Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/03/2012

(Téléphagie) Le feuilleton et la série : et toi, qu'attends-tu d'un épisode ?

Il y a quelques semaines, Ryan McGee a jeté un pavé dans la marre de la construction narrative des séries américaines avec un article qui amenait logiquement au débat : Did the Sopranos do more harm than good ? HBO and the decline of the episode (je vous en conseille fortement la lecture si cela n'est pas déjà fait). Il écrit notamment que : "HBO isn’t in the business of producing episodes in the traditional manner. Rather, it airs equal slices of an overall story over a fixed series of weeks. If I may put words into his mouth: HBO doesn’t air episodes of television, it airs installments. Calling The Sopranos a novelistic approach to the medium means praising both its new approach to television and its long-form storytelling."

En filigrane, transparaît la classification classique différenciant les séries d'une part, des feuilletons d'autre part, catégorisation utile même si elle ne reflète pas la réalité plus nuancée des fictions télévisées. En effet, ces dernières mêlent généralement les deux approches, ce qui leur permet d'exploiter tant leur format épisodique, que de s'assurer la fidélité du téléspectateur la semaine suivante. Le dosage tendra plutôt vers l'un ou l'autre des genres. Et à l'extrême du feuilletonnant, j'aurais plutôt désigné The Wire sur HBO dont les arcs de chaque saison s'affranchissent de la limite des épisodes, dépassant justement certains des codes du petit écran.

feuilleton1.jpg

Cet article, que l'on partage l'opinion de l'auteur ou non, a le mérite de faire rappeler et faire réfléchir sur les recettes de storytelling suivies actuellement. Elles demeurent plus ou moins toutes représentées, avec parfois des équilibres très réussis entre feuilleton et série, comme l'illustre actuellement une oeuvre comme Justified. Cependant, au-delà des techniques de scénaristes, cet article renseigne aussi sur un autre aspect : l'importance jouée par les attentes du téléspectateur devant un épisode de série. Comment perçoit-il cette heure de rendez-vous hebdomadaire ? Et que représente pour lui ce rendez-vous ?

Distinguer entre le feuilleton et la série (aussi perméables que soient ces catégories), ce n'est pas remettre en cause la légendaire addiction du sériephile, ni la fidélité que l'on peut éprouver pour telle ou telle fiction. Les différences vont tenir à d'autres aspects, très variables. Plus que l'anticipation par le téléspectateur de la fin de l'arc narratif, qu'il s'agisse d'un climax ou d'une grande révélation, je vois avant tout dans les feuilletons la possibilité de construire un (ou des) arc(s) homogène(s), pour une oeuvre comportant un début, un développement et une vraie fin. La structure du feuilleton tend ici à se confondre avec celle du roman, les épisodes devenant un découpage en chapitres d'une seule oeuvre.

Par rapport à cette structure narrative, ma consommation de séries a beaucoup évolué ces dernières années. Autant (ou même peut-être plus) que la "sériephilie sans frontières" dont je vous parle régulièrement, c'est peut-être là une des clés de ma sériephilie actuelle : ma conception de la fiction télévisuelle et les raisons pour lesquelles je la regarde.

feuilleton3.jpg

Au début d'une série, tout sériephile veut y croire...


Durant mes premières années de visionnage des séries, j'étais une téléspectatrice fidèle et assidue. J'ai expérimenté tous les genres imaginables diffusés sur les chaînes hertziennes : des séries purement procédurales, des dramas chroniques de vie, des soaps, des séries "hybrides" où le fil rouge tendait à la rapprocher du feuilleton, etc. Ce faisant, j'ai vécu d'intenses moments de satisfaction, mais aussi de la déception. Pas celle qui accompagne un trop rapide dérapage qualitatif (Invasion Planète Terre), mais celle qui suit la dilution progressive d'une oeuvre incapable de se renouveler dont on exploite jusqu'au bout et au-delà son concept (d'innombrables cop shows) ; ou alors quand la série finit défigurée, sans rapport avec l'esprit d'origine (New York 911). Et puis, il y aussi eu ces fameuses oeuvres dans lesquelles la mythologie patiemment construite a finalement déçue (X-Files). Des années d'investissement, et une impression de frustration qui reste (sans effacer cependant le plaisir d'avoir vécu les premières saisons et leurs interrogations)...

Durant la décennie des années 2000, un décrochage s'est opéré dans mon approche des séries. L'investissement sur le long terme est devenu plus difficile ; démarrer des nouveautés, moins naturel. Je me suis mis à rechercher des oeuvres où le contrat d'engagement était pré-écrit : je savais dans quoi je m'engageais et pour combien de temps. C'est à ce moment-là que j'ai vraiment commencé à m'investir dans les "mini-séries" ; et c'est précisément au cours de cette crise que ma consommation anglaise a explosé. Plus que mon anglophilie, voilà bien une des raisons premières qui m'a fait me tourner vers le petit écran d'outre-Manche. Le nombre d'épisodes est connu, le récit construit comme un vaste arc avec une fin. Et si déception il y a, je n'aurais pas d'arrière-goût amer à la pensée d'avoir investi 100 heures pour me sentir flouée. Immédiatement, la découverte se fait alors plus spontanément.

C'est ensuite que j'ai découvert le petit écran asiatique, ou plus précisément japonais. Le format classique du renzoku tourne autour d'une dizaine d'épisodes d'une quarantaine de minutes (je laisse de côté les taïga et asadora). Le renouvellement du drama, loin d'être systématique, est plutôt rare ; si bien que l'histoire se construit généralement sur une seule saison. La série pourra indifféremment adopter le modèle du feuilletonant ou au contraire enchaîner les épisodes quasi-indépendants, cela dépend simplement des genres. Je m'y suis cependant facilement laissée prendre parce que j'y ai retrouvé des assurances proches du format de la mini-série, en terme de durée, mais aussi en terme d'écriture.

mini-serie-state-of-play-jeux-pouvoir-immuabl-L-2.jpeg

J'aurais pu finir par croire que mon rapport aux séries se résumait à une question de longueur, mais j'ai alors commencé à suivre les séries sud-coréennes. Concernant le format de ces dramas, la structure narrative suivie par les trois chaînes principales de Corée du Sud (je laisse volontairement de côté le câble qui a introduit récemment quelques variantes) se rapproche de ses voisins chinois, taïwanais, ou encore de Hong Kong, mais aussi des télénovélas d'Amérique du Sud. Un début, une vraie fin, un renouvellement pour une saison 2 exceptionnel, et un nombre d'épisodes plus long, avec 20, 36 ou pouvant dépasser allègrement la cinquantaine d'épisodes pour les home dramas ou encore les sageuk.

