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21/08/2010

[TV Meme] Day 1. A show that should have never been canceled.


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 Deadwood

(2004 - 2006, HB0)

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Parce que Deadwood avait réussi ce tour de force de se réapproprier en les modernisant les codes scénaristiques du western, un genre traditionnel du petit écran américain trop délaissé de nos jours.
Parce qu'elle reposait sur une galerie de personnages d'une richesse, d'une complexité et d'une intensité fascinantes, capturant comme rarement les tréfonds sombres et troubles de l'âme humaine.
Parce qu'elle a proposé, pendant trois ans, une oeuvre métaphorique passionnante sur la formation d'une nation, à la portée aussi bien historique que philosophique, en mettant en lumière cette période de transition préexistant et tendant à la constitution d'une société.

Parce qu'elle était une reconstitution d'époque, soignée et aboutie, qui méritait un arc complet.
Parce qu'elle avait su repousser les limites de l'exposition théâtralisée à la télévision et qu'elle maîtrisait cet art  de la narration lente comme aucune autre.
Parce qu'elle a permis de faire découvrir au téléspectateur non-anglophone tout un champ lexical inexploré par les séries américaines (certes, peu propre à une utilisation courante).

Parce qu'un tel monument ne pouvait se conclure sur un simple et frustrant, tragiquement inachevé, "to be continued".
Parce que les deux téléfilms promis n'ont jamais été produits.
Parce que John from Cincinnati a été annulée au bout d'une seule saison.

 
Le générique :

16:15 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tv meme, deadwood, hbo |  Facebook |

[TV Meme] Introduction : Thirty Saturdays.

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A force de le croiser ça et là, dans la blogosphère téléphagique, me voilà finalement tentée par ce concept du TV Meme. En quoi cela consiste-t-il ? Trente jours pour trente questions les plus diverses, relatives aux séries, permettant d'évoquer celles qui vous tiennent particulièrement à coeur et les moments téléphagiques qui vous ont marqué.

Mine de rien, c'est un petit défi. Car si les questions semblent d'un premier abord plutôt simple ("Your favorite show ever", "A show that disappointed you", etc.), une seule réponse est autorisée. Le choix se révèle parfois bien ardu, voire impossible. Dilemme que seule pourra trancher une décision arbitraire discutable, puisque dix possibilités, toutes aussi justifiables que justifiées, m'auront assaillie entre temps.    

En fait, l'intérêt de ce TV Meme est double. Il offre une occasion de dresser un portrait de son parcours téléphagique personnel, mais il représente aussi une photographie, évidemment imparfaite, de ses références sériephiles à un instant T. Vous me connaissez, je ne prétends pas avoir des points de repères immuables. Je suis une téléphage qui aime aller de l'avant et découvrir de nouveaux horizons. Si bien que ces réponses correspondent à un moment particulier de ma téléphagie, cette année 2010. Par ailleurs, ce sera aussi l'opportunité d'évoquer tout un pan de références plus anciennes, intériorisées depuis longtemps, dont je n'ai jamais parlé sur ce blog. Et puisque lorsque l'on s'essaye à jouer les apprentis critiques (tel que je le fais par le biais de ce blog), on commente les séries par le prisme de notre histoire avec elles, influencé par nos expériences antérieures, il est donc aussi normal que le lecteur puisse connaître un peu mieux le rédacteur.

Cependant, pour ce TV Meme, je remanie un brin le concept, puisque seul un post par semaine y sera consacré (Je ne veux pas que cela se substitue aux reviews). Il s'agira d'un rendez-vous hebdomadaire, chaque samedi.

16:07 Publié dans (TV Meme) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tv meme |  Facebook |

19/08/2010

(Mini-série UK) Dead Set : Zombies Survivor !

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Après la déferlante vampire, c'est un autre mythe du fantastique quI devrait revivre dans notre petit écran, en fin d'année : les zombies. Entre nous, autant l'avouer de suite, si j'ai toujours eu un certain faible pour les suceurs de sang aux canines proéminentes, il en va tout autrement pour cette autre figure, qui nous rapproche trop de l'horreur fantastique à mon goût. Je n'irai pas jusqu'à parler de phobie, mais disons que, généralement, lorsque je vois une fiction avec des zombies dedans, ce sera un argument fort pour que je ne m'y risque devant sous aucun prétexte. Voyez-y un instinct de survie téléphagique.

