Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 2 : The Beast Below

In bed above, we're deep asleep
While greater love lies further deep
This dream must end
This world must know

We all depend on the beast below.

dw502a.jpg

Mine de rien, une fois passée l'introduction effectuée lors du premier épisode, voici le téléspectateur presque aussi impatient que nos deux héros pour embarquer dans la première "vraie" aventure officielle d'Amy et Eleven. Conservant une tonalité assez innocente, en dépit d'un flirt avec la part la plus sombre de la nature de chacun, l'épisode s'attache avant tout - avec beaucoup d'entrain - à installer une dynamique au sein du nouveau duo qui se forme sous nos yeux : une présentation qui s'opère tant à destination du téléspectateur que pour chacun des deux personnages.

dw502b.jpg

Se baladant de façon insouciante dans les étoiles en profitant du cadre somptueux offert par le paysage, qui est toujours traité d'une façon restant très proche du merveilleux et du féérique - la vision présentée au téléspectateur semblant filtrée à travers les yeux d'Amy - , nos deux héros croisent la route du Starship UK. Qui n'est rien moins que la nation britannique en promenade dans l'espace ; ou plutôt en exil forcé de survie après que le soleil ait consummé la surface terrestre, la laissant inhabitable. La Grande-Bretagne a donc construit un gigantesque vaisseau, sorte de ville géante, pour survivre et partir en quête d'un nouveau foyer. Vue des étoiles, cette agglomération grise sur la coque de laquelle trône fièrement un drapeau britannique, a fière allure. Cependant, évidemment, les voyages à simple portée touristique n'existent pas dans l'univers du Docteur, le Tardis les conduisant invariablement dans des lieux où sa présence serait plus que la bienvenue.

C'est également le cas à bord du Starship UK. Sur quel mystère, quel non-dit, repose cette civilisation survivante ? Un secret se trouve en son coeur, fondation inavouable qui menace de l'étouffer et de détruire son âme-même. L'épisode progresse rapidement, fonctionnant sur des ficelles assez grosses qui pointent d'emblée vers l'étrange atmosphère qui règne à bord. De cette ambiance assez inquiétante, mais qui repose uniquement sur des suggestions, il en ressort surtout l'impression qu'il s'agit d'une intrigue de mise en route pour un Docteur désormais opérationnel. On prend le temps de découvrir comment le Time Lord raisonne, quels indices l'interpellent : c'est l'occasion pour Amy d'entrevoir la manière de fonctionner de son compagnon. Ce dernier reste toujours aussi dynamique, virevoltant et survolté, personnage entraînant aux côtés duquel la jeune écossaise impose progressivement un style et un caractère des plus affirmés.

dw502c.jpg

Là où l'épisode peut peut-être un peu décevoir, c'est dans l'ambition toute relative qui sous-tend son scénario. Il souhaite simplement proposer une aventure sans réelle conséquence, ayant principalement pour but de présenter la dynamique à venir entre ses deux personnages principaux. Une portée somme toute assez réduite qui correspond finalement à un début de nouvel ère, à un deuxième épisode d'une saison marquant un profond renouvellement...

L'intrigue de l'épisode donne l'impression de dérouler sans forcer, avec une certaine aisance qui s'apparente à un doux ronronnement pourtant conduit à un rythme élevé, mais sans véritablement marquer. Il s'agit d'une histoire aux ressorts très classiques. s'inscrivant dans la plus pure tradition de la série. Les thématiques abordées sont particulièrement connues, avec, en arrière-plan, le désir de revendiquer un héritage Who-esque qui est pleinement assumé. En toile de fond, l'enjeu demeure bien évidemment la survie de l'humanité, avec la problématique de ses rapports avec des extraterrestres, ou plutôt un alien en particulier. Mais ici, point d'invasion ou de victimes humaines, nous nous situons sur cet autre versant, plus redouté, celui du pan le plus sombre de la race humaine, également classique dans Doctor Who, dans lequel la fin est perçue comme justifiant les moyens : au coeur de cette histoire se trouve une interrogation sur les sacrifices moraux que l'humanité est prête à accomplir pour parvenir à survivre.

dw502d.jpg

Cependant la résolution du choix impossible posé au Docteur, finalement d'une simplicité presque trop déconcertante, amoindrit la portée d'un épisode à l'écriture innocente ou naîve, suivant la perspective du  téléspectateur. Si le but d'installation des personnages est atteint, le happy end, qui vient conclure cet épisode très (trop ?) calibré, pèche par son format : une succession d'évidences, énoncées à voix haute sans subtilité, venant précipiter, sans qu'on ait vraiment perçu initialement ce tournant, la consécration d'une compréhension mutuelle entre Amy et Eleven. En soudant ainsi les liens qui vont unir ce duo, cette histoire n'est pas aussi anecdotique que le désamorcement de crise accéléré qu'elle propose pourrait le faire penser, mais la conclusion garde un arrière-goût artificiel, qu'elle aurait pu s'éviter si l'écriture avait été plus fine.

En somme, cet épisode consacre la création d'une véritable équipe, complémentaire et où chacun est placé sur un pied d'égalité. Si cela s'opère d'une façon manquant singulièrement de naturel, au final, il délivre un récit plaisant, sans véritable autre conséquence : c'est une jolie histoire qui cadre bien avec l'idée d'un début de voyage où l'euphorie, portée par une forme d'inconscience, peut encore régner.

dw502e.jpg

Pour transposer à l'écran cette histoire, la force de l'épisode doit beaucoup à sa guest-star principale, qui impose une présence  particulièrement marquante à l'écran, Sophie Okonedo (Criminal Justice). Elle délivre en effet une performance très convaincante dans son rôle d'Altesse Royale, Elizabeth X, parvenant d'ailleurs en quelques brèves scènes à insuffler une force et une ambivalence à son personnage qui font leur effet sur le téléspectateur, ne pouvant rester indifférent au dilemme moral ainsi mis en exergue.