Pourtant, dans le petit écran sud-coréen, le fonctionnement de l'industrie de l'entertainment fait qu'on n'y trouve pas les mêmes garanties que j'ai précédemment évoquées. La cadence imposée par le tournage "live", avec des épisodes écrits et tournés à flux tendus par rapport à la diffusion télévisée (il arrive de boucler la post-production d'un épisode la veille même de sa diffusion), peut amoindrir l'écriture ; il n'est pas rare que le passage des épisodes pré-écrits, à ceux ajustés et finalisés en cours de diffusion, entraîne des sautes qualitatives. De même, un drama à succès (ou en cas de retard de celui dont la diffusion doit suivre) peut bénéficier d'une extension de quelques épisodes. Cela accentue d'autant les risques de dilution de la série.

Seulement, en dépit de ces risques, c'est le plaisir du feuilleton (lorsqu'il est réussi) qui l'emporte. C'est ainsi que j'ai pu arriver au bout des 81 épisodes de Jumong en éprouvant un vrai plaisir sériephile rare. Comme beaucoup de sageuk traditionnels, il se présente comme un biopic d'un personnage célèbre, partant des évènements précédant la naissance (souvent des tragédies forgeant les oppositions) puis relatant l'accomplissement de ses grands actes, pour s'achever proche de la fin. La force de ce récit, c'est justement sa construction comme un grand roman, découpés en chapitre, et des épisodes qui ne sauraient se visionner indépendamment.

feuilleton5.jpg

Au final, au-delà des deux catégories que sont le feuilleton et la série (et de ma préférence pour la première), la construction narrative qui a mes faveur est désormais celle-ci : un début, une fin, si possible un nombre d'épisodes clairement défini. Ma fiction idéale s'apparente à un livre, et j'entretiens avec elle des rapports très semblables avec ces derniers (Forbrydelsen l'a bien illustré l'an dernier). Sans être une vérité systématique, c'est ce qui décrit le mieux l'état actuel de ma sériephilie. Le procedural show n'a plus mes faveurs ; pas plus que la série au concept potentiellement fleuve qui empêche de savoir pour combien de temps et jusqu'où on s'embarque. Cela explique d'ailleurs en partie mes réserves face aux fictions des grands networks américains.

De façon plus problématique, la fidélité sur le long terme que j'ai pu nourrir par le passé pour certaines oeuvres me semble aujourd'hui presque incompréhensible. Prenons par exemple House MD qui va s'achever à la fin de la saison. Je l'ai sincèrement appréciée à ses débuts ; je m'installe aujourd'hui devant un épisode sans trop rechigner, mais j'ai tourné la page depuis plusieurs saisons. Sans regret. J'admire la persévérance des sériephiles qui accompagnent leurs fictions saison après saison. Cela m'est devenu presque étranger. Ma passion sériephile est cependant intacte ; elle se manifeste juste différemment désormais.


Et vous, quel rapport entretenez-vous avec les épisodes d'une fiction télévisée ?

Commentaires

Ouais donc tu fais partie de la bande, mais en fait, tu dors dans la chambre d'â côté et fait un peu bande à part, quoi... LOL

Nan mais sinon, c'est une note très pertinente. Et c'est vrai, pour ceux qui restent fidèles aux séries US d enetworks, c'est toujours un pari sur l'avenir. Est-ce qu'on est sûr de suffisamment aimer les personnages pour ne pas être déçus à l'arrivée, ou frustrés par l'absence d'une vraie fin ?

Moi je prends encore le risque, mais c'est la même chose / problématique pour les lecteurs de mangas ou fans d'animés : choisir entre des oeuvres fleuves dépassant les 40 volumes / 200 épisodes ou choisir des formats plus courts.

Moi personnellement, je n'aime plus, à part Game of Thrones ou True Blood, et comme je l'ai déjà dit précédemment, les séries-feuilletons d'HBO qui en plus demandent un trop grand investissement intellectuel pour rentrer dedans. Je reste fidèle au contrat des séries de Network, voire celles de certaines chaînes comme USA ou celle qui diffuse Leverage. Ces séries ne volent pas haut, d'accord, mais j'en demande pas plus.
Mais attention, précision notable et je me rends compte en écrivant, j'ai une situation professionnelle qui appuie cela : je n'ai matériellement plus le temps ou l'envie de m'investir dans une série exigeante.

Et puis tout dépend aussi de la philosophie à l'oeuvre des producteurs. Les Law & Order et CSI, ça a été le raisonnement du loner poussé à l'extrême (vu qu'ici, on a surtout parlé du feuilletonnant) : aucune introduction, jamais, des personnages, de toute façon interchangeables ou jetables, tout au service de l'histoire. La perpétuation de l'esprit à l'origine des séries TV, à l'oeuvre dans les années 60 déjà.

Écrit par : KNIGHT | 04/03/2012

Il me semble que les années 2000 ont marqué un grand écart en ce qui concerne le statut et l'importance de l'épisode.
D'un côté, la vogue (ou le retour) des procedurals en tête des audience après des années 80-90 dominées par de grands « character-driven shows » feuilletonnants a produit un très grand nombre d'épisodes aux ambitions limitées, faciles à consommer. Ce qui ne veut pas dire que certains ne sont pas très réussis.
D'un autre côté, la montée en puissance d'une nouvelle génération de « Quality TV » sur le câble, si elle a pu favoriser l'approche de la série comme un roman dont les épisodes ne seraient que des chapitres, a aussi produit des épisodes remarquables d'intensité et formant un tout cohérent quoique pas entièrement clos sur lui-même : « Pine Barrens », « The Suitcase », « The Fly », etc. De ce point de vue, on a atteint des sommets, de telle sorte qu'on ne peut pas soutenir que l'art de l 'épisode s'est perdu.
Ce que l'on est peut-être en train de perdre, par contre, c'est le modèle de la fiction « miroir à verre lent » (Martin Winckler) qui nous accompagne durant plusieurs années en épousant le rythme de notre propre vie. L'expérience que permet le visionnage hebdomadaire, en quasi-direct, d'une série feuilletonnante de network diffusée selon le mode traditionnel n'a pas – je crois – d'équivalent dans d'autres médias fictionnels.
On peut donc nourrir une certaine nostalgie pour la période – très brève en France – où nous pouvions déjà voir des séries dans des conditions correctes (en suivant à peu près le calendrier, ou au moins le rythme de diffusion américain) mais pas encore les consommer facilement par paquets (parce que les DVD étaient moins faciles d'accès et les périphériques de stockage avaient une moins grande capacité).

