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09/07/2011

(Mini-série UK) Lost in Austen : un fantasme littéraire devient réalité

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Parmi les quelques rituels du vendredi soir que j'affectionne tout particulièrement se trouve notamment le plaisir de lancer un period drama anglais pour s'évader et conclure une semaine pesante. Hier, devant ma DVDthèque, j'ai finalement opté pour une mini-série atypique, mélange des genres assez savoureux et pour laquelle j'éprouve une tendresse particulière : Lost in Austen. Composée de 4 épisodes de 45 minutes chacun, elle fut diffusée sur ITV en 2008.

Dotée d'un indéniable charme, cette fiction s'adresse tout aussi naturellement au profane qu'au plus fidèle lecteur de Jane Austen, lequel y trouvera sans aucun doute une saveur particulière. Par sa fraîcheur et l'attrait naturel que cet univers familier exerce sur le téléspectateur, qu'il ait lu le livre d'origine ou vu une adaptation portée à l'écran, Lost in Austen est une de ces mini-séries agréablement dépaysante qui laisse libre court à notre imagination en proposant sa propre version de Pride & Prejudice.

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Amanda Price est une anglaise, moderne, vivant à Hammersmith. Pour tromper son quotidien et s'évader d'un job guère épanouissant et d'un petit ami avec lequel la relation est des plus distendue, elle se plonge dans son livre préféré, qu'elle connaît désormais par coeur : Orgueil & Préjugé. Rêvant de l'univers couché sur le papier par Jane Austen, de cette société galante, mais aussi de cet amour naissant et se fortifiant entre Elizabeth et Darcy, la jeune femme n'hésite pas à s'isoler toute une soirée en tête à tête avec son roman. Or un jour, qu'elle n'est pas sa surprise de tomber nez à nez, dans sa salle de bain, sur Elizabeth Bennet, en chair et en os. Un portail, dissimulé, semble faire le lien entre le monde réel du présent et le passé issu de la littérature.

Incrédule, Amanda franchit cette porte qui paraît lui ouvrir la voie vers ses rêves. Mais le passage se referme derrière elle, laissant Elizabeth à sa place dans le présent, tandis qu'Amanda se retrouve invitée par les Bennet à rester quelques jours, puisque leur autre fille s'est, croient-ils, rendue à Hammersmith (le leur). Piégée dans ce monde qu'elle connaît sur le bout des doigts, Amanda se fixe rapidement pour mission de s'assurer que toutes les rencontres à venir se déroulent fidèlement au livre d'origine dont elle s'apprête à vivre les différents évènements marquants. En effet, le lendemain matin, Mr. Bingley, nouveau voisin, rend visite à la maisonnée, les invitant à une réception chez lui. Malgré elle, Amanda sent son coeur s'emballer à cette perspective : elle s'apprête à rencontre Mr. Darcy.

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Lost in Austen est une mini-série qui entremêle les genres et les tonalités pour proposer un appel à l'évasion des plus attrayant. Une partie du charme réside d'ailleurs dans sa capacité à nous immerger aux côtés de l'héroïne dans ce cadre familier tout droit sorti de la littérature. La narration joue sur les contrastes entre les conventions sociales du début du XIXe siècle et le franc parler plus que direct d'Amanda pour délivrer une sorte de fiction moderne en costume. Le style soigne son anachronisme calculé, proposant un réel décalage lors de certaines scènes qui ne manquent pas de références et de clins d'oeil. Cette absence de rigueur convient d'ailleurs parfaitement à l'ambiance. Ce n'est pas une reconstitution, mais bien une fantaisie qui se vit et qui prend peu à peu un tournant très humain d'où vont naître plus d'émotions que l'on aurait pu imaginer.

En effet, Lost in Austen va parfaitement savoir capitaliser sur son concept : adaptation libre, elle s'offre sa propre re-écriture d'Orgueil & Préjugé. Si les protagonistes sont les mêmes, Amanda vient jouer malgré elle les troubles-fêtes tout en ayant à coeur de permettre à tous les couples "destinés" l'un à l'autre de se former. Si bien que, bientôt, ce n'est plus la version de Jane Austen, mais une voie indépendante que suit le récit. Au plaisir de retrouver ces figures connues, que nous découvrons à travers le regard chargé de préconceptions d'Amanda, se substitue ensuite la saveur tout particulière de découvrir d'autres facettes de ces personnages si emblématiques. Si Mr. Darcy se montre encore plus sec et arrogant que dans notre imaginaire de lecteur, Wickham se révèle sous un jour autrement plus sympathique. C'est d'ailleurs dans cette émancipation, consacrée dans la deuxième partie, que Lost in Austen trouve vraiment son ton juste, provoquant avec aplomb des changements importants.

