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24/02/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 7

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Cet avant-dernier épisode de la saison fait basculer nos héros dans une spirale infernale, où tout échappe progressivement à leur contrôle. Il marque un point de non-retour pour certains, mais il scelle aussi la fin d'une ère : cette époque où notre trio pouvait cohabiter et s'auto-analyser derrière les murs d'une maison très ordinaire dans un quartier résidentiel anonyme. Quoiqu'il se passe dans le final de dimanche, les choses ne pourront plus jamais être comme avant. C'est une des certitudes posées par ce septième épisode qui, même s'il bénéficie d'une écriture parfois un peu maladroite, souffrant d'un manque de communication un peu artificiel entre les colocataires qui devient, à terme, gênante, contient une série de scènes particulièrement marquantes. Elles entraînent une intéressante redistribution des cartes.

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L'épisode s'ouvre, comme c'est devenu la tradition, sur un flashback, une forme d'hommage à Ivan, en nous présentant le jour de sa rencontre avec Daisy, en plein bombardement au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Une Daisy très affectée par le décès de son amant, mais qui demeure particulièrement pragmatique et réfléchie. Elle pointe immédiatement le caractère amateur de ces explosions, écartant la police des responsables possibles de la tragédie des pompes funèbres, alors que Mitchell les désigne instinctivement comme les suspects n°1.

S'entraînant l'un l'autre dans un tourbillon de vengeance autodestructeur, les choses vont peu à peu partir hors de contrôle pour les deux vampires survivants. Leur propre enquête pour découvrir l'identité des poseurs de bombes les mène sur un chemin dangereux, tandis que les dernières illusions d'humanité de Mitchell se fissurent, de façon presque inéluctable. Cependant, plus que le meurtre sanguinolent du coroner, c'est le massacre du train qui frappe les esprits. Jusqu'à présent, si le téléspectateur n'avait jamais occulté la dangerosité représentée par Mitchell, il n'avait assisté qu'à ce qui était présenté comme des "re-chutes", tout de suite suivies de suffisamment d'introspection et de torture interne pour que l'image du personnage lui-même n'en pâtisse pas. Le côté sombre de Mitchell était là, mais plus suggéré et implicite que véritablement exposé au grand jour. Or, la scène gore dans le wagon jonché de cadavres opère une rupture drastique avec ce schéma. Comment, désormais, accepter les doutes du vampire, la manifestation d'une pseudo conscience, alors qu'il peut s'adonner à un tel acte de représailles, sans sourciller, sur des personnes complètement étrangères et innocentes ? Comment les scénaristes pourront-ils, à l'avenir, reparler de pardon et de rédemption après nous avoir montré un tel résultat ? Nous avons dépassé la thématique de l'addiction au sang, même si, à l'évidence, elle joue également, tant Mitchell apparaît dans un état second dans les dernières scènes de l'épisode. En tout cas, le personnage ne pourra pas rester inaffecté par tout cela, si jamais il survit au season finale. Cela promet beaucoup !

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Si la descente aux enfers se poursuit pour chacun, atteignant des extrêmités encore jamais approchées, l'intensité dramatique de ces moments souffre du caractère trop indépendant de chacune des storylines. C'est un aspect qui s'est peu à peu mis en place au fil de la saison, Mitchell évoquant très peu les affaires vampiriques avec ses colocataires, mais, dans cet épisode, le déséquilibre devient particulièrement criant et préjudiciable. En effet, alors que tout s'effondre autour de lui, à aucun moment Mitchell ne parle à ses colocataires, qu'il croise à peine, de la tragédie qui vient de se produire. Pas plus que ces derniers ne font le rapprochement en entendant la nouvelle de l'explosion aux informations télévisées...

Cela donne l'impression, assez désagréable, d'avoir plusieurs fils, évoluant en parallèle, que les scénaristes s'efforcent artificiellement de maintenir séparés, pour ménager le suspense et les révélations pour le final. Outre la maladresse de cet effet narratif peu convaincant, cela brise également un peu la dynamique de groupe qui fait la spécificité et l'originalité de Being Human : ces trois colocataires et les liens d'amitié qui les unissent correspondent à l'identité première de la série. Or, dans cet épisode, nous suivons deux storylines strictement séparées, cherchant plus à s'éviter qu'à se confier. Cela sonne faux et assez forcé. J'espère que les scénaristes maîtriseront mieux les confrontations finales de dimanche prochain.