Écrit par : Ioanis Deroide | 04/03/2012

Ryan McGee parlait des Sopranos plutôt que de The Wire tout simplement parce que The Sopranos est la série qui a été la première (enfin, on peut discuter avec Oz et Hill Street Blues mais bon)à populariser cette structure.

Très honnêtement, je pense que les gens qui se plaignent des mauvaises fins de séries et qui disent qu'ils ne veulent plus regarder de séries où il existe certains mystères à cause de la fin décevant de Lost ... je ne comprends pas vraiment. Ce n'est pas parce que Lost (ou d'autres, mais c'est l'exemple le plus frappant) a eu une fin atroce (et encore, c'est discutable) que ça change l'appréciation qu'on a pu avoir des saisons précédentes, non ? C'est le voyage qui compte finalement, pas l'arrivée.

Tant qu'à l'idée que les séries sur le modèle Soprano ne font plus de bons épisodes... il suffit de regarder Breaking Bad. Fly, 4 Days Out, Hermanos, One Minute... ces épisodes sont juste exceptionnels, et profitent à la fois de la sérialisation (la connaissance qu'on a des personnages) et de la structure épisodiques (Walt et Jesse dans le lab pendant l'épisode).

Donc personnellement, je ne pense pas qu'il y ait un problème avec ce modèle de sérialisation à ce niveau là.

Là où je suis d'accord avec toi par contre c'est qu'il est souvent salvateur d'avoir une date de fin. Lost s'est un peu perdu dans sa saison 3 avant de se reprendre quand on leur a dit qu'ils auraient 6 saisons. Quand une série n'a pas de date de fin, elle se met à tergiverser, et même si les créateurs ont pensé à la fin de la série, ils ne peuvent pas encore se diriger vers cette fin, vu qu'elle pourrait ne pas arriver avant 4 saisons.

Écrit par : Teproc | 04/03/2012

Teproc a écrit :
"Il est souvent salvateur d'avoir une date de fin. Lost s'est un peu perdu dans sa saison 3 avant de se reprendre quand on leur a dit qu'ils auraient 6 saisons. Quand une série n'a pas de date de fin, elle se met à tergiverser"

Cet exemple de Lost signifie-t-il qu'on va vers la généralisation d'une double durée de vie pour les séries aux Etats-Unis ? D'un côté une durée indéfinie et la plus longue possible pour les procedurals, à la manière des « daytime soaps » (ce qui est paradoxal puisque procedurals et soaps sont opposés sur l'échelle du feuilletonnant : les premiers le sont très peu, les seconds énormément). D'un autre côté, une durée définie et relativement courte pour les dramas feuilletonnants.
Au fait, on n'a pas parlé des comédies pour l'instant...

Écrit par : Ioanis Deroide | 04/03/2012

Ma vision des séries a beaucoup évolué depuis le début. Comme toi avant je me laissais séduire plus facilement que maintenant. Désormais j'essaie de faire attention avec ce que je visionne car j'ai beaucoup de mal avec les séries qui n'ont pas de vraie fin...
Je ne suis pas encore tout à fait détachée de toutes mes séries à rallonge mais ca ne saurait tarder...
J'ai un autre problème, je ne sais pas arrêter une série en cours de route... C'est vraiment un problème parfois !

Écrit par : Nephthys | 04/03/2012

Très intéressant ton article !
Je me retrouve assez dans ton parcours et tezs attentes narratives (sauf pour les séries asiatiques que je ne connais pas assez) !
Moi aussi j'ai vu pas mal de séries différentesfidèlement à la fin des années 90 : X-Files (en effet la fin est décevante), Le Caméléon, Ally McBeal...

Teproc, je ne suis pas tout à fait d'accord : la destination est importante parce que c'est la dernière vision de la série, celle qui reste avec le téléspectateur (comme la conclusion d'une dissert' ! ;-) ) ! Si elle est ratée, elle ne gâche pas toute la série, mais elle fait pencher la balance vers des impressions négatives...

Je veux aussi une fin et une histoire complète pour une série (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle Babylon 5 est une de mes 2 séries préférées, avec le format "roman téléviseul" parfaitement maîtrisé) et les séries anglaises sont excellentes pour ça (en particulier les mini-séries, en effet, j'ai un faible pour leurs thrillers conspirationnistes) !
J'apprécie aussi un format intermédiaire : les arcs saisonniers à la Doctor Who : cela permet d'avoir des épisodes assez indépendants, un fil rouge et une conclusion satisfaisante à la foin de la saison et de se renouveller sans avoir une mythologie trop lourde à gérer !

Et en effet, les séries américaines m'apportent rarement ce que je recherche (à l'exception d'HBO, mais ses séries sont souvent trop sombres pour moi). J'aime bien certaines séries de type USA Network (White Collar, Castle) à petites doses hebdomadaires, mais les arcs sont mal exploités et font clairement plaqués.
Mais la plupart des procedurals m'ennuient profondément !

Mais c'est vrai que les séries avec lesquelles on grandissait (ah ! X-Files, mon adolescence, ma découverte d'Internet...) me manquent parfois !

Je trouve qu'il y a une chose pour laquelle les scénaristes américains restent souvent bons : l'attachement aux personnages et à leur évolution, ainsi que la construction d'un univers régulier qui joue sur l'affect du téléspectateur. C'est pour eux que je regarde les quelques séries procédurals citées, et les meilleures séries américaines récentes montrent le parcours de personnages attachants : Gilmore Girls, Everwood, The Good Wife ou même Fringe !

Mais peu de show runners actuels arrivent à gérer une mythologie complexes et des arcs multi-saisons, surtout avec les aléas de la télévision US...c'est pour ça qu'on a eu si peu de bonnes séries mythologiques avec des fins satisfaisantes (je citerai Babylon 5 suivie de Farscape, THe Wast Wing entre sans doute aussi dans cette catégorie) !