Du côté du casting principal, Matt Smith avait déjà assuré son intronisation en Docteur au cours du season premiere : de façon déjà presque routinière, il continue sur sa lancée, toujours prompt au théâtralisme, et dévoilant un personnage peut-être plus porté à se révéler, n'hésitant pas à se montrer sous un jour très tranchant et un brin plus sombre que sa précédente regénération. Le traitement un peu maladroit de l'intrigue ne permet pas d'apporter des réponses définitives sur Eleven, mais on perçoit, chevillé au coeur, tant l'existence de failles et de zones d'ombre que cette profonde affection pour le genre humain, constante immuable. Ayant surtout cultivé jusqu'à présent une certaine ambiguïté, j'attends de voir comment Matt Smith sera en mesure d'exposer les aspects les plus sombres du Docteur.

Karen Gillan doit, pour sa part, mener à bien sa première "vraie" aventure complète. Elle le fait avec beaucoup d'aplomb ; mais son personnage nous laisse encore un peu dans l'expectative, notamment en raison de ses hésitations, tel le secret qu'elle maintient autour de son mariage. Au fond, cet épisode constitue son intronisation à elle, s'affirmant vis-à-vis du Docteur. Cependant, elle semble n'avoir pas encore pleinement choisi sa façon d'être : entre sarcasme et émerveillement, entre impulsivité irréfléchie et pragmatisme très terre-à-terre (le choix qu'elle fait d'oublier pour ne pas imposer ce dilemme impossible au Docteur), elle navigue finalement à vue entre Amelia et Amy, entre la petite fille qui rêvait des étoiles et la jeune femme endurcie. Cela laisse place à l'interrogation ; nous verrons comment Karen Gillan saura jouer sur cette ambivalence dans laquelle elle investit pour le moment beaucoup d'énergie.

dw502f.jpg

Si l'épisode regorge de petits détails, plus ou moins utiles à l'intrigue, mais qui font aussi la différence et touchent le téléspectateur, les références anecdotiques marquantes dont l'épisode pullule ne sont pas des auto-références à l'univers Who-esque, mais plutôt un flirt continuel avec une trilogie cinématographique fondatrice de la science-fiction. En effet, le téléspectateur fronce les sourcils dès la première phrase tout droit extraite du recueil des citations cultes, au cours d'une scène où une jeune femme, qui se révèle être de sang royal, déclare au docteur : "Help us, Doctor. You're our only hope". Un attérissage dans la bouche d'un gigantesque extraterreste - d'où le Docteur parvient à les faire expulser - plus tard, le tout pour se conclure sur un final devant une baie vitrée offrant un spectacle étoilé grandiose, accompagnée de la transition en balayage d'une scène à l'autre dans la réalisation : il n'y a plus aucun doute sur l'oeuvre de SF que le scénariste avait à l'esprit lorsqu'il a écrit l'épisode : Star Wars.

Mais au fond, n'est-ce pas un hommage en parfaite adéquation avec la tonalité et la portée recherchée par cet épisode de Doctor Who : quelle oeuvre symbolise mieux que Star Wars l'exploitation de thèmes simples et fédérateurs, portée par un enthousiasme assez innocent ?

dw502g.jpg

Bilan : Ce deuxième épisode entend sceller l'installation du duo Eleven/Amy. Utilisant des thématiques très classiques de Doctor Who, s'en s'économiser une brève réflexion sur ce que l'humanité est prête à faire pour assurer sa survie, il présente une histoire assez simple où perce encore l'euphorie de l'ambiance des débuts de voyage. Laissant une impression au final un peu anecdotique, sa portée est amoindrie par une écriture d'une naîveté qui confine peut-être à la maladresse par moment. Cependant, l'aventure demeure plaisante et constitue une mise à bouche des plus entraînantes.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du prochain épisode (de l'immuable !) :


05/04/2010

(UK) Doctor Who Confidential, series 5, episode 1 : Call me the Doctor

dwcs5e1a.jpg

Pour faire un peu plus connaissance avec les nouveaux membres de l'équipe en ce début de saison 5, rien ne vaut un petit Doctor Who Confidential. Celui qui suit le premier épisode est opportunément nommé "Call me the Doctor". Outre assouvir mes envies de picspams (mais on n'a jamais trop de Docteur sur son blog, non ?) et nourrir une obsession qui prend des proportions chaque jour un peu plus envahissantes (bien revigorée par la qualité de ce premiere), c'est toujours intéressant de prendre le temps d'écouter quelle vision ceux qui sont en charge avaient pour l'histoire qu'ils ont mise en scène.

Ce n'est pas une note que je ferais pour chaque épisode de la saison, mais, pour aujourd'hui, profitons de ce jour férié pour aller se balader en coulisses.

(Rassurez-moi, je ne suis quand même pas la seule à prendre le temps d'ajouter 40 minutes de vidéo supplémentaire pour avoir ma dose hebdomadaire du Docteur ?)

dwcs5e1b.jpg

Rien que pour retrouver toute l'équipe en répétition, dans une ambiance détendue, plaisantant entre eux autour de la table de réunion, cela vaut le détour et fait démarrer ce Confidential dans une bonne humeur rapidement contagieuse pour le téléspectateur, encore sous le charme du premier épisode de la saison. Toute l'équipe se familiarise avec chacun des nouveaux membres, en répétant les premières scènes de l'épisode ; et nous découvrons Steven Moffat en chef d'orchestre, qui va donc être notre guide et le décrypteur de cette saison.

