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07/10/2012

(Pilote UK) The Paradise : au bonheur de l'amateur de period drama ?

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Je me souviens que lorsque BBC1 avait annoncé la commande de The Paradise, j'avais souligné la news avec un plus d'insistance qu'à l'accoutumée. La raison ? Si les cours de français du lycée ont pu m'écoeurer d'un certain nombre d'auteurs classiques dont je suis désormais incapable d'ouvrir un livre (adieu les Maupassant, Balzac et autres), ils m'ont aussi introduit dans les oeuvres de mon auteur du XIXe siècle préféré, Emile Zola, par l'intermédiaire d'un premier roman qui fut justement Au bonheur des Dames. Je me souviens de ces longues descriptions colorées nous immergeant dans les coulisses d'un grand magasin et éveillant mille étoiles dans les yeux de l'adolescente que j'étais.

Autant prévenir tout de suite cependant : The Paradise est une adaptation très libre, dont le point à retenir est surtout qu'elle a été confiée à Bill Gallagher, plus connu pour le period drama Lark Rise to Candleford, avec lequel The Paradise partage certainement plus de points communs et d'influence qu'avec son oeuvre d'origine qu'est Au Bonheur des Dames. La série a débuté le 25 septembre 2012. Elle comptera 8 épisodes. Au terme de son pilote (j'avoue ne pas avoir résisté et avoir enchaîné directement avec le deuxième), il est clair que l'approche sera extrêmement classique et calibrée. Mais je suis une grande incorrigible, car je me suis aisément prise au jeu de l'ambiance et de l'univers créés.

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The Paradise suit l'arrivée en ville d'une jeune campagnarde, Denise, qui espère venir travailler pour son oncle, propriétaire d'un petit magasin en ville. Mais les temps sont durs pour le commerçant qui est contraint d'expliquer à sa nièce qu'il ne peut l'engager pour le moment. En effet, face à lui, s'est installé et développé un immense magasin qui ne cesse de s'étendre et de gagner en activité, comme en clientèle. La concurrence est rude pour la petite entreprise familiale. Ne pouvant envisager de rester inactive en attendant que la situation s'arrange, Denise décide de prendre sa destinée professionnelle en main : elle postule pour une position de vendeuse dans cette gigantesque entreprise qu'est le Paradise.

Embauchée pour une période d'essai, elle découvre, fascinée comme toutes les jeunes femmes du magasin, le maître de lieu, Moray. Veuf depuis la mort accidentelle - et quelque peu suspecte aux yeux de certains - de sa femme, c'est un entrepreneur ambitieux, magnétique et séducteur, qui a de très grands projets pour son magasin. Il est actuellement très proche de Katherine Glendenning, la fille d'un riche Lord, et il se murmure que le mariage serait dans l'air. Denise découvre également l'envers du décor de ce milieu très concurrentiel, avec ses règles et des employés qui ont pour objectif de saisir toutes les opportunités qui s'offrent à eux dans leur travail. La jeune provinciale qu'est Denise, et qui a encore beaucoup à apprendre, va tenter de trouver sa place dans ce nouveau monde.

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Ce dont je me souviens le plus clairement dans l'oeuvre d'origine est son atmosphère, caractérisée notamment par de longues descriptions méticuleuses d'étalages de produits à perte de vue. Dès la première incursion dans le magasin, The Paradise capture parfaitement ce mélange de luxe et d'abondance qui assaille les sens des clients et affole les porte-monnaies. La reconstitution de cet intérieur trop riche en couleurs chatoyantes et remplis de produits jusqu'à l'excès donne un aperçu de ce qui fait l'attractivité - et en un sens, l'âme - des lieux. L'impression faite sur les clients, cet enchantement des sens qui confine à l'émerveillement, est bien retranscrite. Lieu de passage, mais aussi lieu de vie, ce vaste bâtiment est un centre commercial animé qui est le cadre adéquat pour mettre en scène toute une galerie de protagonistes, de toutes conditions et de toutes ambitions. Les employés y travaillent, y mangent et y dorment : en quasi-huis clos, la série peut donc s'épanouir au rythme de la frénésie des journées au sein du magasin.

