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20/02/2011

(Pilote UK) Bedlam : les fantômes ne suffisent pas

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Le genre fantastique a retrouvé le chemin de mes programmes téléphagiques ces dernières semaines. Des plus anciennes, Being Human, aux plus récentes, The Almighty Johnsons. Elles remplissent largement mon quota vital d'étrangetés surnaturelle. Si bien qu'en lançant le pilote de Bedlam, pour une fois, je n'avais pas d'attente particulière, si ce n'est satisfaire ma curiosité compulsive.

Face à cette nouvelle série, diffusée sur Sky Living depuis le 7 février 2010, qui se proposait de ressusciter des fantômes, j'avais un instant craint de retrouver une réminescence du genre horrifique dont je ne me suis toujours pas pleinement remise, suite à l'expérience aussi fascinante que traumatique constituée par Coma. Mais Bedlam se situe à des années lumières de sa consoeur sud-coréenne. Une héritière de Hex alors ? Même pas. C'est vainement qu'on cherchera une identité dans cette fade redite de fables surnaturelles.

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Question fantômes et traitement du fantastique, on ne peut pas dire que Bedlam innove ou prenne le moindre risque. Le cadre choisi est un cas d'école pour tout apprenti scénariste : un ancien asile à l'intérieur duquel se déroulèrent des faits fort peu recommandables et auxquels nombre de patients ne survécurent pas. Contraint de fermer ses portes lorsque certains abus furent rendus publics, le bâtiment ne quitta cependant pas le patrimoine familial des Bettany. Or voici que, des années après, ces derniers envisagent de transformer l'immeuble en en faisant un vaste complexe immobilier rentable. Le projet est lancé, même si la perspective de venir s'installer dans une ancienne et grande demeure sombre - décor caricatural de film d'horreur - qui abrita sa part de morts violentes, ne semble pas non plus constituer des arguments très vendeurs auprès de locataires potentiels.

C'est par le retour mouvementé du cousin - adopté - prodigue que l'épisode va nous introduire dans ce milieu. Jed Harper vient tout juste d'être habilité à quitter... l'hôpital psychiatrique où il était soigné pour des hallucinations récurrentes, le jeune homme ayant la capacité de voir des fantômes. Prévenu du danger que court Kate Bettany, qui gère le projet sous la tutelle de son père, le jeune homme s'impose donc dans le quotidien de sa cousine et de ses colocataires. Une présence peu amicale a semble-t-il été réveillée récemment dans les murs de leur appartement. Serait-ce dû à cette vieille bague retrouvée lors des travaux effectués dans une aile de l'ancien asile ? Est-ce lié à la mort violente par noyade du frère de Ryan il y a un an ? Mais apaiser les morts sans - si possible - y laisser la vie, voilà la mission compliquée que semble s'être fixé Jed.

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Sans avoir besoin de révolutionner le genre ou de proposer des intrigues ambitieuses, de Supernatural à Hex, il y a deux choses qui apparaissent fondamentales dans une série qui investit le surnaturel : l'atmosphère qu'elle va créer et ses personnages. Deux exigences minimales face auxquelles Bedlam échoue d'emblée, sans laisser entrevoir de potentiel permettant d'espérer une amélioration pour la suite.

Comment peut-on choisir un cadre si emblématique - aussi suranné soit-il - qu'est cet asile dont les murs extérieurs paraissent déjà inquiétants, et ne l'exploiter qu'incidemment, par quelques facilités scénaristiques ? La série laisse un téléspectateur frustré devant sa poignée de plans pseudo-inquiétants malhabiles, accompagnés d'une mise en scène minimaliste et sans imagination, proposant une présence presque famélique de fantômes. Une impression que la dernière scène s'attache pourtant à démentir, en laissant entrevoir l'ampleur d'un phénomène, sans doute plus complexe aussi, qui touche cet asile... Mais jamais la série n'exploite cette dimension, enchaînant les images d'Epinal sans réussir à esquisser le début d'une ambiance qui, à défaut d'inquiétante, serait au moins frissonnante.