D'observateur extérieur, Amanda devient peu à peu une participante incontournable de l'histoire, impliquant d'autant plus le téléspectateur dans cet Orgueil & Préjugé qui se reconstruit finalement sous ses yeux, et assumant pleinement ce statut de fantasme littéraire devenant réalité.

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Le dynamisme dont fait preuve Lost in Austen pour s'approprier avec modernité ce récit classique se ressent également sur la forme. Si la réalisation se permet quelques scènes introductives au parfum un peu irréel que l'on a l'impression de voir tout droit sorties du roman ou des fantasmes d'Amanda, dans l'ensemble, la photographie, très claire, offre des images riches en couleurs, où la dualité présent/passé joue pleinement. C'est frais, plaisant pour les yeux et agréable à suivre. Pour compléter l'ensemble, un petit thème musical récurrent prolonge cette ambiance : le but apparaît vraiment de s'approprier les protagonistes de l'oeuvre pour s'offrir avec eux une forme d'évasion.

Enfin, le casting se révèle très sympathique. Parfois versant volontairement dans une forme de sur-jeu, il reste aussi très naturel. Jemima Rooper (Hex) incarne une Amanda Price vive et pragmatique, oscillant entre ses devoirs envers l'histoire d'origine et les passions de son propre coeur. Elliot Cowan (The Fixer, Marchlands) est un Darcy aux traits aristocratiques encore plus affirmés, tandis que Tom Mison joue un Mr. Bingley qui s'égare en s'éloignant de sa destinée. Du côté des Bennet, Alex Kingston (Urgences, Marchlands) et Hugh Bonneville (Downton Abbey) jouent les parents, tandis que Morven Christie (The Sinking of the Laconia), Perdita Weeks (The Promise), Florence Hoath, Ruby Benthal (Lark Rise to Candleford) et Gemma Arterton incarnent leurs filles. Enfin, on retrouve Tom Riley (Monroe) dans le rôle de Whickham.

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Bilan : Faisant vibrer la fibre de l'imaginaire chère à toute personne connaissant l'oeuvre d'origine, Lost in Austen est une adaptation libre qui propose une immersion plaisante et attachante dans cet univers classique parmi les classiques de la littérature anglaise. Mini-série divertissante, appel détourné aux rêves, elle n'est certes pas dépourvue de quelques maladresses, mais c'est sûrement par sa simplicité qu'elle séduit. Son style direct, très franc, lui confère un charme frais par lequel le téléspectateur se laisse entraîner.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

Commentaires

Ouuuuh ça donne envie ! J'aime beaucoup les univers Austenien (qui l'eut crûte !)! Mais j'aime pas beaucoup (du tout) Gemma Arterton... Je regarderais sûrement prochainement, merci pour la jolie critique ;)

Écrit par : LL | 09/07/2011

J'ai beaucoup aimé cette mini-série, qui revisite avec bonheur P&P. Certes, comme tu le soulignes, elle n'est pas exempte de défauts, mais elle fait passer un bon moment aux janéites... et aux autres !

@LL : Gemma Arterton, même si elle interprète Lizzy, n'apparaît que très peu dans la série... en tout cas, bien moins que les autres. Tu peux donc y aller ^^

Écrit par : Scarlatiine | 10/07/2011

Aha merci pour l'info Scarlatiine^^ Je reviendrais donner mon avis alors !

Écrit par : LL | 10/07/2011

J'ai passé un très agréable moment devant cette mini-série Que ne donnerais-je pas pour plonger moi-même au coeur d'un récit du début du XIXème.