Sauf que, comme je vous l'ai dit, AMC nous réserve pour octobre prochain l'adaptation d'un comics, The Walking Dead, mettant justement en scène ces charmantes sanguinolantes créatures. Mine de rien, le concept a l'air alléchant. La chaîne s'étant constituée une intéressante image au cours des dernières saisons, et le héros étant interprété par Andrew Lincoln (Teachers), il est pour moi hors de question de passer à côté de cette nouvelle série. J'ai donc entrepris, en guise d'entraînement, une forme de préparation psychologique : une mise à jour de mes connaissances en mythologie zombie-esque dans le petit écran. Le sujet n'ayant jamais été particulièrement central dans les séries, je me suis logiquement retrouvée devant la mini-série britannique de ces dernières années, qui symbolise ce genre : Dead Set.

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Dead Set est une brève mini-série qui fut diffusée sur E4 fin octobre 2008. Elle comporte un premier épisode de 45 minutes, puis 4 épisodes de 25 minutes chacun environ. L'atout principal de cette fiction est d'investir un créneau assez délaissé par les scénaristes du petit écran : les zombies. D'ailleurs, cette mini-série part d'une idée doublement originale, pourrait-on dire, car elle intègre le concept de télé-réalité Big Brother, poussant le parallèle avec la réalité jusqu'à faire de la présentatricce de Big Brother en Angleterre, celle du show dans la série. Clin d'oeil appuyé, sans pour autant que Dead Set verse dans une complète confusion des formats, tel qu'avait pu le proposer Cast offs, à l'automne dernier, sur Channel 4.

La mini-série va choisir de prendre pour cadre les locaux de tournage de l'émission de télé-réalité, ne prenant soin de nous informer que par quelques bribes des évènements (l'attaque généralisée de zombies) se produisant au niveau global, ou du moins à l'échelle du continent européen, semble-t-il.  La fin va débuter un soir de prime-time. Les fans et autres groupies se sont donnés rendez-vous sur le plateau, autour de la maison où sont coupés du monde les candidats encore en lice, tandis que l'un d'entre eux s'apprête à être éliminé au cours de la soirée. La seule inquiétude au sein de ce huis clos que constituent les studios est de s'assurer de la diffusion de l'émission, apparemment compromise par des émeutes se produisant un peu partout dans le pays, sans que personne, sur place, ne cherche à en savoir plus... Mais rien ne pourra enrayer ce déferlement létal qui va contaminer et dévaster toute l'Angleterre.

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Profitant de ses débuts en quasi-autarcie, dans des studios coupés du monde, Dead Set commence par nous relater de façon indirecte la propagation des zombies, jouant sur le suggestif d'une invasion dont seul le téléspectateur a conscience. En mettant en scène, par le biais d'une caricature cynique et sarcastique, les préoccupations du moment, tant de l'équipe technique que des candidats à l'intérieur, la fiction semble surtout prendre beaucoup de plaisir à mettre en relief toute leur superficialité et leur futilité. Cela crée un décalage assez frappant pour le téléspectateur, qui sait ce qui attend ces insouciants, installant l'atmosphère très série B de la mini-série et ouvrant finalement la porte à un certain second degré assumé, où tous les excès seront permis.

Car, si les premières minutes de Dead Set se divertissent de la frivolité ambiante régnant dans les studios de Big Brother, la suite va progressivement tourner à l'orgie sanguinolante, où le gore s'installe comme la composante principale du genre horrifique investi. Les techniciens en charge des effets spéciaux s'en donneront à coeur joie et n'épargneront rien à un téléspectateur qui devra avoir le coeur bien accroché. Artères arrachées, évicération, dépecage en règle de cadavres encore frais (voire pas encore véritablement "cadavre"), et même, cerise sur le gâteau, le découpage méticuleux de steak humains pour servir de diversion à une futile (et fatale) tentative d'évasion. Bref, Dead Set propose un spectacle, sanglant à l'excès, des plus appétissants.

