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02/11/2011

(K-Drama) Gye Baek (première partie) : une fresque épique vers la chute de Baekje

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S'il y a bien un genre de séries dans lequel ma sériephile s'épanouit tout particulièrement, ce sont les sageuk (séries historiques sud-coréennes). Cette année, par manque de temps, à l'exception de Warrior Baek Dong Soo qui versait plus dans le divertissement d'action que dans le véritable épique, je me suis surtout consacrée à des sageuk relativement courts. J'en ai volontairement laissé d'autres de côté, comme The Duo ou The Princess Man, en attendant d'avoir plus de temps. Mais l'appel était devenu trop fort en cette fin de mois d'octobre ; et l'offre trop alléchante...

A la différence de Tree With Deep Roots, mélange historique de thriller et politique, qui s'adresse à un public plus large au-delà des seuls amateurs du genre, Gye Baek est un drama conçu prioritairement pour satisfaire le public friand de ces épopées classiques aux accents souvent tragiques. Diffusé sur MBC depuis le 25 juillet 2011, il comprendra 32 épisodes et s'achèvera au cours de ce mois de novembre en Corée du Sud. Il y a dix jours, lorsque j'avais décidé de progresser plus avant dans ce drama sur les conseils de Mina, j'envisageais de faire une review classique de "pilote", c'est-à-dire, pour un sageuk, après avoir visionné les 4/5 premiers épisodes. Mais Gye Baek est, avouons-le, la raison pour laquelle j'ai terminé mes quelques jours de vacances plus fatiguée que je ne les avais commencés... Et c'est pourquoi cette review, que je n'ose plus appeler "pilote", traite en fin de compte de la première partie du drama, soit 16 épisodes.

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Gye Baek se déroule au VIIe siècle, à la toute fin de la période connue sous le nom des Trois Royaumes, qui étaient composés de Silla, Baekje et Goguryeo. La péninsule coréenne s'apprête en effet à être unifiée sous la domination de Silla. Ce drama n'est pas l'histoire d'une conquête glorieuse, il apparaît au contraire comme un hommage au courage des déchus. C'est en effet la fin de Baekje qu'il entreprend de nous raconter, à travers un récit romancé de la vie du dernier grand général de ce royaume, Gye Baek. De sa naissance jusqu'à l'ultime et célèbre bataille de Hwangsanbeol, où les armées de Baekje, en sévère infériorité numérique, furent entièrement détruites, Gye Baek va nous relater les derniers soubresauts d'un royaume qui sera annihilé quelques années après cette défaite militaire capitale.

Le drama débute, avant même la naissance de son personnage principal, au milieu des troubles et de la contestation entretenue par la seconde épouse du roi contre la reine, dont le tort principal est d'être originaire de Silla. Le prince et héritier présomptif, son fils Euija, fait l'objet de tentatives d'assassinats que seule l'admirable dextérité du maître d'arme qu'est le général Mu Jin permet d'endiguer. Mais si ce n'est pas la force, cela sera le complot qui fera tomber la reine et entraînera dans sa chute son protecteur militaire et la famille de ce dernier. Au cours d'une nuit tragique de mise à exécution du plan des opposants, lesquels se cachent derrière une confrérie d'assassins du nom de Wi Je, la reine préfèrera la mort au déshonneur. Par la ruse, le prince Euija parviendra à se maintenir en vie auprès de son père, à la cour. Tandis que Mu Jin perdra sa femme, qui n'a que le temps de donner naissance à leur fils, Gye Baek.

Les inimitiés ainsi forgées dans le sang, et alors que les confrontations ultérieures provoquent d'autres drames, une quête de revanche va guider les pas de chacun... Au détriment de Baekje ?