Écrit par : JainaXF | 04/03/2012

Tiens, une autre réflexion, mais ce qui a tué plus ou moins le genre série-feuilleton, c'est de ne pas délimiter forcément de point d'arrivée (on trouvera plus tard) ou de ne pas savoir à quelle vitesse raconter les choses, à quel moment amener les révélations. X-Files y était plus ou moins arrivé avec sa formule volontairement accepté : on coupe en deux, d'un côté les loners, de l'autre les épisodes vraiment mythologiques.

Pour les Sopranos, pas d'accord, c'était pas un si bon exemple que ça, moins que The Wire en tout cas car on avait encore un découpage en épisode quand même, avec une intrigue par épisode.

Et puis en suivant vraiment des séries au rythme US cette année, je me rends compte quand même de la différence avec un visionnage en série quand on a une saison complète sous la main : quand la série avance à rythme régulier, ça va, mais des fois, y a pas de nouvel épisode, des fois ça s'interrompt pour 3-4 semaines... Vraiment, les séries, c'est à la base destiné à se caler devant son écran à intervalles réguliers, mais même aux Etats-Unsi, les aléas de la diffusion ou de la programmation n'aident pas.

Écrit par : KNIGHT | 05/03/2012

Article très intéressant !
Pour ma part j'essaye de manager un peu de tout, parce que chaque forme a son plaisir.
(Je fais d'ailleurs le lien avec l'article de marianne qui taxe les seriphiles d'asociaux drogués.)
Le tout est d'arriver à gérer, et ça demande une certaine planification : une certaine liberté pour ses coups de cœur, une place pour les découvertes, une place pour l'engagement à long terme.
Oui j'ai mes préférences et les feuilletons prennent généralement toujours le pas sur le format épisodique. Mais j'ai besoin aussi de ces autres formes de fiction, parce qu'elles remplissent leur part du contrat. J'ai été nourri aux séries des années 80, aux aventures épisodiques de L'agence tous risques à Mac Gyver, et j'ai continué dans les années 90 avec Code Quantum, par exemple. Et bien de nos jours, c'est pareil, il me faut un équilibre, savoir que je vais me lier avec des personnages attachants, vivre leurs aventures sans me sentir obligée de m'y investir totalement.
Car il faut bien le reconnaître, pour le seriphile, le plus dur, c'est d'abandonner une série. Si je ne m'investis que dans des séries feuilletonnantes, il y a beaucoup plus de risques que je n'arrive plus à les lâcher, et donc à ne pas pouvoir faire de place pour d'autres fictions télévisuelles.
Abandonner une série, c'est pour moi un acte important. Petit à petit on apprend à prendre de la distance avec une fiction qui ne nous correspond plus. Cette année j'ai abandonné beaucoup plus de séries que d'habitude, pour arriver à rééquilibrer la part des fictions asiatiques. Mais je suis encore loin du résultat escompté.
Mais si je veux donner plus d'importance aux fictions non-américaines, je ne peux pas non plus me détacher de la diffusion hebdomadaire aux USA. J'ai depuis l'arrivée d'Internet appris à suivre ces séries en direct, appris à gérer les cliffhangers, la frustation des pauses de trois semaines, parce que c'est aussi de là que vient le plaisir (et vive la psychologie de bas étage me direz-vous, et pourtant...). Je n'oublie pas qu'une série télé c'est avant tout un rendez-vous pendant plusieurs mois. Et je déteste donc le binge drinking, qui est en train de tuer le format spécifique de la fiction télévisuelle. Si vous voulez regarder une fiction d'un seul coup, regardez un film ! Évidemment, quand il s'agit d'opérer un rattrapage, pas moyen de faire autrement, mais quand on a la chance de pouvoir vivre en direct les annonces, les trailers, la saison des upfronts, des pilotes, les bouleversements pendant la diffusion, le suspense du renouvellement, ça serait dommage de passer à côté et de n'attendre que la sortie du coffret DVD. Oui, il y a un risque de s'investir dans une série qui ne se finit pas. Oui, c'est toujours frustrant, et chaque année mon pauvre petit cœur doit panser ses plaies, mais ça fait partie du charme des séries américaines. Et d'ailleurs, je remarque que je suis devenu de plus en plus sensible à l'actualité des castings de séries coréennes, avec le temps, preuve s'il en est qu'aimer les séries ce n'est pas juste s'affaler dans son canapé et allumer sa télé, c'est s'intéresser à sa promotion, à sa production, etc...
Les séries c'est avant tout une histoire de diversité : diversité culturelle, mais aussi diversité dans le mode de "consommation". Et cette diversité-là, j'y tiens.

Écrit par : Eclair | 05/03/2012

" Et je déteste donc le binge drinking, qui est en train de tuer le format spécifique de la fiction télévisuelle. Si vous voulez regarder une fiction d'un seul coup, regardez un film ! "

Sauf qu'on vient de te dire au dessus que certaines séries, comme celles d'HBO, pour les plus récentes, sont plus conçues pour être visionnées sur une courte période de temps / d'un seul trait, à la différence des séries de network !

Pour l'abandon des séries, ça dépend, j'avais tendance à dire comme vous, mais quand certaines séries se foutent clairement du spectateur en reproposant la même chose sans évolution ou en proposant des choses pour satisfaire une partie du public, les shippers en laissant un peu tomber le reste, parfois mêem au prix d'invraisemblances, là, pas de scrupules... Et puis il y a les fictions qui durent plus longtemps qu'elles ne devraient aussi.

Écrit par : KNIGHT | 05/03/2012

Il doit y avoir un malentendu.
Ce que j'appelle binge drinking c'est s'enfiler une saison entière en deux nuits, pas suivre une saison du câble. Du reste, que ce soit une série du câble ou des networks, ça ne change rien à l'affaire. Une série, c'est conçu pour être visionné à un certain rythme, sinon ... ben ça serait pas une série, on aurait tous les épisodes disponibles d'un coup à la télévision, il n'y aurait pas de trailer pour les prochains épisodes, etc...
Que les séries du câble cherchent à lorgner du côté du cinéma, ok, mais ça ne change en rien ce qu'elles sont : des séries, c'est à dire des histoires dont on découvre un nouveau morceau périodiquement.
Je m'insurge contre la pratique du binge drinking, parce qu'on est en train de visionner un format de fiction d'une manière totalement différente de sa diffusion, et ça en change radicalement la critique qu'on peut en faire (cf les critiques du cinéma la plupart du temps complètement à côté de la plaque lorsqu'il s'agit d'analyser les séries télé).
Je suis le seul à m'énerver lorsque nos chaînes télé françaises décident de programmer 4 épisodes d'une série en fin de soirée ?