Bedlam, c'est une série sans âme, ou plutôt qui a vendu son âme, et dont chaque scène est un rappel que faire une série, ce n'est pas seulement empiler les stéréotypes et les dialogues convenus. La construction brouillonne, cédant à toutes les facilités possibles et imaginables (l'alerte donnée par le téléphone portable étant un peu le symbole de la démission scénaristique générale), empêche de s'investir dans une histoire où les enjeux sont imposés de manière presque trop ostentatoire pour que l'on puisse ne serait-ce qu'essayer de s'investir. Cette faiblesse narrative n'est malheureusement pas compensée par des personnages qui sonnent surtout très creux. Construire une fiction en partant de stéréotypes, c'est une chose. Mettre en scène, sans la moindre distance, des caricatures d'une prévisibilité confondante, dont on s'attache en plus à désamorcer tout possible mystère ou prise d'épaisseur, c'est vraiment tester la patience du téléspectateur. 

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Ce manque de parti pris et d'identité se ressent fortement sur la forme. Bedlam propose une photographie plutôt soignée, mais la réalisation manque d'inspiration. Ce n'est pas une question de budget, c'est un problème d'ambition. Les images défilent sans que jamais le réalisateur ne songe à imposer sa marque. C'est d'autant plus dommageable pour une fiction de ce genre, qui entend jouer sur une fibre surnaturelle et donc sur une ambiance que tous ces plans excessivement convenus achèvent de désamorcer.

Enfin, pour finir de convaincre le téléspectateur de ne plus zapper sur Sky Living à l'avenir, le casting sombre avec la série. Je veux bien admettre que les acteurs ne disposent pas d'un matériel de base permettant de se mettre en valeur, mais on ne peut pas dire qu'ils se sentent particulièrement impliqués non plus. Les prestations vont du médiocre au passable. On y croise notamment Theo James (Kemal Pamuk dans Downton Abbey cet automne), Charlotte Salt (Wildfire, The Tudors), Hugo Speer (Bleak House, Five Days), Will Young ou encore Ashley Madekwe (Secret Diary of a call-girl).

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Bilan : Prompte à verser dans tous les stéréotypes du genre, Bedlam réunit les caractéristiques d'une série qui va rapidement agacer et pour laquelle on n'a aucune envie de faire preuve de mansuétude : une prévisibilité crispante, une tendance à la caricature facile et une absence d'ambition criante. Ce fantastique platonique, avec ces ficelles grossières et la démission scénaristique qu'il implique, exaspère mais ne divertit pas. C'est une fiction qui n'est que prétexte pour surfer sur un genre particulier dont on sait qu'il dispose d'un public. Une tentative à oublier. 


NOTE : 3,75/10


La bande-annonce de la série :


19/02/2011

[TV Meme] Day 25. A show you plan on watching (old or new).

Par définition, voici le jour du TV Meme qui donne des sueurs froides au téléphage consciencieux. Le moment de dresser une liste de toutes ces séries si nombreuses qu'il n'a pas encore vues, mais qu'il rêve de pouvoir caser dans ses programmes surchargés et qui n'attendent au final qu'une fenêtre de temps libre pour se glisser jusqu'à son petit écran. Si le choix est compliqué, c'est un jour du TV Meme presque facile parce que ce sont des projets qui flottent toujours dans un coin de notre tête, le passionné ayant naturellement tendance à éditer et, surtout, ajouter à cette liste de nouvelles séries sur lesquelles il lit ou dont il entend parler chaque semaine. C'est un cercle vicieux inhérent à la sériephilie et qui se divise en deux grandes catégories de visionnages : les "rattrapages" et les "nouveautés".


Commençons donc par la première : toutes ces séries dont nous sommes passés à côté au moment de la diffusion, et qui depuis nous narguent et nous appellent. En début d'année, je m'étais fixée quelques résolutions utopiques pour 2011. C'est ainsi que j'avais établi un tableau de mes priorités à rattraper au cours des 12 mois à venir. J'avais plus ou moins arbitrairement sélectionné une série par pays considéré. Une série dont je n'ai jamais vu un seul épisode, mais qui a attiré mon attention, pour des raisons diverses : que ce soient par les échos que j'ai pu en avoir, la place qu'elle occupe dans le monde de la télévision, ou encore pour les noms qui y sont associés. Cela donnait le résultat suivant :