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Le premier attrait de Gye Baek réside dans le souffle épique qui traverse et porte le récit. Le qualificatif de fresque a rarement semblé aussi approprié que face à ce drama aux accents résolument héroïques et tragiques. Mêlant aux destinées personnelles de ses protagonistes le sort plus incertain de tout un royaume, la série se révèle riche en émotions. Eprouvante et poignante par moment, jubilatoire et savoureuse à d'autres instants, elle est en plus dotée d'un sens du détail appréciable, grâce auquel rien n'est jamais anodin et tout finit par se recouper. Révélatrice de cette ambiance prenante, l'ouverture du premier épisode, sur cette dernière bataille déséquilibrée dont l'issue est connue, propose des scènes qui marquent d'emblée par leur solennité et leur intensité : le téléspectateur se retrouve ainsi instantanément happé par l'histoire et ses enjeux.

De manière plus générale, il faut saluer l'équilibre, certes fragile et parfois vascillant, dont fait preuve cette première partie de Gye Baek. La série trouve le juste dosage entre les phases d'action, chorégraphiées avec sobriété mais toujours beaucoup de conviction, et le decorum figé des intrigues de cour et autres conciliabules de palais. Les affaires royales, adoptant un schéma géopolitique classique à la période des Trois Royaumes, restent très accessibles. Comme dans tout sageuk traditionnel, le scénario se construit de manière cyclique : les éléments d'une confrontation prochaine sont d'abord introduits, jouant sur une tension de plus en plus palpable, pour enfin éclater et offrir un ou deux épisodes en apothéose. Puis, s'enchaîne une brève période de transition où le renouveau des rapports de force est enregistré, avant de recommencer ensuite un nouveau cycle qui suivra le même schéma. Cela aboutit à un ensemble homogène et rythmé, sans temps mort notable, où l'intérêt du téléspectateur ne se dément jamais.

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Outre son sens du rythme et de l'épique, Gye Baek doit également beaucoup à ce qui reste la grande force des k-dramas : sa dimension humaine. Elle bénéficie en effet d'une galerie de personnages forts, en mesure d'impliquer émotionnellement le téléspectateur. Il ne faut pas se laisser abuser par le titre qui renvoie la fausse idée d'un simple biopic sur ce général de Baekje. Gye Baek est en effet un véritable drama choral, comme le sont les sageuk les plus enthousiasmants. La série laisse une place à chacun de ses protagonistes, pour grandir, pour mûrir et pour nuancer leur personnalité, acquérant ainsi une réelle épaisseur. Loin d'offrir un simple récit manichéen, tout en prenant parti pour ses héros, le drama s'attache surtout à esquisser le reflet d'une humanité à la faillibilité troublante.

Manifestant un sincère intérêt pour chacun de ses protagonistes, Gye Baek s'assure une assise humaine solide. La série fait le choix d'offrir un traitement relativement égal à son duo principal, faisant du prince Euija un pendant parfait à l'impulsivité initiale de Gye Baek. Leur alliance, scellée par les tragédies des premiers épisodes, permet opportunément de dépasser le vague triangle amoureux pour se concentrer sur des enjeux autrement plus importants, touchant au sort même du Royaume. Avec beaucoup d'habileté, la série éclaire l'ambivalence des motivations de tous les protagonistes. Sous couvert de la notion polysémique d'"intérêt du royaume", tout et son contraire sont prônés et perpétrés : il est difficile de percevoir où s'achève la poursuite de quêtes très personnelles (de vengeance comme de pouvoir) et où débute la réelle préoccupation pour l'intérêt collectif. La figure de l'opposante, représentée par la reine Sa Taek Bi, incarne parfaitement tous ces paradoxes. Quant au roi, malméné au gré des rapports de force, il s'accroche avant tout au prestige de la couronne (il n'est pas sans rappeler par exemple le roi Kumwa dans Jumong). Au final, aucun personnage n'apparaît jamais unidimensionnel et c'est vraiment une des forces de l'histoire.

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Aussi enthousiasmant soit-il dans ses passages les plus fastes, au cours desquels je reconnais volontiers m'être laissée grisée, Gye Baek n'est pour autant pas exempt de défauts. Sageuk de 2011 qui a pris en compte la modernisation des codes narratifs subis par le genre au cours de la dernière décennie, il n'en demeure pas moins de facture classique. Il conserve ainsi un vrai sens de la théâtralisation parfois très poussé. Si le drama fait preuve d'un savoir-faire certain dans la mise en valeur de ces passages, il a aussi tendance à vouloir trop en faire. La décharge émotionnelle causée ne masque pas les raccourcis évidents (géographiques notamment), voire les facilités parfois gênantes du récit.