Écrit par : Eclair | 05/03/2012

Knight : c'est vrai, les marathons peuvent être une bonne chose pour les séries hyper-feuilletonnantes (encore plus si elles ont une longue mise en place !), c'est comme ça que j'ai vu Babylon 5 et je ne le regrette pas une seconde !

Par contre, c'est une façon de voir nocive au format épisodique, on se lasse très vite ! Je le vois avec Castle et White Collar : un épisode par semaine, c'est sympa, plus et la série m'agace !

Par contre, je ne suis pas du tout d'accord quand tu dis que les séries américaines baissent de qualité en cédant aux shippers :les scénaristes US sont tellement terrifiés du syndrôme Moolighting qu'ils traitent les shipper comme l'âne avec sa carotte : on a l'impression de pouvoir l'atteindre (ou qu'ilos vont cloncure) pour finalement que ça soit toujours repoussé...
Exemple : Stargate SG1 et Atlantis, Caqstle, Bones...
C'est plus cette tendance à garder une UST bien après que ça soit crédible qui nuit à la qualité des séries US pour moi !

Et bien sûr, les networks (et même le câble, one le voit avec Dexter ou Burn Notice) font tout pour garder les séries qui marchent aussi longtemps que possible, souvent au détriment de la qualité et de la logique de l'histoire !

Écrit par : JainaXF | 05/03/2012

je ne sais pas si c'est avec l'âge ou avec le nombre de série vus, mais je suis d'accord avec ce que tu dis et je me reconnais dans ton évolution. J'ai toujours regarder des séries télé, depuis petite, d'un oeil distrait d'abord, jusqu'à devenir fan avec 1993 et l'arrivée d'x files sur les écrans. Les années 90 et les années 2000 (disons jusqu'en 2008) étaient super chargée, je pouvais suivre jusqu'à 25/30 séries par semaine, dans les années les plus fastes. Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est du à la qualité des séries ou au fait que je me suis lassée, mais c'est à peine si j'arrive à citer 10 séries que je suis avec plaisir dans une année entière...depuis 2007 je n'ai pas retrouver dans les nouveautés, autant de séries qui me passionnent. Moi aussi d'ailleurs, au moment où j'ai constaté ce manque d'envie, je me suis retourner vers les séries anglaises, les period dramas et autre mini séries, peut être lassées par les séries US ou tout simplement parce que la qualité n'était pas au rendez vous (ou alors un peu des deux?).

Écrit par : trillian | 05/03/2012

@Eclair : sauf que les séries du câble sont quasiment écrites en saisons, moins pensées en terme d'épisodes : c'est ce que constate Ryan McGee, et le visionnage d'une seule traite rend la série curieusement moins indigeste, puisque ces séries sont assez lentes et traînent... Il y a un réel problème d'écriture dans les séries du cable (HBO, AMC), car elles ne sont pas écrites non plus en terme d'épisodes. Enfin moins qu'en tant que saisons.
Pour la diffusion en rafales, bien sûr, je m'insurge, bien sûr, ça coupe toute envie de visionner une série à la télé.
Pour le "binge drinking", par contre, c'est un autre sujet. Personnellement, un visionnage rapproché permet de se rendre compte du travail de continuité, quand on refait appel à un personnage ou une intrigue vu plusieurs épisodes auparavant. C'est profitable pour certaines séries. La diffusion comme elle est proposée aux Etats-Unis est loin d'être l'idéale, c'est trop étalé sur l'année du fait qu'on veuille absolument atteindre les 22 épisodes sur 9 mois.

@JainaXF : je n'ai pas dit qu'elles baissaient en qualité, j'ai dit qu'elles donnaient à un certain public probablement jugé majoritaire ce qu'elle attendait. Je pensais aux séries "à couple", regardées par un public adolescent, à qui on donnait ce que ce public attendait, comme The Vampire Diaries : vous voulez du couple Damon / Elena ? On va vous en donner. Vous voulez du Caroline / Tyler, on vous en donnne. Certains verraient bien tel perso avec tel autre ? Ben on vous en donne. Pareil pour TRUE BLOOD, on a réussi à faire le couple Sookie / Eric.

@Trillian : alors déjà, il y a un 1er tri, merci la presse spécialisée, qui est réalisé pour nous du fait de la 100taine de séries produite chaque année aux USA. Parce que les nouvelles séries que l'on choisit de suivre ou pasen direct des USA, qui nous en parle d'abord ? Merci Séries TV, merci Séries Mag ! ^^
Et pour la qualité, les nouvelles séries manquent de je-ne sais-quoi. Porobablement de véritables showrunners avec des idées forte de vouloir raconter quelque chose,

Écrit par : KNIGHT | 05/03/2012

Mon billet comprenait effectivement deux problématiques distinctes : une comparaison des structures narratives, et un questionnement personnel sur ma propre consommation de séries par rapport à celle-ci. Quant à l'opinion tranchée de Ryan McGee, si je ne la partage pas, elle a le mérite de provoquer le débat ! Merci à chacun d'avoir apporté vos vues sur un sujet qui, je crois, consciemment ou non, interpelle tout sériephile ; et où chacun va relever le thème particulier qui lui parle.


Pour ce qui est du feuilletonnant et de la fin des séries, que plusieurs évoquent, il est déjà révélateur de s'interroger dessus lorsque le point de départ de la discussion est l'épisode (mon article s'est presque naturellement orienté vers là). Le problème des high concept fondé sur la construction d'une mythologie, c'est que pour pleinement exploiter leur sujet, il faut une concertation et un travail en amont. Teproc parle de la nécessité d'une fin prévue, et c'est très vrai. Je n'ai pas "vécu" l'expérience Lost, car ce n'est pas une série que j'ai apprécié ; mais je partage ton point de vue sur le plaisir d'avoir accompagné et vu grandir un mystère pour l'avoir vécu devant X-Files.

