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23/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 4

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Si la bande-annonce avait laissé penser que l'on aurait droit à un épisode d'action, il se concentra en réalité sur ses personnages et leurs relations. Ce qui n'est pas plus mal après un éprouvant début de saison. La question de la confiance -ou de son absence- est au coeur des enjeux, tandis que le fil rouge relatif au complot mondial pour bouleverser l'ordre actuel prend peu à peu de l'ampleur dans la narration, et que ses ramifications se dévoilent.
 
Alors que Ros est occupée à regagner un équilibre précaire, ressassant sans fin les évènements tragiques de l'épisode précédent, ce sont les nerfs de Lucas qui sont mis à rude épreuve dans l'intrigue du jour. Le responsable des interrogatoires (comprendre : tortures) du FSB est arrivé en Angleterre. Il prend contact avec Lucas, qu'il a passé quatre années à torturer durant son passage dans les prisons russes ; mais avec lequel il a surtout lié une étrange relation, déclinaison nuancée du syndrome de Stockholm. Le Russe a récemment interrogé un extrémiste soudanais qui l'a informé d'une attaque terroriste en préparation, dans Londres. Y voyant une possibilité de monnayer cette information, l'officier propose un marché à Lucas : le lieu prévu de l'attaque contre un passeport britannique et un million de livres.
 
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Comme je l'ai dit, l'enjeu de l'épisode ne réside pas dans le nouveau sauvetage in-extremis de Londres par le MI-5, mais plutôt dans la psychologie des personnages.

L'épisode s'intéresse tout d'abord aux rapports entre Lucas et son ancien tortionnaire, soulignant les séquelles psychologiques et le traumatisme qui demeurent chez l'agent du MI-5. Nous en avions déjà eu des aperçus ; mais cela permet aux scénaristes d'humaniser à nouveau Lucas, qui était apparu très froid depuis le début de la saison. Au-delà de ces recherches de domination réciproque, la force de cette storyline est symbolisée par le moment où les rapports de force s'inversent. Lorsque Lucas le convainc de lui donner les informations pour empêcher l'attentat, sur la seule foi d'une hypothétique "confiance" établie entre eux. Confiance chimérique, puisque Lucas l'abandonne juste après au FSB, venu rechercher son renégat. Certes, le Russe avait appuyé l'attaque terroriste une fois qu'il l'avait apprise, dans le but d'obtenir de l'argent du gouvernement britannique, mais il reste que ce fragile lien entre les deux officiers se rompt sur une étrange ambiguité.

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Par ailleurs, nous sommes encore une fois témoin, avec la scène d'ouverture, de la complicité rapidement reconstruite entre Harry et Ruth, les deux personnages interagissant comme si Ruth n'était jamais partie. Dans la même perspective, les scénaristes ré-introduisent un léger flirt entre le duo le plus emblématique du MI-5. Ils auront probablement besoin de ce lien pour survivre aux évènements qu'ils vont devoir affronter. Car Harry continue de creuser la question de la réunion qui a eu lieu en Suisse, entre notamment divers officiers de renseignements de l'Ouest, mais aussi Chinois. Il en informe même son vis-à-vis de la CIA. Mais qui dit membres des services secrets présents à cette réunion, implique logiquement l'existence de traîtres infiltrés au sein des différents services. Harry se montre d'une prudence à toute épreuve, n'informant personne hormis Ruth. Il va même jusqu'à mentir à Lucas en le regardant droit dans les yeux, lorsque ce dernier évoque ce complot mondial dont lui a parlé l'interrogateur du FSB. Signe supplémentaire de la confiance limitée de Harry en son subordonné, quelque chose de brisé qui n'a jamais été vraiment réparé depuis la saison dernière. Mais si Harry fait preuve d'une sage paranoïa, raison de sa longévité à son poste, son confrère américain se montre moins mesuré, prompt à nourrir des soupçons contre les agents britanniques, mais en oubliant ses propres services. Ce qui lui sera fatal.

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Car la confiance est un vain mot. Surtout dans le milieu du renseignement. Voici la morale de l'épisode. Sarah aura passé l'épisode à osciller entre les rôles de petite amie compréhensive, agent de la CIA obéissant et... finalement... sa vraie nature : un traître infiltré qui est impliqué dans ce vaste complot pour bouleverser l'ordre mondial. La scène de fin, où elle tue brutalement son supérieur qui a eu l'inconscience de l'informer qu'il tenait une piste, vient comme une surprise. Du pur Spooks. Sobre et violent. Voilà qui rehausse mon intérêt pour cette blonde Américaine, nous promettant d'intéressants doubles jeux à l'avenir. Les manipulations sont toujours plus attractives à l'écran que les romances caricaturales.

