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16/06/2013

(Pilote UK) Dates : les incertitudes d'un premier rendez-vous

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Cette semaine a débuté en Angleterre, sur Channel 4, une intéressante série relationnelle : Dates. Certains parmi vous se souviennent peut-être que l'année dernière à la même époque, BBC1 s'était aussi essayée - avec moins de succès - aux instantanés amoureux dans la série True Love. Dates emprunte un format quasi-anthologique assez proche. Il s'agit d'une création de Bryan Elsley, co-créateur de Skins. Seulement, cette fois-ci, ce ne sont plus des instantanés d'adolescence, mais les méandres amoureux de vies d'adultes qui ont retenu son attention.

La série comptera un total de 9 épisodes, d'une durée de 25 minutes chacun environ. La programmation suit un rythme particulier : après avoir diffusé trois épisodes en première semaine, du lundi au mercredi (à partir du 10 juin), elle se fixera sur deux épisodes les mardi et mercredi. C'est donc au terme de la première fournée (les trois premiers épisodes) que j'écris cette review. Car Dates s'est révélée être une jolie surprise, fraîche et humaine juste comme il faut pour traiter d'un tel sujet.

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Dates repose sur un concept simple : il s'agit de raconter le premier rendez-vous, à l'aveugle, organisé entre deux utilisateurs d'un réseau en ligne de rencontres. L'épisode couvre donc une seule soirée, la plupart du temps débutée dans un bar ou un restaurant, et dont les suites varieront en fonction du déroulement du rendez-vous. Dans cette quête du grand amour, il faut bien reconnaître qu'il y a plus de désillusions ou de nuits sans lendemain que de relations au long court qui naissent dans ces circonstances. L'excitation initiale du premier contact fait souvent place à la déception. Mais qu'importe. Dates nous raconte une prise de risque, une tentative... en s'intéressant à la manière dont ce premier échange a lieu, révélateur de bien des hésitations et des maladresses, et oscillant entre séduction et tergiversation.

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Le charme de Dates tient à la simplicité et à la fraîcheur qui émane de la série. L'écriture privilégie une spontanéité pleine de naturel pour relater le déroulement d'une soirée et tous les aléas qui accompagnent invariablement le premier rendez-vous. La brièveté des épisodes conforte le dynamisme d'ensemble. Chacun commence par s'évaluer, ne sachant trop sur quel pied danser. Une fois dépassées les hésitations initiales, les échanges se font de plus en plus vifs. Après une mise en confiance, les réparties fusent, parfois trop vite, suivies ensuite de longs silences gênés. La série capture à merveille toute l'incertitude que représente ce moment où chacun se jette à l'eau sans savoir quelles sont les attentes réelles de leur vis-à-vis : le nom sous lequel il est inscrit sur le site est-il seulement le sien ? S'agit-il de charmer cette personne, de poser des fondations pour apprendre à la connaître et envisager un futur ensemble ? Un seul premier coup d'oeil doit-il suffire pour couper toute envie de poursuivre la rencontre ? Autant de questions qui peuvent se reproduire selon des déclinaisons extrêmement diverses en fonction du duo mis en scène.

L'autre atout de Dates tient justement à la diversité inhérente à son concept. Les associations, auxquelles conduit le hasard d'une rencontre virtuelle par profils interposés, sont parfois surprenantes... Chaque épisode joue sur les contrastes entre les deux protagonistes, le téléspectateur s'invitant à leur table sans avoir non plus de connaissance préalable sur les motivations de chacun. Il y en a souvent un dont on se sent plus proche, parce que la caméra a plus insisté sur lui. Mais c'est seulement par leurs confidences volontaires que l'on cerne peu à peu chaque personnage. La diversité se retrouve aussi dans la tonalité ambiante de la série, oscillant entre espoir, rire et désillusion. La soirée passe souvent par plusieurs stades, frôlant la catastrophe par moment, pour finalement, à l'occasion, partir sur une dynamique inattendue avec quelqu'un qui ne semblait a priori pas fait pour soi. Le premier épisode offre d'ailleurs un condensé de toute la richesse et de la versatilité de ce drama relationnel, évoluant de la confrontation aux confidences avec un naturel déconcertant. Le rire se fait même communicatif lorsque Mia reste sans voix suite à la révélation du nombre d'enfants de son rendez-vous. Le portrait de chacun est ainsi dressé par petites touches, révélant le meilleur... ou le pire, pour offrir une série qui marque précisément par son humanité.

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Tournée à Londres en début d'année, Dates a pour cadre la capitale anglaise. Si tout semble devoir invariablement commencer dans le huis clos d'un restaurant, la série s'évade aussi en extérieur en fonction des épisodes. La réalisation est soignée, privilégiant ce même naturel qui se retrouve dans les dialogues. Bonus non négligeable, la série débute par un bref générique d'une vingtaine de secondes, coloré et londonien, qui met le téléspectateur dans l'ambiance et donne parfaitement le ton, pétillant juste comme il faut (pour un aperçu, cf. la première vidéo ci-dessous).