Après est-ce qu'une série doit être un bloc narratif finalisé, ou au contraire une oeuvre avec ses imperfections, qui mute, se dilue, renaît, au fil des saisons ? Cela se discute peut-être.

L'évolution possible d'une généralisation "procedurals infini/feuilletonnant défini" qu'évoque Ioanis Deroide semblerait presque logique. Dans le paysage des networks actuels, lancer une série mythologique relève d'un pari risqué. Sur un grand network, si une telle série ne prend pas ; elle aura ses 13 épisodes, et jamais de résolution. Si elle fonctionne, on aura tendance à l'étirer au-delà du raisonnable.
Comment écrire une série mythologique ? C'est un débat complexe. Si on se fie au passé et aux séries mythologiques "longues" (plusieurs saisons), si elles comprennent toutes certaines inégalités dans leurs saisons, la différence entre Battlestar Galactica, Lost et Babylon 5, c'est indéniablement la maîtrise sur le long terme d'une mythologie cohérente. Babylon 5 a son lot de loners indépendants, mais sa structure la rapproche, comme le dit JainaXF, très fortement du livre, les chapitres étant ici les saisons, non les épisodes : une première saison d'exposition, des références mythologiques parsemées et constantes qui nécessitent de la suivre dans son intégralité. L'emboîtement de chaque pièce du puzzle auquel la série parvient de manière impressionnante s'explique aussi parce que l'auteur avait une vision d'ensemble en amont.
De nos jours, le problème des "high concept" et des constructions mythologiques tient en deux tendances antagonistes : une nécessaire immédiateté à l'adresse du téléspectateur et la nécessité de prendre son temps pour s'inscrire dans la durée et faire une oeuvre dont la portée dépassera sa seule époque de diffusion.

On parle d'écriture ; mais il y a à mon avis aussi à prendre en compte le comportement du téléspectateur et son évolution. Les scénaristes doivent s'adapter. Et actuellement, hormis Fringe qui aura su résister, on a beaucoup de high concept qui ne parviennent pas à dépasser la commande initiale d'épisodes.


La consommation du téléspectateur reste un peu l'enjeu sous-jacent de cette question. A mon avis, elle n'est pas étrangère aussi à l'évolution de la structure narrative (quand on voit les audiences et les séries actuellement les plus regardées). Et ce n'est sans doute qu'un début. La télévision n'est plus le mode de visionnage dominant des séries. La multiplication des d'autres supports (légaux ou non) a permis à chacun d'acquérir une liberté dans laquelle on a un peu oublié l'origine de la série ; ce rendez-vous hebdomadaire qui marque le quotidien. Internet a tout bouleversé, mais les médias sont eux-mêmes en train d'évoluer : au-delà des services de VOD des chaînes elles-mêmes, Netflix par exemple en "lançant" Lilyhammer le mois dernier a rendu la première saison de la série intégralement accessible immédiatement, sans construire la moindre attente.
Je ne suis pas réfractaire au marathon, certaines séries (les feuilletonantes surtout) s'y prêtent très bien ; après, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse : le binge drinking est une aberration, une sur-consommation de téléspectateur trop gâté qui gâche en partie la saveur que l'on peut éprouver devant une série. Quant aux 4 épisodes de chaîne, c'est du n'importe quoi (c'est Justified qui a même été diffusé à raison de 6 épisodes dans une même journée en début d'année).

Pour conclure, je dirais qu'il y a quand même une donnée importante qu'il faut garder à l'esprit : les visions d'un téléspectateur qui regarde tout d'une traite sur 48h, et celui qui suivra une série espacée sur 9 mois, seront forcément différente. Il n'y a plus UNE façon de voir une série, et les scénaristes s'adressent à un public beaucoup plus diversifié.


Sinon, en terme de consommation personnelle, ce que dit Eclair sur les équilibres à trouver entre tous les genres est très juste. Même quand j'écris avoir une préférence pour le feuilletonnant, ça ne m'empêche pas à côté d'apprécier White Collar et autres. Il y a des tendances générales, et après il y a le cocktail réel et personnel de chacun (JainaXF, Trillian ou Eclair le montrent bien). Beaucoup de choses dépendent de la conception personnelle du téléspectateur, de ses attentes vis-à-vis d'un épisode/d'une série.

Au fond, les facteurs d'évolution du petit écran américain sont multiples. L'épisode n'est pas fini. Mais le format "série" est en mutation permanente, pas seulement du fait des auteurs, des chaînes, mais aussi des spectateurs.

Écrit par : Livia | 05/03/2012

@ KNIGHT : "Il y a un réel problème d'écriture dans les séries du cable (HBO, AMC), car elles ne sont pas écrites non plus en terme d'épisodes. Enfin moins qu'en tant que saisons."

On en avait déjà parlé, et on était tombé d'accord sur le fait qu'on était en désaccord sur le sujet ^^ ; mais je me permts de rebondir. Qu'elles répondent à d'autres attentes que les séries des grands networks, certainement. Mais après cela dépend vraiment du téléspectateur et ce qu'il attend d'1h de télévision. Personnellement, je trouverais toujours plus dense, consistante et retenant mon intérêt 1h de Boardwalk Empire par rapport à 1h de Hawai Five O. D'autres seront en désaccord (et je comprends leurs arguments). Seulement on touche vraiment ici à la perception propre qu'ont les téléspectateurs ; et aussi à la manière dont celle-ci a pu évoluer au contact des séries de telle ou telle chaîne. Tu ne t'installes pas devant HBO comme tu t'installes devant CBS. Chacun le sait. Il n'est pas possible d'avoir les mêmes attentes d'un épisode, même si on est toujours devant une "série". En fait, le mot "série" en deviendrait presque polysémique ! ^_^

Par contre, le problème à mon sens c'est que les différentes chaînes, câbles comme grands networks, en viennent à "industrialiser/pousser à l'extrême" leurs caractéristiques. C'est pour ça qu'on a un gouffre qui se creuse de plus en plus entre ces deux types de fiction. La course au plus petit dénominateur commun ou la poursuite de la chimère cinéma risque de devenir une sorte d'engrenage. Chacune a trouvé un créneau à succès, et elles vont toujours plus loin sur cette voie. Et c'est peut-être là la limite/le danger.