dwcs5e1c.jpg

Logiquement, le premier sujet évoqué va être le changement de Docteur, et plus précisément, l'intronisation de Matt Smith dans ce rôle. Donc, avant de s'intéresser au contenu de l'épisode, on nous propose le récit de la façon dont l'acteur a obtenu le rôle et ce que cela symbolise et signifie pour lui. De petites anecdotes assez fun, qui sont surtout l'occasion pour le téléspectateur d'adopter instantanément Matt Smith, avec un angle d'interview un peu plus personnel choisi à dessein.

dwcs5e1d.jpg

Steven Moffat vient également expliquer les raisons pour lesquelles Matt Smith était fait pour ce rôle : de sa façon d'être, naturellement, jusqu'à ses cheveux, tout collait au portrait-robot imaginé par le scénariste. A ce sujet, ce qui m'a marquée dans le premier épisode, c'est combien Matt Smith renvoyait parfaitement l'image d'ambivalence jeune/ancien recherchée ; c'était l'objectif annoncé, mais de ce point de vue, il est certain que, quoique les médias aient pu écrire dans les semaines suivant l'annonce, la jeunesse de l'acteur va constituer un atout pour construire son personnage dans ce registre très particulier propre à un Time Lord de près d'un millénaire.

dwcs5e1e.jpg

Dans une approche toujours assez personnelle, pour atteindre l'objectif "faisons adopter Matt Smith au téléspectateur" (alors même que, franchement, toute cette débauche de bons sentiments n'était pas nécessaire - je l'aime déjà cet acteur !), le Confidential nous fait rencontrer parents et grand-parent (!), qui y vont de leurs petites anecdotes sur la façon dont leur fils leur a appris la nouvelle, mais aussi sur le fait que l'on croise des personnes avec un degré de fan-attitude encore plus marquée que le mien dans les contrées anglaises !

dwcs5e1f.jpg

Une fois cette présentation faite, nous pouvons revenir à des choses plus sérieuses, avec le décryptage de l'épisode du jour. Steven Moffat insiste sur sa conception de la transition entre deux êtres (Ten et Eleven) qui restent bien une seule et même personne, tout en soulignant la symbolique de ce premier épisode, où Eleven se regénère quasiment jusqu'à la fin, tant physiquement que du point de vue de sa personnalité. C'est la confrontation finale avec les Atraxis et le choix du costume qui parachèvent le processus.

Outre ces précisions narratives, Adam Smith, le réalisateur, vient apporter son bagage technique, déconstruisant plusieurs scènes, tant en expliquant certains effets rendus par la caméra pour accentuer l'importance de moments clés, ou bien simplement en nous montrant la conception de certains montages, tels le passage où la caméra s'immisce dans la tête du Docteur pour repérer le détail qui cloche dans la scène où tout le monde prend en photo le soleil qui s'est obscurci.

dwcs5e1g.jpg
(*Fashion suicide* Non, je ne veux pas savoir d'où sortent les habits que porte Matt Smith dans ce passage.)

Le Confidential s'intéresse aussi aux autres grandes nouveautés de cette saison, à commencer par un nouveau Tardis, regénéré lui-aussi, à qui on a fait subir un lifting et redesign complets. Une fois encore, c'est le soin accordé aux détails de cette entière reconstruction qui frappe, tandis que le téléspectateur découvre le nouveau Tardis aux côtés de Matt Smith.

dwcs5e1h.jpg

Le premier grand changement est une question d'échelle. C'est encore plus "bigger on the inside" que précédemment, puisque sa superficie intérieure a été doublée par rapport à la précédente version. Encore une fois, les choses ont été vues en grand et c'est assez impressionnant. J'aime beaucoup le jeu de couleurs auquel ils sont parvenus, c'est très classe.

dwcs5e1i.jpg

Je parlais du soin accordé aux détails, il n'y a qu'à les voir couver le tableau de bord pour bien prendre conscience qu'on est face à des passionnés. De la machine à écrire intégrée jusqu'à toutes ces petites manettes qui ne demandent qu'à être actionnées, il y a eu une volonté de rendre l'ensemble plus animé, de façon à bien souligner le caractère vivant du Tardis. Et cela revèle plutôt bien réussi !

dwcs5e1j.jpg

Une fois toutes ces introductions faites, le Confidential revient un peu plus à la trame de l'épisode, reprenant le récit narratif, pour nous proposer une dernière présentation fondamentale : celle d'Amy/Amelia Pond.

dwcs5e1k.jpg

Karen Gillan nous explique son personnage, qu'elle semble avoir bien cerné, en appuyant bien sur son côté très déterminé et décidé. La petite fille qui chérissait sa part d'imaginaire est devenue une jeune femme endurcie par ses désillusions (causées par le Docteur), qui a appris à privilégier son indépendance et à ne dépendre de personne, armée d'une volonté de fer et d'un fort caractère pas toujours facile à gérer.

dwcs5e1l.jpg

Le Confidential consacre aussi quelques minutes à l'adorable Caitlin Blackwood, dont on apprend qu'il s'agissait du premier tournage auquel elle prenait part. Elle n'avait jamais joué devant une caméra auparavant ; si bien qu'elle n'avait ainsi qu'une seule consigne : être naturelle. Autant dire qu'elle réussit très bien dans ce registre de l'innocence touchant aux contes de fées.

dwcs5e1m.jpg

Enfin, le Confidential nous amène sur le tournage de quelques scènes en extérieur, à la rencontre aussi de l'acteur incarnant le petit ami d'Amy.