Il est flagrant que les scénaristes ont souvent préféré privilégier les effets et l'intensité de certaines confrontations, au détriment de la vraisemblance de plusieurs développements. Ce parti pris narratif peut diviser et donne assurément des arguments recevables aux détracteurs de la série. C'est sans doute pour cela que Gye Baek s'adresse, à mon avis, prioritairement aux amateurs du genre. Pour s'apprécier pleinement, il suppose de se laisser emporter par un récit qui laissera difficilement insensible les amoureux de fresques épiques. Tant que le rythme d'ensemble demeurera toujours aussi constant et qu'il continuera d'accorder un tel soin à ses personnages, le téléspectateur pardonnera les errances au profit de l'envolée émotionnelle suscitée par certains passages. 

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Sur la forme, Gye Baek est un beau sageuk qui allie les atours chatoyants des costumes traditionnels propres à ces dramas historiques se déroulant dans les cours royales et l'approche plus sobre liée aux destinées des gens du commun. La photographie est soignée et l'esthétique du drama reste globalement un vrai plaisir pour les yeux. De plus, la série ne manque pas d'une dose d'action appréciable, bien servie par les chorégraphies de combats. Quant aux reconstitutions de batailles, les scènes d'ouverture sont d'une intensité à saluer - de quoi plonger immédiatement le téléspectateur dans l'univers de la série.

Pour autant, Gye Baek n'atteindrait pas la dimension à laquelle elle parvient sans l'atout de choix que représente sa bande-son. Une fresque épique ne saurait exister sans ces morceaux, entraînant ou mélancolique, voire déchirant, qui vont accompagner les protagonistes tout au long de leur histoire. Le drama dispose ainsi d'une palette de musiques bien fournies qui savent parfaitement accompagner les passages clés de la série.

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Enfin, le dernier atout et argument de poids de Gye Baek est son casting. Gye Baek est en effet incarné par un des acteurs emblématiques de ce genre historique, Lee Seo Jin. Si dans certains rôles contemporains comme pour Freeze, il a pu me laisser quelques réserves, en revanche, il reste le premier acteur de sageuk à m'avoir marqué par la première série de ce genre que j'ai eu l'occasion d'apprécier, Damo. Certes, à ce jour, je ne fais pour l'instant que caresser le rêve de me lancer dans la fresque que représente Yi San et ses 77 épisodes. Mais même sans avoir eu pour le moment l'occasion de voir ce dernier drama, Lee Seo Jin est vraiment à sa place dans un sageuk et sait prendre la mesure des rôles qui lui sont confiés dans ce genre.

A ses côtés, on retrouve une distribution très solide : Jo Jae Hyun pour incarner un prince Euija qui joue sa survie au quotidien, passé maître dans l'art du subterfuge, la toujours majestueuse Oh Yun Soo ou encore la très sobre Song Ji Hyo. Parmi la galerie d'acteurs complétant la distribution, on croise Hyo Min, Jun Noh Min, Kim Yoo Suk, Jin Tae Hyun, Choi Jae Hwan, Jo Sang Ki, Kim Hyun Sung, Yoon Da Hoon, Ahn Kil Kang, Jung Sung Mo, Im Hyun Sik, Kim Dong Hee, Park Yoo Hwan, Go Yoon Hoo, Jang Hee Woong ou encore Cha In Pyo.

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Bilan : Vaste fresque aux accents irrémédiablement tragiques, Gye Baek est un drama passionnant, parcouru d'un souffle épique exaltant qui saura sublimer certaines scènes. Navigant entre deux approches, celle des destinées individuelles et celle du sort d'un royaume, le drama peut s'appuyer sur une galerie de personnages travaillés auprès desquels le téléspectateur se sent tout particulièrement impliqué. Privilégiant parfois le ressenti émotionnel à la cohérence narrative, il n'en demeure pas moins une de ces rares séries capables de susciter un enthousiasme immodéré et exaltant, que l'amateur de sageuk chérira et savourera avec un bonheur non dissimulé.