Dates peut également se reposer sur les prestations d'une galerie d'acteurs très solides. Chaque épisode se concentre sur deux personnages, le format quasi-anthologique explique donc le turn-over. Cependant, certains protagonistes seront croisés à plusieurs reprises dans la série, les découvrant dans des configurations de premier rendez-vous différentes. C'est le cas, dans deux des trois premiers épisodes, d'Oona Chaplin (The Hour, Game of Thrones), qui délivre une superbe performance, pleine d'aplomb. Parmi les nombreuses têtes familières, la série sera l'occasion de retrouver également Andrew Scott (Sherlock, The Town), Will Mellor (White Van Man, In with the Flynns, Broadchurch), Neil Maskell (Utopia), Sheridan Smith (Mrs Biggs), Katie McGrath (Merlin), Ben Chaplin (Mad Dogs), Greg McHugh (Fresh Meat), Gemma Chan (Bedlam), Montanna Thompson (The Story of Tracy Beaker) et Sian Breckin.

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Bilan : Humaine et attachante, Dates plonge le téléspectateur dans une suite d'instantanés relationnels dépeints avec une fraîcheur et un naturel aux accents très authentiques. L'idée de centrer la série sur le premier rendez-vous est un concept qui a le mérite de pouvoir se décliner à l'infini, mettant en scène bien des associations inattendues. Capturant les spécificités et les aléas de chaque rencontre, les épisodes, courts, sont très plaisants à suivre, bénéficiant d'un dynamisme et d'une justesse de ton très appréciables. Dates apparaît donc comme un drama relationnel, à la tonalité aussi versatile que la vie, qui répond parfaitement aux attentes que le projet avait pu susciter. Avis aux amateurs !


NOTE : 7,5/10


Le générique (pétillant) de la série :


Une bande-annonce de la série :

08/07/2012

(Mini-série UK) True Love : une suite d'instantanés amoureux doux-amers

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Fin juin, Dominic Savage s'est essayé à un exercice assez particulier sur BBC1. La chaîne a en effet proposé une mini-série, au format relativement court (cinq épisodes de moins d'une demi-heure), qui avait la particularité d'être semi-improvisée et d'adopter une format quasi-anthologique pour relater cinq histoires distinctes. La brièveté des développements rapproche l'ensemble du court métrage. Personnellement, cette ambiance m'a aussi beaucoup rappelé des séries japonaises au principe de départ assez proche, notamment certains ketai dramas (séries pour téléphone) comme Sweet Room par exemple que j'avais visionné en janvier dernier. Si la prise de risque était réelle et les moyens réunis avec un casting impressionant, le résultat a cependant été plus mitigé. Le public anglais lui-même n'a pas été convaincu : diffusée du 17 au 20 juin 2012, la mini-série n'a cessé de perdre des téléspectateurs, s'ouvrant avec 3,11 millions pour se conclure avec 1,49 millions.

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Se déroulant dans une bourgade du bord de mer, à Margate, True Love raconte en tout cinq histoires d'amour, caractérisées par les doutes et les remises en question qui les accompagnent, indépendantes entre elles, si ce n'est, exceptionnellement, par des personnages qui s'entre-croisent dans certaines épisodes. Sont mises en scène des situations très diverses. Le premier épisode explore l'impact du retour d'un premier amour sur un mariage jusqu'alors heureux. Le second parle de coup de foudre, peu importe les engagements que l'on a. Le troisième est celui d'une enseignante qui se cherche, et tombe amoureuse d'une élève. Le quatrième parle d'infidélité et d'un couple qui s'éloigne jusqu'à devenir étrangers. Enfin, le cinquième est celui d'une tentative de reconstruction d'un père de famille, alors même que la meilleure amie de sa fille commence à éprouver des sentiments pour lui.

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True Love aurait sans doute mérité un titre plus nuancé, moins affirmatif, qui aurait reflété les doutes qu'elle va surtout s'attacher à souligner tout au long de ses récits. Car elle propose autant d'histoires compliquées que d'épisodes : il s'agit d'instantanés fugaces de relations troublées, qui tendent plus vers un tragique potentiel pour ce "true love", que vers un bonheur simple et apaisé. A ce jeu souvent versatile des sentiments, se mêlent des questions de responsabilité et d'engagements préalables. Le principal attrait de la mini-série - mais aussi, peut-être, une de ses limites - tient au fait que les dialogues soient laissés à la semi-improvisation des acteurs. L'objectif est d'offrir un traitement naturel, avec une touche plus personnelle que l'on doit à la libre appréciation du casting. Cette idée, louable sur le papier, fonctionne d'ailleurs par intermittence : avec ses silences, ses regards échangés plus parlants que bien des mots et ses hésitations, True Love a quelques moments de grâce, délivrant plusieurs scènes à la sincérité aussi troublante que poignante.