C'était apparemment très important de ne pas tourner à Londres pour ce premiere, la ville semble être devenue, au fil des saisons, le centre névralgique invariable des épisodes se déroulant à notre époque. Si bien que les scénaristes ont voulu très opportunément rompre avec ce schéma. D'où l'idée de partir s'exiler dans un petit village "typique" de l'Angleterre profonde, un cadre "pittoresque" grâce auquel nous aurons droit à quelques échanges extras au cours de l'épisode, avec un Docteur ne pouvant que constater que la seule chose que l'on trouve ici est un bureau de Poste... fermé... tandis qu'il aurait plutôt besoin d'une station nucléaire.

dwcs5e1o.jpg

Le dernier "suspense" du Confidential sera l'explosion du screwdriver de Ten, qui rend l'âme dans la main du nouveau Docteur. La préparation de la scène est assez anecdotique, mais permet de souligner la bonne ambiance qui règne sur le tournage. Matt Smith, au bord de l'hypothermie (se baladant en chemise, quand ses collègues supportent anorak et bouilloires), s'inquiète pour son pouce tandis que le spécialiste des effets spéciaux lui branche les fils nécessaires destinés à recréer l'explosion qui doit avoir lieu entre ses doigts.


Bref, Call me the Doctor est un Confidential très sympathique qui remplit pleinement son objectif premier : donner envie au téléspectateur d'adopter tout ce petit monde et ces nouvelles têtes qui nous sont présentées. Vivement la suite de ces aventures à l'écran comme en coulisses !

 

Petit aperçu de la suite avec le trailer des Doctor Who Confidential de cette saison 5, diffusé à la fin de ce Confidential :

04/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 1 : The Eleventh Hour

"All of time and space, everything that ever happened, or ever will...
Where do you want to start ?
Anywhere you want, any time you want."

dw501g.jpg

Quel beau week-end sériephile de Pâques ! Il aura tenu toutes ses promesses. Après le solide début de Ashes to Ashes, hier soir, c'était au tour du tant attendu nouveau Docteur de débarquer sur BBC1, avec un premier épisode des plus enthousiasmants qui m'a laissé un sourire jubilatoire skotché sur les lèvres pendant plusieurs heures. "A brand new Doctor", du générique d'ouverture (au sujet duquel je suis un peu mitigée) jusqu'au design d'intérieur du Tardis. Mais une chose est sûre : Steven Moffat, Matt Smith et toute la nouvelle équipe auront brillamment réussi leur examen de passage, laissant entrevoir sous un jour des plus optimistes la suite de cette cinquième saison.

dw501h.jpg

Le premier tournant à bien négocier pour les scénaristes était l'entrée en matière : parvenir à présenter et introduire rapidement auprès du téléspectateur le nouveau Docteur et son futur entourage destiné à l'accompagner au cours de la saison. Exploitant les décalages classiques des voyages temporels, c'est une rencontre, presque progressive et qui s'étale dans le temps, qui nous est proposée. Les premières scènes vont instantanément donner le ton à un épisode diablement dynamique, dans lequel on se laisse entraîner avec beaucoup de plaisir. Le premier contact entre Amelia Pond et le Docteur est des plus réussis, car il y touche l'imaginaire en jouant sur une innocence rafraîchissante. C'est la rencontre d'une fillette curieuse qui n'a pas froid aux yeux et d'un nouveau Docteur, encore en pleine euphorie de sa regénération et qui n'a pas parachevé sa transformation.

En plus d'inscrire l'épisode dans une tonalité très jubilatoire, ces premières scènes sont l'occasion pour Matt Smith d'imposer d'emblée son jeu et la façon dont il va incarner ce onzième Docteur. Entre maladresses de circonstances et une assurance frôlant l'arrogance qu'il arbore avec beaucoup d'aplomb, le téléspectateur ne doute pas un seul instant qu'il est bien face à une réincarnation du Docteur. Et quelle réincarnation ! Pleine de vie et d'énergie, virevoltant, avec une nouvelle personnalité clairement affirmée, et en même temps si reconnaissable, que Matt Smith s'approprie instantanément avec beaucoup de brio. Les tâtonnements culinaires dans la cuisine symbolisent, de la plus légère des façons, ce mélange indéfinissable d'éléments immuables, mais aussi d'étincelles propres à ce onzième docteur.

C'est une réussite parce que le téléspectateur ne pense pas un seul instant à dresser des comparaisons. Il intègre immédiatement cette donnée : Matt Smith EST le Docteur, il n'y a aucun place laissée au doute, aucune tergiversation. Il se laisse entraîner dans le tourbillon de sa présence sans la moindre hésitation, ni réticence.

dw501f.jpg

Une fois l'objectif de ce premier contact, parfaitement maîtrisé, atteint, l'histoire de l'épisode renoue avec la plus classique des aventures du Docteur. Lorsque, à bord de son Tardis en perdition, il se crasha dans le jardin d'Amelia Pond, quelque chose d'étrange était en train de se produire depuis plusieurs jours dans la chambre de la petite fille. Une faille, dans le mur, d'où provenait une voix mécanique inquiétante évoquant l'évasion d'un Prisonnier Zéro. Mais avec un Docteur loin de sa forme optimale, encore troublé par une regénération inachevée, et un Tardis en un plus mauvais état encore, la résolution de cette énigme allait prendre plus d'une décennie d'années humaines et faire frôler la fin du monde à la Terre. Car après avoir fait miroiter à Amelia la perspective des voyages à travers les étoiles et le temps, la féérie de cette rencontre tournera court : les cinq minutes d'absence promises, par un Docteur forcé de faire fonctionner un peu un Tardis en surchauffe, se transformèrent en douze années, au cours desquelles le problème ne fut pas fixé tandis qu'Amelia grandit.