Si le téléspectateur - comme le visiteur - peut se laisser un temps emporter par ces débordements de luxe, The Paradise présente ces lieux pour ce qu'ils sont : un temple du consumérisme, où tout est fait justement pour faire tourner la tête du client. Les passages concernant la gestion de l'entreprise sont intéressants, mais sur ce point, la série se contente d'un traitement très superficiel des thèmes abordables, en retrait par rapport à l'oeuvre d'origine. Grâce à l'oncle de Denise et à quelques réflexions par-ci, par-là, on mesure globalement la révolution que représente, dans le commerce, la montée de ce grand magasin. On devine également la concurrence avec le modèle familial qui ne peut lutter à armes égales. Mais The Paradise ne fait aucun effort particulier de recontextualisation sociale, n'insistant pas non plus sur la condition des employés. Il s'agit d'un period drama qui s'appuie prioritairement sur le relationnel, ne conservant que le sujet principal, sans la richesse des thèmes de la fiction d'origine.

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Ce parti pris volontaire, quelque peu réducteur de la part du scénariste, peut générer des regrets : celui de voir évoluer la série dans un registre un peu trop lisse et policé. Mais si elle repose sur des dynamiques assez convenues, il faut reconnaître qu'il n'en demeure pas moins très facile de se prendre au jeu. En effet, l'ambiance fonctionne : pas seulement pour nous entraîner dans les rayonnages débordants du magasin, mais aussi pour nous donner envie de suivre cet ensemble de personnages, dont les rapports, les confrontations et les sentiments promettent. Dans son pilote, The Paradise vend avant tout un potentiel : ses protagonistes restent dans l'ensemble encore très stéréotypés, un peu trop calibrés, mais avec sept épisodes à venir, il sera temps, après cette introduction, de soigner leurs caractérisations. Ainsi, par exemple, concernant Denise : elle est pour l'instant l'archétype de la jeune provinciale, avec sa part de naïveté et de sérieux. On attend d'elle qu'elle gagne en assurance et en audace, dépassant cette image un peu pâle.

Au cours du premier épisode, c'est sans surprise le personnage de Moray (anglicisation de Mouret) qui se détache et intrigue le plus fortement. Le portrait qui s'esquisse sous nos yeux a en effet sa part d'ambivalence. C'est un homme d'affaires, avec une vision, une de ces ambitions démesurées qui menace à tout moment de partir hors de contrôle et de réduire à néant ce qu'il a déjà réalisé. C'est quelqu'un qui est à la fois prêt à tout pour parvenir à ses fins, mais qui semble aussi suivre un certain code de conduite un peu flou. Il est un commercial conscient qu'il faut plaire à des clients ; seulement tout aussi arriviste qu'il soit, il n'en conserve pas moins une certaine conscience de classe qui le conduira plus naturellement à se ranger du côté de la plèbe que de l'aristocratie. C'est un homme à femmes, un séducteur... qui reste pourtant inaccessible et fidèle au fantôme de sa défunte épouse, dont la mort accidentelle jette une ombre sur les rumeurs qui l'entourent. Il joue sur les sentiments d'une riche héritière, sans que l'on puisse déterminer quel degré d'honnêteté il y a dans son attitude. Difficile à cerner, se laissant emporter et emportant le téléspectateur dans ses projets et desseins, il est celui que l'on retient de ces débuts.

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Sur la forme, The Paradise est un period drama qui sait exploiter les atouts de l'environnement dans lequel l'histoire évolue : la mise en scène du cadre luxueux du magasin répond aux attentes, insistant sur la chotayance des costumes comme des produits exposés. La réalisation reste cependant posée et très classique, sans prise de risque particulière. La flamboyance du décor en magasin contraste d'ailleurs avec la photographie beaucoup plus sombre dès que l'on quitte les rayonnages. A noter la présence d'un générique plutôt bien pensé, qui reflète la tonalité de la série (cf. la première vidéo ci-dessous).

