30/05/2011
(UK) Doctor Who, season 6, episodes 5 & 6 : The Rebel Flesh & The Almost People
Second double épisode de cette première partie de saison 6, The Rebel Flesh et The Almost People donnent quelque peu raison à ma récente résolution d'attendre désormais un visionnage de l'intégralité de l'histoire avant d'en rédiger une review. En effet, il est assez symptomatique des défauts classiques dont souffre à l'occasion ce choix de format, c'est-à-dire une première partie un peu faible, que vient rattraper une seconde plus affirmée et dont la chute finale achève de faire oublier le reste du scénario, en le présentant a posteriori sous une toute autre perspective. L'aventure trouve soudain une justification légitime ; et le téléspectateur reste de toute façon tout à son choc de fin d'épisode, comptant frénétiquement les jours jusqu'au prochain épisode.
L'aventure débute lorsque le Tardis, voyant son voyage perturbé par une déflagration solaire, attérit précipitamment sur Terre quelques siècles dans le futur. L'île isolée que découvrent nos trois compagnons en sortant du vaisseau abrite une structure extrayant et exploitant de l'acide qu'elle transfère au continent. Si l'accueil de l'équipe travaillant sur place est aussi glacial que méfiant, le papier psychique du Docteur leur sauve une énième fois la mise, permettant de les introduire officiellement comme des météorologues envoyés en raison de la tempête solaire annoncée. Car les premières fluctuations ne sont que le signe avant-coureur d'une déferlante de radiations autrement plus intense.
Or cette exploitation utilise un procédé communément répandu à l'époque sur Terre pour contourner la dangerosité de leur métier, la moindre erreur dans la manipulation d'acide pouvant se révéler très vite fatale. Ils ont recourt à une matière particulière, désignée sous le terme de flesh, à laquelle ils transfèrent leurs personnalité et souvenirs : ces gangers agissent et courrent donc les risques à leur place. Les gangers demeurent toujours sous contrôle et sont exploités à des fins purement utilitaires, sans faire de cas de l'individu dont il recueille tous les caractères.
Seulement la tempête solaire, plus forte que prévue, va dérégler ce contrôle, les créatures s'émancipant de tout contrôle. Les humains se trouvent soudain confrontés à leurs doubles. La peur et l'instinct de survie va pousser chaque camp dans ses retranchements, mais les mystères cachés dans les gangers sont loin d'avoir révélés tous leurs secrets...
Ce double épisode investit un thème particulièrement cher à la science-fiction : est-ce que ces gangers, une fois animés et indépendants, dotés d'une personnalité, quittent le statut de simple "chose" et peuvent être considérés comme des êtres dont la vie mérite la protection ? C'est la sempiternelle problématique : à partir de quand la créature créée - ici rendue consciente - par l'homme acquiert-elle finalement une âme ? La question est d'autant plus sensible et porte à confusion qu'il s'agit de copies d'individus, avec tout ce que cela implique en terme de mémoire et de sentiments. Dans l'ensemble, le classicisme de la thématique traitée dessert quelque peu l'histoire qui peine à trouver son rythme, surtout dans le premier épisode, trop prévisible et ayant un fort arrière-goût de déjà-vu.
Cependant, il ne faut pas bouder son plaisir car ce twist du dédoublement nous procure aussi les scènes assurément les plus jubilatoires de cette heure et demie, au cours du second épisode. En effet, il a le mérite de placer dans une même pièce deux Eleven afin d'organiser le sauvetage de la situation qui devient rapidement très compliquée. Autant dire que le téléspectateur se laisse emporté par le sens de la répartie sur-vitaminé et la complémentarité fantastique des deux Time Lords. Matt Smith a dû sacrément s'amuser à tourner ces scènes, ou du moins l'enthousiasme des deux Docteurs est-il communicatif à l'écran. Leurs échanges font des étincelles et sont l'étincelle de ce deuxième épisode (avant la fin). Dynamisant automatiquement l'ensemble, c'est toute l'histoire qui gagne en homogénéité. Et cette double ration du Docteur est d'autant plus appréciable que ses compagnons ne sont pas dans leur meilleur jour dans cette aventure.
Tandis que Rory se laisse mener par le bout du nez par une jeune étourdie spontanée dont le ganger se révèle être une intransigeante qui appellera vengeance jusqu'au bout, Amy manifeste quant à elle, à l'égard de ces créatures, des préjugés et une étroitesse d'esprit inhabituels chez elle. Si son attachement affectif au Docteur se comprend ; en revanche, la froideur avec laquelle elle traite son double apparaît disproportionnée et assez glaçante. Le signe de reconnaissance constitué par les chaussures était un appel à un échange des deux Docteurs qui n'étonnera pas le téléspectateur, en revanche, le twist final, peut-être inconsciemment envisagé par chacun au fil de l'épisode, oblige à une relecture complète de l'épisode, nous laissant, une fois de plus, réduit à compter patiemment les jours jusqu'à la suite.
