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11/04/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 2 : The Beast Below

In bed above, we're deep asleep
While greater love lies further deep
This dream must end
This world must know

We all depend on the beast below.

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Mine de rien, une fois passée l'introduction effectuée lors du premier épisode, voici le téléspectateur presque aussi impatient que nos deux héros pour embarquer dans la première "vraie" aventure officielle d'Amy et Eleven. Conservant une tonalité assez innocente, en dépit d'un flirt avec la part la plus sombre de la nature de chacun, l'épisode s'attache avant tout - avec beaucoup d'entrain - à installer une dynamique au sein du nouveau duo qui se forme sous nos yeux : une présentation qui s'opère tant à destination du téléspectateur que pour chacun des deux personnages.

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Se baladant de façon insouciante dans les étoiles en profitant du cadre somptueux offert par le paysage, qui est toujours traité d'une façon restant très proche du merveilleux et du féérique - la vision présentée au téléspectateur semblant filtrée à travers les yeux d'Amy - , nos deux héros croisent la route du Starship UK. Qui n'est rien moins que la nation britannique en promenade dans l'espace ; ou plutôt en exil forcé de survie après que le soleil ait consummé la surface terrestre, la laissant inhabitable. La Grande-Bretagne a donc construit un gigantesque vaisseau, sorte de ville géante, pour survivre et partir en quête d'un nouveau foyer. Vue des étoiles, cette agglomération grise sur la coque de laquelle trône fièrement un drapeau britannique, a fière allure. Cependant, évidemment, les voyages à simple portée touristique n'existent pas dans l'univers du Docteur, le Tardis les conduisant invariablement dans des lieux où sa présence serait plus que la bienvenue.

C'est également le cas à bord du Starship UK. Sur quel mystère, quel non-dit, repose cette civilisation survivante ? Un secret se trouve en son coeur, fondation inavouable qui menace de l'étouffer et de détruire son âme-même. L'épisode progresse rapidement, fonctionnant sur des ficelles assez grosses qui pointent d'emblée vers l'étrange atmosphère qui règne à bord. De cette ambiance assez inquiétante, mais qui repose uniquement sur des suggestions, il en ressort surtout l'impression qu'il s'agit d'une intrigue de mise en route pour un Docteur désormais opérationnel. On prend le temps de découvrir comment le Time Lord raisonne, quels indices l'interpellent : c'est l'occasion pour Amy d'entrevoir la manière de fonctionner de son compagnon. Ce dernier reste toujours aussi dynamique, virevoltant et survolté, personnage entraînant aux côtés duquel la jeune écossaise impose progressivement un style et un caractère des plus affirmés.

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Là où l'épisode peut peut-être un peu décevoir, c'est dans l'ambition toute relative qui sous-tend son scénario. Il souhaite simplement proposer une aventure sans réelle conséquence, ayant principalement pour but de présenter la dynamique à venir entre ses deux personnages principaux. Une portée somme toute assez réduite qui correspond finalement à un début de nouvel ère, à un deuxième épisode d'une saison marquant un profond renouvellement...

L'intrigue de l'épisode donne l'impression de dérouler sans forcer, avec une certaine aisance qui s'apparente à un doux ronronnement pourtant conduit à un rythme élevé, mais sans véritablement marquer. Il s'agit d'une histoire aux ressorts très classiques. s'inscrivant dans la plus pure tradition de la série. Les thématiques abordées sont particulièrement connues, avec, en arrière-plan, le désir de revendiquer un héritage Who-esque qui est pleinement assumé. En toile de fond, l'enjeu demeure bien évidemment la survie de l'humanité, avec la problématique de ses rapports avec des extraterrestres, ou plutôt un alien en particulier. Mais ici, point d'invasion ou de victimes humaines, nous nous situons sur cet autre versant, plus redouté, celui du pan le plus sombre de la race humaine, également classique dans Doctor Who, dans lequel la fin est perçue comme justifiant les moyens : au coeur de cette histoire se trouve une interrogation sur les sacrifices moraux que l'humanité est prête à accomplir pour parvenir à survivre.