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En parallèle, George voit ses illusions tomber les unes après les autres dans la poursuite de son rêve de fonder une famille. Aussi normal qu'il essaye de paraître, sa condition se met au travers de ses rêves, bouleversant cette image de perfection qu'il aimerait entretenir. La réunion de parents d'élèves, le jour de la pleine lune, est une coïncidente-prétexte un peu facile, peut-être, mais elle se révèle être d'une symbolique cruelle parfaitement bien mise en scène pour George, où les apparences s'effritent et le principe de réalité le rattrape de la plus cruelle des façons, devant tout le par-terre social qu'il convenait de séduire a priori... pour espérer atteindre cette vie de famille à laquelle il aspirait tant.

Tout est allé trop vite. Le personnage prend brutalement conscience de l'inaccessibilité de ses illusions. La scène où l'adolescente hurle en le voyant est particulièrement révélatrice : elle a toujours senti qu'il y avait quelque chose de caché en George, ses allusions à la nature de ce dernier lorsqu'elle évoquait ses cauchemars dans l'épisode précédent faisaient un peu penser à une sorte de sixième sens. Désormais, elle paraît le voir tel qu'il est, ou du moins, instinctivement, elle ressent une peur inexplicable qui referme, pour George, la dernière porte à ce petit coin de tranquillité familiale dont il rêvait. Logiquement, c'est vers Nina et la proposition étrange qu'elle lui fait qu'il va se tourner...

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Car, en effet, avec la nouvelle pleine lune, l'épisode marque également le retour de Nina, en compagnie de l'ex-prêtre en charge de l'organisation secrète. Elle vient parler à George de ce projet de guérison.. L'incrédulité et la méfiance instinctives de George vont finalement peu à peu céder le pas à la curiosité, au vu des évènements qui se précipitent dans sa vie. Et si cette possibilité de se débarasser du loup qui sommeille en lui existait, malgré tout, comment ne pas tenter sa chance ?

Pourtant, ce qui frappe le plus dans l'arrivée de l'ex-prêtre chez nos colocataires, comme dans l'ensemble de la mise en scène de l'organisation désormais, c'est le parfum d'amateurisme qui les entoure. Certes, ils sont plus que déterminés. Ils croient fermement qu'ils sont dans le vrai. Mais leurs connaissances, comme leurs ressources, ne sont pas infinies. L'impression de toute puissance qui se dégageait du mystère entourant l'organisation en début de saison a désormais disparu. Ce sont des fanatiques qui se prennent très au sérieux. Oui. Mais ils disposent finalement de moyens seulement limités, comme le souligne Daisy quand elle constate les dégâts causés par la bombe dans les pompes funèbres. Amateurisme également mis en valeur dans la scène où l'ex-prêtre essaye d'aider Annie. Entre les quelques papiers qu'il parvient juste à faire voler autour du fantôme et le medium qui ignore jusqu'à l'existence des loup-garous, la solidité de leurs croyances ne se double manifestement pas d'une solidité de leurs connaissances, d'où finalement ces expérimentations létales sur les loup-garous.

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Bilan : Un épisode qui continue de construire la tension et pose les bases des confrontations de l'épisode final. Les développements sont cohérents ; une page se tourne incontestablement pour nos personnages. Mais les scénaristes ont trop cherché à étirer le suspense, en essayant de tout garder pour le dernier épisode et en séparant donc la storyline de Mitchell de celle de ses deux colocataires. Annie est encore une fois un peu laissée pour compte, associée avec George sans avoir une véritable intrigue qui lui est propre. Tout cela sonne un peu trop artificiel pour que le téléspectateur y adhère pleinement. Cependant, l'épisode reste solide et promet beaucoup pour dimanche prochain !


NOTE : 7/10

17/02/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 6

Avec ce sixième épisode, Being Human nous propose un des plus solides épisodes de la série, poursuivant de façon convaincante et cohérente le développement des personnages tout en posant les bases d'une confrontation finale avec l'organisation secrète, dont l'issue promet d'être dramatique.

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Le flashback d'ouverture du jour nous renvoie dans le passé de l'homme en charge de cette chasse aux créatures surnaturelles, expliquant ses motivations de la plus classique des façons : une tragédie personnelle qu'il a transformée en croisade personnelle contre le Mal auquel il associe, en particulier, les vampires. L'épisode s'intéresse tout particulièrement aux rapports qu'il entretient avec Lucy. A ce titre, leurs échanges se révèlent particulièrement intéressants ; au-delà de la gestion des doutes de la jeune femme, l'homme n'apparaît plus comme une simple caricature. A travers plusieurs scènes plus nuancées qu'à l'accoutumée, les scénaristes nous rappellent que tout n'est qu'une question de perspective. En choisissant de l'humaniser en nous exposant le pourquoi de ses vues, ils parviennent à se détacher de l'image trop manichéenne de simple fanatique qu'ils s'étaient jusqu'à présent contentés de dépeindre. Si son opinion n'évoluera plus, si son extrêmisme ne laisse place à aucune hésitation, ses vues apparaissent cependant néanmoins cohérentes.