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Dans sa construction narrative, la mini-série ne propose pas de réelle innovation, s'attachant surtout à reproduire les classiques du genre. Tout est prévisible, mais dans le bon sens du terme : c'est-à-dire que Dead Set assume pleinement, voire même crânement, tous les poncifs sur-exploités. Avec ce style d'écriture, très anglais, de s'efforcer de coller à une réalité où la médiocrité des individus s'impose, nous avons donc droit à des dialogues très crus, sans artifice. Une intervention minimaliste d'un scénariste qui s'est surtout attaché à retranscrire une ambiance où le romanesque et autres effets scénarisés sont proscrits.

Si on versait dans l'intellectualisation à outrance (qui n'a pas lieu d'être ici), on pourrait sans doute argumenter sur le choix du cadre, tout comme sur la présentation sans complaisance, d'un cynisme noir, qui est proposée des coulisses de l'émission de télé-réalité. Est-ce vraiment neutre ? Quelques dialogues brouillons sur les possibles origines de ce fléau ravageant l'Angleterre suffiront pour faire naître, dans l'esprit du téléspectateur, des parallèles diffus pointant les dérives de la société moderne. Mais cette voie n'est ni l'objet, ni même l'inspiration, de cette mini-série qui surfe, avec une certaine effronterie revendiquée, sur son mélange des genres explosif, conçu comme moyen marketing, et profite ainsi du cadre particulier real-tvien. Le reste n'est qu'une déclinaison excessive et gore d'un classique de l'horreur zombie-esque.

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Côté technique, comme vous pouvez le juger ci-dessus, certains membres du staff se sont manifestement beaucoup amusés  dans une série où les effets gores l'emportent sur l'horreur pure. Dead Set joue plutôt efficacement sur son atmosphère très "série B". La reconstitution est globalement enthousiaste, et la mise en scène de certaines attaques de zombies ne manque de bonnes idées pour faire monter la tension. Les effets de caméra sont tout aussi expérimentaux, mais parfois un peu moins inspirés. La réalisation caméra au poing, notamment dans les courses poursuites, pose l'ambiance, mais fatigue un peu dans la durée. Cependant, dans l'ensemble, la forme est à l'image du fond, investissant totalement, presque à outrance, le registre sanglant choisi.

Enfin, le casting ne dépareille pas. L'écriture de la mini-série requiert d'eux un service simplement minimum, en se laissant porter par le cadre horrifique, ce qu'ils n'ont aucune difficulté à assurer. On y retrouve quelques visages plus ou moins familiers : Jaime Winstone (Five Daughters), Andy Nyman, Kyle Summercorn, Riz Ahmed (Wired), Warren Brown (Occupation, Luther), Drew Edwards, Raj Ghatak, Chizzy Acudolu (Jinx), et même Shelley Conn (Mistresses).

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Bilan : Dead Set est une mini-série qui investit pleinement le registre de l'horreur sanglante, assumant crânement ses débauches gores, repoussant toujours plus loin ses limites. L'écriture, voulant rester dans un registre très brut, s'avère assez neutre et s'efface derrière le concept principal, qui est la propagation des zombies. Si tout se visionne avec un certain second degré, Dead Set répond à son objectif principal : proposer un récital horrifique et sanglant à la télévision, sur des bases les plus classiques qui soient. Ni plus, ni moins. Elle ne révolutionne pas le genre, n'a pas de prétention particulière, mais elle aura au moins eu ce mérite d'offrir un peu d'exposition à un type de fiction sans doute destiné à un public précis.

En ce qui me concerne, soyons franc, il est fort probable que je sois à jamais rêtive à ce genre. Dire que j'ai apprécié serait bien excessif. Disons que le visionnage de Dead Set a constitué une expérience téléphagique, sans doute dispensable, mais pas pour autant inintéressante.

Et puis, de façon très pragmatique, en terme de révision mythologique, ce fut aussi très enrichissant pour revoir ses classsiques, ma culture zombie-esque se rapprochant dangereusement du néant avant Dead Set. Donc, ça a été l'occasion de retenir quelques règles de survie élémentaires que j'ai soigneusement classées dans un coin de ma tête, du genre : 1/ les promenades en voiture avec un individu mordu, peu importe le caractère bénin ou non de la blessure, ne sont pas franchement conseillées ; 2/ quinze coups de machette dans la poitrine ne feront rien, un seul coup dans la tête suffira ; 3/ les zombies ne sont pas des as de la natation...