Car cette arrivée prétendûment non programmée sur l'île et la rencontre avec des gangers au tout début de leur émancipation ne doivent rien au hasard. Au cours d'une scène finale marquante, qui rehausse automatiquement (mais quelque peu artificiellement) l'intérêt de cette aventure d'apparence anecdotique au premier abord, Eleven dévoile une nouvelle ses talents de calculateur, mais aussi sa capacité à dissimuler ses pensées à ses deux compagnons. Il ne s'ouvre jamais complètement, ne partageant ni ses plans, ni ses inquiétudes. Certes, ici, la situation le justifiait. Pour autant, en dépit du choc de la révélation de la substitution d'Amy, il est difficile de ne pas ressentir un certain malaise à voir ainsi le Docteur se résoudre à "exécuter" un ganger, après avoir passé l'aventure à prôner la coexistence pacifique et à tenter de les sauver. La fin justifie en quelque sorte les moyens. Mais encore une fois, l'attitude d'Eleven durant cette scène éclaire une part d'ambivalence assez forte dans ce Time Lord. Certains de ses choix sont très radicaux, voire sombres : quelque soit l'image que renvoient ses débauches de pitrerie, il n'y a rien d'insousciant chez lui.
Bilan : Aventure de science-fiction à la thématique la plus classique qu'il soit, ce double épisode se révèle finalement assez paradoxal et laisse une impression ambivalente. D'une part, il souffre d'une première partie manquant de dynamisme et d'étincelle, tandis que la seconde s'avère autrement plus convaincante : était-il vraiment nécessaire d'occuper une durée de deux épisodes ? C'est discutable. D'autre part, il se conclut sur une fin qui laisse le téléspectateur sous le choc. L'histoire du jour se trouve brusquement reléguée en arrière-plan dans notre esprit qui est déjà instantanément tourné vers la suite et toutes les perspectives que cela ouvre. Une chose est sûre cette série maîtrise la gestion des twists comme peu de fiction !
NOTE : 7/10
La bande-annonce de l'épisode :
21:39 Publié dans Doctor Who | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : doctor who, bbc, matt smith, karen gillan, arthur darvill | Facebook |
Commentaires
Moi, ces 2 épisodes m'ont diablement déçu. Enfin surtout la première partie, pour être honnête. Le 6.05 était ennuyeux comme la mort.
De 2, je dirais que je n'accroche décidément pas à la tonalité très sombre donnée à cette saison 6. De même que la réduction du budget alloué à la série, dont ce double-épisode est pour moi un exemple patent du mal que cela aura fait à la série... :(
Et le cliffhanger laissant le spectateur sur le cul et impatient de voir la suite ne me fait pas pardonner certaines scènes très ennuyeuses...
Enfin bon. Espérons que la suite soit plus satisfaisante.
Écrit par : KNIGHT | 30/05/2011
Je suis assez d'accord avec ta critique, la deuxième partie est plus intéressante que la première grâce aux deux Dicteurs et à son twyst (même si l'intrigue de l'épisode reste trop classique à mon goût) !
Quant au fait que le Docteur "tue" le ganger d'Amy, pour ma part, j'ai compris que ce dernier n'était qu'un vaisseau pour la conscience d'Amy qui le dirige (en "streming), alors que les gangers de l'épisode sont des copeis définitives qui peuvent évoluer après l'accident de la tempête.
Mais il est clair qu'Eleven a un côté très manipulateur et sombre !
Écrit par : jainaxf | 31/05/2011
je rejoins assez l'avis de Knight. Je me suis beaucoup ennuyée devant ce double épisode. Certes la révélation finale est surprenante et il y a quelques scènes sympa... mais il y a surtout beaucoup de blabla, des raccourcis trop faciles (un seul exemplaire de chaque personne à la fin pour éviter tout souci), etc.
J'aime beaucoup les histoires sombres, mais cette saison l'est beaucoup trop. On perd un peu le côté familial et délicieusement délirant de Doctor Who. Je trouve ça dommage.
Écrit par : Eirian | 01/06/2011
@ KNIGHT & Eirian : Autant je ne me suis pas ennuyée durant la seconde partie (la 1ère étant plus à nuancer), autant je comprends aussi certaines de vos réticences.
Pour moi, il manque quelque chose dans cette saison 6. Cet ingrédient mystère qui fait la touche de folie, mais aussi de magie, de la série. J'aime bien, mais j'ai l'impression (en terme de pur ressenti) que l'étincelle revient seulement par intermittence comme dans ce double épisode.
@ jainaxf : La nuance m'avait échappé concernant le ganger, merci de la précision ! ;)
Écrit par : Livia | 03/06/2011
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