonnant à une soif de sang soudain impossible à contrôler. Mais ce n'est pas tant la tragédie -un énième rappel de la constance de la dangerosité des vampires-, que l'enchaînement d'évènements qu'elle peut entraîner, sur lequel l'épisode va s'apesantir.

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Avec la mort d'Herrick, c'est tout le sytème qu'il avait mis en place en ville, pour protéger la communauté vampirique, qui s'effrite. A commencer par le coroner, depuis toujours coopérant aux menaces du maître vampire, et qui classait sans suite les cadavres tués par ces créatures surnaturelles, lorsque les corps arrivaient jusqu'à sa morgue. De par son travail à l'hôpital, Mitchell est en première ligne pour apprécier le danger qui les guette. Si tous ces officiels, qui avaient couvert jusqu'à présent, de gré ou de force, les vampires, ne rendent plus les rapports conduisant tout un chacun à fermer les yeux, combien de temps avant que la réalité de certains évènements surnaturels ne s'imposent aux yeux des simples mortels ? Combien de temps avant la découverte des vampires ? Avant la traque, générée par la peur de ce qui est différent ? Pour le moment, Mitchell parvient à éviter les dommages collatéraux, aidant Carl à clôturer l'enquête sur la mort de son compagnon et à lui faire quitter le pays, grâce à un Ivan, toujours étrangement fasciné par le spectacle offert. Mais comme ce dernier lui assure avec délectation, ce n'est que les débuts des ennuis : une communauté vampirique qui n'est plus contrôlée par un chef, qui n'a plus d'organisation de protection, ne pourra passer inaperçue très longtemps. C'est une nouvelle donne qui s'ouvre ainsi : jusqu'à présent plutôt construits dans la confrontation ou l'ignorance, les rapports avec les vampires vont peut-être devoir nécessiter plus d'implications.

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Enfin, l'épisode poursuit son traitement des états d'âme de Nina, confrontée à sa transformation, mais aussi de plus en plus entraînée dans ce monde surnaturel, devenu habituel pour nos trois colocataires. Les actions de Mitchell constituent la goutte d'eau qui font déborder le vase : le vampire aide un meurtrier, peu importe sa nature, à échapper à la police, convaincant un George réticent de l'aider dans ses actions. Le parallèle entre les deux loup-garous amène à réfléchir. George aurait-il agi de même il y a un an ? Se serait-il laissé entraîné par Mitchell pour couvrir les actions d'un meurtrier, au nom d'une "cause surnaturelle commune" (pourrait-on dire) ? Encore aujourd'hui, il est hésitant. Mais il le fait malgré tout. Nina, récemment transformée, voit sa morale heurter de plein fouet les modes de raisonnement pragmatique de ses amis. Mitchell, de par son ancienneté, a toujours été celui qui provoquait le plus sûrement le glissement de ses amis vers le surnaturel ; cela conduit Nina à souligner la dynamique qui s'est installée dans leur colocation.

La décision finale de la jeune femme de quitter la maison apparaît très logique, tout comme l'explication donnée à Mitchell, qui, au vu de l'épisode, sonne d'une justesse, à la fois glaçante et désarmante : "You've gone native, the three of you. Maybe I'm being naive, maybe it's a consequence of your condition. Our condition. I don't know. Your humanity, this thing you're... Are you protecting it ? Are you looking for it ? Do you even know ? Because take it from me, it's long gone. And this house accelerates it. It's insane here. You've got monsters and killers and, my God, that man. You helped him escape." En reformulant les bases de cette aspiration originale qui était au coeur de la première saison, la série nous offre une de ses meilleures lignes de dialogue.

Ayant passé une partie de l'épisode à se demander si elle avait le droit d'exister, avec sa nouvelle condition, il est normal de voir Nina rejoindre l'autre arc de la saison, celui de l'organisation fondamentaliste religieuse. Cette dernière, écoutant attentivement toutes les conversations de la maison qui devenue une sorte de laboratoire d'études, a justement besoin d'un loup-garou pour la prochaine pleine lune, afin de poursuivre ses expériences, pour le moment fatales au cobaye. L'homme en charge aborde une Nina privée de repères, à la fin de l'épisode. Le danger se précise, et toutes ses storylines se rejoignent sans surprise, mais de façon efficace.