Enfin, la série bénéficie d'un casting où l'on retrouve beaucoup de têtes familières du petit écran britannique. Les performances d'ensemble sont correctes, même s'il manque encore cette petite étincelle qui fait la différence. Seul Emun Elliott (Paradox, Lip Service, Threesome) dispose du script nécessaire pour vraiment s'imposer à l'écran, et il réussit à capturer les différentes facettes de son personnage et des ambiguïtés qui l'entourent, sans pour autant encore complètement marquer. Denise est interprétée par Joanna Vanderham (The Runaway, Young James Herriot, Above suspicion : silent scream) qui apporte l'innocence qui convient à cette figure. Les amateurs de Lark Rise to Candleford retrouveront notamment Sarah Lancashire. On croise également Matthew McNulty, David Hayman, Laura Power, Peter Wight, Stephen Wight, Sonya Cassidy, Ruby Bentall, Elaine Cassidy, Finn Burridge, Jenna Russell ou encore Patrick Malahide.

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Bilan : Cherchant à retranscrire l'ambiance particulière qui est celle d'un grand magasin de la seconde moitié du XIXe siècle, jouant pleinement sur un décor où l'abondance se dispute au luxe pour faire tourner bien des têtes, The Paradise est un period drama de facture classique qui, par-delà son cadre et l'atmosphère cultivés, mise avant tout sur les dynamiques relationnelles entre ses personnages. On pourra lui reprocher de présenter un ensemble convenu et finalement assez générique dans son genre, ayant évacué en grande partie toute recontextualisation sociale et l'apport qu'aurait pu représenter une adaptation plus fidèle de l'oeuvre d'origine. Mais aussi familière que sonne la recette, elle n'en conserve pas moins ses attraits.

Une fiction qui devrait éveiller la curiosité des amateurs de period dramas.


NOTE : 7/10


Le générique de la série :

La bande-annonce de la mini-série :

Commentaires

j'ai vu le pilot, j'ai trouvé ça sympathique, je pense donc voir la suite! mais bon, je ne vois pas la série comme une adaptation du roman de zola, j'y arrive pas!

Écrit par : trillian | 07/10/2012

Je n'avais pas aimé le roman plus que ça (même si c'est le "moins pire" des Zola que j'ai lu), mais ton article me pousse à donner une chance à la série, je suis toujours cliente des period dramas (du moment qu'ils ne soient pas désespérants/froids, c'est pour ça que j'ai évité Parade's End) !

Écrit par : JainaXF | 08/10/2012

Je n'avais pas aimé le roman plus que ça (même si c'est le "moins pire" des Zola que j'ai lu), mais ton article me pousse à donner une chance à la série, je suis toujours cliente des period dramas (du moment qu'ils ne soient pas désespérants/froids, c'est pour ça que j'ai évité Parade's End) !

Écrit par : JainaXF | 08/10/2012

Parade's end n'est pas désespérant.
Il y a même.....
[Spoiler warning on]

Attention spoiler
Attention spoiler
Attention spoiler



...un happy end à la fin. :)
[Spoiler warning off]

Et puis, il ne faut pas confondre "froideur" avec "finesse" ou "subtilité". :)
Parade's end est une mini-série exigeante, qui ne se donne pas comme quelque vulgaire série fonctionnant à coups d'effets faciles et de pathos dégoulinant.
Si l'on parvient à prendre la mesure de cette exigeance, elle devient formidable.

Bon sinon, j'aurais presque envie, par pure perversité, de regarder ce Zola transformé en soap en costumes, mais je crois que je vais quand même passer mon tour.
En matière de soap ridicule en costumes, la saison 3 de Downton Abbey remplit déjà bien assez mon ordinaire.

Écrit par : Fred | 08/10/2012

Fred : bah les critiques que j'ai vu sur Parade's End (notamment ici) ne m'ont pas donné vraiment envie...mais je vais peut-être tester le premier épisode quand j'aurai le temps !

