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27/07/2012

(UK) Twenty Twelve, saison 2 : un savoureux mockumentary dans les coulisses de l'organisation des Jeux Olympiques de Londres


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A moins de passer vos vacances dans un îlot perdu loin de tout média, vous n'avez sans doute pas pu échapper au raz-de-marée médiatique : ce soir débutent officiellement les Jeux Olympiques de Londres. Mais en vous installant devant la cérémonie d'ouverture, pourrez-vous imaginer alors les heures/mois/années de travail en amont qui ont rendu possible la tenue de cet évènement colossal ? Les Anglais ont fait mieux qu'y penser, ils ont créé une série sur le sujet : Twenty Twelve. Souvenez-vous, j'avais déjà évoqué les premiers épisodes il y a plus d'un an, un peu perplexe alors, mais intéressée par ce mockumentary dans les coulisses de cette organisation forcément compliquée.

Depuis, j'ai poursuivi mon visionnage. La série a finalement été renouvelée pour une saison 2, dont les quatre premiers épisodes ont été diffusés au printemps sur BBC2, puis les trois derniers l'ont été en ce mois de juillet 2012. La série s'est clôturée en Angleterre ce mardi soir, il y a donc trois jours. Si je l'avais débutée avec des réserves, Twenty Twelve est une série que je suis venue à apprécier avec le temps, la première saison trouvant progressivement son ton et son rythme. Et la seconde m'a semblé plus maîtrisée, plus réussie aussi dans sa façon d'exploiter des situations entre réalisme et improbabilité.

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Rappelons brièvement l'objet de la série : Twenty Twelve prend la forme d'un (faux) documentaire qui nous fait suivre le quotidien du comité en charge de la préparation des Jeux Olympiques de 2012. Placée sous la direction de Ian Fletcher, est rassemblée une équipe composée de personnalités très diverses, plus ou moins efficaces et investies dans leur travail. Ils ont la responsabilité de toutes les facettes de cette organisation. En premier lieu, il s'agit de s'assurer que les Jeux Olympiques eux-mêmes se dérouleront sans le moindre accroc : le comité doit se préoccuper aussi bien du sort des différentes épreuves sportives (et du lieu où elles se tiendront), que de la gestion des athlètes et du public, ou bien encore de la vie des Londoniens (et de leurs - si problématiques - transports).

La série a l'occasion d'aborder toutes les difficultés inhérentes à de telles manifestations, s'intéressant aux questions d'infrastructure, de logique, de sécurité, mais aussi aux campagnes de communication et de sensibilisation à certaines causes qu'elles permettent. De plus, l'équipe doit également penser à l'enjeu sensible que représente l'après Jeux Olympiques : il s'agit de s'assurer que les équipements et autres constructions seront exploitables sur le long terme, et que la facture ne sera pas trop salée (objectifs pour le moins utopiques). C'est donc un quotidien rempli de casse-têtes, de défis insurmontables, de compromis discrets et de voeux pieux inévitables, qui nous est raconté... pour aller jusqu'au 24 juillet 2012. L'équipe en charge du direct a alors pris la succession, la suite... vous la connaîtrez ce soir en allumant votre télévision.

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Le grand atout de Twenty Twelve réside dans l'impression de réalisme brut qu'elle renvoie. La série évolue sur le fil de la comédie, forçant un peu les traits ça et là, grossissant un brin les réactions, mais prenant toujours garde de ne pas en faire trop, restant dans une satire qui refuse l'excès de caricature. Avec un flegme tout britannique, personnifié par Ian Fletcher, elle investit ainsi un humour froid. N'imposant pas d'enchaînement de plaisanteries ou de véritables gags, elle préfère jouer plus subtilement sur le ridicule qui ressort en filigrane de certains échanges ou situations parfaitement sérieux, insistant sur ces moments de confus flottement, à la fois plein d'authenticité mais sonnant aussi surréaliste quand on en vient à penser à l'ampleur des responsabilités confiées à un tel comité. Comme chaque participant se sait filmer, il modère consciemment ou non ses réactions, cherchant (souvent vainement) à travailler son image pour la caméra. Cette extrême sobriété d'ensemble a nécessité quelques épisodes d'ajustement dans la saison 1 pour parfaire leur rythme et leur construction. Arrivé en saison 2, le problème ne se pose plus, et l'excellent double épisode d'ouverture est l'occasion de démontrer combien les scénaristes maîtrisent désormais leur tonalité comme leur format.