Enfin, au milieu de tout cela, traversant l'épisode vaillamment et avec professionnalisme, il y a Ros, encore profondément marquée par la tragédie de l'épisode précédent. Elle n'en dort plus, tandis que l'image de Jo la hante. Entre elle et Lucas, le MI-5 dispose de deux agents de terrain quand même relativement brisés psychologiquement. A voir s'ils pourront tenir toute la saison dans cet équilibre précaire.

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Bilan : Un épisode plus posé que les précédents, où le fil rouge de la saison commence à apparaître et à venir nourrir la paranoïa du téléspectateur, comme aux plus grandes heures de la série. La méfiance instinctive de nos espions se renforce ; même entre collègues, la confiance n'est pas automatiquement de mise. Il faudra choisir ses confidents avec beaucoup de prudence. Sinon, l'intrigue de l'épisode est efficace. S'intéressant plus aux réactions des personnages et à la façon dont ils intéragissent qu'à l'enjeu de l'attentat en lui-même, dont on ne doute jamais vraiment qu'ils parviendront à le stopper.

Cet épisode pose en tout cas de solides jalons pour la suite de la saison. Spooks est définitivement reparti sur de bons rails. A suivre !


NOTE : 8,5/10

16/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 3

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Ce troisième épisode continue sur la lancée du précédent : pas de réelle originalité, mais une efficacité jamais démentie, d'où se dégage une sourde tension qui laissera le téléspectateur happé par l'histoire, jusqu'au dénouement et au dernier choc final. En résumé, Spooks fait du Spooks dans ce que la séria a de plus éprouvant : tout y est, de la situation de crise à la mort d'un des personnages principaux, nous abandonnant essouflés et le coeur serré en fin d'épisode.

It feels like old times, non seulement en raison du scénario, mais aussi parce que Ruth est officiellement de retour au MI-5. Quasi-instantanément, c'est la reconstitution du duo qu'elle formait avec Harry, qui s'empresse de lui confier déjà des secrets qu'il n'a pas encore partagé avec le reste de son équipe. Leur relation a toujours été particulière ; et, avec cet épisode, on revient un peu à son fondement. J'aime beaucoup la façon dont cette complicité se recrée presque naturellement à l'écran. Et vu toutes les épreuves que l'équipe doit traverser depuis quelques épisodes, j'avoue que retrouver Ruth apporter une certaine stabilité qui n'est pas pour me déplaire. S'adapter aux nouveaux personnages est toujours un processus plus long que de reconnecter avec des anciens, auxquels on s'était déjà attaché. Bref, au sein d'un MI-5 un peu déshumanisé par ses pertes, cela apporte une touche appréciable pour le téléspectateur.

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Mais le retour de Ruth va pourtant se dérouler dans, sans doute, les pires conditions que l'on pouvait imaginer. Harry, décidé à enquêter discrètement sur les bruits entendus par le ministre britannique concernant des réunions secrètes entre gens importants souhaitant apporter un changement radical à l'ordre mondial tel qu'il existe actuellement, a envoyé Ros surveiller la rencontre, à Londres, d'un groupe non-officiel, le Bendorf group, composé des plus puissants industriels. Mais, sans avertissement de menace préalable, la situation échappe rapidement à tout contrôle : des assaillants armés prennent tous les participants en otage. Ils s'enferment alors dans la panic room construite par le propriétaire des lieux, dans le but de tenir une série de simulacres de procès, censés juger les actions répréhensibles et immorales de ces hommes d'affaires peu scrupuleux, prêts à sacrifier la stabilité politique d'un pays et le sort de ses populations pour mener à bien leur business.