En Angleterre - Lark Rise to Candleford : Un period drama anglais que je n'ai pas vu ? Une anomalie à corriger.
En Australie - The Circuit : Un legal drama aux frontières aborigènes en faveur duquel certaines personnes ont fait tant de prosélytisme que je suis prête à m'y lancer les yeux fermés.
En Corée du Sud - Winter Sonata : Je sais que ce n'est pas mon genre de fiction (le mélodrama). Mais pour ce que cette série représente au sein des k-dramas, ainsi que pour son casting (cependant, ce sera quand j'aurais retrouvé le coeur de revoir Park Yong Ha dans mon petit écran).
Aux Etats-Unis - In Treatment : Une série dont le concept la place un peu à part et qui m'a toujours profondément intrigué.
En France - Un village français : La reconstitution de l'occupation sous la Seconde Guerre Mondiale. Le seul pitch de départ suffit à me vendre à la série. Je me demande toujours où j'étais quand la première saison a été diffusée.
Au Japon - Last Friends : On m'en a tellement parlé lorsque j'ai visionné Sunao Ni Narenakuta l'an dernier.
A Taiwan - Black & White : Ce devait être mon premier tw-drama, il va bien falloir se lancer. 

A ce jour, j'ai commencé le visionnage d'une seule de ces séries : Un village français. J'en suis actuellement à la saison 2 et je l'apprécie de plus en plus, tant pour la reconstitution proposée que pour les personnalités qui portent le récit. J'aurais sans doute l'occasion d'en reparler quand j'aurais achevé la saison 3.

Cependant, dans toute cette liste (qui se complète d'un certain nombre d'autres séries), je pense que celle dans laquelle je souhaiterais m'investir en priorité, ce serait In Treatment. Cela fait déjà quelques temps que j'ai acheté la saison 1 en DVD. Elle est encore à ce jour emballée dans son plastique d'origine. Plus qu'une question de temps libre, je crois qu'il existe des séries que l'on ne se sent prêt à regarder que si certaines conditions très particulières sont réunies. In Treatment me semble de celles-là, d'après ce que j'ai pu en lire. J'ai très envie de savoir et de prendre le temps de l'apprécier. Vivement donc... euh... Le déclic !

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A côté des rattrapages, la deuxième grande catégorie de séries pour lesquelles il va falloir faire une place dans les plannings, ce sont les nouveautés à venir. Parmi celles attendues pour 2011, voici les quelques pistes que je surveille :

En Angleterre - Silk : Un legal drama écrit par Peter Moffat avec Rupert Penry-Jones... Ai-je vraiment besoin de développer ?
En Corée du Sud - Crime Squad : Je devrais sans doute être vaccinée des tentatives de cop-shows coréens, mais je ne peux pas rester sur le seul souvenir de A man called God concernant Song Il Gook. Et les promos ont achevé d'aiguiser ma curiosité.
Aux Etats-Unis - Game of Thrones : De la fantasy. Sur HBO. Adaptant une des grandes sagas littéraires de la dernière décennie.
En France - Les Beaux Mecs : Grâce à la promo du Village, et parce que j'ai essayé de citer une série qui n'est pas historique juste pour voir si j'en étais capable.
Au Japon - Nankyoku Tairiku : Je ne suis pas assez l'actualité pour savoir ce que les prochains mois nous réserve, mais j'ai vu passer l'annonce du casting de Kimura Takuya pour ce drama prévu pour l'automne prochain
. S'il a retenu mon attention, c'est que l'histoire vraie dont cette série est tirée est celle qui fut à la base du premier film japonais que j'ai vu de ma vie (Antarctica). Je serai donc curieuse de suivre ce projet s'il voit le jour !

Parmi toutes ces séries, celle dont j'attends le plus, c'est sans doute Game of Thrones. Il y a la place de faire quelque chose de vraiment intéressant et de différent par rapport à ce que la télévision propose actuellement. Et surtout c'est une histoire qui correspond parfaitement à mes goûts. Je suis non seulement une grande lectrice de fantasy, mais aussi une grande fan des livres d'origine, donc... Je vais croiser les doigts !