Au fil de ses deux saisons, Twenty Twelve a su fidéliser le téléspectateur en le familiarisant avec les personnalités bien définies de ses intervenants. Par exemple, les quelques monosyllabes répétitives d'une Siobhan bafouillante quand elle est prise au dépourvu sont devenus un de ces classiques qu'il est toujours savoureux de retrouver. La gestion, par Ian Fletcher, des égos, de la concurrence ou de l'incompétence de ses subordonnés permet d'apprécier le développement de tout un art du management et de la diplomatie qui, derrière notre écran, prête à plus d'un sourire. Parallèlement, la série retient aussi l'intérêt du téléspectateur en jouant sur la frontière entre réalisme et libertés permises par la fiction. Elle a un constant souci du détail dans toutes les situations dépeintes, concernant la communication publique, les enjeux pratiques, ou encore les solutions - parfois vraiment d'équilibriste - trouvées, qui renforce sa crédibilité. Il y a d'ailleurs eu à l'occasion de troublantes proximités entre les "crises" de la série et celles de la réalité (comme l'horloge géante). C'est donc une série qui s'est révélée capable d'exploiter pleinement son idée de départ (montrer les coulisses de l'organisation), en n'hésitant pas à aborder des issues potentiellement sensibles - comme la religion et le lieu de culte des athlètes, traités avec quelques rebondissements opportuns et un compromis savoureux dans le double épisode d'ouverture de la saison. En résumé, Twenty Twelve a réussi sa mission de mockumentary.

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Sur la forme, la série se réapproprie les codes propres à son genre : une réalisation nerveuse, avec un cameraman qui suit la scène et permet de nous faire vivre au plus près cette vie des coulisses "caméra à l'épaule" (avec toutes les péripéties que peut donc vivre cet acteur à part entière, notamment lorsque certains protagonistes refusent d'être filmés). On a également quelques belles vues londoniennes qui posent bien le cadre. Et j'en suis venue à beaucoup aimer le générique d'ouverture, avec cette chanson entre insouciance et annonce d'ennuis qui colle très bien à la tonalité ambiante (cf. la 1re vidéo ci-dessous). 

Enfin, Twenty Twelve bénéficie d'un solide casting, sobre et efficace pour retranscrire le parti pris des scénaristes. Dirigeant ce comité, Hugh Bonneville (Lost in Austen, Downton Abbey) est parfait dans un rôle qui oscille entre pragmatisme et diplomatie, s'efforçant de gérer, avec le sérieux exigé face à de telles responsabilités, tous ces collaborateurs aux personnalités assez particulières. A ses côtés, on retrouve Amelia Bullmore (State of Play, Ashes to Ashes), Olivia Colman (Rev., Peep Show), Vincent Franklin (The Thick of It), Jessica Hynes (Spaced, The Royle Family), Karl Theobald (Primeval) et Morven Christie (Sirens). Enfin, notons que la voix off du documentariste qui sert de narrateur et fait la transition entre certaines scènes est celle de David Tennant (Blackpool, Doctor Who).

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Bilan : Mockumentary qui gagne en saveur au fil des épisodes, Twenty Twelve cultive une mise en scène volontairement réaliste, caractérisée par une rigoureuse sobriété. L'humour y est subtile, fonctionnant à froid. On a l'impression d'assister à un récit d'anecdotes, plus ou moins fictives, plus ou moins théoriques (le téléspectateur s'interrogeant parfois sur la frontière avec la réalité), qui sont l'occasion d'évoquer tous les types de questions et de problèmes soulevés par la tenue d'un tel évènement. Dans l'ensemble, cette saison 2 aura été bien maîtrisée, avec une tonalité désormais parfaitement au point.

Voilà donc une série qui mérite un investissement au-delà des premiers épisodes. En guise de programmation alternative (ou complémentaire), pour rester dans l'air du temps actuel, un rattrapage de Twenty Twelve apparaît tout indiqué pour le sériephile au cours des prochaines semaines.


NOTE : 7/10


Le générique de la série :

Une bande-annonce :

Commentaires

"Et j'en suis venue à beaucoup aimer le générique d'ouverture, avec cette chanson entre insouciance et annonce d'ennuis qui colle très bien à la tonalité ambiante "

Ben, Irving Berlin à la composition et Nat King Cole à l'interprétation quand même hein...
Avec ça, tu peux taper n'importe quelles images, ça reste la classe totale.

Écrit par : Fred | 27/07/2012

@ Fred : Mais il fallait penser à la choisir cette chanson ^_^
Mais en effet, elle est sacrément classe. Et les images qui l'accompagnent lui vont bien et reflètent l'ambiance de la série !

Écrit par : Livia | 31/07/2012

Les commentaires sont fermés.