Si le concept de la prise d'otage a déjà été traité dans Spooks (les épisodes 5.06 et 5.07 reviennent notamment très vite à l'esprit), l'originalité réside ici dans les moyens d'exécution du plan des kidnappeurs. Non contents de prétendre s'ériger en tribunal de l'opinion, ils diffusent les séquences du procès à charge grâce aux technologies modernes et appellent les internautes à voter sur la culpabilité ou l'innocence de l'homme dont ils exposent les torts, produisant des documents particulièrement compromettants qui vont rapidement inquiéter d'autres gouvernements, à commencer par les Etats-Unis. Les scénaristes jouent sur les codes de la télé-réalité, exacerbant le voyeurisme malsain du public en ligne, qui non seulement assiste aux évènements par la vidéo, mais en plus y participe activement en "votant" pour le verdict. Coupable ou Innocent. Taper 1, taper 2. Le tout sous le regard impuissant des autorités.

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Mais plus, que cette tension prenante, ce que l'on retiendra de l'épisode, ce sont des histoires humaines ; celles de nos héros, encore une fois touchés de plein fouet par la tragédie. Les agents du MI-5 réussissent en effet de justesse à empêcher un bain de sang et à sauver une partie des otages. Le chef des kidnappeurs, le plus déterminé d'entre eux, n'entendait cependant pas permettre une issue heureuse. Il avait fait poser des bombes dans le sous-sol, de façon à conclure tout cela dans le sang, si jamais cela tournait mal. Lorsque son entreprise bien huilée se désagrège, grâce au travail de sape de Ros et à l'intervention posée de Jo, il se saisit de la commande de contrôle des explosifs. La scène qui suit paraît alors durer une éternité, comme si le temps s'était arrêté. Devant son poste, on oublie de respirer. Ros n'a d'autre choix que d'abattre l'extrémiste à bout portant, tandis que ce dernier est immobilisé par une Jo intuitive, qui a eu une réaction réflexe pour essayer de le neutraliser, mais qui n'a pu lui enlever la commande. La balle tuant le criminel transperce également Jo qui s'effondre, elle-aussi, morte sur le coup. Le dernier regard échangé entre Ros et Jo, qui ont fait la même analyse de la situation, est d'une telle intensité, qu'il bouleverse le téléspectateur avant même que le choc de la brutalité de la scène ne nous atteigne et vienne nous briser le coeur. Une mort violente, nous prenant au dépourvu, dans la  plus pure tradition de la série. Et donc encore une perte pour le MI-5, au sein d'une équipe qui se dissout sous nos yeux.

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Bilan : Un épisode nerveux et tendu, qui recycle la situation déjà connue de la prise d'otage, en ajoutant un élément dramatique supplémentaire avec ce jugement via internet dont la sentence est immédiatement exécutée. Mais ce que l'on retiendra surtout de l'ensemble, ce sont ces dernières minutes et cette scène où tout s'est arrêté une seconde, tandis que Jo et Ros échangeaient un dernier regard. Spooks fait du Spooks, avec beaucoup de sérieux. Sans être exceptionnel, l'épisode est solide et très éprouvant. Les dernières minutes, d'une intensité rare, qui resteront gravées dans nos mémoires, suffisent à nous laisser choqués et interdits devant le petit écran.


NOTE : 8/10

10/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 2

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La nouvelle saison de Spooks démarre vraiment avec ce deuxième épisode qui, tout en restant en terrain (très, voire trop ?) connu, exploite efficacement une intrigue solide, somme toute assez classique, où toutes les parties se livrent à un jeu d'échecs mortel, où chaque camp manipule l'autre et où les Britanniques sont, pour une fois, assez peu inspirés, un brin dépassés par les évènements, marionnettes indirectes d'une partie où CIA (Etats-Unis) et FSB (Russie) mènent la danse en coulisses.

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Les ennuis Britanniques débutent avec l'explosion d'une importante usine de gaz. Cette catastrophe remet en cause tout l'approvisionnement gazier du pays, menaçant de le plonger dans une crise énergétique sans précédent. Il est donc nécessaire et urgent de signer un nouveau contrat d'acheminement de cette matière première avec un des gros exportateurs de gaz. Malheureusement, seuls deux pays sont en mesure de répondre à la demande Anglaise : les Russes, qui réclament un prix déraisonnable, décidés à exploiter la précarité de leur situation ; et les... Tazbeks. Régime de fer, le Tazbekstan est une dictature où les droits de l'homme ne sont que chimère et où les pires excès ont lieu. Laissant de côté toute considération humanitaire, se voulant "pragmatiques", c'est donc vers les officiels Tazbeks que les Britanniques se tournent, espérant conclure un accord rapide avec un régime qui a besoin d'appuis internationaux. Mais les choses vont rapidement évoluer hors de contrôle.
 