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Le final de la saison se rapproche petit à petit, et la confrontation de l'organisation avec nos trois héros se rapproche irrémédiablement. Le tournant tragique que l'épisode prend donne une première indication de ce qui nous attend. Le dilemme moral auquel Lucy est confrontée est amené avec un tact bien dosé et une certaine finesse : le développement de la thématique sur les tentations du Malin demeurant un classique indémodable est ici très bien mis en scène. Les choix faits par la docteur lors des révélations de Mitchell sont remis en cause par sa conscience : peut-elle occulter les victimes passées pour un futur en pointillés où elle n'a aucune certitude qu'il ne replongera pas ? Elle se laisse peu à peu convaincre de la nécessité de ne pas dévier de ses plans, de ne pas se compromettre pour les vampires. C'est d'ailleurs en utilisant cet angle que l'ambiguïté de l'épisode prend toute sa force : bien plus que les fantômes, ou même que les loup-garous, les vampires constituent les créatures les plus portées naturellement vers le côté obscur. Celles pour lesquelles la défense est la plus difficile. Si bien que le téléspectateur comprend pleinement les dilemmes à l'oeuvre, peu importe qu'il apprécie certains vampires par ailleurs.

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Les hésitations de Lucy la conduisent finalement à se rallier aux vues de son supérieur. Elle trahira Mitchell, en provoquant indirectement, et dévoilant ensuite, l'existence d'une réunion de tous les vampires de la ville, au cours de laquelle son petit ami est sensé annonce son intention de prendre du recul avec la communauté. C'est l'occasion pour Ivan de prendre toute sa dimension. Mettant parfaitement en valeur cette ambivalence intrigante qui l'entoure, ses derniers échanges avec Mitchell sont parfaitement calibrés. A dessein, ils permettent au téléspectateur de ressentir une certaine empathie, ou fascination, pour ce personnage. Une construction narrative qui permet ensuite de conclure l'épisode sur une des scènes les plus intenses que la série nous ait proposée jusqu'à présent : l'explosion du QG des vampires, la caméra nous laissant contempler, songeur, le cadavre d'Ivan au milieu des débris enflammés jonchant le sol. Le caractère dramatique du moment est particulièrement bien mis en scène, avec une utilisation adéquate d'un aspect formel dont je devrais louer plus souvent les mérites : la musique présente dans Being Human. Cela pose aussi les jalons d'une difficile confrontation à venir, qui va prendre un tour très personnel.

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En parallèle, moins intenses, mais s'intégrant de façon homogène et équilibrées dans l'épisode, les storylines de George et d'Annie apportent également leur lot de d'introspection. C'est tout d'abord le déménagement du loup-garou qui prend un tour très concret, puisque son couple trouve rapidement la maison rêvée pour leur petite famille. Pourtant, le téléspectateur ne peut s'empêcher de penser que cette histoire est d'ores et déjà vouée à l'échec. Le fait que sa petite amie ignore sa vraie nature engendre des mensonges qui fragilisent déjà, au moins virtuellement, la fondation de leur relation. De plus, George lui-même ne peut se cacher constamment les doutes qu'il éprouve devant ce développement très soudain. C'est une fuite en avant dont il commence à mesurer les conséquences. Dans cette perspective, la fille de sa compagne acquière une nouvelle dimension, très appréciable. Loin du cliché de l'enfant se braquant devant un beau-père potentiel, elle fait preuve d'une rare compréhension de la situation, pour délivrer à George un message finalement rempli de sagesse qui le met enfin face à certaines de ses responsabilités.

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Cependant, la palme de l'émotion revient incontestablement à Annie. Ses deux amis évoluant vers d'autres horizons, s'éloignant de la maison, peut-elle rester toujours au même point ? L'épisode va chercher à solder les comptes de la jeune femme. A travers une intrigue très classique, Annie est amenée à formuler ses adieux définitifs à son ancienne vie. Pour refermer ce chapitre, après avoir été confrontée à son meurtrier, puis à la mort-même, les lignes de fin seront écrites avec sa famille. Même si l'on peut regretter les facilités scénaristiques utilisées, ainsi qu'une résolution finalement un peu trop rapide, le téléspectateur ressent pleinement la nécessité symbolique, pour Annie, de tourner cette page. C'était un préalable incontournable, avant même de songer à imiter George et Mitchell.

