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29/12/2009

(UK) Bonus : Doctor Who Confidential, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 1


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Je prends rarement le temps de regarder les Confidential de Doctor Who lors de la première diffusion télévisée. On les trouve (en partie) dans les coffrets DVD UK (ne parlons pas de sujet qui fâche, n'évoquons pas la question des "DVD" de la série sortis -ou en suspend- en France). J'aime donc à les garder inédits jusqu'à cet investissement, pour pouvoir découvrir pour la première fois tous les bonus dont les éditions DVD britanniques  de la série regorgent. Par conséquent, c'est plutôt au cours d'un second visionnage que l'envie me prendra d'aller explorer l'envers du décor et les coulisses du tournage de tel ou tel épisode.

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Cependant, pour ce double épisode de Noël, qui va marquer le tournant que l'on sait, j'ai fait une exception, de façon à passer une pleine soirée complète de deux heures devant Doctor Who. Après tout, c'est la dernière fois que l'on va voir David Tennant et Russell T. Davies monologuer devant les caméras en décryptant l'épisode et partageant leurs impressions. Et je suis une téléphage sentimentale, prompte à verser dans la nostalgie.

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Pour ceux qui ne les ont jamais regardés, sachez que les Confidential nous font passer de l'autre côté de la caméra, offrant au téléspectateur un aperçu du tournage de chacun des épisodes. Ils nous expliquent la façon dont a été réalisée telle ou telle scène spécifique, ils nous démystifient les effets spéciaux utilisés, Russell T. Davies, David Tennant et d'autres membres de l'équipe exposent leur vision de l'épisode, et nous avons généralement droit à des rappels de la mythologie de la série, avec des références aux premiers Docteurs et à l'histoire de l'univers who-esque ; une perspective plutôt intéressante pour qui n'est pas trop familier (comme moi) avec le Doctor Who pré-2005.

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Dans le Confidential de cette première partie, on découvre notamment comment ils ont tourné la scène d'enlèvement du Master en hélicoptère... sans hélicoptère, pour respecter les limites de leur budget (comme ce fut déjà le cas lors de la saison 1, pour l'épisode Aliens of London). On s'amuse avec les heures de maquillage pour filmer les shimmers (si à propos rebaptisés les "cactus" selon Wilf). On se dit aussi que John Simm a dû bien s'amuser quand on le voit enchaîner les dizaines de prises devant un fond vert, dans des habits les plus divers, pour assurer à l'écran la transformation de la race humaine en Masters.

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Sur un plan plus "historique", on s'intéresse également à la relation particulière qui unit les deux ennemis intimes que sont le Docteur et le Master, avec des images de leurs diverses confrontations à travers les saisons passées de la première série. Est mis en avant le certain respect qui s'est installé entre ces adversaires.

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Et surtout Russell T. Davies revient sur sa conception de la race des Time Lords. Il universalise le constat bien connu de Montesquieu, selon lequel "c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser", présentant ainsi une grande civilisation au bout du compte pervertie par la toute-puissance qu'elle a si longtemps détenue. C'est l'occasion d'évoquer les problèmes passés du Docteur avec son propre peuple, en rappelant leur passif comprenant les deux procès qu'ils lui ont intentés, le premier aboutissant notamment à la condamnation du Docteur à une regénération forcée.

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Enfin, ce Confidential permet de croiser quelques guests de l'épisode, notamment la dynamique Sinead Keenan (actuellement dans Being Human) qui y joue une shimmer. Il lui faut surtout beaucoup de patience pour pouvoir tourner ses quelques scènes : deux heures et demie passées au maquillage afin de se transformer en alien.

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Un extrait de la seconde partie de l'épisode The End of Time (diffusion le 1er janvier 2010) :


28/12/2009

(UK) Doctor Who, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 1


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Russell T. Davies ne nous a pas habitué à faire dans la sobriété en écrivant les épisodes de fin de saison. Je m'attendais donc à un condensé explosif et intense, pour ce double épisode signant la sortie du showrunner qui a ressuscité Doctor Who, ainsi que de David Tennant. Autant dire que nous sommes servis, car il s'agit d'un épisode dans le plus typique style de Russell T. Davies, avec ses atouts, mais aussi ses faiblesses structurelles récurrentes. Le plus souvent, face à de tels partis pris, on adhère complètement ou pas du tout. Bref, on aime ou on déteste, sans juste milieu. Mais pour ma part, plus de 48 heures après le visionnage de cette première partie, je suis encore incapable de trancher. Ces quelques lignes ne vont donc constituer qu'une première esquisse du réel bilan que l'on sera à même de tirer une fois la seconde partie de l'épisode visionnée.

