17/09/2011
(UK) Doctor Who, season 6, episode 10 : The girl who waited
Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose d'aussi fort devant un épisode de Doctor Who qui n'est ni un season premiere, ni un season finale, c'est-à-dire un épisode non mythologique. Cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas versé autant de larmes devant la série. Écrit par Tom MacRae, The girl who waited est en bien des points une réponse parfaite à ceux qui s'interrogent sur la construction des saisons sous Steven Moffat et sur le rôle des stand-alones, car il résume et éclaire comme rarement toutes les dynamiques relationnelles à l'oeuvre entre les trois protagonistes principaux.
Après toutes les émotions fortes vécues ces derniers temps, le Docteur décide d'offrir des vacances à Rory et Amy sur une planète du nom d'Apalapucia, qui est la deuxième destination touristique de l'univers. Mais loin du monde paradisiaque promis, ils arrivent dans un lieu qui a été placé en quarantaine en raison d'une épidémie. Si les humains ne craignent rien, il en va autrement des Time Lords. Un mécanisme jouant sur les lignes temporelles a été mis en place, permettant aux malades de vivre, durant les 24 heures qu'il leur reste avant de mourir, une vie entière. A la suite d'une simple erreur, Amy est malheureusement séparée des deux autres, enfermée dans le système automatique. Le Docteur fait ce qu'il peut pour la sauver, mais lorsque Rory retrouve sa femme, cette dernière est restée seule et luttant pour sa survie pendant 36 ans...
The girl who waited est un épisode qui démontre qu'il est possible de faire reposer entièrement un épisode sur les compagnons du Docteur. Car c'est bel et bien à Amy et Rory, pour lesquels je n'avais jamais autant vibré, que cette aventure est dédiée. C'est tout d'abord l'histoire d'Amy, parce qu'elle est celle qui attend. Une habitude, pourrait-on dire. Depuis que la série l'a introduite enfant, croisant pour la première fois ce mystérieux homme à la boîte bleue en pleine regénération, il semble qu'elle ait presque toute sa vie toujours attendu ce Time Lord versatile auquel elle est liée de manière inextricable : elle l'a attendu jusqu'à l'âge adulte, elle l'a attendu durant cet été où il cherchait vainement sa fille... et la voilà qui patiente cette fois-ci 36 ans dans un univers hostile où les dernières illusions de fiabilité qu'elle pouvait avoir en lui ont le temps de s'effacer. Cette Amy âgée, férocement indépendante, qui reste si semblable à notre jeune Amy mais est en même temps si désillusionnée, est le produit de l'échec, de la trahison du Docteur, et ne saurait laisser insensible le téléspectateur.
C'est d'autant plus le cas que cette tragédie est mise en relief par l'intensité de sa relation avec Rory. Si l'on avait pu avoir des doutes dans les premiers temps sur la solidité de ce couple, cette saison nous aura démontré combien les deux sont liés par le destin depuis leur enfance et quelle est la force des sentiments qui les lient. La conviction inébranlable de Rory, persuadé qu'Amy âgé ne peut avoir oublié tous les principes qui la caractérisait, la manière dont ils retrouvent timidement leurs affinités, une complicité naturelle, après toutes ces années, font chaud au coeur et éclairent au grand jour tout ce que sont capables de transcender leurs sentiments. Et puis, pour ceux qui craignaient que cette relation ne fonctionne que dans un sens, Rory aimant plus tout sa femme, une décision extrêmement symbolique leur répond ici : Amy âgée fait finalement le choix d'aider à retrouver Amy jeune/du présent, non pour elle-même, mais pour Rory et les années qu'ils méritent l'un pour l'autre.
Il y a tant d'émotions sous-jacentes dans les scènes de cet épisode qu'il ne pouvait sans doute s'achever que dans les larmes d'un choix impossible, mais qui doit être fait : même dans une intrigue tout en timey-wimey où le téléspectateur perd rapidement le fil temporel conducteur, on sait qu'il ne peut y avoir qu'une seule Amy. Ce sera celle de Rory, celle que ses amis considèrent comme le présent, effaçant Amy âgée, ses 36 années d'attente vaine et tous les remords qu'elle représente. Plus que dans bien des situations durant lesquelles il avait pu jouer avec le feu, l'attitude d'Eleven, mêlant inconséquences et mensonges, marque. Tout à son ordre des priorités et à ses préoccupations personnelles, il est frappant de constater à quel point il semble s'éloigner de ses compagnons. Ces modes de voyage discutables font sans doute son charme (ne pas vérifier si la destination n'est pas en pleine épidémie), le fait de mentir avec aplomb sur la possibilité de sauver également l'Amy ayant vécu ces 36 ans de solitude est déjà une manipulation douteuse, mais placer ensuite Rory face à l'obligation de choisir entre les deux, lui laissant le soin de garder le verrou, est proprement cruel.