Bref, me voici prête à affronter The Walking Dead !


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce :

18/08/2010

(C-Drama) The Legend of the Condor Heroes (2003) : un souffle épique dans votre petit écran.



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Au programme de ce mercredi asiatique, du dépaysement à l'assaut de nouveaux grands espaces, avec une série issue d'un pays dont c'est la première évocation sur ce blog. Après la Corée du Sud et le Japon, le drama dont il va être question aujourd'hui nous vient en effet directement de Chine. Un vrai c-drama (en provenance de la République populaire, non de Hong Kong), en mandarin, et qui reste à ce jour le seul que j'ai eu l'occasion de regarder.

Cela fait quelque temps que j'ai fini cette série, mais j'ai eu envie de prendre le temps de m'y arrêter aujourd'hui. Pourquoi ? Tout d'abord parce que ce drama appartient à un genre de fiction chinoise (Wuxia) que j'aimerai vraiment avoir le temps de découvrir plus avant (malheureusement ce n'est pas pour tout de suite). Egalement parce qu'il s'agit d'une adaptation parmi d'autres d'un grand classique incontournable. D'où ce billet découverte du jour.

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A l'origine de cette série, se trouve une suite de romans écrits dans les années 50-60 par Jin Yong, écrivain célèbre basé à Hong Kong, dont les livres font partie des grands classiques du genre Wuxia. Large source d'inspiration, ils ont surtout donné lieu à de nombreuses adaptations, au cinéma comme à la télévision. Sur petit écran, la référence demeure la version de la chaîne de Hong Kong, TVB, datant de 1983, considérée comme un classique. D'ailleurs, avant 2003, toutes les transpositions, sur grand comme sur petit écran, avaient eu pour seule origine Hong Kong. Et donc, la version de The Legend of the Condor Heroes, dont il est question ici, est la première adaptation proposée par la Chine, dont elle va profiter du somptueux cadre.

Cette suite de romans de Jin Yong constitue en fait une trilogie. Au cours de la dernière décennie, chaque tome a été porté à l'écran, pour un total final de 3 saisons, composées d'une quarantaine d'épisodes chacune. The Legend of the Condor Heroes (La légende du héros chasseur d'aigles, en version française littéraire) (2003 / saison 1) constitue la première partie de cette vaste fresque épique, qui se poursuit ensuite avec The Return of the Condor Heroes (Le Retour du héros chasseur d'aigles) (adaptée en 2006 / saison 2), pour se conclure enfin avec The Heaven Sword and Dragon Saber (L'Epée céleste et le sabre du dragon) (adaptée en 2009 / saison 3). L'histoire couvrant plusieurs générations, c'est une épopée titanesque ; mais si le récit forme un ensemble, le téléspectateur peut visionner chacune des séries indépendamment.

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The Legend of the Condor Heroes (2003) est donc une série chinoise, composée de 42 épisodes et diffusée sur CCTV. Attention à ne pas confondre avec une adaptation plus récente : il existe en effet une autre série éponyme, qui date de 2008, également chinoise, et qui, elle, fut diffusée sur KMTV-1. Comprenant 50 épisodes, cette dernière prend apparemment un peu plus de liberté avec le récit original. Le contexte historique du roman de Jin Yong reste cependant identique.

Jusqu'à présent, la seule fois où nous avions frôlé la Chine, sur ce blog, c'était à l'occasion de Bicheonmu. Souvenez-vous, la dynastie Yuan se désagrageait alors dans un chaos au sein duquel nos héros tentaient de survivre. Et, finalement, cela tombe bien car, avec la Trilogie du Condor, on repart sur des bases chronologiques peu éloignées (et les recherches effectuées pour comprendre le contexte de Bicheonmu peuvent être réinvesties ici). En effet, l'histoire débute, au cours de la première moitié du XIIIe siècle, dans une Chine dont le Nord est en proie aux attaques désordonnées des Mongols, force militaire émergente unifiée sous le commandement de Genghis Khan. Dans son ensemble, la trilogie du Condor s'étend sur plusieurs générations, du début du XIIIe siècle à la fin du XIVe siècle. Elle se propose de re-écrire un peu l'Histoire chinoise, des invasions mongoles jusqu'à l'avènement de la dynastie Ming.