Tout est désormais en place pour la dernière ligne droite de la saison.

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Bilan : Rarement un épisode de Being Human se sera conclu sur un enchaînement de scènes aussi ambitieuses, prenantes et, en un sens, émouvantes. Rarement la téléspectatrice que je suis aura eu aussi envie d'être le dimanche suivant pour découvrir la suite. Les ingrédients pour nous offrir un final explosif sont désormais clairement posés, la progression de l'intrigue se poursuivant sans temps morts. Mine de rien, la série aura atteint, avec cette deuxième saison, une dimension que nous n'avions fait qu'entre-apercevoir lors de la première. Peut-être Being Human commence-t-elle à prendre pleinement la mesure de son potentiel ?


NOTE : 8,5/10

09/02/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 5

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Avec ce cinquième épisode, Being Human nous offre un flashback plus long qu'à l'accoutumée, qui permet de dresser un parallèle entre des évènements qui se sont passés il y a 40 ans et la situation actuelle. C'est l'occasion de retrouver, le temps d'une petite heure, Herrick, inimitable et fidèle à lui-même. La série fait donc la part belle à l'intrigue vampirique, se concentrant sur les dilemmes de Mitchell ; tandis que George poursuit sa phase de remise en cause et que Annie continue de réfléchir sur sa nature de fantôme.

L'homogénéité n'est pas le point fort de l'épisode, certains éléments sont traités de façon un peu trop caricaturale, mais l'alchimie entre les personnages fonctionne toujours très bien et l'épisode se suit sans temps mort.

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L'épisode s'ouvre à nouveau sur une scène issue du passé de Mitchell. Dans les années 60, le vampire, toujours entraîné dans le sillon destructeur de Herrick, se réveille dans un appartement, couvert de sang. Les cadavres de deux jeunes femmes, rencontrées la veille, traînent par terre. Une orgie sanglante qui va conduire Mitchell, pour échapper à la police, à prendre en otage une de leurs voisines, Josie. Cette dernière, loin d'être effrayée, va mener le vampire sur la voie d'une introspection dangereuse, en lui tenant tête et en soulevant plusieurs questions qui dérangent. L'occasion de s'intéresser plus précisément à ce qui pousse les vampires à tuer, à ce que leur cause l'état de manque que plusieurs subissent dans le présent suite aux "BAA". La construction de l'épisode, qui appuie sur le parallèle entre les hésitations de Mitchell, 40 ans auparavant, et les nouveaux choix qu'il a à prendre dans le présent, confère une réelle épaisseur à cette storyline sur la nature vampirique.

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Si, dans le passé, Mitchell esquisse les premiers pas vers la rédemption, dans le présent, il perd peu à le contrôle, jonglant avec trop de priorités et d'exigences différentes. Pliant sous cette pression, les conditions ne sont vraiment plus adéquates pour que le vampire résiste éternellement à ses pulsions meurtrières. Le pacte conclut avec le chef de la police le conduit toujours plus loin sur une pente très dangereuse : il exige de lui un comportement "normal" de vampire, pour qu'il effectue son sale boulot. Mais à trop vouloir jouer impunément avec le feu, on finit par se brûler. Tout cela se retournera contre le policier : acculé, Mitchell ne verra bientôt qu'une seule solution pour éviter l'escalade dramatique, le tuer dans la morgue qui sert de quartier-général aux vampires. Une action qui a pu lui sembler justifié sur le moment, mais qui marque surtout une brusque rechute très dangereuse et brise les dernières défenses de Mitchell.

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Trop perturbé pour réfléchir, il se rend, couvert de sang, à son rendez-vous chez Lucy. Elle qui l'avait défendu jusqu'à présent auprès de son organisation, espérant sincèrement qu'il pouvait désormais éviter les tueries, la voilà très concrètement confrontée à la nature vampirique de son petit ami. La scène de la révélation est très surréelle, sonnant de façon assez étrange : elle nous est présentée du point de vue de Lucy. Classiquement, le vampire devrait être celui qui est inquiet de l'effet que peut produire une telle vérité. Là, Lucy, qui est déjà au courant, attend de la franchise. C'est un soulagement pour elle que Mitchell ne lui mente pas. Tandis que ce dernier, encore sous le choc du meurtre qu'il a commis, paraît complètement perdu. Ce qui peut expliquer le fait qu'il ne relève pas l'absence de réaction de Lucy à l'annonce de sa nature. Mais son discours sur sa volonté de cesser ces tragédies et la nécessité d'un soutien pour la réaliser est tout simplement bouleversant.