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Bilan : Being Human nous offre un très bon épisode, suffisamment dense pour ne pas souffrir d'un rythme relativement tranquille, prenant le temps de développer chacune de ses storylines de façon logique et convaincante. Tous les enjeux de la saison sont clairement exposés dans un format de continuité très appréciable, sans rupture entre les épisodes, les éléments spécifiques du jour étant intégrés dans les grandes storylines de la saison. L'orientation sombre de la saison semble être consacrée, avec un nouvel épisode qui prête très peu à sourire, capitalisant sur l'empathie du téléspectateur pour ses personnages. De plus, quelques dialogues sortent agréablement du lot. Cette saison 2 paraît partie sur de très bons rails !


NOTE : 8/10

11/01/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 1

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Hier soir, débutait, sur BBC3, la saison 2 de Being Human. Il s'agit de la petite série fantastique de la BBC dont le point de départ est la cohabitation sous un même toit d'un fantôme, d'un loup-garou et d'un vampire, qui aspirent tous trois à la "normalité", ou du moins à l'"humanité". La première saison avait laissé au téléspectateur un sentiment mitigé, mi-figue, mi-raisin, que j'ai déjà évoqué au cours d'un bilan rapide que j'avais dressé en novembre dernier : Being human, saison 1 : en quête d'identité et d'humanité. Cependant, comme je ne désespère pas de voir la série parvenir à exploiter peu à peu son plein potentiel, également parce que j'ai fini par m'attacher aux personnages, que les saisons sont courtes et que la précédente se terminait d'intriguante manière, je n'ai pas vraiment eu d'hésitation pour retrouver de nouveaux épisodes de Being Human. D'ailleurs, preuve de la confiance de la chaîne, une troisième saison a d'ores et déjà été commandée.

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Ce premier épisode permet avant tout à la série de tirer toutes les conséquences du mouvementé season finale précédent, tout en posant de nouveaux fils rouges, cette fois semble-t-il plus orienté vers l'univers des loup-garous. Repartant sur des bases plus sombres que ce à quoi elle nous avait habitué jusque là, Being Human nous offre au final un retour assez solide et plutôt efficace.

Logiquement, la mort d'Herrick hante toujours les esprits. En commençant par la communauté vampirique, plus animée que jamais, qui cause beaucoup de souci à George, le "tueur", qui est régulièrement attaqué. Mais le dernier duo à l'avoir assailli semble quelque peu différent : Ivan et Daisy sont très décalés, presque atypiques, même pour des vampires. Provocante à outrance, sans que l'on saisisse ses réelles intentions au-delà de cette vie hédoniste qu'elle revendique, Daisy ne laisse pas indifférent George, dans un sens purement platonique. Si on peut probablement déduire que l'introduction de ce nouveau couple de vampires va être synonyme de problèmes pour nos trois amis, il est difficile, pour le moment, de savoir comment ils s'imbriquent dans les enjeux qui s'esquissent au fil de l'épisode.

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Aussi fasciné que soit George par cette nouvelle venue, il a d'autres soucis plus urgents actuellement. Il fréquente toujours Nina. Elle vit même désormais sous leur toit. Mais, depuis ce fameux jour où il a tué Herrick et où elle a vu sa transformation, un gouffre s'est créé entre eux. Ils n'ont plus jamais eu de rapports intimes et c'est à peine s'ils se parlent, chacun broyant du noir dans un coin de leur petite chambre. Cependant, les problèmes de Nina sont bien plus profonds qu'une simple difficulté d'adaptation à la nature de George. Elle avait été griffée par ce dernier alors qu'il se transformait. Griffure qui orne toujours cruellement son bras, ne marquant pas seulement sa chair. Va-t-elle, à son tour, devenir un loup-garou ? Lui a-t-il transmis cette malédiction ?

J'ai beaucoup aimé le traitement réservé cette storyline. Si le sort de la jeune femme ne fait guère de doute, ses réactions sonnent justes et, surtout, les scénaristes ne font pas traîner les choses en longueur. Après une tentative de déni dans lequelle elle aurait voulu s'enfermer, au fur et à mesure que la pleine lune suivante approche, Nina prend bien conscience qu'elle ne peut pas fuir. Le fait qu'elle se confie à Annie est une preuve supplémentaire de son intégration dans la bande des trois que j'ai trouvé toute symbolique et fort appropriée. Ensuite, une fois cette première terrible nuit de transformation passée, Nina finira par avouer la situation à George. Or, bien plus sûrement que les assauts constants dont il peut faire l'objet, c'est bien là une nouvelle qui peut le détruire intérieurement ; car c'est non seulement sa responsabilité, d'avoir transmis cette nature qu'il déteste tant lui-même, mais c'est aussi de Nina dont il s'agit. Ce n'est pas n'importe qui, elle est la personne qu'il aime. Un cumul bien cruel pour George, qui continue donc de devoir affronter les épreuves.