Une bande-annone de Game of Thrones :


En conclusion, les esprits chagrins noteront que je me retrouve avec deux séries diffusées sur une même chaîne... Cela tend encore une fois à prouver deux choses. Tout d'abord, la promotion américaine reste celle dans laquelle je baigne le plus et qui demeure la plus influente pour attiser les curiosités, ne serait-ce que par les réseaux sociaux que je fréquente. De plus, on peut dire ce qu'on veut sur les âges d'or et autres des chaînes US, et couvrir de louanges certaines (à juste titre)... Mais mes goûts n'ont manifestement pas suivi la tendance et semblent toujours rester (bloqués?) fidèles à HBO.

17/02/2011

(US) Justified, saison 2 : immuable Kentucky

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En ce début d'année 2011, les séries américaines ont (un peu) réinvesti mon petit écran. Oh, j'ai bien conscience que ce phénomène n'est qu'une illusion. Car c'est un chapitre de ma vie téléphagique US qui s'achève. La belle aventure humaine qu'a constitué Friday Night Light s'est terminée tout récemment. Je savoure avec une lenteur calculée chaque visionnage d'un nouvel épisode de Big Love, sachant qu'il s'agit de la toute dernière ligne droite. Heureusement, je trouve quand même quelques séries américaines encore jeunes. Et ce mercredi 9 février 2011, c'était mon marshall favori du petit écran qui signait un retour remarqué : débutait en effet sur FX la deuxième saison de Justified.

Perfectible certes, mais avec un charme et une identité propres qui séduisaient, telle était l'impression que m'avait laissée la première saison. Comme une bouffée téléphagique d'air frais, ce season premiere m'a rappelé tout l'attachement que j'éprouve pour l'ambiance confusément anachronique qui règne dans cette fiction. Je pourrais dire que je suis la première surprise de constater que les recettes investies par Justified marchent si bien sur moi, mais il y a quand même une certaine logique. Je ne suis pas loin de penser qu'on pourrait décalquer géographiquement les séries américaines susceptibles de me plaire : surtout installer l'action loin de ces côtes surannées (Est comme Ouest), loin des grandes villes (Treme étant à la fois une confirmation et une exception)...

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Ce season premiere s'inscrit dans la droite ligne de l'esprit de la série. Il s'ouvre directement sur la suite de la fusillade fatale qui avait conclu la saison 1, conséquence explosive des inimitiés que Raylan est toujours si prompt à se créer. Décidé à solder une fois pour toute ses comptes avec la Floride et ce passé qui le poursuit en mettant en danger ses proches, notre héros en interrompra même la quête de vengeance de Boyd pour débarquer chez le commanditaire de tous ses récents maux avec ce fameux aplomb teinté d'une diffuse arrogance nonchalante dont il est coutumier. A Miami, tout se règlera d'une manière aussi expéditive qu'efficace, le temps d'un pré-générique qui constitue la chute finale du fil rouge qui aura marqué la première saison. Choisissant de ne pas s'appesantir outre mesure sur une histoire qui a déjà été très exploitée et a connu son lot de rebondissements, Justified préfère donc refermer sans tarder ce chapitre pour mieux se lancer dans une nouvelle saison qui s'annonce sous des auspices très similaires à la précédente, et tout aussi intrigants.

Si Raylan retourne dans son cher Kentucky natal avec lequel il entretient des rapports si ambivalents, il le fait cette fois volontairement, refusant la proposition d'être réintégré dans son job de Floride. La signalisation des agissements suspects d'un délinquant sexuel va être l'occasion d'échapper au supplice d'une paperasse qui n'en finit plus, tout en offrant l'opportunité de replonger dans ce Sud profond qui fait l'identité de la série, ces bourgs reculés dans lesquels il faut avoir grandi pour vraiment comprendre les ressorts qui les animent et les font vivre. Rondement menée, avec son lot de jeu de pistes, ponctué par un soubresaut de suspense, l'enquête sert surtout de prétexte pour introduire un autre clan familial prospérant en marge de la loi, les Bennett, régis par une matriarche qui va d'emblée s'imposer, avec un style propre, comme un adversaire plein de potentiel. Certes, comme les Crowder la saison passée, ce sont de vieilles connaissances de Raylan, dans cet arrière-pays où tout le monde se connaît. Mais c'est de façon bien moins ostentatoire et plus subtile, une sorte de poigne de fer dans un faux gant de velours, que Martindale régente son petit monde. Pour autant, la fin de l'épisode nous informe qu'elle n'en est pas moins impitoyable. Un twist parfait pour retenir l'attention et la curiosité du téléspectateur.