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L'histoire de The Legend of the Condor Heroes est d'une complexité propre à ces épopées historiques chinoises, avec une galerie conséquente de personnages et une géopolitique à vous donner le vertige, si bien qu'il est difficile de la réduire à un bref synopsis synthétique. Disons simplement que tout débute dans le chaos de la fin de la dynatie Song, entre invasions et corruptions, par une tragédie qui va sceller les destins des futurs personnages principaux.

Guo Xiaotian et Yang Tiexin sont deux amis unis par un serment, qui vivent avec leurs épouses enceintes dans un petit village. Ils se lient d'amitié avec un prêtre taoïste, Qiu Chuji, qui a tendance à jouer les redresseurs de torts contre les responsables officiels corrompus. Peu de temps après cette rencontre, un soir, la femme de Yang Tiexin, Bao Xiruo sauve un inconnu blessé qui tombe sous son charme. Ce dernier, souhaitant conquérir la jeune femme, chargera des officiers corrompus de le débarasser des deux hommes de la maisonnée. Qiu Chuji reviendra trop tard pour sauver ses amis, ne pouvant que constater la capture des deux épouses et jurant de trouver une façon de préserver leurs enfants.

Après quelques péripéties, les deux femmes virent leurs destins séparés, attérissant chacune dans des camps différents, à terme opposés. Bao Xiruo, vivant désormais à la cour du prince Jin qu'elle avait secouru cette nuit fatale, donna naissance à un fils qu'elle nomma Yang Kang et qui fut élevé avec les déférences dûes à une personne de sang royal. Tandis que Li Ping finit, elle, en territoires mongols, où son fils, Guo Jing, grandit sous la tutelle de Genghis Khan. Pendant les 18 années qui suivirent chacun des deux enfants reçut une éducation de maîtres réputés d'arts martiaux ; Qiu Chuji instruisit Yang Kang, tandis que les "Seven Freaks of Jiangnan" furent les mentors de Guo Jin. Cette différence d'éducation explique qu'ils devinrent deux jeunes gens très différents, tant dans leur personnalité que dans les valeurs auxquels ils obéissent. C'est sur leur histoire, reflet tumultueux de leur pays, que The Legend of the Condor Heroes va se concentrer.

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Plongeant dans une Chine tourmentée par les conflits, où le chaos règne, ce drama est donc traversé par un puissant souffle épique, assez galvanisant une fois que le téléspectateur est bien rentré dans l'histoire. J'avais cependant eu besoin de quelques épisodes d'adaptation au début, avant de me prendre au jeu d'un récit très solide. N'ayant jamais eu l'occasion de lire le livre d'origine, ni de voir d'autres adaptations, je ne pourrais évaluer le degré de fidélité de la série. Mais on y retrouve en tout cas mis en scène tous les ingrédients du genre : de l'action, des romances, des trahisons, des amitiés et, moteur de bien des tragédies en puissance, des vengeances. Il manque peut-être un peu de charisme à certains protagonistes dont on aimerait qu'ils s'imposent plus à l'écran, mais, même sans trop s'attacher, on se laisse emporter par le souffle épique qui balaie leurs vies. Si bien qu'en dépit de quelques longueurs (surtout les parenthèses plus sentimentales), le cocktail prend plutôt bien, s'installant de manière convaincante dans la durée.

Car The Legend of the Condor Heroes est typiquement une de ces longues histoires qui s'apprécie pleinement comme un investissement dans le temps. C'est un ensemble homogène dont il est difficile de dissocier les épisodes tant ils donnent l'impression de former un tout. L'action s'offrant une large part dans le récit (les amateurs d'arts martiaux chorégraphiés apprécieront), le rythme global en bénéficie favorablement. Les thématiques abordées restent des plus classiques. Le résultat proposé donne ainsi le sentiment d'être très traditionnel (mais encore une fois, je manque de références pour comparer), tout en sachant doser avec justesse tous ces composants. En somme, une fois passé le premier abord plus abrupt, l'intérêt du téléspectateur ne se démentira pas et il est bien difficile de ne pas aller au bout.