Comme si la confrontation avec River dans le mid-season finale n'avait jamais eu lieu, comme si les avertissements sur son attitude n'avaient jamais été formulés, Eleven poursuit un comportement de Time Lord qui use de ses pouvoirs sans forcément de contre-poids, d'auto-restriction. Là où Ten faisait preuve d'une empathie et d'une compassion qu'il n'hésitait pas à montrer et dont il tirait sa force, Eleven fait preuve de moins de scrupules. Cela le déchire sans aucun doute d'abandonner ainsi celle qui est le produit d'une ses erreurs, mais il l'intériorise. Plus que jamais, tout parait semblable à un jeu des apparences, omettant des éléments d'informations à ses compagnons, présentant toujours une image enjouée qui est souvent un acte. Le Docteur évolue lentement vers une ligne, entre destructeur et/ou auto-destructeur, qui vient nuancer et noircir son portrait. Si ce thème a toujours existé dans la série, il est désormais au coeur de la dynamique de la saison, permettant ainsi à Doctor Who d'explorer de nouveaux territoires.
Bilan : The girl who waited est un épisode bercé par les paradoxes, à commencer par le principal : en dépit d'une histoire confuse, où les timey-wimey égarent le téléspectateur, il captive, émeut et marque avec une force et une intensité à laquelle peu d'épisodes de Doctor Who parviennent. C'est un épisode où l'émotionnel prend le pas sur la rigueur du scénario, pour apporter un éclairage particulier sur les différents protagonistes, mettant à l'honneur des compagnons du Docteur qui l'ont bien mérité. Karen Gillan et Arthur Darvill sont d'ailleurs vraiment à la hauteur de l'évènement !
NOTE : 8,5/10
La bande-annonce de l'épisode :
19:19 Publié dans Doctor Who | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : doctor who, bbc, matt smith, karen gillan, arthur darvill | Facebook |
10/09/2011
(UK) Doctor Who, season 6, episode 9 : Night Terrors
"Tick-tock goes the clock even for the Doctor."
Après un redémarrage de mi-saison des plus enthousiasmants, c'est un épisode de transition que nous propose Doctor Who avec Night Terrors. Écrit par Mark Gatiss, il faut préciser que cette aventure devait initialement figurer dans la première partie de la saison 6, d'où l'impression de nous glisser dans une parenthèse au cours de laquelle la trame mythologique est comme suspendue (pas d'évocation du sort de River, ou des préoccupations vis-à-vis de leur fille d'Amy et Rory). Cette transition, proche du stand-alone, va cependant une nouvelle fois prouver à quel point cette série sait investir en même temps des registres extrêmement différents, se révélant à travers une tonalité versatile qui fait son charme.
C'est un appel au secours reçu par le Docteur qui va initier l'aventure de Night Terrors. Un petit garçon, quelque part en Angleterre, a très peur. Il est tellement effrayé que sa demande d'aide, pensée si fort, a traversé l'espace et le temps jusqu'au Tardis qui était en train de voyager. Sans hésitation, le Docteur répond instantanément à ce curieux appel de détresse, entraînant ses compagnons sur Terre, dans un grand ensemble urbain qui n'en fait certes pas la destination la plus exotique qui soit. Le Time Lord découvre, à l'origine du message, un garçon de huit ans, George, manifestement très angoissé. Ses parents ne savent plus quoi faire ; le Docteur s'invite alors dans les lieux pour découvrir dans la chambre de l'enfant, enfermé dans le placard, quelque chose d'aussi inconnu qu'effrayant...
Tout en cultivant une diffuse ambiance sombre et inquiétante, Night Terrors est un épisode à la tonalité plus ambivalente qu'il n'y paraît, semblable à un conte où, une fois les épreuves passées, l'histoire se termine sur une note d'optimisme, laissant l'observateur extérieur ragaillardi et satisfait. A première vue, l'épisode se réapproprie pourtant bien tous les codes classiques d'une mise en scène horrifique soft, restant tout d'abord dans le suggestif, pour ensuite basculer dans une maison des poupées se voulant fort angoissante. Ce sont nos peurs enfantines, celles qui nous prenaient d'assaut, enfant, dès que la lumière de la chambre s'éteignait, qu'il s'attache à réveiller. Cependant, si l'ensemble aiguise la curiosité, retenant l'attention du téléspectateur, il serait exagéré de dire que l'épisode parvient à susciter une réelle inquiétude.