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Cette première partie d'épisode témoigne d'un foisonnement d'idées impressionnant, souvent désordonné mais porté par un dynamisme communicatif. Convoqué par des Oods assaillis de cauchemars et de visions d'évènements en marche sur notre planète au XXIe siècle, le Docteur, toujours perturbé par les récents évènements de Mars notamment, met quelques temps à leur répondre. Dans le même temps, sur Terre, tous les habitants font les mêmes cauchemars chaque nuit. Mais tous oublient le lendemain le contenu de leurs nuits agitées. Tous sauf Wilf, le père de Donna, conscient de l'imminence d'une catastrophe et qui sait déjà que seul le docteur pourrait sauver la situation.

Globalement, cette première partie de The End of Time souffre tout d'abord de son format. En effet, il est manifeste que ce double épisode a été écrit pour être visionné d'une traite. La coupure arbitraire et artificielle en deux parties de la BBC n'avait pas été prise en compte dans la construction du scénario, si bien qu'au lieu d'avoir une période d'exposition d'une durée classique de quelques minutes, cette dernière prend bien plus de temps, en somme proportionnelle à la durée totale de The End of Time. En résulte un long début manquant de rythme et traînant quelque peu en longueur ; un épisode absolument pas fait pour être jugé indépendamment de sa suite.

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Le Docteur subit les évènements plus qu'il ne les provoque ou canalise dans cet épisode, arrivant trop tard pour empêcher la résurrection du Master... toujours interprété par John Simm. Les scénaristes ont imaginé une étrange histoire mêlant culte, société secrète et rituel magique, pour permettre au Master de revenir sans regénération. Autant dire que ces premières scènes, décalées même pour l'univers who-esque et qui évoquent au téléspectateur l'épisode de la saison 3 avec Shakespeare qui mettait en scène des "sorcières",  ne figurent pas parmi mes préférées. Elles constituent avant tout un prétexte à vite oublier pour ramener l'ennemi intime du Docteur toujours incarné par un vis-à-vis parfait à David Tennant.

Plus globalement, c'est l'ensemble de ce qui tourne autour du Master qui verse dans une surenchère pas toujours maîtrisée. Dès le départ, les scénaristes choisissent d'accentuer toujours plus la folie du Time Lord. John Simm délivre une excellente prestation dans ce rôle instable de personnage incontrôlable et excessif, marqué par une insanité dérangeante toujours plus profonde. Même si ses "festins" m'ont quelque peu pesé sur l'estomac (sans doute était-ce dû à la coïncidence des repas des fêtes), l'aspect qui m'a paru le plus contestable réside dans les étranges "super-pouvoirs" dont le Master se voit affubler. Sauter à des centaines de mètres de hauteur, lancer des éclairs avec ses mains... sont peut-être des effets de sa résurrection interrompue, mais nous n'avons aucune explication et cela me paraît complètement hors de propos dans l'univers de Doctor Who. Hormis permettre à ceux qui sont en charge des effets spéciaux de s'amuser, je ne trouve pas de justification à cette étrange mise en scène : inutile pour accentuer la dramatisation, elle est surtout perturbante pour le téléspectateur rationnel.

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En dépit de ces éléments, les premières confrontations entre le Docteur et le Master vont offrir une scène sortant du lot, un instant d'étrange compréhension mutuelle, où, pour la première fois, un Docteur effrayé entend le fameux roulement constant qui est la source de la folie du Master. Quatre coups qui se répètent à l'infini, plus intenses que jamais. Peuvent-ils avoir une origine réelle ? Ne pas être simplement une manifestation de la maladie du Time Lord ? "He will knock four times" avait dit le Ood ayant annoncé sa mort prochaine au Docteur.