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Ce développement, efficacement et rondement mené (le rythme étant un des problèmes récurrents de Being Human, cela mérite d'être souligné), suffit à donner une tonalité très sombre à l'épisode. Pour essayer de détendre l'atmosphère, les scénaristes exploitent le personnage d'Annie, dans un ressort plus léger. Elle semble décidée à dépasser sa condition de fantôme, utilisant le fait qu'elle soit désormais plus ou moins visible et solide. Sa lubie va être de vouloir travailler dans un bar. Elle réussit à décrocher ce job, cependant dans un lieu bien atypique, avec un jeune patron très compréhensif et ouvert d'esprit pour supérieur. L'occasion de quelques scènes décalées, où émane de la jeune femme une bonne humeur que l'on avait rarement eu l'occasion de voir au cours de la première saison. L'occasion aussi de rencontrer un charmant jeune homme auquel elle n'est pas indifférente (Alex Lanipekun en guest-star, tête familière aux téléspectateurs de Spooks).

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Du trio, celui qui fait le plus du sur-place, se retrouvant quelque peu en retrait, c'est Mitchell. Avec la mort d'Herrick, il a définitivement coupé tout lien avec les vampires. Ces derniers poursuivent désormais leur vendetta contre George, mais ne se préoccupent plus de lui. Mitchell n'a plus vraiment d'objectifs et se retrouve désoeuvré, en contraste avec des amis qui continuent de vivre autour de lui. Cela suscite quelques tensions avec George notamment. Logiquement, il se dit que mettre fin à son célibat auto-imposé serait la meilleure chose à faire et invente donc une nouvelle technique de drague : la technique par poisson rouge.

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Bilan : Un épisode de reprise plutôt solide, qui constitue avant tout une transition entre les évènements de la saison passée et ceux à venir. Il esquisse ainsi suffisamment de mystères, en distillant un certain nombre de questions, notamment avec l'expérience tragique sur un loup-garou réalisée par une étrange organisation qui semble s'intéresser particulièrement à notre trio. Ce qui ne peut que aiguiser la curiosité du téléspectateur. Si les scénaristes ne se sont pas départis de quelques-unes de leurs maladresses classiques de la première saison, les storylines du jour, autour des loup-garous, ne traînent pas en longueur. L'intensité de l'épisode fluctue, mais sans rupture de rythme préjudiciable. De plus, la tonalité assez sombre donne une atmosphère pessimiste assez pesante par moment, qui donne une dimension supplémentaire à l'épisode. En somme, Being Human signe un retour très correct.


NOTE : 7/10


Une preview de cette saison 2 :


09/11/2009

(UK) Being human, saison 1 : en quête d'identité et d'humanité


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Ce samedi soir a débuté, en France, sur Orange Cine novo (sérieusement, c'est une vraie chaîne ?), la saison 1 de Being Human. Tandis qu'aux Etats-Unis, SyFy, faisant une fois encore preuve d'innovation, a commandé 13 épisodes d'une version américanisée de Being Human, souhaitant sans doute surfer sur la nouvelle vague de fantastique qui envahit le petit écran. Pourtant, la genèse quelque peu chaotique de cette série britannique ne laissait pas entrevoir la pérennité que le concept aurait. En effet, après un pilote "test" qui permit à la série de se constituer une petite base de fans, mais dont la diffusion esseulée en février 2008 ne remporta pas la bataille de l'audience, ce n'est qu'après tergiversations et suite à une campagne de mobilisation pour sauver la série que BBC3 commanda finalement une saison complète de six épisodes. Ce délai avait laissé le temps aux acteurs originaux de s'engager sur d'autres projets, ce qui nécessita le changement d'une partie du casting, d'où l'existence d'un "deuxième" pilote qui ouvrit cette saison 1 en janvier 2009. La chaîne, satisfaite de l'écho de Being Human, commanda une saison 2, de huit épisodes. Elle devrait être diffusée en début d'année 2010 en Angleterre.