La petite fille au nom tout droit tiré de contes de fée était devenue une jeune femme au caractère toujours aussi prononcé, lorsque le Docteur revint pour respecter sa promesse. Avec 12 années de retard. Les voyages temporels et ce déphasage qu'ils provoquent ont toujours été une constante complexe de l'univers de Doctor Who, et je trouve particulièrement intéressant ce choix d'avoir voulu faire expérimenter la frustration que cela peut générer chez les "simples mortels", à la future nouvelle assistante de ce dernier. Restait à régler le cas du prisonnier, avec des gardiens désormais aux portes de la Terre, prononçant un ultimatum apocalyptique, façon très Guide du Voyageur Galactique, dont nous sommes devenus familiers.

dw501e.jpg

L'importance de cette intrigue n'est pas sa finalité - on ne doute à aucun instant de la réussite du sauvetage de la planète - mais la façon dont le Docteur va mener cela à bien et le plaisir que l'on va prendre à ses côtés. Ce qui est au coeur de tout, c'est la genèse d'une nouvelle équipe, l'introduction d'un entourage avec lequel le téléspectateur va devoir également se familiariser. Encore une fois, c'est sans heurt et de manière très naturelle que tout s'emboîte et prend forme. L'objectif de l'aventure du jour est de poser les bases relationnelles qui vont constituer l'armature du reste de la saison. Et l'épisode y réussit fort bien, à commencer par l'instauration d'une dynamique des plus explosives entre le Docteur et une Amy qui ne s'en laisse pas compter, offrant de sacrées réparties et des échanges des plus énergiques avec le Time Lord.

En esquissant les contours de ces deux fortes personnalités, ce premier épisode promet beaucoup pour le futur. L'alchimie fonctionne entre ce duo de choc, très volontaire. Amy a déjà été suffisamment déçue par le Docteur - 4 psys et 14 ans d'attente au total avant de pénétrer, enfin, dans le Tardis - pour savoir prendre de la distance : elle est prête à toucher au rêve, mais elle ne sera pas submergée. De plus, les scénaristes ont la présence d'esprit de lui imposer un lien fort avec le présent et la Terre, puisque c'est la veille de son mariage qu'elle choisit d'accompagner le Docteur. En réalisant ce fantasme de petite fille, elle ne coupe pas pour autant les ponts avec sa vie "terrestre". En plus de constituer une opportunité narrative utile au cours de la saison, pour occasionner des retours sur Terre (avec un petit ami a priori déjà au courant de l'existence du Docteur, si le futur mari est bien l'infirmier avec lequel elle sortait deux ans auparavant), cela permettra aussi des aventures sans arrière-pensées trop prononcées entre nos deux personnages principaux.

dw501d.jpg

Si la dynamique prend bien et s'annonce très prometteuse entre Amy et le Docteur, l'épisode est également réusit car, tout en se tournant résolument vers le futur, il sait opèrer une transition dans la continuité de l'univers de Doctor Who. L'intronisation de Eleven, pour qui l'aventure du jour constitue finalement un baptême du feu, est menée de façon progressive et cohérente. Si bien qu'il est difficile de ne pas ressentir une pointe de jubilation mêlée de satisfaction devant les dernières scènes de confrontation concluant les intrigues. Avec un sens du théâtralisme, peut-être encore plus poussé que ses précédentes réincarnations, et une certaine arrogance propre aux Time Lords mais qu'il affiche avec pas mal de complaisance, Eleven scelle avec classe son arrivée, tant dans ses scènes contre le prisonnier que face aux Atraxi.

La forte symbolique contenue dans la dernière confrontation directe avec les Atraxi est particulièrement opportune. En même temps qu'il finalise son look personnel, imposant ainsi sa propre identité, il assume l'héritage de ses regénérations précédentes et revendique ses actions passées. Cette brève visualisation, proposée sur l'écran des Atraxi, des dix Docteurs qui ont auparavant protégé la Terre contre tant d'invasions et autres attaques extraterrestres est une forme d'adoubement : elle intronise Eleven comme leur successeur de la plus emblématique des manières.

dw501b.jpg

Enfin, un premier épisode de saison de Doctor Who ne saurait existé sans l'introduction, de façon la plus énigmatique et cryptique qui soit et sans la moindre subtilité, du fil rouge qui va guider la saison jusqu'au season finale. Cet épisode n'échappe pas à cette règle qui semble définitivement être rentrée dans les moeurs de la série. Le téléspectateur apprend ainsi que les craquelures dans le continuum espace-temps qui ont permis au Prisonnier Zéro de s'échapper ne sont pas de son fait ; et, avant d'être repris par les Atraxi, il a le temps de proposer au Docteur sa propre charade pour présenter le danger qui pointe cette fois à la porte de l'univers : "The universe is cracked. The Pandorica will open. Silence will fall." Il est rassurant de constater que certaines choses ne changent pas. "A brand new Doctor", mais toujours de fameux fils rouges présentées de façon assez unique !

L'épisode se conclut par un dernier retour du Docteur dans le jardin d'Amy, deux ans après avoir frôlé la fin du monde à cause des Atraxi. Ce dont Amy rêve depuis 14 ans va enfin pouvoir se produire. Mais, ironiquement, le Docteur revient la veille d'un des jours les plus importants de la vie de la jeune femme, un jour qui aurait sans doute refermé à jamais cette parenthèse de rêve qu'il avait lui-même ouverte il y a des années en rencontrant cette petite rousse curieuse qu'était Amelia Pond. Le lendemain est en effet programmé le mariage d'Amy. Même si elle ne partage pas cette information avec le Time Lord, ce dernier lui promet de la ramener de façon à ce qu'elle semble n'être jamais partie - la magie des voyages dans le temps.

Dans cette dernière scène, l'alchimie entre les deux personnages est des plus convaincantes ; et, surtout, elle se révèle à l'image de ce premier épisode, pleine d'un dynamisme et d'une forme d'optimisme contagieux : un appel attirant vers de nouvelles aventures, que le téléspectateur ne va pas hésiter un seul instant à suivre !

dw501a.jpg

Bilan : Il règne sur ce premier épisode une ambiance presque euphorisante assez jubilatoire qui introduit très efficacement cette saison 5. Aventure who-esque classique en guise de baptême du feu pour un nouveau Docteur, mais également présentation d'un nouvel entourage prometteur, l'épisode réussit pleinement à nous faire adopter, quasi-instantanément, ces nouveaux protagonistes, tout en posant de solides bases pleines de promesses pour la saison à venir. Matt Smith impose d'entrée sa présence : il EST le nouveau docteur, il n'y a pas l'ombre d'un doute. Sa relation avec sa nouvelle assistante démarre également sur d'excellentes fondations, Amy étant une femme de caractère qui a déjà goûté à l'aspect le plus frustrant d'une relation avec un voyageur dans le temps comme le Docteur. Tous les ingrédients sont donc solidement en place. Geronimoooo !