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Cependant la résolution du choix impossible posé au Docteur, finalement d'une simplicité presque trop déconcertante, amoindrit la portée d'un épisode à l'écriture innocente ou naîve, suivant la perspective du  téléspectateur. Si le but d'installation des personnages est atteint, le happy end, qui vient conclure cet épisode très (trop ?) calibré, pèche par son format : une succession d'évidences, énoncées à voix haute sans subtilité, venant précipiter, sans qu'on ait vraiment perçu initialement ce tournant, la consécration d'une compréhension mutuelle entre Amy et Eleven. En soudant ainsi les liens qui vont unir ce duo, cette histoire n'est pas aussi anecdotique que le désamorcement de crise accéléré qu'elle propose pourrait le faire penser, mais la conclusion garde un arrière-goût artificiel, qu'elle aurait pu s'éviter si l'écriture avait été plus fine.

En somme, cet épisode consacre la création d'une véritable équipe, complémentaire et où chacun est placé sur un pied d'égalité. Si cela s'opère d'une façon manquant singulièrement de naturel, au final, il délivre un récit plaisant, sans véritable autre conséquence : c'est une jolie histoire qui cadre bien avec l'idée d'un début de voyage où l'euphorie, portée par une forme d'inconscience, peut encore régner.

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Pour transposer à l'écran cette histoire, la force de l'épisode doit beaucoup à sa guest-star principale, qui impose une présence  particulièrement marquante à l'écran, Sophie Okonedo (Criminal Justice). Elle délivre en effet une performance très convaincante dans son rôle d'Altesse Royale, Elizabeth X, parvenant d'ailleurs en quelques brèves scènes à insuffler une force et une ambivalence à son personnage qui font leur effet sur le téléspectateur, ne pouvant rester indifférent au dilemme moral ainsi mis en exergue.

Du côté du casting principal, Matt Smith avait déjà assuré son intronisation en Docteur au cours du season premiere : de façon déjà presque routinière, il continue sur sa lancée, toujours prompt au théâtralisme, et dévoilant un personnage peut-être plus porté à se révéler, n'hésitant pas à se montrer sous un jour très tranchant et un brin plus sombre que sa précédente regénération. Le traitement un peu maladroit de l'intrigue ne permet pas d'apporter des réponses définitives sur Eleven, mais on perçoit, chevillé au coeur, tant l'existence de failles et de zones d'ombre que cette profonde affection pour le genre humain, constante immuable. Ayant surtout cultivé jusqu'à présent une certaine ambiguïté, j'attends de voir comment Matt Smith sera en mesure d'exposer les aspects les plus sombres du Docteur.

Karen Gillan doit, pour sa part, mener à bien sa première "vraie" aventure complète. Elle le fait avec beaucoup d'aplomb ; mais son personnage nous laisse encore un peu dans l'expectative, notamment en raison de ses hésitations, tel le secret qu'elle maintient autour de son mariage. Au fond, cet épisode constitue son intronisation à elle, s'affirmant vis-à-vis du Docteur. Cependant, elle semble n'avoir pas encore pleinement choisi sa façon d'être : entre sarcasme et émerveillement, entre impulsivité irréfléchie et pragmatisme très terre-à-terre (le choix qu'elle fait d'oublier pour ne pas imposer ce dilemme impossible au Docteur), elle navigue finalement à vue entre Amelia et Amy, entre la petite fille qui rêvait des étoiles et la jeune femme endurcie. Cela laisse place à l'interrogation ; nous verrons comment Karen Gillan saura jouer sur cette ambivalence dans laquelle elle investit pour le moment beaucoup d'énergie.

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Si l'épisode regorge de petits détails, plus ou moins utiles à l'intrigue, mais qui font aussi la différence et touchent le téléspectateur, les références anecdotiques marquantes dont l'épisode pullule ne sont pas des auto-références à l'univers Who-esque, mais plutôt un flirt continuel avec une trilogie cinématographique fondatrice de la science-fiction. En effet, le téléspectateur fronce les sourcils dès la première phrase tout droit extraite du recueil des citations cultes, au cours d'une scène où une jeune femme, qui se révèle être de sang royal, déclare au docteur : "Help us, Doctor. You're our only hope". Un attérissage dans la bouche d'un gigantesque extraterreste - d'où le Docteur parvient à les faire expulser - plus tard, le tout pour se conclure sur un final devant une baie vitrée offrant un spectacle étoilé grandiose, accompagnée de la transition en balayage d'une scène à l'autre dans la réalisation : il n'y a plus aucun doute sur l'oeuvre de SF que le scénariste avait à l'esprit lorsqu'il a écrit l'épisode : Star Wars.