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Being human se propose de nous conter le quotidien de trois amis "colocataires". Mitchell, un vampire de plus de 100 ans, et George, un récent loup-garou, unis par leurs insécurités et leurs interrogations, emménagent au cours du premier épisode dans une maison, où une jeune femme est morte il y a peu, tombée dans les escaliers. Annie n'est pourtant pas partie, elle hante les lieux sans vraiment comprendre sa situation. A la différence des humains "normaux", les autres créatures surnaturelles ont toujours la capacité de voir un fantôme. Si bien que Annie se retrouve vite adoptée par l'étrange duo qui prend possession de la maison. Nous allons suivre ensemble le quotidien et le lot d'épreuves que ce dernier peut réserver à un vampire, un loup-garou et un fantôme. Plus que l'amitié qui se forge peu à peu, ce qui les unit en premier lieu, cela va être leur interrogation commune sur leur étrange nature, voire leur quête vers l'humanité. Chacun se situe à différents stades. George est en plein déni, transformé en loup-garou il y a peu, il se considère comme un monstre et refuse d'être confronté à cette évolution qui s'est produite en lui. Ne s'acceptant pas tel qu'il est, il aspire ouvertement à la normalité, tout en nourrissant la hantise de blesser quelqu'un lors de ses transformations, préférant fuir. Annie, également nouvelle dans son état fantômatique, est plus détachée de ces réflexions matérielles en raison de sa mort. Seulement, progressivement, c'est toute sa vie (et sa fin) qui va apparaître sous un angle nouveau, à des lieues de l'apparence légère et heureuse qu'elle mettait en scène. Dans la mort, c'est, étrangement, sa propre vie qu'elle va devoir reprendre en main pour trouver la paix. Enfin, pour Mitchell, la situation est quelque peu différente, car il a déjà pleinement accepté sa nature de vampire du fait de son expérience. C'est son état d'esprit qui a changé au fil des ans ; après des années où il s'était dégagé de toute considération morale, "humaine" pourrait-on dire, il a de lui-même rompu avec ses congénères et refuse désormais de se nourrir de sang directement sur un être vivant. On retrouve alors la même ambiguïté que chez George : l'interrogation sur le contrôle (et son manque par moment) et une vie qui tourne autour de ces moments dangereux où la nature surnaturelle prend le dessus, au cours desquels Mitchell peut tuer, bien plus sûrement et souvent que George.

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Being human est donc une série sur une quête impossible de normalité par des êtres surnaturels. Cela se ressent dans le traitement des personnages, comme des storylines. En effet, c'est avec une sobriété surprenante, pour ce type de thématique, qu'est mis en scène le caractère particulier de chacun. Pas de surenchère fantastique, ni même d'effets spéciaux hormis le strict minimum. C'est un quotidien d'une banalité irréelle qui est mis artificiellement en place, propre à nous faire oublier par moment la spécificité de nos protagonistes. Mais, soudain, arrive le dérapage incontrôlé. Quelque chose vient griper ce bel agencement et toute cette apparence s'effondre aussi sûrement qu'un château de cartes. C'est un souci rencontré lors d'une nuit de pleine lune pour enfermer George et éviter qu'il ne blesse quelqu'un quand il est transformé ; c'est Mitchell qui cède à sa tentation constante du sang frais et tue la dernière fille avec laquelle il était sorti flirter ; c'est Annie qui, soudain, prend conscience que sa mort n'avait rien d'un accident... L'illusion de normalité se brise brusquement, parfois sans prévenir, laissant les personnages exsangues, confrontés à leurs démons intérieurs. Being human ne pousse pas la réflexion jusqu'à s'interroger sur cet idéal d'humanité et sa pertinence, même si cela est parfois esquissé à travers certaines réactions si humaines (et horrifiées) auxquelles se heurtent les héros. Cependant, cette interrogation identitaire, quasi initiatique, offre un angle scénaristique intéressant et plutôt original. Faire la paix avec eux-même. Accepter ce qu'ils sont. Tout un programme qui permet une approche très introspective et qui constitue un des attraits majeurs de la série.