Si la scène de lit finale était dispensable, d'une symbolique excessive trop caricaturale, cet arc vampirique s'est révélé très solide et bien construit. Même s'il a recours à certaines facilités scénaristiques, je dois avouer que je n'avais encore jamais éprouvé autant d'empathie pour le personnage de Mitchell. A ce sujet, il faut d'ailleurs souligner la performance d'Aidan Turner. S'il ne m'avait pas toujours pleinement convaincu par le passé, voilà un épisode qui balaie les quelques hésitations qui pouvaient encore traîner à son sujet. En effet, il y délivre une performance conflictuelle de premier ordre. Il parvient à très bien retranscrire à l'écran les transformations successives de son personnage : du prédateur meurtrier au personnage assailli de doutes, en passant par le moment où il craque chez Lucy, tout est très convaincant.

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Si la majeure partie de l'épisode est donc occupée, avec une certaine réussite, par la storyline vampirique, les deux autres membres de notre trio surnaturel ne sont pas oubliés, mais se voient proposer des intrigues plus anecdotiques, qui poursuivent sur le thème de la normalité, avec une envie similaire qui s'impose au coeur de cet épisode : la famille.

Le "new George", post-rupture, continue de bouleverser sa vie à grande vitesse, sans prendre le temps de vraiment s'interroger sur les choix qu'il fait. Son nouveau flirt, rencontré la semaine passé, est une mère célibataire. Le voilà s'imaginant parfaitement en père de substitution, pour une gamine qui l'accueille plutôt fraîchement. Agissant avec une spontanéité déconcertante, suivant ses envies, il va jusqu'à annoncer à ses colocataires qu'il souhaite leur demander d'emménager à la maison. Au fil des épisodes, il devient difficile de cerner la psychologie du personnage de George, de plus en plus erratique. Est-ce qu'il essaye juste de compenser la perte de Nina ? Veut-il seulement atteindre l'idéal familial de normalité auquel il aurait aspiré s'il n'avait jamais été transformé ? Ce besoin de précipiter les choses s'explique-t-il uniquement par ses nouvelles résolutions ?

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Toujours est-il que le "new George" ne convient guère à Mitchell qui, sans aucune diplomatie, lui expose sa manière de voir les choses, expliquant ce qu'il pense de sa lubie du moment. Les aspirations changeantes et très différentes des uns et des autres précipitent d'ailleurs les décalages grandissant entre nos trois amis, alors même que certaines scènes nous prouvent qu'ils demeurent encore très unis (notamment celles autour du bébé).

Autre décalage de l'épisode, celui suscité par le bébé fantôme confié à Annie pour faire du "babysitting". J'avoue qu'en dépit de petits détails "particuliers" très sympathiques (la lecture des histoires d'horreur pour calmer l'enfant, etc...), je n'ai pu m'empêcher de trouver cette storyline assez faible. Annie semble destinée à passer par tous les états d'esprit cette saison, alternant entre détresse et euphorie, en fonction de la tonalité souhaitée pour l'épisode, l'évolution globale manquant un peu de cohésion. L'intrigue en elle-même reste touchante, mais assez anecdotique au final. On ne peut que constater que, trop souvent, le personnage d'Annie demeure le plus utilisé par les scénaristes pour offrir des petites bulles de transition, tranchant avec l'ambiance de la storyline principale, que celle-ci soit dédiée aux loup-garous ou aux vampires.

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Bilan : Un peu faible sur les storylines secondaires centrées sur l'idée de famille, l'épisode sort du lot grâce à la solide intrigue de Mitchell. Les histoires vampiriques n'ont pas toujours été les plus convaincantes par le passé, mais celles de l'épisode fonctionnent très bien et confèrent une tonalité à la fois tragique et poignante à l'épisode.

Being Human poursuit de façon assez plaisante sur son rythme de croisière. Le téléspectateur attend désormais la confrontation avec l'organisation secrète, qui ne pourra plus rester dans l'ombre très longtemps, la mi-saison étant désormais passée.


NOTE : 7,5/10

02/02/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 4

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Being Human continue sa progression dans une saison 2 décidément solide et qui semble plus maîtrisée que la première. La série suit désormais une routine bien huilée, confirmée par ce quatrième épisode qui permet de s'intéresser à chaque membre de notre trio, en continuant à développer leurs storylines. La tonalité reste à dominante sombre, et le téléspectateur ressent de plus en plus fortement que tout ne pourra pas se terminer bien.