Mais au fond, n'est-ce pas un hommage en parfaite adéquation avec la tonalité et la portée recherchée par cet épisode de Doctor Who : quelle oeuvre symbolise mieux que Star Wars l'exploitation de thèmes simples et fédérateurs, portée par un enthousiasme assez innocent ?

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Bilan : Ce deuxième épisode entend sceller l'installation du duo Eleven/Amy. Utilisant des thématiques très classiques de Doctor Who, s'en s'économiser une brève réflexion sur ce que l'humanité est prête à faire pour assurer sa survie, il présente une histoire assez simple où perce encore l'euphorie de l'ambiance des débuts de voyage. Laissant une impression au final un peu anecdotique, sa portée est amoindrie par une écriture d'une naîveté qui confine peut-être à la maladresse par moment. Cependant, l'aventure demeure plaisante et constitue une mise à bouche des plus entraînantes.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du prochain épisode (de l'immuable !) :


Commentaires

encore une très belle review, intelligente comme j'aime! comme toi j'ai trouvé tout cela un brin classique, mais bon, cette série a 50 ans, on va plus lui demander non plus d'être novatrice et étonnante à chaque fois non plus looool.

Écrit par : cybellah | 11/04/2010

Toujours un plaisir de te lire! (et attention, pavé arrivant)

Moins brillant que le précédent, j'ai trouvé que cet épisode péchait principalement sur son format (trop habituée aux épisodes d'au moins une heure ?). Il s'en tire cependant très honorablement, ça reste du bon Who, certes classique. Il a pour moi principalement le but de faire subir à Amy "l'examen de passage" de compagne (examen de passage, ahuuum, ça se voit tant que ça que je suis plongée dans les révisions jusqu'au bout et que j'ai élu résidence dans une bibliothèque). Bref. J'y reviendrai.
Abordons en premier les petites remarques. Comme je suis incapable de suivre le sens commun :D, la référence qui m'a le plus frappée est le Disque-Monde, de Pratchett, avec la tortue qui porte le monde sur son dos. Et puis quelques références à Ten!
J'ai apprécié les décors, les longs couloirs (classiques dans la série), très dieselpunk... et avec le trailer, je pense qu'on a pas fini avec le rétro-futurisme! Et la Queen... très classe, oui madame!

Pour en revenir à l'intronisation d'Amy, j'ai l'impression qu'elle perd d'entrée de jeu beaucoup plus de plumes que les autres compagnes à ce stade du voyage... Elle a déjà attendu 14 ans, pour se retrouver face à une Terre dévastée (tout comme Rose il est vrai) et un monde qui n'est pas des plus joyeux (quel euphémisme!), et voilà que le Docteur menace de la ramener chez elle, du fait d'une action impardonnable pour lui, oublier et ignorer, surtout, les sacrifices faits. Elle va finalement sauver la mise, et de fait prouver que sa place est au côtés du Docteur. Il l'emploie directement après comme secrétaire, c'est dire si sa place semble acquise! Et c'est elle qui trouve le téléphone... Plus sérieusement, elle réussit à cerner très rapidement le Docteur et à commencer à le comprendre, et à s'adapter à la vie à ses côtés, le passage de flasbacks étant un moyen, un peu insistant, de nous le montrer.

Enfin, le Docteur. Fidèle à lui-même. Génial, hyperactif, arrogant et un peu hypocrite. Ne jamais interférer dans les affaires des gens chez qui on fait du tourisme? Cela ne vous ressemble pas mon cher. Et en effet, il ne tient pas sa promesse plus de deux minutes. Il parvient également à éviter le sujet de la vie de famille, "Are you a father?" question à laquelle il va bien se garder de répondre. Et l'arrogance du Timelord pour finir, qui m'a certes frappée dans la scène de la Tour de Londres, mais encore plus dans la petite pique lancée à Amy: "- You look Timelord, superior species first".
Le tout avec un Matt Smith encore une fois bluffant.