Et je suis d'accord avec toi sur la saison 3 de Downton Abbey : elle me plaît pour ce qu'elle est mais j'ai dû accepter que c'était vraiment devenu un soap de luxe...mais je ne dirai quand même pas qu'elle est ridicule !

Écrit par : JainaXF | 08/10/2012

"Bon sinon, j'aurais presque envie, par pure perversité, de regarder ce Zola transformé en soap en costumes, mais je crois que je vais quand même passer mon tour."

Je pense que je vais faire pareil...
Cependant, je suis assez irritée en l'espèce par la politique de la BBC: choisir entre tous les romanciers français, le plus révolutionnaire et le plus progressiste (même si c'est moins évident dans ce roman) et gommer la critique sociale, c'est un peu (beaucoup) exagéré...

Je me demande si la BBC ne devrait pas ralentir le rythme voire suspendre un temps ses adaptations de romans classiques ou contemporains: parce exception faite de celles des oeuvres de Charles Dickens, Jane Austen et Agatha Christie, ce que j'ai pu voir récemment m'a désespéré.

Je pense à Jane Eyre (2006), Tess d'Urberville (2008), La Rose pourpre et le Lys, the Canterbury Tales notamment, qui m'ont beaucoup décu...

Ou peut être que je suis passée à côté des bonnes adaptations, il y en a tellement que je n'ai pas encore vu...

Enfin, toujours est-il que je reste sur l'impression d'une surexploitation de la catégorie des period drama.

"Et je suis d'accord avec toi sur la saison 3 de Downton Abbey : elle me plaît pour ce qu'elle est mais j'ai dû accepter que c'était vraiment devenu un soap de luxe..."

Je n'ai vu pour l'instant que la saison 1, et j'avais déjà cette impression, même si la série est divertissante..

Écrit par : Titania | 10/10/2012

_ Concernant l'adaptation et l'éventuel traumatisme des cours de français :
Cette adaptation est extrêmement éloignée de l'oeuvre d'origine. On y retrouve quelques faits, quelques personnages, mais The Paradise est avant tout un period drama de la BBC qui s'inscrit dans la lignée direct de Lark Rise to Candleford. C'est du relationnel, avec en arrière-pensée (sans doute aussi un peu) le succès de Downton Abbey sur ITV (d'ailleurs BBC1 ne s'est pas risquée à une confrontation entre les deux, et The Paradise est diffusée en semaine, alors qu'elle a le parfum d'une série du dimanche soir pour la télé anglaise ; mais les audiences sans être extraordinaires sont stables et très correctes dans sa case horaire).
Par contre, je rejoins totalement la déception de Titania quant au manque d'ambition de la chaîne (et/ou du scénariste) face à l'oeuvre de départ qui offrait matière à être beaucoup plus riche que cette déclinaison calibrée de fictions en costumes.