Écrit par : Livia | 05/03/2012

Knight : il y a peut-être les deux tendances, ou plutôt un mélange : les scénaristes exploitent tous les couples potentiels sans jamais rien fixer définitivement ! Je suis shipper dans la plupart des séries que je suis, et ça m'énerve !

Livia : analyse très intéressante, on peut en effet se demander dans quelle mesure les évolutions narratives récentes sont dues aux différents modes de visionnages et aux attentes changeantes des téléspectateurs...

Après, je redoute comme toi la disparition des séries "intermédiaires" aux USA : des séries de qualité mais qui savent aussi plaire à un grand public moins prêt à s'investir (comme a pu l'être X-Files à l'époque)...et j'avoue que j'ai parfois du mal avec les séries du câble au rythme très lent et au ton trop sombre !
C'est d'ailleurs en partie pour ça que j'ai autant accroché à The Good Wife : j'y ai retrouvé ce format américain mêlant habilement la série et le feuilleton qui était pour moi une des grandes force des USA !

Écrit par : JainaXF | 05/03/2012

alors perso, je ne lisais pas la presse spécialisée, à chaque nouvelle rentrée je regardais chaine par chaine les nouvelles séries (je me contente des grandes chaines US et des chaines cablées) et je regardais sur le net de quoi ça parle, c'est comme ça que je sélectionne celle que je vais voir ou pas; pour ce qui est de la qualité, je ne sais pas, je pense que les scénaristes ont du mal à se renouveler et à trouver de nouvelles idées ces dernières années, mis à part quelques exceptions heureusement! mais cette baisse très importante dans le nombre de série que je regarde et que je veux continuer à regarder me montre qu'il y a un problème (en tout cas concernant les séries US); je pense aussi que les gens n'ont plus envie de s'investir dans une série , après la fin de lost par exemple, j'en avais assez des intrigues à tiroir, des énigmes résolus que dans les derniers épisodes et qui déçoivent souvent (lost, alias...) du coup, je n'ai pas eu envie de me lancer dans Fringe, flashforward ou ce genre de série, j'étais fatigué par le genre. C'est aussi l'une des raisons qui font que j'apprécie les séries HBO, ses séries qui ne sont pas usées jusqu'à la corde et qui savent s'arrêter à temps, comme sopranos, six feet under et surtout the wire.

Écrit par : trillian | 06/03/2012

Personnellement, je trouve très stimulant que les modes de visionnage se diversifient et bousculent pour les créateurs de séries la manière même dont ils peuvent appréhender leur travail.
Mais ce que pointe à mon sens intelligemment l'article cité par Livia, c'est que l'émergence et le succès d'une nouvelle forme peuvent rapidement amener à au travers de copies médiocres à l'affadissement de cette forme.
Ce qu'à apporté HBO (It's not TV, it's HBO, hein...) au travers de séries comme les Soprano mais sans doute surtout au travers du travail de David Simon, ce n'est pas tant une nouvelle ligne de fracture entre d'une part le feuilleton et d'autre part la série, mais bien plus une une manière inédite en télévision de faire feuilletonner le feuilletonnant.
HBO a établi un standard qui a très largement gommé nombre d'éléments artificiels qui étaient de mise partout ailleurs : notamment la relance obligatoire et artificielle de l'intrigue à l'intérieur des épisodes (grâce à l'absence de coupures publicitaires), la relance de l'intrigue d'un épisode à l'autre (la disparition très fréquente du cliffhanger) et la relance de l'intrigue d'une saison à l'autre (pas de cliffhanger de fin de saison au profit d'une impression de clôture).
Sans ces artifices, qui servent trop souvent de béquilles à des séries médiocres, la série se met à nu, elle ne tient plus que par ses qualités d'écriture, par la richesse d'exploration de ses thématiques, par la densité psychologique donnée à ses personnages,...
C'est évidemment pour cela, en raison de cette ambition inédite, qu'il s'agit d'un modèle très difficilement copiable qui aboutit à des résultats souvent insatisfaisants.
Les grandes séries HBO sont vouées, par leur nature-même, à rester des exceptions dans le paysage (et c'est un tour de force exceptionnel que HBO soit parvenu et parvienne encore régulièrement à en produire. Pour s'en convaincre, il suffit de voir comment AMC rame sans parvenir à produire à nouveau un show de la qualité de Mad Men ou de Breaking Bad).
Quand on dit qu'on visionne une série de HBO comme on lit un roman, je trouve que l'on ne va pas assez loin dans l'analogie.
On devrait plutôt dire que les séries fonctionnaient auparavant comme la lecture d'un page turner (qui fonctionne avec le même type de relances de l'intrigue que dans une série feuilletonnante traditionnelle) alors que HBO s'en détache pour ressembler à une littérature plus ambitieuse. Genre le thriller de la semaine versus Dostoievski :).
En ce qui me concerne, même si ma préférence va clairement au modèle HBO, j'essaie de trouver la qualité où qu'elle puisse se trouver.

Pour ce qui est des modes de visionnage, j'ai complètement laissé tomber le visionnage fragmenté en fonction de la diffusion télé des épisodes (pourtant, je les télécharge habituellement juste après diffusion).
Pour moi, une saison se regarde en un bloc.
Pas du tout pour me faire une orgie d'épisodes à la suite (je n'ai de toute façon pas l'occasion matérielle de le faire) mais parce qu'il m'est très difficile de m'investir pleinement dans plusieurs séries simultanément.
J'ai tout à fait conscience que cela modifie ma perception d'une série par rapport à quelqu'un qui visionne au fur et à mesure de la diffusion, mais c'est le mode qui me convient et je ne vois pas très bien pour quelle raison je devrais en changer.

Écrit par : Fred | 06/03/2012

@Fred : en même temps, quel cliffhanger tu veux faire dans TREME qui ne raconte tellement rien...

Et pour les contre-exemples, on a quand même TRUE BLOOD et Game of thrones où là on a du cliffhanger. Foiré d'ailleurs la plupart du temps pour TRUE BLOOD. C'est un art à part entière mine de rien, que l'on maîtrise, où pas. Mais cette série, c'est encore un peu l'exception sur cette chaîne.

Écrit par : KNIGHT | 07/03/2012

"@Fred : en même temps, quel cliffhanger tu veux faire dans TREME qui ne raconte tellement rien... "

Never feed the troll.