Au final, un épisode qui ne sera probablement pas le plus marquant de la saison, sur lequel j'ai toutefois beaucoup de choses à dire. Et en bien.
La suite s'annonce donc fantastique.

Écrit par : Elo | 11/04/2010

ça a l'air bieeeen!!!! faut que je trouve le temps de regarder ces deux premiers épisodes, d'autant que j'aime beaucoup Sophie Okonedo!!

Écrit par : Galy | 12/04/2010

(Il faut que vous me pardonniez de ne pas toujours avoir le temps de répondre aux commentaires. En ce moment, j'ai l'impression de ne pouvoir m'installer à mon ordinateur que comme un courant d'air. Le temps de poster une note et zou... la pause est expirée.)


@ cybellah : Savourons, savourons ;-)


@ Elo : C'est très juste d'insister sur le fait qu'Amy parvient à cerner très rapidement le docteur. C'est une spécificité de cette compagne, que d'avoir finalement "connu", ou du moins vécu avec l'idée de l'existence du docteur, quasiment toute sa vie. Elle a rêvé, elle a réfléchi, elle a trituré ses quelques informations tant de temps, que, finalement, face à lui, elle n'a pas la surprise/émerveillement initial, mais elle parvient à prendre plus de recul, à comprendre comment il fonctionne.


@ Galy : Enjoy ! ^_^

Écrit par : Livia | 20/04/2010

Un hommage/clin d'œil à Star wars, j'avoue que je ne l'avait ni vu ni entendu.

Par contre à la fin, la scène qui voit l'alien porté de vaisseau anglais à travers les étoile m'a immédiatement fait penser à Terry Pratchett et son "the colour of magic" qui évoque l'existence d'un disque-monde. Soit une tortue géante sur laquelle repose 4 éléphants qui eux même supportent le monde tout en naviguant lentement dans l'espace...

En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette seconde aventure d'eleven qui semble moins bien cacher ses émotions que Ten. Ou ni tiens peut-être pas.
Mais il est évident que le but de cet épisode est d'établir ou en tout cas de commencer à esquisser les rapports entre le docteur et sa nouvelle compagne que je trouve un poil trop hésitante. Amy oscille entre un émerveillement presque enfantin et une raison omniprésente qu'elle se refuse presque à écouter.
Pourquoi cacher son mariage? Elle prend la décision d'oublier mais s'enregistre un message pour le dissuader de rester. Elle agit par instinct alors que les conséquences auraient pu être catastrophique...

Écrit par : skyangel | 03/05/2010

@ Skyangel : J'adore ces références culturelles et clins d'oeil dont Doctor Who est truffé. J'ai insisté sur Star Wars car ça m'a semblé être le plus "fil rouge" (après le fait que je sois une ex-fan(atique), il y a une décennie de cela, a sans doute laissé des traces indélébiles en moi ; ce qui peut expliquer pourquoi cela m'a sauté aux yeux), même si effectivement, la scène finale aurait pu être tout droit sorti des Annales du Disque Monde (A ce sujet, j'attends la prochaine adaptation de Sky One avec une certaine curiosité ; même si je n'avais pas été pleinement convaincu par les deux premiers ; il y a une magie dans les livres qui est difficilement transposables à l'écran. Mais Colour of Magic avait été plus maîtrisé que Hogfather, donc peut-être que cela va aller crescendo !).

Pour en revenir à DW, effectivement, tu mets le doigt sur un aspect de la personnalité d'Amy qui peut se révéler à double tranchant ; c'est un peu le corollaire de son fort caractère. J'ai le sentiment qu'il y a quand même beaucoup d'ambivalence dans ce début de saison dans la façon dont sont présentées et explorées les différents personnages, Eleven comme Amy : leur gestion des émotions, leur intensité, leurs priorités... C'est une approche que je trouve à la fois intéressante et rafraîchissante.

Écrit par : Livia | 03/05/2010

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