J'attends donc la seconde partie avec impatience (et prépare déjà mes mouchoirs).


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Le générique :


Une chanson de l'OST :

08/06/2011

(K-Drama) Freeze : déroutante simplicité pour une troublante et mélancolique approche du thème des vampires

 
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Après m'être concentrée sur les nouveautés au cours de ces dernières semaines, c'est un bilan d'une série plus ancienne que je vous propose en ce mercredi asiatique : celui de Freeze. Elle figurait sur ma liste de dramas à découvrir depuis presqu'une éternité, une critique chez Ageha ayant tout particulièrement retenu mon attention. Il faut dire que le résumé contenait un mot clé susceptible d'éveiller mon intérêt par-delà les continents téléphagiques, le mot "vampire". C'était d'autant plus efficace que, jusqu'à présent, je n'avais jamais regardé une seule série asiatique abordant ce thème particulier.

Présenté comme atypique et ne suivant pas forcément les canons préconçus du genre, ce drama m'intriguait. Son autre avantage résidait dans le fait qu'il s'agit d'une série très brève : 5 épisodes d'un peu plus d'une heure chacun. Elle avait d'ailleurs été diffusée sur une petite semaine à la fin du mois d'octobre 2006 sur Home CGV. Par sa construction, elle se regarde sans doute plus comme un long "long métrage" que comme une véritable série. Et si elle peut dérouter à plus d'un titre, j'avoue m'être laissée envoûter par Freezze et son ambiance à part d'une bien étrange mais plaisante façon.

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Si l'histoire de Freeze se déroule dans le présent, elle a débuté il y a plusieurs siècles. Baek Jung Won, alors jeune homme, sauve une belle femme, I-Wha, du bûcher auquel elle avait été condamnée par son village. Dans leur fuite, Jung Won est grièvement blessé. Refusant de laisser son sauveur mourir, I-Wha lui fait cadeau de ce qu'elle a de plus cher afin de lui permettre de survivre : son sang, qui le transforme en vampire. Les années ont passé depuis. Si les deux vampires sont restés associés, possédant actuellement un bar à vin à Séoul, Jung Won traîne désormais son immortalité comme une malédiction, emporté dans une dépression qui le fait se mourir à petit feu, tandis que I-Wha assure leur subsistance en achetant le sang dont ils ont besoin pour se nourrir.

Cette situation précaire bascule le jour où Jung Won reçoit une lettre d'une femme qu'il a tant aimé, mais qu'il a abandonné à regret il y a une vingtaine d'années, sa nature de vampire ne pouvait permettre cette passion. Elle est désormais malade et c'est à ses funérailles qu'il se résoud finalement à se rendre. Il y retrouve la fille qu'elle a eu avec un autre homme, père alcoolique et absent qui n'a jamais su la rendre heureuse. Si Jang Ji Yun n'était qu'une enfant quand Jung Won fréquentait sa mère, elle est devenue une jeune fille en quête de sens dans sa vie, profondément marquée par ce décès. Prenant Jung Won pour le fils de l'ancien amour de sa mère, Ji Yun se laisse entraîner vers la capitale, curieuse d'en apprendre plus. Après bien des réticences, le vampire accepte de l'héberger, ouvrant la voie à une étrange et indéfinissable relation, tandis qu'une peur sourde se répand en ville : un serial killer rôde, vidant ses victimes de leur sang... les vampires existeraient-ils ?