A partir d'un cadre minimaliste, et dans ce décor très particulier, c'est finalement une belle histoire humaine, d'une simplicité assumée, qui va nous être relatée. Si les thèmes abordés peuvent donner une impression de déjà vu, ils ont le mérite de fonctionner : un extraterrestre qui a perdu ses repères, un père et un fils qui doivent se retrouver, ce sont des missions pour le Docteur... La bonne surprise de l'épisode tient à son écriture extrêmement versatile, passant allègrement de l'anxiété dramatique à des scènes plus proches de la comédie, qui frôlent parfois un ridicule inattendu assez savoureux : des (més)aventures traditionnelles d'Amy et Rory à la géniale scène du débat entre le père et le Docteur pour savoir s'il faut ou non ouvrir le placard. On sourit donc plus que prévu devant cet épisode à l'allure presque faussement effrayante, qui reste avant tout une jolie histoire, laquelle séduit par sa simplicité et son humanité.
Par contraste avec la richesse de l'épisode de la semaine précédente, Night Terrors peut sans doute frustrer. Le téléspectateur nourrit naturellement des envies de flamboyante mythologie, de casse-têtes inénarrables, de timey-wimey inextricables... De telles attentes ne sont pas comblées par ces stand-alones plus intimistes. Est-ce pour autant un défaut et le signe d'une gestion trop aléatoire du fil rouge mythologique ? Pour ma part, je n'y vois pas une inégalité qualitative. Je ne suis pas tombée amoureuse de cette série pour sa mythologie, mais pour son univers, pour ces points de détail d'apparence anecdotique mêlant science-fiction et divertissement familial, pour ce ressenti magique furtivement éprouvé lors du visionnage de certains épisodes. La saveur particulière de Doctor Who réside dans son folklore. Si le schéma narratif global des saisons sous Steven Moffat est assez prévisible, je prends aussi beaucoup de plaisir devant ces épisodes moins déterminants pour la grande Histoire, indéniablement peu marquants, mais où on retrouve l'âme de la série. Cela n'a pas l'intensité de Let's kill Hitler, mais c'est une autre forme de saveur !
De plus, servi par une réalisation de Richard Clark qui joue habilement sur les codes de la terreur portée à l'écran, sans jamais véritablement franchir le dernier pas pour embrasser ce genre, Night Terrors bénéficie d'un casting très appréciable : il accueille parmi ses guest-stars du jour Daniel Mays, resté à mes yeux le traumatisant Keats dans la saison 3 de Ashes to Ashes et qui était en début d'année à l'affiche de Outcasts. Ca m'a fait très plaisir de retrouver cet acteur que j'apprécie beaucoup. Il délivre ici une performance enthousiasmante, s'amusant manifestement beaucoup dans cet épisode où son personnage - le père de George - passe par tous les états, de l'adulte responsable à la panique frôlant le ridicule. Enfin, c'est Jamie Oram qui incarne, avec une touche de sincérité et d'innocente parfaite, le garçon apeuré par qui tout arrive.
Bilan : Stand-alone quasi-indépendant de la mythologie de cette saison 6, la chanson résonnant à la fin étant le seul lien avec la trame principale, Night Terrors est un huis clos qui joue d'abord sur la projection de nos cauchemars nocturnes. Si l'angoisse engendrée par cette atmosphère reste une toile de fond appréciable, l'histoire, simple, se révèle en revanche étonamment touchante dans un registre plus émotionnel et humain, nous offrant une jolie conclusion. Bien rythmé par une écriture à la tonalité changeante, sans marquer, l'épisode fait donc passer un bon moment devant son petit écran.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de l'épisode :
13:44 Publié dans Doctor Who | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bbc, doctor who, matt smith, karen gillan, arthur darvill, daniel mays, jamie oram | Facebook |
29/08/2011
(UK) Doctor Who, season 6, episode 8 : Let's Kill Hitler
Le mois d'août touche à sa fin, tout comme l'ambiance estivale de vacances... à laquelle va succéder peu à peu un parfum caractéristique de presque-rentrée téléphagique. En Angleterre, un retour en particulier était attendu ce samedi pour nous aider à clôturer l'été. Il faut dire que, mine de rien, il manque vraiment quelque chose à mes week-ends lorsque Doctor Who déserte sa case du samedi soir sur BBC1. Conséquence du hiatus forcé que le téléspectateur aura subi devant cette saison 6 coupée en deux, que l'on avait abandonnée au printemps, c'est avec un plaisir décuplé que j'ai savouré cette reprise.
Ce huitième épisode portait un titre pour le moins provoquant, "Let's kill Hitler", soulevant bien des interrogations sur la manière dont cette incursion dans l'Allemagne des années 30 pouvait être traitée. Mais c'est finalement un épisode fortement mythologique, emboîtant diverses pièces du puzzle mystérieux de l'univers de la série, qui nous est ici proposé. Écrit par Steven Moffat, le téléspectateur y retrouve non seulement une construction narrative riche en paradoxes temporels, mais aussi et surtout des réponses et beaucoup d'émotions autour du vrai sujet de l'épisode : la genèse de River Song.