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Dans cette atmosphère assez pesante, c'est à nouveau à Annie qu'échoit les quelques bulles d'optimisme de l'épisode. La jeune femme rencontre un autre fantôme, plus ancien, Sykes, qui va accepter de lui enseigner quelques fondamentaux sur sa condition de morte. Cela commence par une technique vitale : parvenir à échapper aux gardiens de la porte conduisant dans l'au-delà, qui ne cessent leur offensive contre Annie. N'ayant encore jamais eu d'enseignants/mentors, à la différence de George, par exemple, la saison passée, c'est intéressant de donner à la jeune femme l'occasion de s'épanouir. Même si la conclusion de l'histoire ne fait guère de doute, en dépit du faux suspense assez artificiel que les scénaristes tentent d'instaurer, c'est un perfectionnement bienvenue pour ce personnage, elle qui est désormais de nouveau invisible. De plus, la storyline va permettre de clôre définitivement l'enjeu autour de la porte, qui la hantait depuis le début de saison : désormais, cette épreuve réussie, elle ne traversera la porte que de sa propre volonté, sans y être forcée.

J'ai bien apprécié cette storyline pour plusieurs raisons. Le personnage d'Annie apporte incontestablement une fraîcheur et un certain optimisme, ou une insouciance, que ses compagnons ne peuvent atteindre actuellement. Son dynamisme est contagieux ; et, finalement, elle offre un parfait contraste par rapport aux histoires plus sombres et pessimistes qui entourent George et Mitchell. Cela confère une équilibre de tons intéressant à la série. De plus, la présence de l'excellent Bryan Dick en guest-star est toujours un plaisir à savourer ; la dernière où il lui confie son histoire était particulièrement touchante et très bien jouée.

Heureusement qu'Annie permet d'apporter un peu plus de légèreté à un épisode qui, sinon, semble avant tout destiné à nous montrer le glissement toujours plus dangereux de nos deux autres héros.

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Désormais "roi" des vampires de la ville, Mitchell s'efforce de les canaliser. Pour cela, il ordonne de cesser toute attaque contre les humains et, finalement, parvient à une nouvelle idée qui ne manque pas d'originalité : instaurer des réunions pour "Blood-Addict Anonyms".

Dans cette optique, Mitchell reçoit l'aide quelque peu inattendue d'Ivan, toujours présent pour assister à l'éventuel plongeon dans le chaos de la ville. Ce personnage versatile apparaît toujours aussi difficile à cerner. S'il apporte un soutien décisif aux projets de Mitchell, en entraînant plusieurs autres vampires à sa suite dans le programme mis en place, il contribue également à saper un peu plus les bases morales de leur dirigeant. En effet, Ivan se révèle incapable de résister à l'appel du sang ; et Mitchell incapable de le lui imposer. Les deux vampires parviennent à un compromis encore plus pernicieux : Ivan continuera d'intervenir dans les réunions, alors même qu'il n'essaie plus de se sevrer.

La scène où Mitchell lui offre une victime, attachée et enfermée au fond d'une des cellules de leur quartier général, est hautement symbolique. C'est un sacrifice moral de plus réalisé au nom d'un intérêt collectif supérieur : le soutien apparent d'Ivan est déterminant pour la réussite du projet de Mitchell. Mais jusqu'où ce dernier peut-il aller sur cette dangereuse pente sans franchir le seuil de non-retour qui paraît, à chaque épisode, se rapprocher dangereusement ? Ses contours moraux sont de plus en plus flous ; la responsabilité d'une communauté achève de relativiser nombre d'actes qu'un observateur extérieur ne pourrait que réprouver.

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Enfin, en parallèle, le contrôle du loup est la thématique qui transcende la dernière grande storyline.

En réaction à sa rupture avec Gina, après l'apathie de la semaine précédente, George manifeste soudain le besoin de reprendre sa vie en main. Pourquoi ne pas repartir de l'avant, sa condition de loup-garou ne l'handicapant qu'une nuit par semaine ? En quelques jours, il va réussir à décrocher un nouveau travail, rencontrer une nouvelle petite amie potentielle... Mais le jeune homme commet la naïve erreur de croire qu'en lui, ses deux natures seraient soigneusement cloisonnées, le loup n'apparaissant qu'avec la pleine lune. Ayant acheté une cage, il absorbe des somnifères la nuit de la pleine lune, de façon à ce que sa transformation se passe le plus calmement du monde. Si, pour la première fois, il peut se rassurer sur ses actions lors de son "black-out", les choses échappent ensuite rapidement à son contrôle. Le loup qui est en George s'agite et se manifeste en pleine journée, George ayant des sautes d'agressivité et de violence brutales. Il apprend là une cruelle leçon : il n'est pas possible d'écarter, d'oublier le loup qui est en lui ; ce dernier est une part de sa nature bien plus profonde qu'il ne l'avait admis jusqu'à présent.