Malgré tout je crois que je suis et resterai une puriste de Jane Austen et la fin m'a littéralement fait bondir ^^

Écrit par : Dramaqueen | 10/07/2011

J'avais bien aimé à l'époque de sa diffusion, mais elle ne m'a pas marqué plus que ça ! C'est une mini-série légère, et Amanda est parfois trop caricaturale (et maladroite pour quelqu'un qui connait le roman par coeur), et la fin ne m'avait pas convaincue !
Mais ça se regarde avec plaisir sur le moment ! :-)

Écrit par : jainaxf | 10/07/2011

Le vendredi soir ? Le vendredi soir ? On ne respecte pas la bonne tradition du dimanche dans le coin ! :D

Lost in Austen avait été une jolie surprise au moment de sa diffusion. Je ne m'attendais pas à aimer autant, malgré une baisse qualitative dans la dernière partie qui n'a rien à voir avec la conclusion, juste avec le traitement narratif. Je trouve Collins particulièrement ignoble dans cette adaptation par ailleurs.

Écrit par : Carole | 10/07/2011

Bon, personnellement, j'avais surtout envie de voir la série pour Jemima Rooper que j'aime depuis que je l'ai vue dans Hex... Mais finalement, le reste de cette petite chronique donnerait presque des regrets supplémentaires à ne pas être ami avec la langue de Britney Spears (à moins qu'il n'y ait eu des sous-titres quelque part, mais il me semble pas).

Écrit par : Nakayomi | 10/07/2011

Me souviens plus au moins du papier de Carole sur le sujet, je me souviens de Jemina Rooper pour sa reprise de Because u're gorgeous de Babybird dans Sugar Rush. Pas de lien spécifique dans la phrase que je viens de faire, n'en cherchez pas.
Donc je me m'étais dit, tiens un jour, je devrais regarder Lost in Austen. Précision je suis d'une inculture crasse sur le sujet et ne connaît pas l'univers de Jane Austen. Mes yeux seront tous neufs ! Je rajoute ça à ma liste 'à regarder si possible pendant les vacances, même si je sais que j'aurais jamais le temps de tout voir'

Écrit par : gecko4fr | 12/07/2011

@ LL : Comme Scarlatiine l'a souligné, Genna Aterton n'a au maximum que quelques minutes d'écran, donc ne t'en fais pas ! :)
C'est une série qui fait rêver, mais qui est aussi intéressante à plus d'un titr parce qu'elle n'est pas rigoureusement "historique", se réappropriant les codes du genre, tout en gardant une distance.


@ Scarlatiine : On a tous nourri de petits rêves et fantasmer de se retrouver dans l'univers de certaines fictions... Mine de rien, cette série s'adresse vraiment à cette fibre particulière !


@ Dramaqueen : Rêve, ship & beaux costumes = cocktail immanquable :D
Je suis allée au bout de la fantaisie, et la résolution ne m'a pas dérangée ; après, l'épisode 4 est sans doute un peu précipité, comme le dit Carole après, ce qui peut contribuer à déstabiliser.
Mais le fait que la série reste toujours très simple dans ce créneau permet d'apprécier sans arrière-pensée :)


@ jainaxf : Le problème de la fin, ce n'est pas tant la résolution, que les facilités prise... Mais comme c'est frais et pas prétentieux, l'ensemble reste attachant et sympathique !


@ Carole : Il n'y a pas plus de journée pour les period dramas :D (En ce moment, c'est l'Angleterre le vendredi ; la Corée le dimanche - heureusement, ils aiment aussi beaucoup les beaux costumes et les émotions au pays du Matin Calme !)
Pour Collins, il est assez glaçant ; j'ai l'impression que la mini-série a de manière générale forcé les traits de chacun, tout en s'offrant un bol d'air frais plus distant avec Wickham (ce qui était plus simple étant donné la brève durée).


@ Nakayomi : Jemima Rooper est vraiment dynamique et rafraîchissante dans cette mini-série ! :)
Et tu vas même pouvoir être curieux, les sous-titres français existent apparemment ! http://www.seriessub.com/sous-titres/lost_in_austen/saison_1/ ^_^


@ geck04fr : Il faut toujours avoir une liste trop garnie de séries à découvrir ; c'est dans notre nature de sériephile de se poser des défis impossibles. ^^
Je pense que la série peut s'apprécier sans être familière de l'univers de Jane Austen, parce que tout est bien expliqué avec l'héroïne qui nous propose vraiment l'histoire de son point de vue et explicite tout. Il y a le juste équilibre qui permet de s'adresser à tous les publics !

Écrit par : Livia | 13/07/2011

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