07/11/2009
(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 1
Le retour d'une des séries phares de BBC One, Spooks (MI-5), était très attendu après une saison 7 de très haut standing. Peut-être l'anticipation était-elle trop forte, car si l'on retrouve dans ce season premiere tous les ingrédients habituels de la série, c'est un début un peu décevant, plus une clôture de la saison passée qu'une ouverture vers la saison 8, que nous a offert l'épisode diffusé ce mercredi : il résoud entièrement le cliffhanger qui nous avait laissé tremblant et solde les comptes de la saison 7.
Comme je l'avais évoqué la semaine dernière, Spooks nous avait quitté avec l'image angoissante d'un Harry kidnappé, enfermé dans un sac, dans le coffre d'une voiture. La menace nucléaire étant désormais passé, tout le service se rend rapidement compte que leur chef manque à l'appel. Mais avant même de lancer les recherches, un nouveau joueur fait irruption, damant ainsi le pion aux Russes, un agent des services secrets Indiens. Abattant les mercenaires qui avaient enlevé Harry, il filme une simulation d'exécution dont il poste ensuite la vidéo sur internet. Une façon rapide, et quelque peu cavalière, pour les scénaristes, d'opérer la transition avec les enjeux de la saison passée et le recentrage géographique de la nouvelle saison.
Si la menace change de nationalité, l'enjeu demeure quasi-inchangé : l'Indien recherche une cargaison d'uranium, utilisée dans une opération clandestine, conduite conjointement par quelques cow-boys de la CIA et du MI-6 (bref, du sur-classique pour la série), ainsi que par des membres des services secrets Indiens. Le but était à l'époque d'introduire en Irak des "preuves" qui auraient permis la justification de la guerre. Harry y mit un terme quand il la découvrit, en l'exposant à leurs supérieurs. Mais, d'un naturel méfiant, il s'occupa également de faire déplacer la cargaison sans en avertir les autres protagonistes. C'est cette fameuse information que l'Indien veut obtenir de Harry. Pour cela, il ne recule devant rien, pas même de se tourner vers la seule autre personne au MI-5 qui avait été mise au courant à l'époque : Ruth. Ses hommes bouleversent la vie tranquille, loin de toutes ces préoccupations géopolitiques, que mène désormais l'ancien agent, que nous n'avions pas revue depuis son frustrant départ. Elle a refait sa vie, ayant désormais un mari et un fils à aimer. Si ses réflexes sauvent, dans un premier temps, sa famille, ils la reconduisent vers les seules personnes en qui elle a confiance : ses anciens collègues, à commencer par Malcolm, pour des retrouvailles chargées de nostalgie, auxquelles aucun fan de Spooks ne peut rester insensible.
Sur le plan de l'intrigue, l'épisode s'enchaîne de manière très (trop?) rapide, Lucas et Ros sautant d'une piste à l'autre, assez vite aiguillés vers la bonne direction, en dépit des tentatives de les écarter sur des fausses pistes. Mais le scénario pèche ici par excès de conformisme. Tout se déroule de manière bien huilée, avec une petite dose de suspense, un soupçon de tragédie et une bonne pincée de manipulations entre services de renseignements. Les ingrédients sont bien présents, mais le mélange ne prend pas vraiment. Ainsi, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire et à y croire. La storyline sur l'uranium paraît quelque peu parachutée, tout comme l'intervention des Indiens qui débarquent un peu de nulle part après les affrontements britannico-russes de la saison passée. Puis, Ruth évoque immédiatement l'opération de Bagdad aux agents de MI-5, alors même qu'il doit sans doute exister des dizaines de raisons pouvant justifier l'enlèvement de Harry. Outre ces interrogations scénaristiques, étrangement, je me suis assez peu inquiétée pour Harry, ou même pour Ruth. Il y aura bien une issue fatale -car nous sommes dans Spooks- mais elle ne concerne que des individus extérieurs à la série, pour lesquels nous n'avons pas d'attachement. Si bien que même si la détresse de Ruth est poignante, l'ensemble se termine dans une étrange forme de faux happy end, laissant un peu songeur : le sauvetage effectué par Malcolm étant pour moi assez peu crédible. Je ne sais pas trop quoi en penser, si ce n'est qu'il offre une porte de sortie au personnage et constitue sans doute une forme d'hommage de la part des scénaristes.
L'épisode solde donc les comptes avec la saison passée. On a vite fait d'oublier les Russes. Pour la saison à venir, il ne pose pas encore de réels jalons. Un nouveau pilier de la série quitte le service, Malcolm. Mais à la différence de bon nombre de ses collègue, c'est vivant et pour jouir d'une retraite méritée qu'il part. Une page se tourne, le coeur du téléphage se sert un peu, mais nous sommes presque instantanément tourné vers l'avenir. Au vu de l'équipe quelque peu dessimée qu'il reste encore, du recrutement va s'imposer. Il a déjà eu lieu du côté des Américains. La nouvelle correspondante de la CIA nous est introduite, une apparition blonde et pragmatique, sans originalité et qui suscite chez le téléspectateur un flashback inévitable, évoquant le souvenir de Christine (saison 2). Au vu du rapide flirt avec Lucas, je crains déjà une reproduction des rapports Tom/Christine.
Bilan : Au final, un season premiere qui nous laisse un peu sur notre faim. Il permet de solder les comptes de la saison passée, en se contentant de satisfaire la nostalgie des fans en ramenant Ruth au bercail. Mais il apparaît finalement plus comme un épisode de clôture que comme un épisode ouvrant une nouvelle saison. D'autant qu'en fin de compte, l'intrigue est rondement menée, mais paraît assez quelconque, sans réelle originalité. Seule la détresse de Ruth touche le spectateur sur un plan émotionnel et nous sort un instant du ronronnement global de l'épisode. Lequel scelle aussi le départ de Malcolm, un nouvel "ancien" qui nous quitte, laissant une équipe bien amoindrie par les divers évènements. Il faut donc s'attendre à du recrutement. J'espère que les scénaristes sauront faire preuve de plus d'originalité que du côté de la CIA : un clone, cela suffit.
Mais bon, Spooks est de retour. Et même avec un épisode moyen, on ne décroche pas. De belles semaines nous attendent !
NOTE : 7/10
07:53 Publié dans Spooks (MI-5) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spooks, mi-5, richard armitage, hermione norris, peter firth, espionnage | Facebook |
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