_ Concernant la question plus générale des period dramas :
Si je suis restée insensible à la subtilité de Parade's End, j'admets pourtant sans difficulté qu'il s'agit d'une série ambitieuse et exigeante. Peut-être d'ailleurs trop exigeante à sa manière, si bien qu'elle a oublié qu'elle restait un divertissement et s'est déconnectée d'une partie de ses téléspectateurs.
Je ne veux pas la comparer à Downton Abbey, parce que pour moi les deux ont seulement en commun d'être des séries en costumes et de partager une époque. Downton Abbey recourt à des ressorts narratifs qui la rapproche du soap, en ce sens qu'elle correspond à du pur relationnel divertissant, avec le risque de lassitude inhérent à la répétition des aléas et des épreuves pour les protagonistes. Parade's End, de par son format court, écartait déjà ce dernier risque (il faudrait se limiter à la s1 de DA). De plus, elle n'a pas fait le choix d'être une fiction chorale, ce qui lui permet d'être centrée sur un seul sujet, avec une dimension à la fois sentimentale mais aussi sociale (de façon plus marquée que DA où le social est surtout un tableau en arrière-plan tout en étant prétexte à quelques intrigues).
Là où Parade's End a échoué à mon sens, c'est qu'elle a, pour mon ressenti personnel (c'est très subjectif), trop intellectualisé ses enjeux pourtant émotionnellement forts. La connexion ne s'est pas opérée, et je n'ai pas réussi à rentrer dans ces portraits que j'ai décrits comme "glacés" (non parce qu'ils sont déprimants, mais parce que les émotions semblent ne rester que théoriques). Au-delà de quelques maladresses dans le récit, c'est vraiment cet aspect déconnecté qui m'a marqué.
Pour moi, le cocktail idéal d'une série serait de savoir parler aussi bien à l'intellect qu'au coeur du téléspectateur, et Parade's end m'a semblé trop privilégier le premier. Qu'il s'agisse d'excès de subtilité ou d'ambition, je ne me suis pas retrouvée dans ce dosage.
Pour ce qui est de la s3 de Downton Abbey, cette dernière mise prioritairement sur le 2e aspect (le coeur) pour préserver la fidélité de téléspectateur qu'elle avait conquise de manière méritée au terme d'une saison 1 qui avait été parfaitement dosée.
Chacun est forcément plus sensible à l'une ou l'autre de ces dimensions qui se complètent. C'est pourquoi Parade's End a certainement pu plaire beaucoup à un certain public, mais malheureusement je n'en fais pas partie (mais je t'envie Fred de l'avoir autant apprécié ! ^^).
Concernant, enfin, The Paradise (qui est quand même l'objet de cet article), il est manifeste que l'ambition de départ de cette série est d'être une fiction qui se regarde au coin du feu, sans autre envie que de divertir. Il n'y a pas de réel effort de créativité, ni de valeur ajoutée par rapport à des histoires déjà mises en scène : on reste dans une zone de confort, et j'avoue la trouver confortable justement.


_ Pour ce qui est de la question des adaptations évoquées par Titania, il me semble que la BBC a été plus heureuse dernièrement avec des adaptations de livres contemporains (Call the midwife en début d'année par ex.) que de classiques (en dehors des auteurs que tu cites, ou encore des adaptations de Shakespeare cet été sur BBC2). Un article du Guardian s'interrogeait d'ailleurs comme toi sur la proportion excessive de period drama dernièrement à la tv anglaise, donc la question est posée. Mais tant que l'audience est au rendez-vous, j'imagine aussi qu'il s'agit d'un filon qu'ils sont prêts à exploiter jusqu'à l'excès... Et le succès de Downton Abbey ne fait que l'encourager sur cette voie.

Ta réflexion sur la qualité des adaptations de ces dernières années m'amène à me demander si, plus généralement, la problématique ne se pose pas plutôt pour toutes les fictions quel que soit leur genre. Et si ce n'est pas notre perception qui évolue aussi : maintenant que l'on peut suivre de façon presque exhaustive tous les programmes que l'on veut sur ces chaînes-là, on se rend compte qu'elles ont aussi leur lot de ratés et de déceptions (alors qu'avant seuls les grandes réussites restaient et nous parvenaient par bouche-à-oreilles ou autres). Si on regarde le passé, dans les décennies précédentes, sont restées les grandes oeuvres qu'on a pu (re)découvrir, mais à côté combien d'oubliées ? En fait, j'ai du mal à apprécier s'il y a une réelle baisse qualitative, même si cette année 2012 aura été assez mitigée sur cette chaîne à mes yeux.
Certains plus familiers avec le petit écran UK m'assurent qu'on est plutôt dans un "creux" de vague qualitative, d'autres que c'est juste une conséquence de la disparition des frontières et de l'accès direct à tout. Pour le moment, je réserve mon jugement. ^^

Écrit par : Livia | 11/10/2012

Titania : j'ai adoré Jane Eyre 2006; c'est un de mes period drams préférés avec North and South, P&P et Cranford ! Comme quoi, les goûts et les couleurs...