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En effet, complexifiant la situation, un des membres de la délégation Tazbek, Urazov, une caricature du "méchant" (meurtrier et violeur), joue sur de multiples tableaux, venant considérablement compliquer la tâche du MI-5. D'une part, il profite de son passage à Londres pour tenter d'achever une vendetta contre une famille dont il a exterminé les membres dans son pays, à l'exception d'une jeune femme, Bibi. D'autre part, il mise sur son propre agenda et vise à assouvir ses ambitions de pouvoir. Face à une unité du MI-5 pas encore pleinement remis des derniers évènements, avec notamment un Harry qui repousse les limites de la morale bien plus loin qu'à l'habitude, tout devient rapidement confus. Sacrifiant tout principe dans le but d'obtenir le contrat de gaz, le MI-5 semble plus ou moins décider à laisser une marge d'action, normalement inacceptable, à Urazov. Un journaliste est tué. Bibi échappe de justesse à une tentative d'enlèvement.
 
Mais derrière les ambitions d'un seul homme, l'enjeu du gaz Tazbek est en réalité bien plus complexe qu'une simple question d'énergie. Derrière les Britanniques, les grandes puissances Américaines et Russes font pression pour maintenir le régime dictatorial dans l'isolement et éviter qu'il ne trouve un point d'appui en Europe. Les Etats-Unis, à travers leur nouvelle agent de la CIA, Sarah, font un travail de sape silencieux. Ils distillent des informations sur les négociations en cours à la presse. Ayant peu apprécié la petite manipulation du premier épisode, Sarah profite de ce conflit d'intérêts entre les deux pays pour remettre les points sur les "i" et s'imposer comme une source d'ennuis, tout autant qu'une alliée indispensable. A ce jeu de poker menteur, les Britanniques, omnubilés par le gaz, se laissent manipuler, réagissant sans jamais retrouver l'initiative. Le MI-5 finit par orchestrer le meurtre d'Urazov, devenu trop gênant, instrumentalisant Bibi, pour se retrouver finalement exposé par une opération du FSB qui force les Tazbeks à rompre les relations. En fin de compte, il faudra adresser une supplique aux "amis" Américains, pour s'adresser aux "amis" Russes, et passer l'accord gazier avec eux, aux conditions de prix Tazbek et, au passage, en échange du plan de vol du président Tazbek quittant l'Angleterre...
 
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Cette clôture sur un étrange pseudo "gagnant-gagnant" laisse un arrière-goût un peu amer, mais permet à l'Angleterre, aux Etats-Unis et à la Russie d'obtenir chacun ce qu'il désirait, au terme d'un jeu d'échecs passionnant aux multiples rebondissements. Cette intrigue est rondement menée et se révèle très plaisante à suivre, à défaut d'être bien originale. C'est du pur Spooks, de ces manipulations obscures jusqu'à cette fin qui nous brise le coeur pour Jo, la jeune femme assistant impuissante au suicide de Bibi après la mort d'Urazov. Par vraiment de happy end donc, comme d'habitude, simplement la mise en place d'un nouvel équilibre entre grandes puissances, avec des pions sacrifiés pour l'atteindre.
 
L'aspect le plus réussi de l'épisode réside sans doute dans le traitement des conséquences de l'épisode précédent. Ruth n'est pas repartie ; elle a laissé son beau-fils retourner en famille. A travers quelques scènes, l'ambiguïté de sa relation avec Harry est particulièrement bien dépeinte : de la colère froide, cet impossible pardon pour avoir pris la décision ayant conduit à l'exécution de son mari ; mais aussi du réalisme, une analyse de situation où Ruth est bien consciente de l'alternative qui s'offrait à Harry. Pas de pardon, mais pas de haine ouverte non plus. Ils sont tous les deux très secoués ; Harry se montrant jusqu'au-boutiste comme jamais pour décider du sort de Bibi, qu'il est d'abord prêt à sacrifier sur l'autel énergétique du gaz. Les plaies ne se guériront pas en quelques jours. Et finalement, les scénaristes réussissent ici, bien mieux que pour les retrouvailles de la semaine passée, à introduire une subtilité et une valse d'hésitation qui sonnent justes à l'écran.
 