Plusieurs mois se sont écoulés depuis les déchirants évènements de l'épisode précédent qui avaient vu le Docteur impuissant à empêcher l'enlèvement de Melody Pond par ses ennemis les plus résolus. Ils souhaitaient transformer l'enfant, humaine mais ayant aussi des capacités de Time Lord, en arme contre le Docteur. L'ultime twist final, la révélation de l'identité future de Melody, n'avait apporté qu'un réconfort très limité aux parents qu'étaient devenus Amy et Rory. Melody Pond est River Song. Mais entre le bébé qu'ils ont tenu dans leurs bras et la femme adulte et provocatrice qu'ils connaissent, combien de temps, combien d'épreuves, a-t-elle traversé ?
Lassés d'attendre des nouvelles qui ne viennent pas, Amy et Rory appellent le Docteur en traçant son nom dans un champ de blé - ce qui nous offre une des plus hilarantes introduction de pré-générique qui soit. Si les recherches de ce dernier ont pour le moment été infructueuses, leurs retrouvailles sont interrompues par l'arrivée mouvementée d'une amie d'enfance du couple, Mels. Si l'obsession d'Amy pour le Docteur a également grandi chez elle, la jeune femme a des méthodes bien à elle : poursuivie par la police, elle sort un revolver et enjoint le trio à l'embarquer à bord du Tardis. "You've got a time machine, I've got a gun. What the hell - let's kill Hitler."
Le quatuor attérit en catastrophe à Berlin, en 1938... dans le bureau même de Hitler, où nos héros viennent perturber d'autres voyageurs temporels, miniaturisés dans une machine humanoïde investis, d'une mission de justiciers pour envoyer en enfer - au sens propre du terme - les pires criminels de guerre de l'histoire de l'humanité.
Let's kill Hitler est un de ces épisodes proprement réjouissants où on retrouve l'ambiance dont la série a le secret. Il nous emporte dans un tourbillon de répliques marquantes et/ou cinglantes, nous renvoyant à tout un kaléidoscope d'émotions les plus diverses, passant de l'humour au drame en quelques secondes avec une fluidité et une habilité d'écriture souvent grisantes. S'il suscite cet enthousiasme caractéritisque des bons épisodes de Doctor Who, c'est aussi parce qu'il offre de quoi récompenser la fidélité du téléspectateur : des réponses sur un thème central de la série sous Steven Moffat : la mythologie autour du personnage de River Song. Car après nous avoir fait vivre la naissance à la vie de Melody, cette fois, c'est la réelle naissance de River Song qui nous est racontée. Comment est-elle passée de la jeune femme endoctrinée et entraînée pour assassiner le Docteur à l'aventurière qui nous est devenue familière ? Au coeur des lignes de temps qui s'entrecroisent pour nos héros, c'est sa première rencontre, de sa perspective, avec le Docteur que l'on va vivre.
Si les premières minutes entretiennent volontairement le suspense sur l'orientation de l'épisode, Hitler va rapidement être évacué, enfermé dans le placard, tandis que le véritable enjeu apparaît lorsque Mels, touchée par une balle perdue, se regénère en une figure que nous connaissons bien : River Song. Indirectement, Rory et Amy auront bien d'une certaine manière élevé leur fille... Investissant un registre à la tonalité étonnamment versatile, le premier échange entre la jeune femme et le Docteur, particulièrement brillant, est vraiment jouissif : les réparties fusent et, à la manière d'une partie d'échecs, chacun anticipe les actions de l'autre, River cherchant à accomplir la mission pour laquelle elle a été programmée, le Docteur se contentant de se défendre. C'est l'occasion de découvrir une autre facette de River : une attitude inconséquente, où sont exacerbées l'arrogance et les certitudes de la jeunesse, sans conscience, ni limites. Parce qu'elle le connaît parfaitement, elle va effectivement atteindre son but, empoisonnant le Time Lord, permettant ainsi à l'épisode de basculer dans une seconde partie où, au divertissement intense des débuts, succèdent des passages où l'émotionnel et le psychologique prédominent.