NOTE : 9/10


Une bande-annonce de la saison 5 diffusée à la fin de l'épisode :


Le nouveau générique de la série pour cette cinquième saison :

08/01/2010

(UK) Doctor Who Confidential, 2009 Christmas Special : Allons-y !


DWC3.jpg

La dernière fois que l'on se glisse dans les coulisses d'un épisode de Doctor Who aux côtés de David Tennant et de Russell T. Davies. Mine de rien, ça fait un petit pincement de coeur, même si je fais partie des optimistes, impatients de découvrir la nouvelle dynamique qui va s'installer pour la saison 5 de la série. Comme la review de l'épisode lui-même, j'ai pris le temps de faire quelques screen-captures, histoire de profiter et d'immortaliser dans ma mémoire ce long au revoir. Un Confidential plein de bonne humeur, mais empreint de la solennité de la page qui se tourne et que l'on ressent dans toutes les interventions.

DWC2.jpg

Le Confidential commence par nous expliquer la réalisation de LA scène légère de l'épisode, "the worst rescue ever" : le sauvetage plus ou moins maîtrisé, par les deux aliens "cactus" (il va falloir que je recherche leur nom à nouveau), du Docteur et de Wilf. Outre une course-poursuite dans les couloirs à une vitesse guère raisonnable, avec un Docteur toujours attaché au siège où le Maître l'avait emprisonné, la scène comprend surtout une descente d'escaliers qui n'est pas de tout repos.

DWC5.jpg

Si au cours de l'épisode, le Docteur exprime sa désapprobation contre un tel traitement, avec la force qu'on lui connaît, le téléspectateur peut être rassuré sur le sort de David Tennant, qui n'a pas eu à subir cette séance de 4x4 improvisé, en descendant les escaliers sur sa chaise, privée de tous amortisseurs. En effet, parmi les différents gadgets dont dispose l'équipe de tournage, figure un mannequin grandeur nature, copie conforme de... David Tennant. ("A bit weird" quand même, selon l'intéressé.) C'est donc cette courageuse -et solide- poupée qui se chargea de la "cascade" des escaliers.

Admirez vous-même son air de famille avec notre Docteur :

DWC6.jpg

Puis, le Confidential revient évidemment sur la participation exceptionnelle de Timothy Dalton, qu'ils sont allés chercher aux Etats-Unis, pour le convaincre d'incarner le Lord President des Time Lords. L'occasion de constater encore une fois à quel point Doctor Who est une institution télévisuelle pour tout britannique.

DWC7.jpg

Après, vient l'émotion avec la réalisation de la fameuse scène de la regénération de Ten en Eleven. Ce n'est pas la première à laquelle on assiste (et puis, il y a eu aussi celle du Master au cours de la saison 3). On n'insiste donc pas trop sur les détails techniques, qui ont déjà été exposés à plusieurs reprises. La clé étant que les deux acteurs se tiennent au même endroit lors des deux prises qui vont être jointes, pour ne constituer qu'un seul processus continu.

DWC9.jpg

L'occasion d'un premier contact avec un petit nouveau... Matt Smith. Concentré, stressé, mais pas trop, pour sa première scène pour laquelle la pression est énorme : quelques brèves secondes qui vont être décortiquées par les fans pendant des mois, en attendant la diffusion de la saison 5 au printemps. Il s'agit de reprendre le flambeau, à la fois fidèle à l'image du Docteur, mais déjà perçu comme une nouvelle incarnation.

Il est difficile de ne pas aimer Matt Smith ici, quand il fait l'intéressant devant la caméra du Confidential, tout en essayant de se détendre avant la prise clé :

DWC10.jpg
DWC11.jpg
DWC12.jpg

Enfin, on nous présente la scène que l'histoire who-esque retiendra comme la dernière filmée par David Tennant en tant que Doctor Who. Séquence émotionnelle s'il en est, du dernier jour de tournage d'un acteur qui travaillait sur ce plateau, avec toute l'équipe, depuis quatre ans.

Cette scène est celle de... la chute libre, lorsque le Docteur saute du vaisseau pour traverser la baie vitrée de la villa où la machine du Master ramène les Time Lords. Par conséquent, une scène pas trop compliquée, qui consite principalement à s'agiter dans tous les sens, suspendu au bout de câbles. Ce qu'il fallait pour cet instant chargé d'émotions.

DWC13.jpg
DWC14.jpg

Le tout se conclut sur un speech improvisé, pas très au point, mais où David Tennant fait le show, entre émotions et rires.

DWC15.jpg

Merci pour ces quatre années passées à faire vivre Doctor Who.


Ce sont la richesse et l'unicité de cette série d'être en mesure de constamment se renouveler. De nous laisser tant de souvenirs, de sentiments, différents... et de voir ainsi se succéder les aventures... Avec ce Confidential, se referme définitivement le chapitre "Ten". Les DVD aideront à faire son deuil. C'est une nouvelle page de Doctor Who qui s'apprête à être écrite dans quelques mois. Je l'attends avec impatience (et optimisme) !

(UK) Doctor Who, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 2


"This song is ending, but the story never ends."