Par ailleurs, on trouve dans cet épisode d'autres scènes particulièrement magistrales, à commencer par celle qui est sans doute une des plus émouvantes et marquantes que nous est offerte la série : celle de l'échange avec Wilf, au café, qui voit la carapace de protection du Docteur brièvement se fissurer sous le regard plus qu'inquiet du père de Donna. David Tennant délivre ici une de ces plus impressionnantes prestations. Pour le téléspectateur également, voir le Docteur craquer et tenter maladroitement de se reprendre occasionne un brusque pincement de coeur et génère une empathie profonde avec ce personnage qui parle déjà si directement de sa mort. Ce passage d'une intensité émotionnelle rare mérite de rester gravé dans les annales de la série.

L'épisode entier est d'ailleurs placé sous une importante symbolique, regorgeant de références et de petits détails qui ne font que souligner plus avant l'importance et la portée quasi-mythique de l'histoire qui nous est contée. Ce ton est d'ailleurs parfaitement illustré dès la première scène de Wilf entrant dans une église, avec le Tardis du Docteur représenté sur un vitrail.

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Parallèlement, sur le fond, Russel T. Davies décide de repousser toujours plus loin les limites du concept de la série, versant dans une surenchère qui s'auto-nourrit. La brève introduction peu travaillée d'un riche père de famille et sa fille, tellement clichés qu'ils prêteraient probablement à sourire à un deuxième ou troisième degré de lecture, sert de prétexte pour replacer le Master en position de force. Ces deux pseudos "méchants", avant tout inconscients, ont récupéré une machine capable de guérir l'ensemble des êtres vivants sur des planètes entières. Leur motivation n'est pas originale : ils sont en quête d'immortalité. Ils réussissent à mettre la main sur le Master et lui font réparer et reprogrammer la machine... Double inconscience qui va être fatale non seulement à eux, mais surtout à la race humaine dans son intégralité : le Time Lord a modifié la machine de façon à "guérir" les humains en les changeant... en Masters. L'épisode se termine ainsi sur la transformation de l'ensemble des habitants de la Terre en milliards de Masters. La race humaine n'est plus ; et le Docteur se retrouve confronté à un ennemi démultiplié. Ce développement peut être perçu comme un nouveau palier franchi dans la folie du Master, manifestation concrète d'une schizophrénie étourdissante.

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Mais cela ne constitue pas encore le point culminant de la conclusion de l'épisode, où se poursuit une escalade des cliffhangers, offrant des dernières minutes à couper le souffle. Tandis que Donna, qui ne s'est pas transformée en Master, tout comme son grand-père, doit faire face à ses souvenirs qui reviennent brusquement, l'heure se termine sur l'introduction de celui dont la voix nous narrait l'histoire depuis le début : un Timothy Dalton, dont la présence rayonne de charisme, qui se tient devant l'assemblée d'une civilisation oubliée que l'on croyait perdue, les Time Lords. Des Seigneurs du Temps qui ne sont manifestement pas animés d'intentions pacifiques et dont le téléspectateur ne sait trop quoi penser, trop occupé à fixer interdit son petit écran, en jubilant intérieurement devant les possibilités et les ramifications incroyables qui s'ouvrent soudain devant lui face à une telle nouvelle. Nous n'avons pour l'instant aucune explication sur leur retour et son origine (est-ce lié à ce que vient de faire le Master ?). Mais la question effleure à peine le téléspectateur qui, pour le moment savoure, encore sous le coup de l'effet d'annonce, reste juste bluffé et trépignant d'impatience en songeant qu'il va falloir patienter une semaine pour avoir la suite.

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And so it came to pass, on Christmas Day, that the human race did cease to exist. But even then, the Master had no concept of his greater role in events for this was far more than humanity's end. This day was the day upon which the whole of creation would change forever. This was the day the Time Lords returned. For Gallifrey ! For victory ! For the end of time itself !

