17/02/2010
(UK) Being Human : series 2, episode 6
Avec ce sixième épisode, Being Human nous propose un des plus solides épisodes de la série, poursuivant de façon convaincante et cohérente le développement des personnages tout en posant les bases d'une confrontation finale avec l'organisation secrète, dont l'issue promet d'être dramatique.
Le flashback d'ouverture du jour nous renvoie dans le passé de l'homme en charge de cette chasse aux créatures surnaturelles, expliquant ses motivations de la plus classique des façons : une tragédie personnelle qu'il a transformée en croisade personnelle contre le Mal auquel il associe, en particulier, les vampires. L'épisode s'intéresse tout particulièrement aux rapports qu'il entretient avec Lucy. A ce titre, leurs échanges se révèlent particulièrement intéressants ; au-delà de la gestion des doutes de la jeune femme, l'homme n'apparaît plus comme une simple caricature. A travers plusieurs scènes plus nuancées qu'à l'accoutumée, les scénaristes nous rappellent que tout n'est qu'une question de perspective. En choisissant de l'humaniser en nous exposant le pourquoi de ses vues, ils parviennent à se détacher de l'image trop manichéenne de simple fanatique qu'ils s'étaient jusqu'à présent contentés de dépeindre. Si son opinion n'évoluera plus, si son extrêmisme ne laisse place à aucune hésitation, ses vues apparaissent cependant néanmoins cohérentes.
Le final de la saison se rapproche petit à petit, et la confrontation de l'organisation avec nos trois héros se rapproche irrémédiablement. Le tournant tragique que l'épisode prend donne une première indication de ce qui nous attend. Le dilemme moral auquel Lucy est confrontée est amené avec un tact bien dosé et une certaine finesse : le développement de la thématique sur les tentations du Malin demeurant un classique indémodable est ici très bien mis en scène. Les choix faits par la docteur lors des révélations de Mitchell sont remis en cause par sa conscience : peut-elle occulter les victimes passées pour un futur en pointillés où elle n'a aucune certitude qu'il ne replongera pas ? Elle se laisse peu à peu convaincre de la nécessité de ne pas dévier de ses plans, de ne pas se compromettre pour les vampires. C'est d'ailleurs en utilisant cet angle que l'ambiguïté de l'épisode prend toute sa force : bien plus que les fantômes, ou même que les loup-garous, les vampires constituent les créatures les plus portées naturellement vers le côté obscur. Celles pour lesquelles la défense est la plus difficile. Si bien que le téléspectateur comprend pleinement les dilemmes à l'oeuvre, peu importe qu'il apprécie certains vampires par ailleurs.
Les hésitations de Lucy la conduisent finalement à se rallier aux vues de son supérieur. Elle trahira Mitchell, en provoquant indirectement, et dévoilant ensuite, l'existence d'une réunion de tous les vampires de la ville, au cours de laquelle son petit ami est sensé annonce son intention de prendre du recul avec la communauté. C'est l'occasion pour Ivan de prendre toute sa dimension. Mettant parfaitement en valeur cette ambivalence intrigante qui l'entoure, ses derniers échanges avec Mitchell sont parfaitement calibrés. A dessein, ils permettent au téléspectateur de ressentir une certaine empathie, ou fascination, pour ce personnage. Une construction narrative qui permet ensuite de conclure l'épisode sur une des scènes les plus intenses que la série nous ait proposée jusqu'à présent : l'explosion du QG des vampires, la caméra nous laissant contempler, songeur, le cadavre d'Ivan au milieu des débris enflammés jonchant le sol. Le caractère dramatique du moment est particulièrement bien mis en scène, avec une utilisation adéquate d'un aspect formel dont je devrais louer plus souvent les mérites : la musique présente dans Being Human. Cela pose aussi les jalons d'une difficile confrontation à venir, qui va prendre un tour très personnel.
En parallèle, moins intenses, mais s'intégrant de façon homogène et équilibrées dans l'épisode, les storylines de George et d'Annie apportent également leur lot de d'introspection. C'est tout d'abord le déménagement du loup-garou qui prend un tour très concret, puisque son couple trouve rapidement la maison rêvée pour leur petite famille. Pourtant, le téléspectateur ne peut s'empêcher de penser que cette histoire est d'ores et déjà vouée à l'échec. Le fait que sa petite amie ignore sa vraie nature engendre des mensonges qui fragilisent déjà, au moins virtuellement, la fondation de leur relation. De plus, George lui-même ne peut se cacher constamment les doutes qu'il éprouve devant ce développement très soudain. C'est une fuite en avant dont il commence à mesurer les conséquences. Dans cette perspective, la fille de sa compagne acquière une nouvelle dimension, très appréciable. Loin du cliché de l'enfant se braquant devant un beau-père potentiel, elle fait preuve d'une rare compréhension de la situation, pour délivrer à George un message finalement rempli de sagesse qui le met enfin face à certaines de ses responsabilités.
Cependant, la palme de l'émotion revient incontestablement à Annie. Ses deux amis évoluant vers d'autres horizons, s'éloignant de la maison, peut-elle rester toujours au même point ? L'épisode va chercher à solder les comptes de la jeune femme. A travers une intrigue très classique, Annie est amenée à formuler ses adieux définitifs à son ancienne vie. Pour refermer ce chapitre, après avoir été confrontée à son meurtrier, puis à la mort-même, les lignes de fin seront écrites avec sa famille. Même si l'on peut regretter les facilités scénaristiques utilisées, ainsi qu'une résolution finalement un peu trop rapide, le téléspectateur ressent pleinement la nécessité symbolique, pour Annie, de tourner cette page. C'était un préalable incontournable, avant même de songer à imiter George et Mitchell.
Tout est désormais en place pour la dernière ligne droite de la saison.
Bilan : Rarement un épisode de Being Human se sera conclu sur un enchaînement de scènes aussi ambitieuses, prenantes et, en un sens, émouvantes. Rarement la téléspectatrice que je suis aura eu aussi envie d'être le dimanche suivant pour découvrir la suite. Les ingrédients pour nous offrir un final explosif sont désormais clairement posés, la progression de l'intrigue se poursuivant sans temps morts. Mine de rien, la série aura atteint, avec cette deuxième saison, une dimension que nous n'avions fait qu'entre-apercevoir lors de la première. Peut-être Being Human commence-t-elle à prendre pleinement la mesure de son potentiel ?
NOTE : 8,5/10
11:47 Publié dans Being Human | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bbc, being human, lenora crichlow, aidan turner, russel tovey | Facebook |
Commentaires
Cette série a enfin réussi le challenge de dépasser son titre de simple "divertissement" pour prendre vraiment une identité et un message plus profond, avec des vraies thémtiques réfléchies et fouillées. Vraiment plus sombre et explosive que sa précédente saison, on sent que la tension monte en crescendo au fil des épisodes et c'est drôlement sympa!!!
Écrit par : cybellah | 21/06/2010
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