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Avec ce retour, la série capitalise donc sur ses atouts, s'inscrivant dans une certaine routine narrative où le téléspectateur retrouve immédiatement ses marques. Pour moi, le charme de Justified réside avant tout dans l'atmosphère atypique qui s'en dégage. C'est une série se construisant et se nourrissant des ambivalences qu'elle sait parfaitement mettre en scène. Quoi de plus fascinant que le plongeon qu'elle permet dans ce Kentucky profond qui donne parfois l'impression d'évoluer déconnecté du reste du pays, presque hors du temps, apparaissant comme un coin reculé chérissant plus que tout une indépendance anarchique face une société moderne qui ne semble pouvoir l'atteindre. Quoi de plus attrayant et d'étonnamment savoureux que ce mélange de codes scénaristiques qui n'innovent pas mais forment un cocktail détonnant, entre western et fiction contemporaine, saupoudré d'une pincée de cop show universel. La force de Justified est de parvenir à se réapproprier des traditions télévisuelles du petit écran américain que d'aucuns jugeraient d'un autre âge, tout en les dépoussiérant et les remettant au goût du genre par le jeu d'un anachronisme qui en devient finalement rafraîchissant. Tout en sachant conserver une certaine distance d'où n'est pas absente une pointe d'autodérision, Justified donne parfois l'impression d'avoir le goût d'un classique sans en avoir l'âge.

De plus, si le concept s'épanouit de manière aussi convaincante, il le doit aussi à la dimension humaine que la série cultive avec soin. Elle n'a pas son pareil pour prendre le temps de construire, en quelques scènes clés, la personnalité des criminels, même si ces derniers ne sont de passage que pour un bref épisode. On a rarement, voire jamais, l'impression d'être face à des protagonistes déshumanisés et interchangeables dans Justified. C'est pourquoi elle renvoie l'impression si agréable et satisfaisante d'une oeuvre réellement finalisée, loin du pré-formatage mécanisé d'autres fictions du genre. Et puis, en pivôt central, il y a bien sûr le personnage de Raylan. Alors même qu'il aurait pu si aisément glisser dans la caricature facile d'une figure rigoriste à la gâchette facile, il s'insère au contraire parfaitement dans la tonalité générale de la série, symbolisant justement l'ambiguïté de ce Kentucky, jouant sur une assurance théâtrale, jamais prise en défaut, que permet de contrebalancer une décontractation qui confine parfois à la fausse nonchalence. Ne commettant jamais l'erreur de se prendre trop au sérieux, Timothy Olyphant excelle dans ce genre de rôle.

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Bilan : Justified est une de ces séries d'ambiance que l'on retrouve toujours avec plaisir. Savoureusement anachronique, c'est une fiction moderne qui s'inscrit dans les grandes traditions du petit écran américain, tout en sachant conserver une tonalité quelque peu décalée qui lui permet de trouver le juste équilibre et de se bâtir une identité propre. Elle n'innove pas, mais le mélange qu'elle propose aboutit à un résultat aussi dépaysant que fascinant. Certes, on pourra sans doute lui reprocher un certain manque d'homogénéité dans ces saisons qui prennent leur temps pour réellement démarrer, construites pour aller crescendo. Mais en ce qui me concerne, je reste définitivement sous le charme.


NOTE : 7,5/10


Un teaser de cette saison 2 (sans spoiler) :


Le générique de la série :


16/02/2011

(HK-Drama / Pilote) 7 Days in Life : mise en quarantaine animée pour une comédie humaine pimentée

 

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Un mercredi asiatique un peu spécial aujourd'hui. C'est vers de nouvelles contrées que m'ont conduite mes explorations téléphagiques de la semaine. Ce billet marque donc une étape supplémentaire dans le tour d'Asie de My Télé is Rich : après la Corée du Sud, le Japon, Taiwan et la Chine, voici donc l'arrivée de séries en provenance de... Hong Kong ! Qu'il ait fallu attendre plus d'un an de rendez-vous asiatiques hebdomadaires avant d'aborder les hk-dramas peut sembler assez étonnant. Car même si je les surveille peu et si je ne me tourne pas forcément vers eux par réflexe, je me suis lancée très tôt dans ce petit écran, il y a déjà 4/5 ans. J'avoue que jusqu'à présent, il n'y a jamais eu de véritables coups de foudre et cela dépasse rarement le stade de la curiosité téléphagique. Mais je teste quand même toujours une poignée de pilotes chaque année.