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Bilan : Cette première partie laisse donc une impression mitigée, avec des instants absolument jubilatoires, et d'autres trop excessifs pour être réellement appréciés. Face à cet ensemble foisonnant d'idées désordonnées, mêlant intuitions originales, réelles bonnes idées et scènes qui laissent perplexes, je reste sur la réserve. Dans tous ses excès, l'épisode s'inscrit pleinement dans le style caractéristique de Russell T. Davies, sorte de respect final rendu par le showrunner à la série qu'il a ressuscitée. On ressent à chaque instant, à travers la symbolique extrême sur-utilisée, le fait que nous nous situons à la fin d'un cycle ; Doctor Who tel que nous l'avons connu va se terminer. C'est un autre chapitre, avec des protagonistes entièrement nouveaux, qui va s'ouvrir avec 2010.

Il faut attendre la seconde partie pour savoir si la sortie de David Tennant sera à la hauteur de ce qu'il a apporté à la série au cours des dernières années ; car ce premier épisode servait avant tout de mise en bouche. Il a posé l'ambiance et les enjeux de cette dernière histoire, il reste à espérer que la suite lui permettra de prendre toute sa dimension.


NOTE : En attente de la seconde partie.


La bande-annonce de la seconde partie :

(Diffusion le 1er janvier 2010 sur BBC1)

21/11/2009

(UK) Doctor Who, 2009 Special : 'The End of Time' preview

Hier, était diffusée sur la BBC la traditionnelle soirée caritative consacrée aux Children in Need.
Comme l'an passé, elle fut l'occasion pour la chaîne de dévoiler un extrait de la première partie de l'épisode de Noël de Doctor Who, The end of Time (épisode très attendu pour lequel les fans constituent déjà consciencieusement leur stock de mouchoirs).

Les premières minutes de l'épisode ont ainsi été proposées aux téléspectateurs de la chaîne anglaise. Les voici en session de rattrapage (à savourer, car il reste devant nous un interminable mois d'attente) :


18/11/2009

(UK) Doctor Who, 2009 Special : The Waters of Mars

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Avant-dernier épisode spécial de l'année de disette que constitua 2009, The Waters of Mars est également l'avant-dernier épisode de David Tennant, en incarnation du 10ème Docteur. Son voyage dans le temps et l'espace devrait s'achever lors de l'épisode de Noël, en fin d'année (ce qui promet des fêtes réjouissantes, préparez vos mouchoirs !), après lequel il passera le flambeau à un jeune acteur ayant encore tout à prouver, Matt Smith. L'année 2010 sera celle des bouleversements, puisque outre un duo d'acteurs principaux entièrement nouveau, la série changera également de showrunner : Steven Moffat prendra les commandes, remplaçant Russel T. Davies.

Une page de Doctor Who nouvelle version s'apprête donc à se tourner en cette fin 2009. Et cet épisode de novembre nous y amène tout droit, suivant la tradition des special de ces dernières années de la série : une intrigue classique de sauvetage, un Docteur aux émotions toujours aussi intenses, et un déroulement d'ensemble du scénario pas toujours bien dosé qui se ponctue par un final partant un peu dans tous les sens (dans le plus pur style de Russell T. Davies, si j'ose dire).

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Pour cet avant-dernier voyage, le Docteur débarque sur Mars en 2059. Il y rencontre une équipe d'astronautes installée dans une base coloniale. Mais il ne s'agit pas de n'importe quelle mission : c'est la première expédition terrestre de ce genre envoyée sur une autre planète. Passé l'excitation des premiers instants, où le Docteur s'amuse, en véritable groupie, honoré de rencontrer les pionniers qui ouvrirent la voie des étoiles à l'humanité, les choses se compliquent lorsqu'il comprend quel jour il est arrivé : le 21 novembre. Car si cette mission fut fondatrice, son souvenir longtemps conservé par les humains, elle eut aussi une destinée tragique. L'autodestruction nucléaire de cette base Bowie One fut actionnée... le 21 novembre 2059.