Car ensuite, ce n'est pas tant pour lui-même que pour l'âme de River - en quelque sorte - que le Docteur mourrant utilise ses dernières forces. La présence des justiciers miniaturisés qui voient désormais en River leur nouvel objectif, surpassant Hitler dans l'ordre de leur priorité, prend ici tout son sens. De la manière la plus symbolique qui soit, ce sont les liens familiaux que le Docteur réactive pour ouvrir le chemin de la rédemption, grâce à Amy et Rory. Ils ne peuvent laisser leur enfant, peu importe ses crimes supposés, être soumis au châtiment que les justiciers temporels veulent lui réserver. Provoquant une réaction en chaîne pour libérer River, c'est eux-mêmes qu'ils mettent en danger, prisonniers au sein de la machine. C'est alors vers celle qui est non seulement leur fille, mais aussi issue et liée au Tardis, que le Docteur, désormais trop faible, se tourne : elle doit sauver ses parents. Ce double sauvetage réciproque éveille quelque chose en River. La construction de l'épisode est à saluer car elle se fait tout en parallèle : en écho inversé à leur première rencontre dans la librairie, le Docteur murmurera quelque chose de déterminant à l'oreille de River. En prenant la décision de le sauver grâce à sa nature de Time Lord, la jeune femme commet un sacrifice qui nous apporte une réponse intéressante : elle utilise toutes ses régénérations pour le ressusciter, c'est pourquoi nous ne la connaîtrons jamais que sous cette apparence. D'où la fameuse dernière scène de la librairie.
Ainsi, Alex Kingston restera à jamais la seule River. Ce qui n'est pas pour nous déplaire : l'actrice est brillante dans cet épisode où elle investit un registre un peu différent de ce à quoi elle nous avait habitué. Son alchimie avec Matt Smith est parfaite, les deux acteurs nous offrant des confrontations jouissives, aussi bien dans une dynamique de comédie que plus dramatique. L'épisode aura d'ailleurs aussi grandement mis à contribution Matt Smith, avec des scènes poignantes d'agonie qui, même si le téléspectateur sait pertinemment qu'il va y survivre, n'en demeurent pas moins touchantes. Dans l'ensemble, il faut d'ailleurs saluer la première réussite de Let's kill Hitler : être parvenu à nous faire vibrer pour un épisode au dénouement forcément très prévisible, et qui se déroule globalement comme il était légitimement attendu. Le revirement de River peut paraître presque précipité, mais il faut composer avec d'autres impératifs de la série : l'intrigue doit aussi progresser. Il fallait donc emboîter toutes les pièces pour parvenir au résultat logique, recentrant tous les mystères autour du Silence pour la suite de la saison. Remplissant parfaitement cet objectif, ces quarante minutes fonctionnent et s'apprécient ainsi sans arrière-pensée.
Bilan : Souvent jubilatoire, toujours très dynamique, bien pourvu en répliques sonnantes, ce huitième épisode de la saison est, en dépit d'un titre provocateur mais quelque peu trompeur, avant tout une avancée mythologique qui satisfait en bien des points la fidélité d'un téléspectateur conquis. La magie de Doctor Who reste de savoir nous faire rêver, sans exiger non plus une rigueur excessive dans l'entremêlement caractéristique de toutes les lignes temporelles avec lesquelles la série jongle. En nous offrant des réponses sur la genèse de ce personnage si fascinant qu'est River Song, l'épisode permet donc de faire avancer l'intrigue, tout en laissant ouvertes bien des questions sur la fin de la saison. Un retour qui se savoure !
NOTE : 8,75/10
Le prequel de l'épisode :
[A noter que, par manque de temps, je ne suis pas certaine de pouvoir reviewer toute la fin de saison épisode par épisode. Je verrais comment je m'organiserai au fur et à mesure.]
11:25 Publié dans Doctor Who | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : doctor who, bbc, matt smith, karen gillan, arthur darvill, alex kingston | Facebook |
10/06/2011
(UK) Doctor Who, season 6, episode 7 : A good man goes to war
"Demons run
when a good man goes to war.
Night will fall and drown the sun
when a good man goes to war.
Friendship dies and true love lies.
Night will fall and the dark will rise
when a good man goes to war."
Nous voilà arrivés au septième épisode et déjà se referme la première partie de cette saison 6. Une demi-saison qui aura eu ses hauts et ses bas, avec ses instants réussis prompts à susciter jubilation et enthousiasme, mais aussi sa part de frustrations. C'est un euphémisme que d'écrire que cet épisode de clôture printanière était "attendu" ; je l'ai lancé avec une excitation mal contenue, mêlant espoirs et craintes. Et j'en suis ressortie sacrément soulagée : s'il n'est pas parfait, notamment dans sa construction narrative, j'y ai retrouvé une étincelle particulière, cette pointe de magie et de fantastique à laquelle j'associe la série. En résumé, il s'agit d'un épisode mythologique, divertissant, rempli d'émotions et de révélations proposant un cocktail qui fonctionne.
Sous le choc de la découverte de la substitution d'un ganger à Amy, à la fin de l'épisode précédent, nous avions abandonné la jeune femme en plein accouchement. Elle donne naissance à une petite fille, prénommée Melody Pond, qui représente tout l'enjeu du kidnapping d'Amy. En effet, sa conception, à bord d'un Tardis voyageant dans le vortex espace-temps, aura laissé des conséquences sur l'ADN de ce bébé, que les militaires conçoivent comme une arme potentielle contre le grand guerrier tant craint qu'est le Docteur. En attendant de pouvoir remplir leurs objectifs à plus long terme, conscients que le Time Lord a découvert la supercherie du ganger, les Marines l'attendent de pied ferme, alliés pour l'occasion aux glaçants Seigneurs Sith Moines Sans Tête.