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Freeze a ceci de paradoxal qu'il s'agit d'une série mettant en scène des vampires, mais dont cette thématique ne va pourtant pas être centrale. En réalité, le drama se joue plutôt volontairement d'un certain nombre de codes classiques du genre - l'idée de tuer pour se nourrir apparaît, par exemple, comme une barbarie tombée en désuétude ("pour qui te prends-tu ? Dracula ?" tance ainsi I-Wha). Cependant, si la question vampirique reste une simple toile de fond, elle n'en est pas moins déterminante par le biais d'une problématique qu'elle va permettre d'explorer : celle de l'immortalité. La déchirure provoquée par l'impossibilité de poursuivre une vie "normale", la blessure insondable que représente le fait de voir vieillir, puis mourir, un être cher, vont être des constantes qui fondent la tonalité pesante teintée de fatalité et de mélancolie de la série.

Plus précisément, Freeze, c'est l'histoire d'une relation qui ne peut pas être et apparaît vouée à l'échec avant même de s'être vraiment installée. Doté d'un rythme de narration d'une lenteur travaillée qui peut dérouter un public non averti, le drama se complaît dans un récit quasi-contemplatif relatant le rapprochement progressif de deux êtres. La mise en scène est épurée à l'extrême. On peine presque à oser employer le mot qui est pourtant déterminant, "l'amour", tant les sentiments sont ici réduits à leur plus simple expression. Ils demeurent comme figés dans l'image étonnamment froide que renvoie l'esthétique poétique de la série. Pourtant cette retenue n'empêche pas le drama de chérir sa part d'humanité : la moindre scène rompant la glace, distillant une touche d'humour ou d'ironie, voit ainsi son impact multiplié et touche plus sûrement le coeur du téléspectateur.

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Freeze est une série qui se ressent plus qu'elle ne se regarde ; l'action, minimaliste, s'efface presque derrière l'ambiance qu'elle construit. L'écriture du drama se nourrit de ses paradoxes, cultivant et mêlant une noirceur parfois étouffante et une innocence rafraîchissante. Cette combinaison, envoûtante en un sens, fait naître une forme de fascination pour l'ensemble qu'il est difficile de traduire en mots ou même de rationnaliser. Les cinq épisodes se savourent d'une traite, comme un (long) long métrage, sans que l'on parvienne à s'en détacher. En raison de sa froideur latente et de l'impression d'inachevé qu'il laisse à la fin, il est sans doute difficile de véritablement aimer au sens premier du terme ce drama. Mais il constitue indéniablement une expérience télévisuelle originale dont on ne ressort pas complètement indemne.

Parce que le charme indéfinissable de Freeze réside justement dans son ambiance, il est logique que sa forme s'impose comme un atout déterminant, particulièrement soigné. Paradoxalement, c'est sans doute par sa sobriété, à laquelle se conjuge une impression de détachement glacé, que la réalisation se démarque et permet au drama de se trouver une identité visuelle qui lui est propre. Tout comme le récit qu'elle met en images, la caméra sait prendre son temps. Sa lenteur travaillée lui permet ainsi de soigner chacun de ses angles. Les plans, esthétiques, en deviennent parfois presque poétiques, tandis que la photographie joue sur des teintes à la fois colorées et sombres.

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Pour accompagner cette mise en scène qui lui sied parfaitement, la série bénéficie en plus d'une bande-son particulièrement bien inspirée. La musique reste une constante dans la narration, mais au lieu de prendre le pas sur les scènes, elle les accompagne souvent en fond sonore lointain jamais envahissant. Par la sincérité qui en émane - loin de tout effet clipesque -, l'OST marque par le fait qu'elle incarne comme rarement l'âme même de ce drama. Ses compositions alternent les instrumentaux au piano, où perce une forme de mélancolie, écho à la tonalité du récit, et des chansons ambivalentes, oscillant entre légèreté et tristesse. 'Never cry' est notamment un petit bijou de ballade pop qui illustre bien cette dualité de ton.

Enfin, pour porter cette histoire à l'écran, Freeze bénéficie d'un casting au sein duquel scintille une superbe Park Han Byul (Oh! My Lady) ; non seulement l'actrice incarne un personnage qui, par sa fraîcheur, propose un contraste saisissant avec l'ambiance pesante générale, mais elle apporte aussi une forme d'étincelle au drama, encouragée par une caméra qui lui offre de bien belles scènes visuelles. Lui donnant la réplique, Lee Seo Jin (Damo, Soul) joue un vampire tourmenté qu'il est plus difficile de cerner. Il s'en tire honorablement dans un rôle compliqué à exprimer. A leurs côtés, les rôles secondaires finiront par surprendre par leur relative consistance, une fois les clichés de départ évacués. On y retrouve notamment Son Tae Young, Lee Joon, Lee Han Wie, Ji Dae Han ou encore Kim Kang Gyu.