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Du côté des personnages, justement, l'équipe apparaît désunie comme jamais. Il manque un esprit d'équipe, la cohésion passée, le tout ayant été rompu par tous ces bouleversements de personnel. Face à ce besoin de main d'oeuvre, c'est un remplacement pour Malcolm qui est introduit, Tariq (Shazad Latif). La trentaine, et un visage plutôt frais, pas encore marqué par toutes les tragédies que l'on peut lire dans les regards lourds des autres agents, on retrouve en lui une innocence et un enthousiasme que l'on n'avait plus vu depuis pas mal de temps au QG du MI-5. Ce n'est pas un mal.
 
Mais c'est une autre rapide évolution qui m'a fait lever les yeux au ciel d'exaspération. Une histoire sentimentale que l'on sentait venir avec la subtilité et la délicatesse d'un éléphant évoluant dans un magasin de porcelaine, mais que je n'osais pas imaginer se concrétiser si vite. Les scénaristes profitent en effet de la fin de l'épisode pour nous parachuter l'officialisation d'une relation plus seulement professionnelle entre Lucas et Christine 2.0 Sarah. Quelques brèves rencontres, agrémentées d'un flirt anodin, auront donc rapidement conduit à l'hôtel. A mes yeux, le duo manque pour l'instant d'alchimie ; ajoutons à cela l'antipathie à l'égard de Sarah, nourrie tout au long de l'épisode, accentuée par cet air d'arrogance dont elle semble ne jamais se départir, et j'ai pour le moment beaucoup de mal à trouver une crédibilité à cette histoire. Les scénaristes ont précipité une situation qui ressemble surtout à une romance sur papier glacé, complètement déshumanisée. On est loin des errements amoureux, mais aux implications sentimentales toujours très fortes, d'un Tom des premières saisons, par exemple. Cet aspect reste peut-être corrigible, mais, pour le moment, je suis sceptique.
 
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Bilan : Un épisode à la fois solide et très classique, du pur Spooks comme la série sait si bien le faire, sans réelle originalité, mais avec une trame forte, à rebondissements multiples et sans manichéisme. Un petit coktail prenant qui nous skotche devant notre petit écran pour tout l'épisode, grâce à des jeux d'espions à leur apogée, dans une partie d'échecs mortelle où les Britanniques sont, cette fois-ci, assez peu réactifs, subissant les évènements, plutôt que les influençant.
Sans être exceptionnel, l'épisode remplit donc son contrat sans pour autant que le téléspectateur ne parvienne à se départir de cette impression lancinante de "déjà vu". Si on ajoute en plus à cela cette petite dose de flirt inter-agences, on se promène vraiment sur des sentiers connus. Cependant, plus enthousiasmant que le précédent, il ne faut pas bouder notre plaisir !


NOTE : 8,5/10

07/11/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 1

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Le retour d'une des séries phares de BBC One, Spooks (MI-5), était très attendu après une saison 7 de très haut standing. Peut-être l'anticipation était-elle trop forte, car si l'on retrouve dans ce season premiere tous les ingrédients habituels de la série, c'est un début un peu décevant, plus une clôture de la saison passée qu'une ouverture vers la saison 8, que nous a offert l'épisode diffusé ce mercredi : il résoud entièrement le cliffhanger qui nous avait laissé tremblant et solde les comptes de la saison 7.

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Comme je l'avais évoqué la semaine dernière, Spooks nous avait quitté avec l'image angoissante d'un Harry kidnappé, enfermé dans un sac, dans le coffre d'une voiture. La menace nucléaire étant désormais passé, tout le service se rend rapidement compte que leur chef manque à l'appel. Mais avant même de lancer les recherches, un nouveau joueur fait irruption, damant ainsi le pion aux Russes, un agent des services secrets Indiens. Abattant les mercenaires qui avaient enlevé Harry, il filme une simulation d'exécution dont il poste ensuite la vidéo sur internet. Une façon rapide, et quelque peu cavalière, pour les scénaristes, d'opérer la transition avec les enjeux de la saison passée et le recentrage géographique de la nouvelle saison.