Ils ont d'ailleurs bien raison de craindre l'arrivée prochaine du Docteur, car ce dernier s'active. Rory et lui parcourent la galaxie en rassemblant une véritable armée, sollicitant les faveurs de tous ceux qui ont une dette envers le Time Lord. Mais lorsque Rory vient logiquement chercher l'aide de River Song pour l'organisation du sauvetage, cette dernière se doit de décliner, gravement, l'invitation à se joindre à la bataille à venir. Elle pose l'enjeu de l'épisode tout en révélant de manière sibylline les évènements qui s'annoncent : "The Doctor's darkest hour. He'll rise higher than ever before and then fall so much further. And...I can't be with him till the very end."
Si le caractère marquant de l'épisode tient surtout à sa dimension mythologique, la pointe de magie mêlée d'épique dans laquelle on se laisse entraîner réside bien dans l'orchestration de cette opération de sauvetage pourtant vouée à l'échec dès le départ. Il faut dire que c'est toujours un plaisir, jamais démenti, que de voir se réunir sous nos yeux tout cet univers bigarré et éparpillé, au doux parfum de pure science-fiction, qui fait l'identité de la série. A mon sens, le premier quart d'heure est un vrai modèle du genre, et peut-être le passage le mieux maîtrisé de l'épisode. En effet, parvenant à jouer pleinement dans un registre plus suggestif (la bataille qu'il annonce), il se concentre sur les préparatifs des deux camps, permettant de bien souligner l'importance du tournant qui s'annonce.
Ce début est d'autant plus déterminant que d'affrontement au sens propre du terme il n'y aura pas, du moins dans un premier temps. En effet, c'est de manière expéditive, et sans verser une seule goutte de sang, que le Docteur et ses alliés prennent le contrôle de la base militaire, suivant un plan millimétré où l'effet de surprise fonctionne. L'ensemble est non seulement agrémenté de quelques face-à-face et autres réparties jubilatoires, mais il n'hésite pas non plus à verser dans un émotionnel de circonstances : Rory découvrant sa fille restera une de ces images qui va droit au coeur. Il y a une vraie empathie qui émane de ces scènes, et le téléspectateur ne saurait y rester insensible.
Cependant, aussi enthousiasmant que soit la dynamique globale, sacrément galvanisante, qui transcende l'épisode, il convient cependant de nuancer quelque peu ce ressenti. En effet, l'épisode suit un schéma de narration cher à Doctor Who, conséquence de ces time lines qui s'entremêlent : l'annonce prophétique de River, au tout début, nous renseigne sur ce qu'il va se jouer à Demons' run. Seulement si le recours à ce procédé d'un narrateur extérieur, quasi-omniscient par certains côtés, est très fréquent dans la série, il confère ici une trop grande prévisibilité à l'intrigue. Le Docteur va s'élever, pour ensuite descendre plus bas qu'il n'est jamais descendu. La victoire rapide à laquelle on assiste un temps n'est qu'illusoire, le téléspectateur n'en est que trop conscient.
Si bien qu'on ne peut partager ces quelques moments d'insousciance du milieu de l'épisode, se contentant d'attendre patiemment le retour de bâton qui va être si destructeur. Et quand, par un ultime rebondissement, on découvre enfin la réelle étendue de la manipulation, la révélation en tomberait presque à plat, même si ses conséquences nous touchent sur un plan plus émotionnel. Melody n'est pas Melody, mais un ganger. Si la scène où Amy découvre la vérité est absolument déchirante - Karen Gillan est parfaite -, la raison du téléspectateur rechigne malgré tout à admettre l'utilisation de l'exact même procédé que celui qui avait permis d'enlever Amy si longtemps. L'impression qu'il y a une forme de facilité scénaristique à ainsi laisser abuser deux fois le Docteur a un petit arrière-goût un peu frustrant.
Reste que, plus que l'aventure elle-même, c'est par son apport mythologique que l'épisode s'impose comme un incontournable. Dans cette optique, il s'inscrit dans la directe continuité de la demi-saison, concrétisant ce que l'on percevait ou spéculait.
Tout d'abord, il a le mérite d'initier une réflexion fascinante sur le Docteur. La signification de son nom prend soudain une dimension supplémentaire : le fait que son action influe sur le sens même du mot dans notre langue a quelque chose de vertigineux, absolument fascinant, donnant l'impression de venir véritablement boucler la boucle des rapports entre le Docteur et les Humains. Si l'anecdote retiendra que Steven Moffat y songeait déjà en... 1995 (mémoire du web quand tu nous tiens), le discours de River apportant une lumière toute autre que l'approche traditionnelle de son action intervient à point nommé. En effet, le glissement du Docteur vers un côté plus sombre, plus guerrier, a été perceptible durant toute la saison. Et soudain, le voilà confronté à la portée de ses actes, face à des conséquences qu'il n'avait jamais envisagées. Un grand moment !