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Sur la forme, le drama datant de 2003, les images commencent à être quelque peu datées. La reconstitution était assurément ambitieuse et a eu les moyens d'imposer un style qui n'est pas déplaisant, mais l'oeil du téléspectateur moderne aura sans doute besoin de quelques épisodes d'ajustement. Sur ce point, l'intérêt de la série réside en partie dans sa capacité à utiliser l'immensité de son cadre, la caméra profitant du décor pour nous faire ressentir l'ampleur de l'épopée, d'autant que l'équipe de la série a pu se déplacer en Chine, afin de pouvoir coller au récit et le retranscrire en images. Même si, à mon goût, cela manque de plans larges pour le mettre pleinement en valeur, certains paysages sont très beaux et assurent le dépaysement.

Pour le reste, la réalisation classique ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, en grande partie parce que j'apprécie assez peu cette tendance de la caméra à traîner au sol, levant son objectif pour capter les personnages suivant un angle montant. C'est assez frustrant. Sinon, les chorégraphies des combats sont logiquement de style Wu Xia Pian. Par conséquent, le réalisme n'est pas l'objectif premier. Cela "vole" et fuse par-dessus des toits, avec beaucoup d'énergie et d'enthousiasme. L'ensemble est d'assez bonne facture pour l'année de conception.

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Cependant, le souvenir le plus vivace de The Legend of the Condor Heroes demeure sa bande-son, ou plutôt ses génériques, de début et de fin. Tant par leur esthétique, leur graphisme, que par les mélodies et chansons qui y retentissent, ils demeurent, à mes yeux, un des aspects les plus marquants de la série. La chanson du début, particulièrement, m'a toujours donné des frissons, fascinante par le souffle épique qu'elle sait insuffler derrière ses images. C'est un vibrant appel à s'embarquer dans l'épopée, comme j'en ai rarement vu d'aussi convaincant et attrayant à la télévision. Superbe. (Pour jugez par vous-même, il s'agit de la première vidéo en fin de billet.)

Du côté du casting, l'impression est plutôt mitigée. Les acteurs s'en sortent plus ou moins bien, mais ils ne sont pas toujours pleinement convaincants, surtout lorsqu'il s'agit de verser dans l'émotion. Aucun n'est vraiment sorti du lot, même si j'ai fini par m'habituer à leur façon de jouer (mais sur ce point, le mandarin est une langue que j'ai plus de difficulté à appréhender et apprécier que le coréen ou le japonais, donc cela a pu jouer dans ma perception). Si je n'en connaissais aucun, on retrouve notamment à l'affiche, Li Yapeng (Laughing in the wind), Zhou Xun (Taiping Tianguo), Zhou Jie (Young Justice Bao, The Legend and the Hero), Jiang Qinqin, Zhao Liang, Sun Haiying, Cao Peichang, You Yong (The Qin Empire, Journey to the West), Wang Weiguo ou Zhang Jizhong (Laughing in the wind, Journey to the West).

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Bilan : Si elle n'est pas d'une accroche des plus faciles, The Legend of the Condor Heroes (2003) est une série intéressante, qui ne démérite pas si on prend la peine de s'y investir et que l'on a quelques affinités avec le genre Wuxia. L'histoire se révèle dense et complexe, son parfum épique souffle sur un scénario solide. Si la forme est un peu datée, le fond demeure attrayant, même si le casting est sans doute perfectible et aurait gagné à être plus marquant pour s'imposer à l'écran.

L'expérience téléphagique n'est donc pas déplaisante. Certes je ne vais pas prétendre qu'il s'agit d'une série pouvant plaire à tout le monde. C'est sans doute plutôt une fiction prenante à réserver aux amateurs du genre, qui y trouveront un classique de Wuxia qui mérite leur attention. En somme, pour ceux qui apprécient le registre historique teinté de Fantasy, mais comportant aussi une bonne part d'action et des combats d'arts martiaux chorégraphiés à la wu xia pian, la découverte ne devrait pas manquer d'attrait.

Cependant, même si vous n'avez pas le temps, ou l'envie, de vous lancer dans cet investissement téléphagique, prenez deux minutes pour être curieux et laissez-vous au moins transporter par le générique d'ouverture dont la vidéo est juste ci-dessous.