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Bilan : Drama à la fois classique et déroutant, Freeze n'est pas une série de vampires au sens premier du mot. C'est par sa simplicité extrême, narrative autant qu'émotionnelle, que le drama trouve une identité originale. L'histoire, paraissant réduite à sa plus simple expression, renvoie l'impression d'une troublante et touchante sincérité. Laissant un sentiment d'inachevé à la fin de ces cinq épisodes, cette série fait sien un style contemplatif et épuré d'une lenteur travaillée qui ne conviendra sans doute pas à tous. Mais j'ai pour ma part vraiment apprécié cette expérience, y retrouvant cette authenticité unique, toute en retenue, caractéristique du style de narration sud-coréen que je chéris tant.


NOTE : 7/10


Une chanson de l'OST ("Fate") et un aperçu de la série par le MV proposé :

06/12/2009

(K-Drama) Damo (The Legendary Police Woman) : une jeune enquêtrice dans la Corée médiévale


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La série coréenne du dimanche !

Aujourd'hui, je vais devoir tricher un peu pour vous offrir un voyage en Asie. En effet, en raison d'une semaine très chargée, je n'ai pas eu le temps de finir de nouveaux kdramas. Rassurez-vous, ce n'est que partie remise ; mes découvertes ont encore été fructueuses, notamment le très enthousiasmant et addictif A Man's Story (j'en suis actuellement à la mi-saison). Mais je préfère attendre d'avoir visionné l'intégrale pour en faire une review complète. En tout cas, ces deux derniers mois auront initié un cycle coréen très enrichissant, puisque j'ai semble-t-il dépassé mes appréhensions concernant les dramas contemporains. Après une période où j'avais délaissé les fictions asiatiques par manque de temps, je poursuis mes découvertes téléphagiques : même si, journées non extensibles aidant, j'en délaisse toujours plus les séries américaines - après la pause de Noël de ces dernières, peut-être les choses iront-elles mieux !

Je vais donc vous parler de mon premier kdrama historique : Damo ; celui qui m'a conquise à ce genre de fiction. Je vous le présente avec d'autant plus d'attention qu'il constitue une rareté dans nos contrées : une série coréenne sortie en DVD en France !

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Damo (The Legendary Police Woman) est une série qui fut diffusée au cours de l'été 2003 sur la chaîne MBC. Elle comporte au total 14 épisodes de 60 minutes environ chacun. Série historique, certes, elle se déroule dans une période plus contemporaine, puisque nous sommes à la fin du XVIIe siècle. Elle n'est pas une fiction centrée sur les intrigues de cour, comme ce genre-là l'affectionne. En effet, Damo nous propose de suivre les aventures de Chae-Ok, une jeune "damo" ; c'est-à-dire une serveuse de thé, mais dont les talents et le sens de l'initiative sont également utilisés comme enquêtrice par les autorités. Le Bureau de la police lui confie diverses missions, l'envoyant résoudre des affaires ou en simple observatrice sous couverture. De naissance noble, marquée par une tragédie familiale qui est source de honte et qui l'a rabaissée à ce rang de servante, la jeune femme va se retrouver embarquée dans des complots contre le roi Sookjong, tandis qu'une rébellion s'organise dans le royaume. Si elle a toujours été d'une fidélité à toute épreuve à l'égard de son maître, Hwang Bo Yoonun, un des dirigeants de la police, sa rencontre avec le chef des rebelles va mettre à mal sa loyauté.