Cette fin d'épisode est doublement marquante car elle apporte aussi l'autre "révélation" attendue à cette question qui nous hante depuis sa première apparition durant la saison 4 : qui est River Song ? Si on avait sans doute eu dernièrement plus que des soupçons sur son identité, il restait le plus difficile à mettre en scène : la dernière étape, celle de la révélation. La gestion en deux temps est très opportune. Commencer par une confrontation avec le Docteur se justifie parce que c'est en arrière-plan toute leur relation particulière, avec laquelle nous sommes devenus familiers, qui défile. La façon dont il passe d'une expression extrêmement sombre et menaçante à cette joie presque émerveillée fait vraiment plaisir à voir. Puis, c'est l'autre relation qui va être traitée : celle qui n'avait jusqu'à présent pas été établie, celle avec ses parents. Car River Song est Melody Pond. On retient presque son souffle en espérant que tout sonne juste dans ce face-à-face. Et c'est le cas : River voit sa place consacrée dans la mythologie whonienne de la plus convaincante des manières.
Bilan : A good man goes to war conclut de belle façon cette demi-saison qui aura cependant été quelque peu inégale. Il remplit avec brio sa part de promesses mythologiques, tout en laissant suffisamment d'éléments en suspens pour nous promettre trois mois de spéculations intensives (notamment sur les Silence). Les pièces du puzzle ont été éparpillées, et il n'y a rien de plus grisant pour récompenser un téléspectateur fidèle que de les voir se remettre en place. Un seul réel bémol tempèrera un peu mon enthousiasme face à cette conclusion : une prévisibilité dommageable qui modère la portée plus épique de l'épisode, lui ôtant tout réel suspense. Doctor Who nous a habitué à ce type de procédé narratif, mais ici, le scénario peut-être trop loin dans la distance qu'il pose avec les évènements du récit.
Rendez-vous dans quelques mois pour une suite que j'attendrais avec impatience, soulagée d'avoir retrouvé dans ce dernier épisode ce soupçon de magie qui m'a fait tomber amoureuse de cette série.
NOTE : 8/10
La bande-annonce de l'épisode :
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30/05/2011
(UK) Doctor Who, season 6, episodes 5 & 6 : The Rebel Flesh & The Almost People
Second double épisode de cette première partie de saison 6, The Rebel Flesh et The Almost People donnent quelque peu raison à ma récente résolution d'attendre désormais un visionnage de l'intégralité de l'histoire avant d'en rédiger une review. En effet, il est assez symptomatique des défauts classiques dont souffre à l'occasion ce choix de format, c'est-à-dire une première partie un peu faible, que vient rattraper une seconde plus affirmée et dont la chute finale achève de faire oublier le reste du scénario, en le présentant a posteriori sous une toute autre perspective. L'aventure trouve soudain une justification légitime ; et le téléspectateur reste de toute façon tout à son choc de fin d'épisode, comptant frénétiquement les jours jusqu'au prochain épisode.
L'aventure débute lorsque le Tardis, voyant son voyage perturbé par une déflagration solaire, attérit précipitamment sur Terre quelques siècles dans le futur. L'île isolée que découvrent nos trois compagnons en sortant du vaisseau abrite une structure extrayant et exploitant de l'acide qu'elle transfère au continent. Si l'accueil de l'équipe travaillant sur place est aussi glacial que méfiant, le papier psychique du Docteur leur sauve une énième fois la mise, permettant de les introduire officiellement comme des météorologues envoyés en raison de la tempête solaire annoncée. Car les premières fluctuations ne sont que le signe avant-coureur d'une déferlante de radiations autrement plus intense.
Or cette exploitation utilise un procédé communément répandu à l'époque sur Terre pour contourner la dangerosité de leur métier, la moindre erreur dans la manipulation d'acide pouvant se révéler très vite fatale. Ils ont recourt à une matière particulière, désignée sous le terme de flesh, à laquelle ils transfèrent leurs personnalité et souvenirs : ces gangers agissent et courrent donc les risques à leur place. Les gangers demeurent toujours sous contrôle et sont exploités à des fins purement utilitaires, sans faire de cas de l'individu dont il recueille tous les caractères.
Seulement la tempête solaire, plus forte que prévue, va dérégler ce contrôle, les créatures s'émancipant de tout contrôle. Les humains se trouvent soudain confrontés à leurs doubles. La peur et l'instinct de survie va pousser chaque camp dans ses retranchements, mais les mystères cachés dans les gangers sont loin d'avoir révélés tous leurs secrets...