Mais le format court - moins d'une demi-heure - conjugué à l'ambition narrative que présentent certains récits trop complexes, voire caricaturaux, et sources de bouleversements nombreux, pèse sur la démarche. Ne permettant qu'insuffisamment d'approfondir chaque personnage, cela donne souvent l'impression désagréable de survoler de manière superficielle, au pas de course, une histoire qui, parfois, s'éteint aussi vite qu'elle est née ou se forge une solidité surprenante après seulement quelques moments partagés. Plus problématique que le relatif manque de crédibilité de certains récits - les épisodes sont sur ce point inégaux -, la mise en scène accélérée empêche de véritablement s'attacher aux personnages. Conséquence inévitable, c'est l'empathie qui devrait émaner de l'ensemble qui en souffre. Finalement, à la place de l'authenticité voulue l'emporte une artificialité un peu pesante, et le sentiment d'un potentiel inexploité, inachevé...

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Pour accompagner ces tableaux amoureux, face à un fond aussi minimaliste, c'est la forme qui prend le dessus, plus particulièrement par le biais d'une bande-son très présente, qui souligne et expose encore plus formellement les différentes étapes des relations suivies. Ces excès musicaux - "clipesques" - accentuent l'impression d'un récit condensé à l'essentiel qui mise sur un ressenti plus que le contenu d'une histoire. Il manque le juste dosage, une certaine subtilité... Mais pour peu qu'on apprécie le genre, le choix des chansons n'est pas désagréable - une certaine mélancolie émane de l'ensemble, à l'image de la seule chanson qui retentit dans les 5 épisodes (cf. 2e vidéo ci-dessous). Reste que tout cela contribue à ralentir un peu plus un rythme narratif déjà lent. Parallèlement, il faut reconnaître que la réalisation propose une belle photographie. True Love met en avant son cadre du bord de mer, en offrant quelques superbes vues du large, la plage restant un lieu de rendez-vous incontournable.

Enfin, la mini-série rassemble un casting impressionnant. C'est sans doute là un argument qui pourrait convaincre plus d'un téléspectateur d'y jeter un oeil, en dépit des faiblesses rencontrées sur le fond. La plupart des acteurs n'apparaissent que le temps d'un épisode (sauf exception), et vont donc faire parler leur instinct/expérience pour mettre en scène ces histoires qui laissent une place à l'improvisation. Si certains se heurtent à des récits non adaptés au format court, dans l'ensemble, True Love permet quand même d'apprécier d'intéressantes prestations. On y croise, en figures centrales successives, David Tennant (épisode 1 - Blackpool, Doctor Who), Ashley Walters (épisode 2 - Top Boy), Billie Piper (épisode 3 - Doctor Who, Secret Diary of a call girl), Jane Horrocks (épisode 4 - Absolutely Fabulous) et David Morrissey (épisode 5 - State of play, Blackpool). A leurs côtés, on retrouve aussi Vicky McClure (épisode 1 - actuellement dans Line of Duty), Charlie Creed-Miles (épisodes 3/4 - Injustice), Jo Woodcock (épisodes 1, 3 et 5 - Collision, Land Girls), Alexander Siddig (épisode 4 - Star Trek - Deep Space Nine), Kaya Scodelario (épisode 3 et 5 - Skins), Jaime Winstone (épisode 2 - Dead Set), Joanne Froggatt (épisode 1 - Downton Abbey), Lacey Turner (épisode 1 et 2 - Bedlam) ou encore Genevieve Barr (épisode 4 - The Silence). Autant dire que cela fait un sacré casting réuni devant la caméra ; cela laisse quelques regrets que le résultat ne soit pas à la hauteur des ambitions.

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Bilan : Mini-série contemplative aux histoires d'amour douces-amères, True Love restera un essai de semi-improvisation intriguant, qui nous aura réservé quelques scènes émotionelles d'une rare justesse qu'il faut saluer, mais dont les ambitions narratives n'étaient sans doute pas adaptées au format choisi. Son fond minimaliste a été inégal et a toujours tâtonné difficilement pour trouver le juste dosage afin de relater des histoires à la fois crédibles et touchantes. A côté des performances d'acteurs, on retiendra de True Love aussi sa forme, notamment ses chansons, trop présentes mais entêtantes.

En résumé, une série pas déplaisante à suivre mais inachevée et vite oubliée.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce :

La chanson que l'on entend dans chacun des cinq épisodes :