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Si la menace change de nationalité, l'enjeu demeure quasi-inchangé : l'Indien recherche une cargaison d'uranium, utilisée dans une opération clandestine, conduite conjointement par quelques cow-boys de la CIA et du MI-6 (bref, du sur-classique pour la série), ainsi que par des membres des services secrets Indiens. Le but était à l'époque d'introduire en Irak des "preuves" qui auraient permis la justification de la guerre. Harry y mit un terme quand il la découvrit, en l'exposant à leurs supérieurs. Mais, d'un naturel méfiant, il s'occupa également de faire déplacer la cargaison sans en avertir les autres protagonistes. C'est cette fameuse information que l'Indien veut obtenir de Harry. Pour cela, il ne recule devant rien, pas même de se tourner vers la seule autre personne au MI-5 qui avait été mise au courant à l'époque : Ruth. Ses hommes bouleversent la vie tranquille, loin de toutes ces préoccupations géopolitiques, que mène désormais l'ancien agent, que nous n'avions pas revue depuis son frustrant départ. Elle a refait sa vie, ayant désormais un mari et un fils à aimer. Si ses réflexes sauvent, dans un premier temps, sa famille, ils la reconduisent vers les seules personnes en qui elle a confiance : ses anciens collègues, à commencer par Malcolm, pour des retrouvailles chargées de nostalgie, auxquelles aucun fan de Spooks ne peut rester insensible.

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Sur le plan de l'intrigue, l'épisode s'enchaîne de manière très (trop?) rapide, Lucas et Ros sautant d'une piste à l'autre, assez vite aiguillés vers la bonne direction, en dépit des tentatives de les écarter sur des fausses pistes. Mais le scénario pèche ici par excès de conformisme. Tout se déroule de manière bien huilée, avec une petite dose de suspense, un soupçon de tragédie et une bonne pincée de manipulations entre services de renseignements. Les ingrédients sont bien présents, mais le mélange ne prend pas vraiment. Ainsi, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire et à y croire. La storyline sur l'uranium paraît quelque peu parachutée, tout comme l'intervention des Indiens qui débarquent un peu de nulle part après les affrontements britannico-russes de la saison passée. Puis, Ruth évoque immédiatement l'opération de Bagdad aux agents de MI-5, alors même qu'il doit sans doute exister des dizaines de raisons pouvant justifier l'enlèvement de Harry. Outre ces interrogations scénaristiques, étrangement, je me suis assez peu inquiétée pour Harry, ou même pour Ruth. Il y aura bien une issue fatale -car nous sommes dans Spooks- mais elle ne concerne que des individus extérieurs à la série, pour lesquels nous n'avons pas d'attachement. Si bien que même si la détresse de Ruth est poignante, l'ensemble se termine dans une étrange forme de faux happy end, laissant un peu songeur : le sauvetage effectué par Malcolm étant pour moi assez peu crédible. Je ne sais pas trop quoi en penser, si ce n'est qu'il offre une porte de sortie au personnage et constitue sans doute une forme d'hommage de la part des scénaristes.

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L'épisode solde donc les comptes avec la saison passée. On a vite fait d'oublier les Russes. Pour la saison à venir, il ne pose pas encore de réels jalons. Un nouveau pilier de la série quitte le service, Malcolm. Mais à la différence de bon nombre de ses collègue, c'est vivant et pour jouir d'une retraite méritée qu'il part. Une page se tourne, le coeur du téléphage se sert un peu, mais nous sommes presque instantanément tourné vers l'avenir. Au vu de l'équipe quelque peu dessimée qu'il reste encore, du recrutement va s'imposer. Il a déjà eu lieu du côté des Américains. La nouvelle correspondante de la CIA nous est introduite, une apparition blonde et pragmatique, sans originalité et qui suscite chez le téléspectateur un flashback inévitable, évoquant le souvenir de Christine (saison 2). Au vu du rapide flirt avec Lucas, je crains déjà une reproduction des rapports Tom/Christine.

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Bilan : Au final, un season premiere qui nous laisse un peu sur notre faim. Il permet de solder les comptes de la saison passée, en se contentant de satisfaire la nostalgie des fans en ramenant Ruth au bercail. Mais il apparaît finalement plus comme un épisode de clôture que comme un épisode ouvrant une nouvelle saison. D'autant qu'en fin de compte, l'intrigue est rondement menée, mais paraît assez quelconque, sans réelle originalité. Seule la détresse de Ruth touche le spectateur sur un plan émotionnel et nous sort un instant du ronronnement global de l'épisode. Lequel scelle aussi le départ de Malcolm, un nouvel "ancien" qui nous quitte, laissant une équipe bien amoindrie par les divers évènements. Il faut donc s'attendre à du recrutement. J'espère que les scénaristes sauront faire preuve de plus d'originalité que du côté de la CIA : un clone, cela suffit.