Reviewer ce dernier épiode de David Tennant s'est avéré particulièrement difficile, même si une semaine s'est déjà écoulée depuis son visionnage. Lorsqu'un épisode s'inscrit en priorité dans le cadre de l'émotion, mon esprit de critique et d'analyse en oublie ses fondamentaux et le ressenti l'emporte sur la raison. C'est ce qui rend ensuite difficile la rédaction d'une review. Car si The End of Time a eu droit à un accueil globalement mitigé ; j'ai pleinement reçu (et subi) son aspect émotionnel et larmoyant. Oui, je suis une téléphage fleur bleue, doublée d'un coeur d'artichaut.

DW7.jpg

The End of Time, part. 2, reprend immédiatement où la première partie nous avait laissé. Nous donnant l'occasion d'entre-apercevoir un peu plus les Time Lords. Après le cliffhanger invraisemblable sur lequel nous nous étions quittés une semaine auparavant, il fallait bien nous proposer une explication sur la situation des Seigneurs du Temps. Une sorte de flashback nous ramène ainsi au temps de la dernière Time War, au moment où les Time Lords suivaient déjà une voie corrompue qu'il n'était plus possible d'accepter, au jour où Gallifrey s'apprêtait à tomber. Conscients que leur chute viendrait d'un des leurs, un renégat qui s'opposait à leurs projets, le Docteur, ils cherchèrent un moyen pour conserver un lien avec la vie et survivre. Si le téléspectateur impatient et excité se retrouve quelque peu frustré de cette brève mise en scène, ainsi que par cette explication lapidaire, elle remplit cependant sa fonction scénaristique principale : poser les enjeux de l'affrontement à venir.

DW6.jpg

Parallèlement, le Docteur, prisonnier, nous délivre des scènes d'une intense ambiguïté, pleine de cette étrange complicité qu'il a toujours manifestée à l'encontre du Master. Je n'ai pas toujours été amatrice des excès illustrant la folie de ce dernier, mais leurs dialogues sont absolument magistraux, dans ces quelques scènes, où le Docteur tente de le ramener à la raison, ne souhaitant, finalement, qu'une seule chose : parvenir à le sauver de lui-même, de ce tourbillon d'auto-destruction dans lequel il a engagé son sort, mais aussi celui de la Terre. John Simm est grandiose.

dw23.jpg

Heureusement pour le Docteur, les "Cactus" aliens opèrent un sauvetage, maladroit et teinté d'humour, qui tout en détendant un peu l'atmosphère pesante de l'épisode, où l'on ressent par anticipation le futur deuil, leur permet de s'échapper. Ils se téléportent, et se retrouvent coincés, sur un vaisseau en orbite autour de la Terre. Cet environnement en huis clos va surtout permettre au Docteur, de se poser une dernière fois, pour échanger quelques vérités, qui sonnent si justes, avec Wilf. Ce dernier s'impose de plus en plus comme une des figures majeures parmi les différents Compagnons du Docteur. Une figure qui se voit assigner un rôle plutôt rare, une fonction quasi-paternelle, qui place les deux amis sur un pied d'égalité, mais surtout qui est une source de réconfort et de stabilité à un moment où le Docteur en a sans doute plus que jamais besoin. Quelques-uns de ces dialogues, notamment l'échange où Wilf veut donner son revolver au Docteur, sont particulièrement émouvants...

DW8.jpg

Sur Terre, le Master veut désormais utiliser ses milliards d'individualités pour retracer ce fameux signal, tourment continuel dans sa tête. J'avoue ne pas trop avoir compris comment ce simple rythme, résonnant dans l'esprit d'un Time Lord, pourra les amener à se sauver de la boucle temporelle dans laquelle le Docteur les a emprisonnés. Mais c'est un postulat qu'il faut admettre, sans trop se poser de question. L'information selon laquelle ce sont les Time Lords qui pointent soudain, à nouveau, le bout de leur nez constitue le catalyseur pour précipiter l'épisode d'un premier tiers très contemplatif, à un passage tourné vers l'action. Car cette nouvelle glace le Docteur, et surtout, lui fait renouer avec le caractère impitoyable et déterminé qu'il montre dans le cadre de certaines situations désespérées. Le fait de se saisir du revolver que Wilf persistait à vouloir lui donner a, avant tout, une portée symbolique majeure, illustrant l'importance et l'impact des Time Lords, par rapport à n'importe quel autre ennemi du Docteur, les Daleks inclus. Une exception unique à ses principes.

DW9.jpg

Pour briser un peu la solennité du moment, qui pèse globalement sur un épisode où le téléspectateur se répète à l'envie "c'est le dernier avec Ten", nous sont offertes quelques scènes d'action, avec une descente vertigineuse dans l'atmosphère terrestre, pour finir par un saut en chute libre du Docteur, d'où émanent une urgence et un désespoir marquants. La confrontation avec les Time Lords est forte, mais sans doute trop brève, tant le téléspectateur aurait apprécié de savourer ces personnages hors du commun, conduit par un Timothy Dalton, imposant de charisme. La corruption et la perversion des Time Lords, conséquence de la dernière Time War, éclatent sous nos yeux. La prophétie annonçait un retour. Ce n'était pas le Master, mais bel et bien leur race avec leur planète, et toutes les dérives et extrémités auxquelles la guerre les avaient conduit. Car, peu avant que le Docteur ne les placent hors d'état de nuire, les Time Lords avaient établi un dernier plan léthal... Provoquer the end of time. Déchirer le vortex de l'espace/temps, précipitant toute la Création dans le néant, tandis que les Time Lords auraient fait... l'Ascension (thématique classique s'il en est, familière à tout amateur de science-fiction).