NOTE : 6/10


Le générique d'ouverture :

 

Le générique de fin :


15/08/2010

(US) Gilmore Girls : Welcome to Stars Hollow.

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Un 15 août pluvieux et froid, je crois qu'il n'y a rien de plus morose. C'est dans ces moments-là que, coincée sur mon canapé, avec ma tasse de café encore fumante sur l'accoudoir, je plonge dans un rayonnage particulier de ma DVDthèque, un petit coin précieusement préservé. S'y trouve rangée avec soin mon arme téléphagique combattant les coups de blues et autres instants de déprime : Gilmore Girls.

Il s'agit d'une des séries les plus chères à mon coeur. Elle représente, pour moi, un moment de communion téléphagique unique, touchant et faisant vibrer une fibre émotionnelle, devenue peut-être aussi nostalgique avec le temps, dont elle est la seule à connaître le secret. C'est bien simple, le seul fait d'entendre retentir le générique d'ouverture suffit généralement à déposer sur mes lèvres un léger sourire insouciant et rêveur, oubliant brièvement mauvais temps et soucis.


Le générique :


Se déroulant dans une petite bourgade de Nouvelle-Angleterre du nom de Stars Hollow, Gilmore Girls nous plonge dans le quotidien de Lorelai et Rory Gilmore. Résumé volontairement succinct à l'excès, tant il apparaît bien difficile de retranscrire en mots la richesse d'une série qui va bien au-delà des simples attentes que la lecture du seul synopsis auraient générées. Ce n'est pas seulement l'histoire d'une complicité entre une mère et sa fille. Ce n'est pas juste un récit des angoisses d'une adulte gérante d'auberge ou des ambitions universitaires d'une adolescente qui voit loin, le tout saupoudré d'une vie sentimentale à construire ou reconstruire, de blessures à refermer et de projets à réaliser...

Gilmore Girls, c'est une série d'ambiance, profondément chaleureuse, légèrement sucrée, tellement attachante. Elle se crée, dès le pilote, un univers à elle, avec un environnement ayant ses propres codes, qu'il fait bon de retrouver à chaque épisode. C'est une fiction qui, tout en abordant des thèmes classiques, adolescents et adultes, sur la vie en général ou sur l'amour en particulier, saura se montrer tour à tour, drôle, absurde, émouvante, authentique et touchante. Une dramédie dans toute la noblesse que ce terme implique et qui a toujours rendu cette série inclassable à bien des égards. Elle propose ainsi une alternance naturelle des tonalités. Si elle s'apprécie autant, c'est en grande partie grâce à son écriture fine, servie par de délicieux dialogues, d'une richesse rare, au débit aussi vertigineux qu'exaltant, et qui se savourent comme autant de perles, gourmandises sucrées offertes par des scénaristes inspirés.

Gilmore Girls, c'est aussi une série profondément humaine, qui soigne tout particulièrement les relations entre ses personnages. Ces derniers forment un ensemble attachant, aux personnalités hautes en couleurs et clairement affirmées, dont les différences constituent la richesse. Les rapprochements, les conflits, les réconciliations rythment un quotidien aux thématiques somme toute classiques, mais auxquels la mise en scène confère des accents atypiques et étonnants, qui sonnent de façon tellement unique.

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Gilmore Girls, ce n'est pas une série sur laquelle je peux rédiger une critique ou une analyse classique. C'est une fiction dont les épisodes savent me toucher en plein coeur, m'égayer, me divertir ou m'émouvoir, comme aucune autre. C'est un moment d'osmose, un instant diffus de plénitude téléphagique, forcément très personnel, que tout téléphage va chérir lorsqu'il aura la chance de le rencontrer. Je ne "regarde" pas un épisode de Gilmore Girls, je le "ressens". Il s'y opère une magie dont le charme se réinvente constamment au rythme de mes revisionnages.

On a tous notre série baume au coeur, choisie par notre coeur de façon très subjective sans que la raison intervienne. Celle qui demeurera à part. Vous connaissez désormais mon refuge secret. Jusqu'à présent, je n'en ai jamais  croisé aucune autre rentrant dans cette catégorie, au cours de mes explorations téléphagiques.

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