"Et pour les contre-exemples, on a quand même TRUE BLOOD et Game of thrones où là on a du cliffhanger. Foiré d'ailleurs la plupart du temps pour TRUE BLOOD. C'est un art à part entière mine de rien, que l'on maîtrise, où pas. Mais cette série, c'est encore un peu l'exception sur cette chaîne."

True blood, je ne regarde pas, ça ne m'intéresse pas.
Et Game of thrones, c'est tout à fait le type de séries que j'associerais au fonctionnement romanesque du page turner (pas étonnant vu que c'est adapté d'un page turner). Pas représentatif donc de la mouvance évoquée par l'article auquel Livia faisait référence.

Écrit par : Fred | 07/03/2012

En fait, le problème actuel des séries, c'est qu'il n'y a plus de showrunners dignes de ce nom pour proposer une vision du monde forte, une série qui a des choses à dire, et alors qu'un article écrit sur un autre blog conteste le fait qu'il n'y a pas eu d'âge d'or des séries, moi je défends l'idée que l'âge d'or, on l'a bel et bien connu dans les années 90 parce que sont arrivés de nombreux showrunners à la même époque, qui savaient tenir des séries. Alors que je serais capable de donner des dizaines de noms de showrunners de l'époque, là, à l'heure actuelle, je serais bien en peine, mais ça revient petit à petit.

Écrit par : KNIGHT | 07/03/2012

"...les séries-feuilletons d'HBO qui en plus demandent un trop grand investissement intellectuel pour rentrer dedans. Je reste fidèle au contrat des séries de Network,[...]. Ces séries ne volent pas haut, d'accord, mais j'en demande pas plus. [...]je n'ai matériellement plus le temps ou l'envie de m'investir dans une série exigeante."

"En fait, le problème actuel des séries, c'est qu'il n'y a plus de showrunners dignes de ce nom pour proposer une vision du monde forte, une série qui a des choses à dire"

Je respecte tout à fait ta volonté de ne plus t'investir dans des séries exigeantes (pour des raisons qui sont les tiennes et qu'il ne m'appartient pas de discuter) mais, dans ce cas, tu ne me parais pas nécessairement le mieux placé pour porter un avis négatif sur la qualité des showrunners actuels.

Écrit par : Fred | 07/03/2012

Ben c'est mon avis sur la question. Mais je suis prêt à entendre une liste des showrunners vraiment marquants de ces 5 dernières années par exemple.

Et sinon, je continue à m'intéresser dans son ensemble à la production US, même si je ne peux pas suivre toutes les séries. On est forcément, faute de temps, de faire le tri.

Écrit par : KNIGHT | 07/03/2012

Merci pour le lien ! Problématique très intéressante en effet, tout comme ton article, qui me fait réfléchir à mes pratiques de sériephile...
Je crois que pour moi, la seule structure narrative qui importe, c'est vraiment l'épisode. Vu ma pratique chaotique des séries télé - où je peux abandonner sans une pensée la plus feuilletonnante des séries, où je peux regarder une saison de quatre épisodes sur une année... - je ne pense pas accorder beaucoup d'importance à la saison (hérésie !), au début et à la fin d'une série, et encore moins à son nombre défini d'épisodes. Je ne suis pas du genre à m'engager, je suis là pour un épisode. Un deuxième si je ne peux pas m'en empêcher (mais j'ai du mal à regarder deux épisodes à la suite d'une même série, il faut qu'elle soit très bonne). J'avance à vue.
Pourtant, je préfère largement les séries feuilletonnantes, une intrigue qui m’emporte à long terme, qui me laisse pantoise face à son cliffhanger, qui me laisse attendre la suite à l'agonie... mais elles ne sont pas si fréquentes, ces séries-là, ou plutôt, j'ai malheureusement une capacité de concentration limitée et à chaque épisode la série doit faire ses preuves. Alors j'avoue attendre d'un épisode qu'il ait un début, une fin, qu'il soit merveilleusement construit et que dans l'idéal il s'inscrive dans un schéma plus global.
Et pourtant, je regarde beaucoup de séries coréennes, dont la plupart n'ont absolument pas ce schéma-là. Eh bien je confesse ne pas toujours regarder les épisodes de drama de façon organisée, il m'arrive fréquemment d'enchaîner deux épisodes pour m'arrêter au milieu du deuxième, là où l'arc narratif se conclut. Et je regarde la suite un autre jour...
Je n'avais jamais vraiment réfléchi à mes pratiques en ces termes, j'avoue qu'en écrivant ces mots, elles me laissent perplexe... :)

Écrit par : Saru | 14/03/2012

Bonjour, j'arrive un peu tard, mais je trouve cet article crucial en ce qu'il permet de bien différencier les différents genre.

Me concernant, je n'aime quasiment que les feuilletons : 24h, PrisonBreak, Battlestar galactica, spartacus, pour ceux ayant eu la chance d'avoir une fin. Et j'apprécie assez les dramas (japonais/coréen), exemple "My boss my hero", "liar game", qui ont les avantages d'un feuilleton, avec une fin assurée.

Par contre les séries "bouclées", je ne les supporte plus, surtout les policières, à part quelques cas, comme "Columbo".

J'ai même un certain mal à supporter le style mixte "série-feuilleton" avec un épisode qui boucle mais un fil rouge, tel que X-Files ou Dexter. Même si j'apprécie tout de même "Big bang théory", ou "Mentalist" qui tombent dans cette catégorie.

Hélas, je trouve qu'il n'y a pas assez de feuilletons, ou que ces derniers sont un peu hasardeux (imaginons que soudain la production stoppe "the walking dead" ou "game of throne", on se retrouve d'une saison sur l'autre sans la suite, comme pour "Rome" par exemple).

Je fonctionne un peu comme toi, j'aime bien "m'immerger" dans une série, un peu comme on lit un roman : on est toujours en attente de savoir la suite au fil des jours où on le lit. On vit un peu en compagnie des personnages et de leur évolution, dans un autre univers.
Et j'aime bien être "accroc" à une histoire et à son déroulement, comme le cas de 24h qui reste en tension permanente sur 24 épisodes.
Moins les épisodes sont autonomes, plus ça me plait.

Écrit par : Tommy Lobo | 25/03/2014

Les commentaires sont fermés.