En fait, si on devait résumer ma relation avec la télévision de Hong Kong, je dirais qu'elle est assez biaisée. J'ai l'impression d'avoir surtout touché à deux grands types de séries : les cop show (qui semblent quand même globalement très très appréciés là-bas) d'une part et les historiques d'autre part. Concernant le premier genre, le dernier hk-pilote que j'avais vu en 2010 était un rip-off peu convaincant de Lie to me, du nom de Every Move You Make. En revanche, j'avais mieux apprécié le dernier historique, datant lui de 2009, Rosy Business. Certes, vous allez m'objecter que ce genre me ferait m'installer devant les télévisions de la plupart des pays du monde (ce en quoi vous n'auriez peut-être pas tout à fait tort). Reste qu'à côté, je n'avais pas trouvé de séries contemporaines me donnant vraiment envie de m'y investir.

Et si je vous parle aujourd'hui de 7 Days in Life pour inaugurer cette nouvelle télévision, vous vous en doutez, c'est que ce week-end, il semblerait qu'un hk-drama moderne ait enfin réussi à retenir mon intérêt. Peut-être aussi parce que, pour une fois, j'ai eu la bonne idée de choisir une série qui n'était pas un simple cop show.

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7 Days in Life est une comédie - voire une dramédie - qui est actuellement diffusée du lundi au vendredi sur la chaîne TVB Jade, et ce depuis le 24 janvier 2011. Elle devrait comprendre en tout 20 épisodes. Si la thématique est classique, cette série trouve son inspiration dans un fait divers ayant eu lieu en mai 2009 : la découverte du premier cas d'une personne porteur du virus H1N1 à Hong Kong avait en effet entraîné la mise en quarantaine de l'hôtel où elle séjournait, l'immeuble et ses occupants ayant été coupés du monde pendant sept jours. C'est évidemment dans ce confinement forcé, huis clos bariolé réunissant des personnes qui n'auraient a priori rien de commun, que réside l'attrait du concept sur lequel repose 7 Days in Life.

Jouant sur un convaincant registre choral que lui permet une telle base, le drama profite du premier épisode pour nous introduire ses principaux protagonistes, nous présentant les raisons diverses qui vont les amener à franchir les portes du si bien nommé Wonderful (!) Hotel. Mêlant les styles, la série s'ouvre tout d'abord sur un faux air de policier, avec le personnage de Chiu Chin-lung, un officier doué mais très forte tête. Le kidnapping d'un enfant pour obtenir une rançon confortable de la part du père va ainsi servir de premier fil rouge. L'enchaînement des circonstances aidant, kidnappeur et policier se retrouvent finalement l'un et l'autre coincés dans ce fameux hôtel. Par ailleurs, une importante exposition de bijoux a également attiré sur place joailliers fortunés et... voleurs forts bien renseignés. En duo de choc efficace, Calvin Yik Cho-on et Christy Wang Ka-yu forment un couple d'escrocs de haut vol à la recherche d'un superbe diamant faisant partie de l'exposition.

C'est au final une galerie extrêmement bigarrée de personnages très divers que l'on croise dans cet hôtel, permettant d'offrir au drama une assise humaine des plus riches, leurs différences promettant de pimenter ce confinement prolongé. D'autant que chacun semble aussi tenir à sa vie privée, cultivant un certain secret autour de ses véritables motivations, de la jeune journaliste qui aspire à être reconnue à la prostituée, en passant par le vieux couple dont le mari professeur souffre de la maladie d'Alzheimer, ou encore la top-model.