Pour Downton Abbey, tu n'a pas totalement tord, mais
je trouve quand même que les ficelles narratives étaient un peu plus subtiles en saison 1 qu'en saison 2, où les intrigues deviennent bien plus over the
top !

Livia : je suis tout à fait d'accord avec toi sur la nécessité de parler à la fois au coeur et à l'intellect pour être une série marquante !
Pour ma part, c'est vrai que ces 2/3 dernières années m'ont semblé moins riches en matière de bons period dramas (parce qu'à côté, comme tu le dis, il y a eu des séries comme Call The Midwife, The Cafe, Sherlock...), mais cette rentrée 2012 me laisse un peu sur ma faim pour le moment (d'autant plus que Doctor Who a continué de me décevoir avec sa saison 7) ! De plus, à force de voir de nombreuses séries d'un même genre, on devient sans doute aussi plus exigeants !

Écrit par : JainaXF | 11/10/2012

J'ai toujours un peu de mal avec cette distinction entre séries qui seraient faites pour l'intellect et séries qui seraient faites pour le coeur. Je ne comprends pas trop la distinction, en fait.
Parade's end, pour moi, a été un motif de stimulation intellectuelle fort et m'a dans le même temps fait partager des moments d'émotion intenses.

"Downton Abbey recourt à des ressorts narratifs qui la rapproche du soap, en ce sens qu'elle correspond à du pur relationnel divertissant, avec le risque de lassitude inhérent à la répétition des aléas et des épreuves pour les protagonistes. "

Tu pointes bien la base des problèmes actuels de la série.
Mais ce n'est pas tant la répétition qui gêne que l'obligation toujours réitérée d'amener de nouvelles intrigues pour chaque personnage, jusqu'à l'inconsistance complète s'il le faut (dans ce début de saison 3 qui tourne complètement à vide, il n'y a pas une seule bonne idée d'intrigue).
"Un village français", autre série chorale "en costumes" gère beaucoup mieux l'évolution de ses personnages, en n'hésitant pas à mettre en retrait tour à tour certains d'entre-eux pendant de nombreux épisodes, pour ne les faire réapparaitre que quand il y a un réel intérêt pour eux de revenir au devant de la scène.

"Pour ce qui est de la question des adaptations évoquées par Titania, il me semble que la BBC a été plus heureuse dernièrement avec des adaptations de livres contemporains (Call the midwife en début d'année par ex.) que de classiques (en dehors des auteurs que tu cites, ou encore des adaptations de Shakespeare cet été sur BBC2). "

Eh bien, en matière d'adaptation de classiques, on peut tout de même citer... "Parade's end". :)
Je n'ai pas lu les romans de Ford Madox Ford mais j'ai lu ça et là que des spécialistes de l'oeuvre de cet auteur avaient trouvé le travail d'adaptation réalisé par Tom Stoppard relevait du tour de force.

"maintenant que l'on peut suivre de façon presque exhaustive tous les programmes que l'on veut sur ces chaînes-là, on se rend compte qu'elles ont aussi leur lot de ratés et de déceptions (alors qu'avant seuls les grandes réussites restaient et nous parvenaient par bouche-à-oreilles ou autres). "

En poussant la réflexion, on pourrait même dire que cela remet quelque peu en perspective les défauts chroniques que l'on se plait à affubler à la conception des séries françaises.
Pas que ces défauts ne soient pas réels, loin de la, mais bon, contrairement à l'adage, the grass is not always greener on the other side.
Sans vouloir polémiquer, je dirais même que cette année, je n'ai pas vu grand chose en provenance de Grande-Bretagne qui soit à même de rivaliser avec les réussites d'Un village français, Engrenages ou Kaboul Kitchen...