La pleine lune est aussi l'occasion pour l'organisation secrète d'expérimenter sur un sujet volontaire : Nina. Cependant, à mesure que nous découvrons les ressorts et les motivations qui gouvernent ses membres, le téléspectateur constate que tous n'ont pas exactement les mêmes aspirations. Lucy apparaît sous un jour bien plus humain que la révélation finale de la semaine passée aurait pu nous le faire croire. Loin d'être aussi manipulatrice que son collègue, elle connait la nature de Mitchell, mais elle paraît prête à se raccrocher à la volonté de changement affichée par ce dernier. (Elle risque cependant de vite déchanter en découvrant la réelle ampleur de ces "changements" au vu du chemin emprunté récemment par le vampire.)

La tension continue donc de monter ; la confrontation chaque épisode plus inéluctable... mais le téléspecatteur n'est pas vraiment surpris que Nina survive grâce à l'intervention de Lucy ; c'est à peine s'il a resenti une petite inquiétude : dans Being Human, tout est toujours très policé. En un sens, il était encore trop tôt pour un tournant si dramatique alors que nous abordions la mi-saison.

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Bilan : La série poursuit le développement de ses intrigues sur un rythme de croisière qui est loin d'être déplaisant. L'équilibre est bien trouvé entre chaque personnage, aucun n'étant privilégié au détriment des deux autres ; ce qui donne un ensemble soudé et homogène qui se suit aisément. Sans sortir du lot, cet épisode se révèle solide et sans temps mort, tout en posant des pistes nouvelles pour la suite de la saison.


NOTE : 7,5/10

27/01/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 3

Ce troisième épisode de Being Human permet à la série de continuer d'explorer les grandes thématiques de la saison, notamment sa portée morale, tout en faisant progresser chacun des personnages. Cependant, sa construction souffre d'un déséquilibre entre les deux grandes storylines du jour, qui laisse une impression un peu mitigée malgré tout, en dépit de l'esquisse de certains éléments très intéressants. L'épisode se divise, en effet, en deux histoires, la première apparaît quelque peu anecdotique, tandis que la seconde sera génératrice de nouveaux dilemmes pour notre trio, et plus particulièrement pour Mitchell.

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Aux côtés des développements vampiriques, Annie et George se voient offrir une forme de parenthèse, avec une storyline traitée sur un ton très léger, pouvant quelque peu dérouter le téléspectateur. Annie étant redevenue invisible au commun des mortels, elle a dû abandonner Hugh et son bar. Elle décide cependant de jouer les bons samaritains et de parvenir à le faire renouer avec une ancienne petite amie qui fut l'amour de sa vie. Dans cette optique, elle entraîne dans ses plans un George déprimé, qui végète à la maison. Cette histoire bénéficie d'une étrange tonalité de comédie romantique, dont le contraste, trop marqué avec l'atmosphère sombre de la série, perturbe un peu.

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Il est assez surprenant de constater qu'Annie ne s'est pas laissée décourager par son cruel retour en arrière. En dépit de son invisibilité, de sa perte de rapports avec le reste du monde, elle continue d'aller de l'avant, avec un entrain étonnant. Son humeur depuis le début de la saison me semble excessivement dynamique au vu de sa condition ; mais cela peut aussi être interprété comme un mécanisme psychologique de défense, une forme de fuite en avant afin d'éviter une confrontation désagréable avec ses peurs existentielles légitimes. De plus, cela permet en l'espèce d'éviter un naufrage généralisé dans l'auto-apitoiement, George étant englué dans sa phase post-rupture, depuis le départ de Nina. Ce sauvetage de la vie amoureuse du gentil Hugh offre, en fin de compte, une parenthèse de transition pour ce duo, donnant l'occasion aux scénaristes d'apporter une touche d'humour, dans un épisode qui, centré sur les sanguinolents problèmes vampiriques de Mitchell, en aurait difficilement trouvé autrement.