Le Docteur se trouve alors face à un dilemme, quelque peu semblable à celui rencontré à Pompei (saison 4), aventure amère qu'il évoque d'ailleurs spontanément. La destruction de la base et la mort de ses occupants, et plus précisémment d'Adélaïde Brooke, la commandante, est un point fixe dans les lignes fluctuantes du Temps. Un évènement fondateur sur lequel repose tout le futur dans les étoiles de la race humaine. La petite-fille d'Adélaïde, inspirée par le souvenir de sa grand-mère, insufflera de nouvelles ambitions à cette quête et poursuivra l'exploration vers les étoiles. Si l'on peut imaginer que, même sans cette destinée familiale, la race humaine aurait quand même suivi cette voie, il s'agit cependant d'un chaînon de l'histoire de l'humanité qui ne peut être changé, sans que le futur ne soit, par conséquent, modifié considérablement. Les ramifications et les enjeux sont trop importants pour pouvoir tout bouleverser impunément.

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Durant les deux premiers tiers de l'épisode, le Docteur agit comme on le connaît. Souffrant de ne pouvoir intervenir, mais parfaitement conscient des enjeux, ne songeant donc qu'à quitter la base, abandonnant ses occupants au sort qui leur est destiné. Forcé par Adélaïde de rester pour découvrir ce qu'il se passe, il noue rapidement une complicité avec elle, admiratif et charmé par cette figure historique qui l'a toujours fasciné. Sachant qu'il s'agit de son dernier jour de vie, il se montre même un peu moins énigmatique que d'habitude, évoquant de façon de moins en moins cryptique l'issue fatale que va connaître cette journée. Cette première partie d'épisode est classique. La façon dont le Docteur observe cet équipage si vivant, constituant une belle galerie de personnages très différents, et qu'il sait condamné, m'a particulièrement touchée. Empreinte de cette douleur inhérente à sa position de Time Lord, on ressent parfaitement le conflit qui se joue en lui.

La raison l'emporte dans un premier temps. Le Docteur laissant finalement les survivants sans se retourner. Mais assister à ce spectacle de vies humaines gâchées sera trop difficile pour lui. Il a alors une réaction, certes, a priori pleine d'humanité, cette compassion unique dont il sait faire preuve à l'égard de toute créature vivante. Il revient et opère un sauvetage assez folklorique des trois derniers membres encore en vie, dont Adélaïde, les ramenant sur Terre grâce au Tardis. Mais cette attitude dérape rapidement, versant dans l'arrogance propre aux Time Lords, qui nous rappelle ces moments où le masque de bonté du Docteur se fissure pour laisser apparaître la puissance et le danger de cet extraterrestre. Car, c'est le Temps lui-même, le futur, qu'il s'arroge le droit de bouleverser en prenant la décision de sauver Adélaïde. Et c'est un Docteur transformé, inconnu, qui se drape d'un air triomphal quand il constate qu'il a réussi, qu'il a vaincu le destin. Le voir ainsi agir presque out-of-character, c'est aussi une brutale piqûre de rappel pour le téléspectateur. La série a déjà évoqué cette nécessité pour le Docteur de ne pas voyager seul ; le besoin d'avoir une assistante n'est pas simplement un remède provisoire contre la solitude, c'est surtout la présence d'une personne qui pourra le canaliser, le retenir au besoin, afin de l'empêcher de franchir certaines limites. Limites qu'il franchit allègrement dans cet épisode. Comme si le fait de voyager actuellement seul le rapprochait encore plus de sa nature de Time Lord.

Cet évènement est aussi présenté comme une forme de dernier soubresaut avant la fin. Aucune ambiguïté ne plane là-dessus. Pour l'épisode, l'Histoire se corrigera d'elle-même, car Adélaïde se suicidera dès qu'elle sera rentrée chez, écrasée par le poids des conséquences temporelles que le choix du Docteur fait peser sur sa vie sauvée. Mais, c'est aussi un autre cycle qui arrive à son terme : la vie du Docteur. La vision finale du Ood donnerait presque l'impression que Ten l'attend comme une délivrance, avant que d'autres dérapages n'aient lieu. Une conclusion somme toute plus sombre que la normale de la série.