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Si les premiers épisodes de 7 Days in Life retiennent aisément l'attention du téléspectateur, ils le doivent tout d'abord à la tonalité adoptée. Derrière la pointe de suspense qu'occasionnent certaines intrigues comme l'organisation du vol ou encore le soupçon d'enquête policière lié au kidnapping, ce drama s'impose surtout comme une comédie capitalisant et exploitant pleinement une ambiance aux accents vaudevillesques très entraînants. Portée par une légèreté rythmée parfaitement calibrée, la narration, extrêmement dynamique, permet de passer sans transition d'une storyline à l'autre, cernant tous les protagonistes et les enjeux divers qui vont finalement se trouver rassemblés dans cet hôtel. Investissant un registre plutôt décalé qui confine parfois à l'absurde, mais sans jamais trop en faire, la série n'hésite pas à manier un burlesque de circonstances, accompagné de mises en scène promptes aux qui pro quos et à certains running-gags. Ainsi lancé, le récit va rapidement trouver son équilbre en développant en parallèle une intéressante exploitation de sa dimension humaine.

Série chorale, 7 Days in Life bénéficie en effet d'une diversité de protagonistes dotés de personnalités affirmées, dont elle va esquisser des portrait hauts en couleurs. Elle va évidemment prendre un malin plaisir à jouer sur les clash inhérents à la promiscuité créée par la mise en quarantaine (et orchestrée jusque dans les chambres qui doivent être partagées), mais elle s'assure aussi de pimenter le tout en saupoudrant l'ensemble de méfiance et soupçons (justifiés), chacun s'attachant à dissimuler ses véritables objectifs. S'ils ne sont jamais loin de stéréotypes familiers (du kidnappeur confusément gaffeur - le plus improbable qui soit - jusqu'au voleur ambivalent et mystérieux), la dynamique globale fonctionne bien. Car non seulement elle permet de jouer sur un registre humoristique léger et plaisant, mais elle s'assure aussi de toucher une dimension plus affective : l'air de rien, le téléspectateur se surprend à s'attacher à ces personnages, ou du moins à s'intéresser sincèrement à leur sort. Si bien que 7 Days in Life apparaît comme un divertissement assez homogène et dans l'ensemble maîtrisé.

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Bénéficiant d'une dynamique entraînante sur le fond, la série ne ménage pas ses efforts pour essayer de retranscrire cette ambiance sur la forme. C'est ainsi que sa réalisation n'hésite pas à verser dans quelques effets de style, décalés mais pas inappropriés, telles des mini avances rapides permettant d'accentuer le burlesque de certaines scènes. De plus, la bande-son joue également son rôle pour entretenir cette tonalité : des petites musiques légères rythment en effet les différents passages, s'insérant parfaitement dans la narration. Globalement, cela permet au drama de renvoyer une impression de fraîcheur agréable à suivre.

Enfin, 7 Days in Life dispose d'un casting globalement solide qui comporte quelques têtes d'affiche du petit écran de Hong Kong. Steven Ma (Where the Legend begins, Steps) incarne ainsi un voleur de charme, efficacement secondé par une Sonija Kwok (Where the Legend begins, D.I.E., The Conquest) toute en charme. Tandis que Bosco Wong (Devil's Disciples, Every Move You Make) retrouve un rôle de policier au fort caractère qui lui va bien. A leurs côtés, on croise notamment Patrick Tang (The King of Snooker), Koni Lui, Yuen Wah, Joyce Cheng (Off Pedder) ou encore Mimi Lo.

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Bilan : Ses débuts l'imposant comme un divertissement grand public, 7 Days in Life apparaît, sous ses airs pimentés de vaudeville made in Hong Kong, comme une comédie très humaine, à la fois piquante et attachante. Son rythme de narration, volatile et rythmé, se révèle des plus plaisants à suivre, lui permettant de pleinement exploiter une dimension chorale prometteuse, mise en valeur par la diversité des protagonistes que l'on y croise. Et si on pourra sans doute lui reprocher quelques inégalités dans la narration (notamment en raison d'une tendance à introduire certains flash-backs à partir de l'épisode 2), globalement, le cocktail s'avère être assez détonnant, porté par une forme d'enthousiasme communicatif auquel le téléspectateur reste difficilement insensible.