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Après deux épisodes mettant en avant l'univers des loup-garous, ce troisième se concentre donc sur les vampires, en explorant toujours plus en avant les conséquences de la mort d'Herrick et le progressif chaos qui s'installe. La communauté qu'il régissait se délite peu à peu, s'attaque non plus à des marginaux mais à des citoyens bien intégrés... et accentue chaque jour la menace d'être exposée. Mitchell, à l'hôpital, assiste en témoin impuissant à cette dérive. Finalement incapable de rester en retrait, alors qu'il craint une exposition publique des vampires, constatant que personne d'autre ne semble prêt à prendre ses responsabilités, le voilà qui, peu à peu, se glisse dans les bottes d'Herrick. Initialement, il s'efforce de restaurer le système, utilisant notamment le chef policier, plus que content de collaborer une fois un significatif pot-de-vin reçu. Mais, au fil de l'épisode, les actions de Mitchell prennent un tour plus sombres : plus que jamais, la fin justifie les moyens. Le sens des priorités du vampire évolue dangereusement.

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A partir du moment où le sauvetage de la communauté vampirique est devenu son objectif premier, les autres considérations s'effacent. Sacrifier un pion ou un principe au nom de l'intérêt collectif, du fameux "bien commun", semble se justifier... Une fois Mitchell pris dans l'engrenage, il s'enfonce toujours plus loin sur une voie très ambivalente. Nous sommes ici à nouveau confrontés à une des problématiques majeures de la saison : la question morale. La semaine passée, il s'agissait de la première marche, aider un meurtrier en raison d'une forme de solidarité surnaturelle, afin de se protéger. Désormais, les actions de Mitchell prennent un tour toujours plus discutable. Si bien qu'à la fin de l'épisode, le téléspectateur peut légitimement se demander si le vampire n'a pas déjà franchi le Rubicon.

Cette dérive morale offre un ressort scénaristique très intéressant, qui permet d'occulter un peu le fait que son intronisation en tant que "roi" ne m'a pas paru pleinement crédible, au vu de ce que l'on sait du personnage et même si ce sont les circonstances qui l'y ont conduit. L'idéal d'humanité initial n'est plus qu'un lointain souvenir. Il n'est même plus le principal enjeu. Certes, Mitchell souhaiterait à terme amener les vampires à suivre son propre style de vie ; mais, pour le moment, ce à quoi nous assistons, c'est à son propre glissement dans le leur.

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En parallèle, l'intrigue avec l'organisation fondamentaliste secrète est laissée un peu en retrait, même si la caméra nous la rappelle constamment en insistant sur la présence du micro dans le salon de la collocation. Pourtant, en une seule scène, en conclusion, l'épisode remet en perspective un certain nombre d'évènements de ce début de saison. Nina les a bien rejoint, probablement dans l'espoir que la promesse de la "guérir" soit vraie : ils ont besoin de loup-garous pour poursuivre leurs expériences mortelles dont nous avons déjà été témoins. La dangerosité de l'organisation apparaît soudain plus concrète pour nos amis ; la confrontation se rapproche à grand pas.

D'autant que le twist final achève d'indiquer à quel point l'ensemble de la saison va être tournée vers cet affrontement. Being Human nous a habitué à l'utilisation de "toutéliés" scénaristiques, bien calibrés, mais prenant rarement au dépourvu le téléspectateur : la révélation de l'identité du docteur Jaggart en est un. Les références religieuses de la jeune femme tout au long de l'épisode, tout comme son intérêt aigu pour le surnaturel, mettaient inconsciemment en garde ; finalement, tout s'emboîte en ne laissant pas la place au hasard. Ainsi, le love interest potentiel de Mitchell ne sera pas une simple redite de l'histoire de George et Nina. Cela ouvre de nouvelles perspectives très intéressantes, même si j'ai du mal à comprendre cette forme d'infiltration par une responsable de l'organisation, alors qu'ils ont les moyens de surveiller les faits et gestes du trio.

Cette implication de la docteur dans cette grande intrigue tendrait aussi à prouver que, les coïncidences n'existant pas, il est probable que le couple de vampires, introduit en début de saison, ait également un rôle à jouer dans les évènements qui vont avoir lieu en ville, l'affrontement apparaissant de plus en plus inéluctable.

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Bilan : S'il marque une petite baisse de régime après l'excellent épisode précédent, l'histoire continue de progresser efficacement et sans temps mort, posant d'intéressantes bases pour la suite. Ma principale réserve provient de la storyline de transition offerte à George et Annie, tandis que l'intrigue vampirique poursuit un développement intriguant : cette parenthèse plus légère ne s'insère pas de manière pleinement convaincante dans l'ambiance globale de ce début de saison et peine à trouver une crédibilité. Cependant, l'apport d'ensemble de l'épisode offre de belles promesses, confirmées par la bande-annonce du prochain épisode.


NOTE : 7/10