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Bilan : Un épisode de Doctor Who globalement très classique dans sa construction (dans ses atouts, comme dans ses faiblesses typiques d'une aventure écrite par Russell T. Davies), qui bénéficie de la présence d'une fascinante Lindsay Duncan (Rome) en vis-à-vis parfaite pour David Tennant dont le personnage passe par tous les états au fil du récit. Mais c'est aussi un épisode assez étrange dans son dernier tiers. Le Docteur y franchit des limites qu'il n'aurait pas remises en cause en d'autres circonstances. L'impression d'arriver en bout de course pèse sur toute cette partie.
Car la conclusion ne laisse place à aucun doute : l'heure de l'accomplissement de la prédiction finale est arrivée : "Il frappera quatre coups"... Nous sommes arrivés à The End of Time. Pour la téléspectatrice que je suis, cela risque d'être plutôt un moment de deuil.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de l'épisode spécial de Noël :


02/11/2009

(UK) Doctor Who : une ode à l'humanisme

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Armée de mon prosélytisme téléphagique toujours à l'oeuvre, je me suis employée, hier soir, à convertir un nouvel adepte à Doctor Who, en initiant un ami à la série (sous le prétexte fallacieux de tester l'écran de ma nouvelle télévision - écran qui est quand même vachement mieux que l'ancien ! soit dit en passant...). N'ayant pas la saison 1 sous la main, nous avons commencé par le premier épisode de la saison 2 -donc, directement avec David Tennant. Dans le cadre futuriste de New New York, cet épisode, sous des apparences léger, où Rose et le docteur flirtent allègrement -et plus si innocemment- dans une forme de béatitude, suite à la regénération du Docteur dans le Christmas episode précédent (entre la saison 1 et la saison 2), contient pourtant toute l'essence de la série.

Y transparaît cette ambivalence si particulière qui fait l'originalité et la force de Doctor Who, capable de toucher la sensibilité du téléspectateur avec une simplicité regénérante. L'ambiguïté de la série s'illustre en effet parfaitement à travers la double conclusion de l'épisode.

D'une part, on y retrouve retranscrit ce si fort attachement du Docteur à l'Humanité, dans lequel se mêle un optimisme enthousiaste communicatif. C'est la motivation première du personnage et quelque peu sa raison d'être qui s'expriment. L'happy end final, où il parvient à guérir tous les malades créés par les nonnes, aussi facile scénaristiquement parlant qu'il puisse paraître, se savoure pourtant devant l'écran, tel un bonheur presque naïf, mais si sincère. D'autant plus qu'il s'accompagne d'un discours euphorique du Docteur sur l'apparition d'une nouvelle sous-espèce et d'une humanité constamment en évolution.

D'autre part, la fin de Cassandra touche l'autre versant de la série, également perceptible à travers la discussion avec la Face of Boe. Celui du Temps auquel personne ne peut échapper ; de cette vie qui file et se dilue sous son emprise. L'isolement du Docteur n'en est que plus mis en exergue. Il est le "wanderer" : celui qui erre, point fixe, dans un Univers qui évolue par lui-même, en constante expansion, en incessants changements. Cette immutabilité, même si elle n'est qu'une apparence, tranche avec son environnement, rappelant incidemment au téléspectateur que même Rose, en dépit de leur relation si fusionnelle actuellement, n'y échappera pas. L'opportunité qu'il offre à Cassandra, de se revoir, une dernière fois, au temps où elle était encore elle-même, avec ses illusions, est un paradoxe temporel scénaristique, mais un geste de profonde humanité auquel le téléspectateur ne peut rester insensible.

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En cherchant à expliquer pourquoi j'adorais Doctor Who, c'est à ces fondamentaux que j'en suis revenue. Ce n'est pas la rigueur qualitative d'un scénario réaliste que j'y recherche. Les esprits cyniques et blasés pourront toujours ricaner et rester de marbre devant ce ton si particulier dans le paysage téléphagique actuel. Il reste que la force de la série, c'est une spontanéité, mêlée d'une folie douce. C'est une simplicité parfois désarmante, mais dans laquelle résonne une sincérité profonde. C'est une ambivalence, entre une foi optimiste dans le genre humain et un constant rappel de ses faiblesses, avec en toile de fond, ce précepte qu'il ne faut jamais oublier : rien ne dure et l'éternité ne s'applique pas à la vie.

Voilà pourquoi j'adore Doctor Who.


La BBC a d'ailleurs annoncé il y a quelques jours une date pour le prochain épisode spécial, The Waters of Mars. Ce sera le 15 novembre. La présence de David Tennant doit être savourée. En attendant, en voici un petit extrait :

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