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Comme beaucoup de séries coréennes (d'où la difficulté d'être "pilotovore" face aux fictions de cette nationalité), la série met quelques épisodes à démarrer, s'ouvrant sur un épisode d'exposition à l'intrigue assez diluée, perdant quelque peu le téléspectateur. Mais, progressivement, c'est grâce et à travers les personnages que l'on rentre dans l'histoire. Au fur et à mesure qu'ils sont développés, la présentation de leur passé leur confère une nouvelle dimension. S'ils sont adversaires, aucun n'est unidimensionnel. Ils ont tous une ambiguïté qui intrigue, avec leurs forces et leurs faiblesses. Si bien qu'il est aisé de s'attacher à ces individus, fruits d'une société figée et inégalitaire, mais aussi produits d'un passé qui les a construits et façonnés.

Ainsi, l'héroïne, Chae-Ok, a dû affronter les malheurs qui se sont abattus sur sa famille. Elle s'est ainsi forgée, dans l'adversité, un fort caractère qui se heurte régulièrement aux limites de son rang. Le suicide de son père, accusé de trahison, scella la fin de son enfance heureuse. Si son frère aîné réussit à échapper aux gardes venant les arrêter, elle n'eut pas cette chance. Mais elle parvint à faire face aux exigences de sa nouvelle vie, tissant une relation privilégiée avec le fils de son maître. Ayant été initiée aux arts martiaux par lui, c'est à ce dernier, devenu un des chefs de la police, qu'elle doit son poste où elle se voit confier certaines responsabilités. Damo se révèle particulièrement appliquée dans la reconstitution historique de cette société du XVIIe siècle particulièrement rigide socialement, nous fournissant de nombreux détails sur les moeurs et conventions qui régissent la vie de l'époque. Car Damo n'est pas seulement une série d'action et d'aventures ; elle dresse aussi un portrait peu flatteur des inégalités criantes qui règnent au sein de ce monde médiéval.

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Outre cette dimension humaine très intéressante, l'univers de la série se complexifie rapidement au fil des épisodes. Au-delà des simples enquêtes policières de meurtres ou de contrebandes diverses, c'est le sort du pays tout entier qui va bientôt être en jeu. En effet, une enquête initiale sur un trafic de fausse monnaie va plonger les protagonistes dans les méandres obscurs de la politique du royaume. Si la capitale bruisse de rumeurs de complots ; les contrées extérieures s'agitent également. Des choix vont devoir être faits, et des camps choisis. Pour cela, le poids du passé revient peser sur les évènements et les loyautés de chacun. Peu à peu les pièces d'un vaste puzzle se révèlent une à une aux yeux d'un téléspectateur désormais conquis, complexifiant la grande trame scénaristique qui constitue le fil rouge de la série. Dans cette perspective, Damo utilise les ficelles classiques des fictions coréennes, jouant sur l'ambivalence des sentiments des héros, mêlant enjeux d'Etat et histoires familiales oubliées. Le cocktail s'avère assez convaincant.

Cependant, il s'agit bel et bien d'une série d'action. Elle se déroule principalement sur le terrain, et non dans les couloirs feutrés d'une cour. Si bien que nous avons droit à un certain nombre de combats, chorégraphiés d'une façon proche d'un ballet par moment, ne recherchant pas forcément le réalisme. Pour autant, le rythme d'ensemble demeure assez lent, s'imposant de longues discussions empreintes d'un certain théâtralisme, comme pour mieux refléter la société dans laquelle le récit a lieu. Sur la mise en forme, la réalisation est correcte, sans plus, la série datant quand même de 2003. La bande-son est fournie et prenante, oscillant entre morceaux plus rock'n'roll et ballades tristes.

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Bilan : Damo est en fin de compte une série prenante, offrant une reconstitution historique minutieuse d'une rigide Corée médiévale. Exploitant un coktail classique des fictions coréennes, où se mêlent actions et sentiments, liens familiaux et politique, elle prend peu à peu toute sa dimension, au fur et à mesure que l'intrigue principale se révèle et que les personnages se complexifient. Souffrant d'un début un peu lent et de quelques baisses rythmes, elle mérite vraiment qu'on lui donne l'occasion de s'installer.

 

NOTE : 7/10


La bande-annonce :