NOTE : 6/10


Une présentation de la série :

12/02/2011

[TV Meme] Day 24. Best quote.

On ne le répète peut-être pas assez, mais le petit écran est un art mis au service des mots. Sa force, c'est la manière dont il exploite, comprend et appréhende leur poids. Ce n'est pas pour rien si le téléphage repèrera rapidement les noms de ses scénaristes fétiches, ces magiciens du verbe qu'il suivra avec attention. Les phrases marquantes, les séries en recèlent. C'est ce qui fait leur identité. C'est pour cela que ce jour du TV Meme apparaît si dur à trancher.

Parmi ces phrases, il y a bien sûr ces grands discours inspirés, abordant des thématiques fortes qui nous peuvent toucher sur un plan autant émotionnel qu'intellectuel. Des séries comme The West Wing, Babylon 5 ou Battlestar Galactica, par les thèmes qu'elles traitent, ont excellé dans cet exercice. Poussée à son extrême, cette logique nous conduit d'ailleurs tout droit dans les prétoires, où des legal dramas ont su offrir des monologues fascinants et inspirants, portés par l'éloquence de leurs interprètes et la justesse des plaidoiries ciselées des scénaristes, parmi lesquels le maître en la matière demeure pour moi David E. Kelley. Combien de fois me suis-je laissée entraîner et submerger par les conclusions d'Alan Shore (Boston Legal), dans une série qui su repousser à leur maximum toutes les limites de cette capacité tribunitienne du petit écran ?

A côté de ces plus longs discours, il y a toutes ces répliques cultes qui doivent tout à la personnalité de celui qui les prononce. Tous ces House-ism qui nous ont fait jubiler devant notre petit écran, nous laissant savourer les perles tranchantes des vérités  du Docteur House (House MD), resteront assurément dans la mémoire téléphagique. Et puis, il y a aussi ces phrases qui vont claquer comme un slogan, dont la brièveté et la répétition va permettre de les graver dans nos têtes. Ces quelques mots demeurent alors comme un symbole irrémédiablement associé à l'identité de la série. C'est un cri de ralliement comme aucun autre. Une série comme Doctor Who en est, par exemple, truffée du fameux "Allons-y Alonso" au dernier "Bow ties are cool" (saison 5). Parfois, la confusion avec le slogan est complète, comme dans Friday Night Lights qui continuera longtemps de faire résonner dans nos esprits son "Clear eyes. Full hearts. Can't lose". Cela peut même être extrêmement minimaliste, mais saura tout autant marquer le téléspectateur. Un petit "Nobuta power... Chunyuu !" (accompagné du petit signe de la main !) me fait toujours fondre en repensant à ma première rencontre avec Nobuta wo Produce.


Nobuta power ! Chunyuu ! (Nobuta wo produce)


Tout ça pour dire qu'il y aurait des milliers de répliques appropriées pour ce jour, qui seraient légitimes pour des dizaines de raisons différentes. Parce que c'est justement le rôle et la fonction des séries de nous marquer par ses mots.

Finalement, au milieu de ces choix multiples, celle sur laquelle je me suis arrêtée, je l'ai choisie pour sa simplicité. Parce qu'elle n'est qu'une anecdote, mais qu'elle capture un personnage et pose une ambiance. Je l'ai choisie pour ce qu'elle représente, la rencontre au cours du pilote de la série avec un personnage, véritable pivôt de la série. Je l'ai choisie pour ce sourire plein de tendresse qu'elle me procure quand je revois dans ma tête John Spencer prononcer ces mots. Voyez-y tout à la fois une pointe de nostalgie et un modeste hommage. Sans doute était-ce à ce moment-là du pilote que j'ai su que The West Wing serait pour moi une série à part.

"17 across. Yes, 17 across is wrong... You're spelling his name wrong... What's my name ? My name doesn't matter. I am just an ordinary citizen who relies on the Times crossword for stimulation. And I'm telling you that I met the man twice. And I recommended a pre-emptive Exocet missile strike against his air force, so I think I know how..."

(Leo McGarry au téléphone avec un journaliste du New York Times au sujet de l'orthographe d'un nom propre des mots croisés de l'édition du jour - The West Wing)

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"They hang up on me every time."