Écrit par : Fred | 11/10/2012

@ JainaXF : "De plus, à force de voir de nombreuses séries d'un même genre, on devient sans doute aussi plus exigeants !"
Cet aspect doit en effet également jouer. Aux effets de nouveautés et d'exploitations de thématiques inconnues succède l'impression de redite. C'est pour cela aussi que nos goûts évoluent, et qu'on a besoin de changer d'air parfois, d'essayer de nouvelles expériences téléphagiques. Parce que si on se contente du même vase-clos parfois lui-même en perte d'essor créatif, on a vite une profonde lassitude qui nous gagne !
Cette année, mes essais de thriller de BBC1 ont quasiment tous été des déceptions, en partie parce que justement ils m'ont quasiment tous fait l'effet d'être des redites de fictions faites précédemment.


@ Fred :
"Parade's end, pour moi, a été un motif de stimulation intellectuelle fort et m'a dans le même temps fait partager des moments d'émotion intenses."
C'est l'idéal ! Donc au final l'intellect & l'émotion sont bien tous les 2 là (même si une telle dichotomie reste artificielle ainsi énoncée). C'était une fiction bien dosée pour ton ressenti personnel (je suis jalouse que tu aies pu tant apprécier ^^)


"En poussant la réflexion, on pourrait même dire que cela remet quelque peu en perspective les défauts chroniques que l'on se plait à affubler à la conception des séries françaises.
Pas que ces défauts ne soient pas réels, loin de la, mais bon, contrairement à l'adage, the grass is not always greener on the other side.
Sans vouloir polémiquer, je dirais même que cette année, je n'ai pas vu grand chose en provenance de Grande-Bretagne qui soit à même de rivaliser avec les réussites d'Un village français, Engrenages ou Kaboul Kitchen..."
Je suis assez d'accord. 2012 est globalement une année assez passable en Grande-Bretagne en dehors de quelques fulgurances, et on a eu dans le même temps en France quelques fictions qui tenaient très bien la route. Il y a certes toujours des problèmes structurels qui demeurent dans la fiction française (place et liberté des scénaristes notamment, et puis quelques grandes catastrophes industrielles aussi - pour illustration : dîtes, avez-vous vu la prochaine mini-série de TF1 sur Merlin ? http://www.wat.tv/video/decouvrez-bande-annonce-exclusive-5aj9z_34txn_.html #PleursDEffroi ), mais il y a également des points qui montrent qu'il y a des efforts qui ont été faits (et l'ambition manifestée par Arte par ex va dans le bon sens). On a une grande marge de progression, à nous aussi de cesser de complexer.

On sous-estime le fait qu'on est soumis à des préconceptions et des préjugés, issus d'un apprentissage culturel, qui nous permettent d'accueillir plus ou moins facilement tel ou tel type de fiction.

Sur la problématique de l'herbe toujours plus verte ailleurs, j'ai une anecdote récente qui l'illustre parfaitement et ira dans ton sens. Je discutais sur twitter avec un Anglais amateur de séries nordiques (dans la phase de découverte et d'émerveillement de tout ce qui vient du froid ^^). Au détour de la conversation, il écrit combien c'est rafraîchissant de voir enfin une télé de qualité quand on voit l'état de la télé anglaise actuellement. Comme ça m'amuse, je lui réponds qu'en France, nos médias présente l'Angleterre comme le modèle à suivre, et que l'on a une grande vénération pour tout ce qui est anglais depuis 2/3 ans. Surtout par comparaison à notre petit écran que l'on considère médiocre. Il a l'air sincèrement surpris, et il m'objecte : mais ce n'est pas possible, vous au moins vous avez The Spiral (aka Engrenages), ou encore Braquo ! (Les séries françaises que BBC4 diffuse, dans la même case que ses séries nordiques le samedi soir.) S'ensuit ensuite un échange où on se rend compte qu'on expose des positions sur notre petit écran national souvent extrêmement dures, complexées, qui sont peut-être parfois un peu excessives.


Après le ressenti reste très subjectif et propre à chacun, mais il y a quand même quelques grandes tendances d'évolution qui se dessinent au sein des petits écrans mondiaux. :)

Écrit par : Livia | 12/10/2012

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