Mais bon, Spooks est de retour. Et même avec un épisode moyen, on ne décroche pas. De belles semaines nous attendent !


NOTE : 7/10

28/10/2009

(UK) Spooks (MI-5) : One week before...

Dernier jour de repos. En famille. Je continue de griffonner quelques mots avec mon netbook... Je prends mes aises sur le blog. La peinture sèche. Je tente des expériences, comme l'ouverture d'un compte twitter. Céder à sa compulsion d'écrire sur un sujet que l'on aime, cela fait du bien aussi.


S'il y a un retour que j'attends en trépignant d'impatience derrière mon petit écran, c'est bien celui des agents secrets de Sa Majesté !

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Après l'excellence d'une septième saison qui aura surclassé ses classiques inspirations et un renouvellement d'effectif parfaitement maîtrisé dans la tradition spooks-ienne, cette huitième saison s'annonce afin de résoudre le cliffhanger intenable sur laquelle la saison dernière s'était refermée. Comme toujours avec cette série (une exception dans ma pratique téléphagique toujours prompte à aller aux nouvelles, avouons-le), j'ai résolument fermé les yeux devant le moindre début d'informations potentielles, j'ai évité de cliquer sur tout sujet sensible sur les forums, j'ai détourné le regard devant les communiqués de presse de la BBC... Je ne sais rien. Je ne sais même pas s'il y a quelque chose à savoir, en fait. Me voilà donc vierge de tout spoiler. Ignorant crânement ce qui se dit dans les milieux autorisés, je suis prête à jubiler, tressaillir, mais souffrir aussi, devant ces nouvelles aventures, craignant pour la vie si fragile de ces personnages faillibles, terriblement humains dans un milieu déshumanisant. Spooks est en effet une de ces très rares séries où ce suspense macabre se retrouve trop souvent justifié.

L'échéance du 4 novembre approchant et ma mémoire, semblable à une passoire, n'ayant guère été épargnée par le passage du temps, je me suis décidée à me replonger dans cette saison 7. Hier soir, agrémenté d'une cup of tea fumante, j'ai ressorti mes DVD pour m'offrir une soirée placée sous le signe des espions de Sa Majesté. J'ai seulement revisionné les derniers épisodes, replongeant instantanément dans la tension ambiante. Il faut bien avouer que, hormis quelques images floues, la situation de fin de saison s'était évaporée dans la brume de mes souvenirs. Tout est rapidement revenu. Les Russes. La menace nucléaire sur Londres. Le sacrifice ultime de Connie, dont le prix des traîtrises  se paye toujours. Et surtout, le clap de fin : Harry, enfermé dans le coffre de la voiture. Cruels scénaristes.

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Tremblant pour Harry, voilà bien la crainte la plus forte que la série peut susciter.

Harry Pearce (l'excellent Peter Firth, pour lequel je suis à court de superlatifs) est l'âme de Spooks. Les crises se succèdent. Les agents de son équipe passent, se flétrissent sur le terrain, ont des fins tragiques et sont remplacés. Le service doit continuer. Et Harry demeure en son centre, point de référence qu'on finirait par imaginer immuable. Oh, ne vous méprenez pas. Je suis bien tombée sous le charme de nos héros successifs, de Tom à Lucas, en passant par Adam. A croire que ce poste au MI-5 est le rôle parfait pour se réconcilier avec un acteur, comme ce fut mon cas pour Richard Armitage (Lucas North) qui était loin de m'avoir laissé un souvenir impérissable dans Robin Hood (certes, le problème venait sans doute en bonne partie de la série). Mais au-delà de mes tendres flirts sériephilistiques, je reviens toujours à Harry. Il est le ciment de Spooks. Ses principes, son comportement, jusqu'à son élocution feutrée mais ferme (et son accent), reflètent, incarnent, l'esprit de la série.

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Je serais donc au rendez-vous pour ces inédits. Prête à me morfondre en craignant la résolution du cliffhanger ; l'impatience aiguisée par le revisionnage de la très réussie saison 7 et sa fin, tellement Spooks, tellement frustrante. Alala, vivement mercredi prochain !


Spooks, Saison 8 inédite, BBC One, à partir du 4 novembre 2009.


Un bref trailer :