DW5.jpg

Le téléspectateur est frappé par le contraste entre la folie puérile, si infantile par moment, du Master et celle froide et détachée des Time Lords. D'autant que la cruauté du destin est encore une fois soulignée. Pour se sauver, alors que leur prédiction indiquait qu'il ne resterait que deux représentants de leur race une fois que le Docteur aurait agi, ils se sont tournés vers le second futur survivant, pour lui implanter de force un lien qui leur permettra, à terme, de revenir : la folie du Master est une création de ses propres congénères. Ce rythme de 4 coups symbolisait le battement des coeurs d'un Time Lord. La révélation change la perspective du téléspectateur sur ces personnages ; de symbolique méchant, le Master se transforme finalement en victime. Victime des machinations de ses dirigeants qui ont sacrifié tout son potentiel pour le faire sombrer et le réduire à cet état pathétique d'instabilité mentale. La boucle va être finalement bouclée, par l'alliance de fait, celle que le Docteur recherchait toujours auprès de lui, entre les deux Time Lords, contre le Lord President et tous ceux qui le suivent.

DW4.jpg
DW2.jpg

Essouflé et étourdi par tant d'intensité, le téléspectateur, comme le Docteur, restent interdits pas le spectacle de Time Lords qui sont renvoyés de là où ils venaient, avec Gallifrey. Et cela, alors qu'il reste encore un bon quart d'heure d'épisode, un dernier acte à jouer qui va résolument verser dans un larmoyant auquel chaque téléspectateur va être plus ou moins réceptif. En effet, avec empathie, nous allons assister à la succession d'émotions contradictoires qui vont assaillir tour à tour le Docteur. Il reste tout d'abord incrédule. Ecorché, mais bien vivant, une fois que le Master a renvoyé les Time Lords, en se sacrifiant par la même occasion. Pourrait-il vraiment survivre à cette aventure, alors même qu'il avait fini par accepter et se résigner à la prophétie des Oods ? Mais le destin sera finalement plus cruel. Ce n'est pas en combattant un ennemi bien identifié que le Docteur mourra. Soudain, quatre coups sur une vitre se font entendre. A la fois tellement insignifiants et qui veulent pourtant tout dire, scellant le sort du Time Lord. Wilf a dû rentrer dans une des salles de contrôle des appareils activés par le Master. La machine étant en surchauffe, ces salles vont être irradiées à un niveau mortel pour l'être vivant qui sera à l'intérieur. Or, il n'est possible de sortir d'une salle, que si quelqu'un d'autre rentre dans l'autre. Voici finalement le sacrifice volontaire que le Docteur va devoir faire. Pour sauver Wilf, il faudra prendre sa place, absorber les radiations, et donc mourir. Le monologue du Docteur à ce moment-là, chargé d'émotions conflictuelles, est particulièrement poignant. David Tennant aura rarement été aussi juste, avec un jeu si bien dosé, que dans les scènes d'introspection de ce double épisode, lorsqu'il laisse entre-apercevoir ses contradictions intérieures.

DW1.jpg
DW10.jpg
DW11.jpg
DW12.jpg
DW13.jpg
DW19.jpg
DW14.jpg

L'impression diffuse d'une forme d'injustice, à devoir se sacrifier pour un Compagnon, après que le grand combat ait été gagné, accroît l'intensité émotionnelle de la sortie. D'autant plus que Russell T. Davies, pourtant assez sobre tout au long de cette seconde partie, est décidé à faire durer ces adieux. Les dix dernières minutes font office de véritable conclusion, au revoir artificiel à l'ensemble de ce qui a fait Ten, et plus généralement, Doctor Who sous l'ère de ce showrunner. La symbolique de fin de cycle est exacerbée ; et c'est un peu trop pour le téléspectateur. Bien plus que lors du passage de Nine à Ten, nous avons ici l'étrange impression d'une conclusion. Alors même que le Docteur ne meurt pas, qu'il va se regénérer, Russell T. Davies a décidé de refermer un chapitre de l'histoire du Docteur. Etait-ce utile scénaristiquement de passer dire au revoir à tous ceux qui ont croisé la route du Docteur ces dernières saisons : de Martha et Mickey (désormais mariés ?!) jusqu'à Rose, en passant par Jack... Cela donne le sentiment de faire durer de façon artificielle des au revoir qui s'éternisent, pour exploiter la fibre larmoyante du moment. Certes, j'étais en larmes devant ma télévision. Mais j'aurais préféré un passage de relais plus sobre, où l'on aurait ressenti autant une certaine forme de continuité que la rupture, tandis que cette longue fin insiste surtout sur ce deuxième aspect.

DW16.jpg
DW20.jpg

Enfin, l'épisode se conclut sur la regénération en elle-même, qui va nous laisser un Tardis très secoué dans un triste état. Eleven apparaît dans une brève scène d'introduction, où Matt Smith fait... du David Tennant. Ou du moins du Ten, avec les mimiques de découverte de son nouveau corps. Il n'y a rien à interpréter de cette première introduction, finalement là pour assurer la continuité qui manquait à cette surcharge d'adieux qui lui avait précédé. Il va falloir laisser à la nouvelle équipe du temps et une chance de nous convaincre des orientations futures de la série. J'ai confiance en Steven Moffat. Je suis persuadée que Matt Smith a le potentiel pour faire du bon Docteur. Rendez-vous pour la saison 5 au printemps. Sur ce : Geronimoooo !

DW21.jpg
DW22.jpg

Bilan : Un épisode éprouvant, riche en références à l'univers développé par Russell T. Davies, auquel j'ai dans l'ensemble adhéré. Après une première partie très mitigée, j'avoue que je nourrissais des craintes importantes à l'égard de cette suite. Si les adieux de David Tennant n'auront pas été parfaits, ils furent poignants, intenses, et globalement plutôt sobres, en dépit de quelques glissements dans la deuxième partie de l'épisode. Agrémenté de plusieurs scènes d'introspection du Docteur, chargées d'émotions, il aura marqué les esprits à plus d'un titre.


NOTE : 7,5/10