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Cependant, Being human n'exploite pas pleinement, et aussi efficacement qu'on aurait pu l'attendre, les thématiques de son concept, au cours de cette première saison. Si elle joue volontairement sur une ambiance inhabituelle de "normalité" qui constitue sa particularité (et dont la sobriété peut peut-être dérouter de prime abord), les intrigues des différents personnages prennent invariablement un tour très classique, traitées à de nombreuses reprises dans d'autres fictions. Elles sont de plus assez éclatées, chacun ayant droit à une ou deux épisodes vraiment consacrés à ses propres problèmes. Mais il manque un fil rouge reliant l'ensemble. L'unité de la série se maintient grâce aux liens qui se tissent entre les protagonistes et à ce refuge que constitue la maison dans laquelle ils cohabitent. Mais, au-delà de la force de cette amitié, les différentes intrigues n'ont pas ce petit plus qui aurait permis à la série de gagner en cohésion et en équilibre d'ensemble. Cette saison 1 est placée sous le signe de la recherche de soi. Chaque personnage va suivre une évolution personnelle ; plus marquée et marquante chez George et Annie que chez Mitchell qui stagne un peu dans un cercle vicieux dont il ne parvient pas à sortir, se heurtant constamment à la communauté vampirique de la ville (qu'il finit par s'aliéner définitivement). C'est d'ailleurs peut-être ici que réside le micro-fil rouge le plus constant de la saison. Si les épreuves de George et les découvertes de Annie contribuent à construire les liens d'amitié entre les trois colocataires, les ennuis de Mitchell, qui les mettent réellement en danger, achèvent de sceller leur amitié dans l'adversité et dans la tragédie.

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En fin de compte, si les idées de Being Human sont dans l'ensemble intéressantes, quoique guère originales, elles donnent parfois l'impression de ne pas être suffisamment abouties, donnant un ensemble quelque peu brouillon. L'autre conséquence est un rythme de narration inégal, les épisodes passant parfois un peu trop lentement au goût du téléspectateur. Pour autant, ces défauts narratifs n'occultent pas l'attachement que l'on éprouve rapidement pour les personnages et pour la série en générale. C'est en jouant sur l'affectif que cette fiction comble en partie ses faiblesses scénaristiques. Je pense qu'avec un fort fil rouge, plus évident que celui de la saison 1, l'introspection des personnages gagnerait en force et la série en cohésion, permettant d'aiguiser plus directement l'intérêt du téléspectateur. C'est d'ailleurs ce que parvient à faire le final de la saison, qui se conclut sur l'ouverture d'une nouvelle piste de réflexion, où toutes ces interrogations identitaires s'inscriraient dans une toute autre perspective. Cela renforce a posteriori les évolutions de cette saison et crée une attente importante pour la saison 2, avec un nouveau mystère qui pourrait potentiellement servir de trame principale solide.

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Du côté des acteurs, il faut souligner la performance de Russel Tovey (George), très convaincant en loup-garou privé de tout repère et assailli de doutes. Les deux autres acteurs, qui ne figuraient pas dans le pilote original, ont conduit leurs personnages dans des directions très différentes de la façon dont je les avais perçus lors du premier visionnage en 2008. Si bien que la comparaison automatique que mon cerveau opère m'amène à nuancer mon jugement. Disons que cela tient beaucoup à l'affectif ; et que cela n'a sans doute aucune incidence si vous n'avez pas vu le premier pilote. Mais Lenora Crichlow (Annie), que j'aimais beaucoup dans Sugar Rush, ne peut pas rivaliser à mes yeux avec la troublante Andrea Riseborough, je n'y peux rien. Quant à Aidan Turner (Mitchell), il fait le boulot, plus sobre que dans la première version du vampire, mais il reste parfaitement crédible.

 

Bilan : S'il fallait décrire Being Human en un seul adjectif, cela serait "sympathique". Assurément, la série capitalise sur l'affectif du téléspectateur qui s'attache à ces personnages, créatures surnaturelles mais aux introspections et aux attentes si humaines. D'un rythme quelque peu inégal, cette première saison se suit pourtant avec un réel intérêt. On peut sans doute regretter que les scénaristes n'aient pas mis à profit le concept, notamment cette vaine quête d'humanité, pour s'interroger beaucoup sur la nature humaine et la question de l'identité. Mais sans être pleinement aboutie, elle offre un divertissement efficace et simple, mêlant des thèmes existentiels aux fins potentiellement tragiques et l'ambiance détendue et confiante d'une amitié qui se forme.


NOTE : 6,5/10