Ce double épisode investit un thème particulièrement cher à la science-fiction : est-ce que ces gangers, une fois animés et indépendants, dotés d'une personnalité, quittent le statut de simple "chose" et peuvent être considérés comme des êtres dont la vie mérite la protection ? C'est la sempiternelle problématique : à partir de quand la créature créée - ici rendue consciente - par l'homme acquiert-elle finalement une âme ? La question est d'autant plus sensible et porte à confusion qu'il s'agit de copies d'individus, avec tout ce que cela implique en terme de mémoire et de sentiments. Dans l'ensemble, le classicisme de la thématique traitée dessert quelque peu l'histoire qui peine à trouver son rythme, surtout dans le premier épisode, trop prévisible et ayant un fort arrière-goût de déjà-vu.
Cependant, il ne faut pas bouder son plaisir car ce twist du dédoublement nous procure aussi les scènes assurément les plus jubilatoires de cette heure et demie, au cours du second épisode. En effet, il a le mérite de placer dans une même pièce deux Eleven afin d'organiser le sauvetage de la situation qui devient rapidement très compliquée. Autant dire que le téléspectateur se laisse emporté par le sens de la répartie sur-vitaminé et la complémentarité fantastique des deux Time Lords. Matt Smith a dû sacrément s'amuser à tourner ces scènes, ou du moins l'enthousiasme des deux Docteurs est-il communicatif à l'écran. Leurs échanges font des étincelles et sont l'étincelle de ce deuxième épisode (avant la fin). Dynamisant automatiquement l'ensemble, c'est toute l'histoire qui gagne en homogénéité. Et cette double ration du Docteur est d'autant plus appréciable que ses compagnons ne sont pas dans leur meilleur jour dans cette aventure.
Tandis que Rory se laisse mener par le bout du nez par une jeune étourdie spontanée dont le ganger se révèle être une intransigeante qui appellera vengeance jusqu'au bout, Amy manifeste quant à elle, à l'égard de ces créatures, des préjugés et une étroitesse d'esprit inhabituels chez elle. Si son attachement affectif au Docteur se comprend ; en revanche, la froideur avec laquelle elle traite son double apparaît disproportionnée et assez glaçante. Le signe de reconnaissance constitué par les chaussures était un appel à un échange des deux Docteurs qui n'étonnera pas le téléspectateur, en revanche, le twist final, peut-être inconsciemment envisagé par chacun au fil de l'épisode, oblige à une relecture complète de l'épisode, nous laissant, une fois de plus, réduit à compter patiemment les jours jusqu'à la suite.
Car cette arrivée prétendûment non programmée sur l'île et la rencontre avec des gangers au tout début de leur émancipation ne doivent rien au hasard. Au cours d'une scène finale marquante, qui rehausse automatiquement (mais quelque peu artificiellement) l'intérêt de cette aventure d'apparence anecdotique au premier abord, Eleven dévoile une nouvelle ses talents de calculateur, mais aussi sa capacité à dissimuler ses pensées à ses deux compagnons. Il ne s'ouvre jamais complètement, ne partageant ni ses plans, ni ses inquiétudes. Certes, ici, la situation le justifiait. Pour autant, en dépit du choc de la révélation de la substitution d'Amy, il est difficile de ne pas ressentir un certain malaise à voir ainsi le Docteur se résoudre à "exécuter" un ganger, après avoir passé l'aventure à prôner la coexistence pacifique et à tenter de les sauver. La fin justifie en quelque sorte les moyens. Mais encore une fois, l'attitude d'Eleven durant cette scène éclaire une part d'ambivalence assez forte dans ce Time Lord. Certains de ses choix sont très radicaux, voire sombres : quelque soit l'image que renvoient ses débauches de pitrerie, il n'y a rien d'insousciant chez lui.
Bilan : Aventure de science-fiction à la thématique la plus classique qu'il soit, ce double épisode se révèle finalement assez paradoxal et laisse une impression ambivalente. D'une part, il souffre d'une première partie manquant de dynamisme et d'étincelle, tandis que la seconde s'avère autrement plus convaincante : était-il vraiment nécessaire d'occuper une durée de deux épisodes ? C'est discutable. D'autre part, il se conclut sur une fin qui laisse le téléspectateur sous le choc. L'histoire du jour se trouve brusquement reléguée en arrière-plan dans notre esprit qui est déjà instantanément tourné vers la suite et toutes les perspectives que cela ouvre. Une chose est sûre cette série maîtrise la gestion des twists comme peu de fiction !
NOTE : 7/10
La bande-annonce de l'épisode :
21:39 Publié dans Doctor Who | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : doctor who, bbc, matt smith, karen gillan, arthur darvill | Facebook |