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14/10/2010

(Pilote UK) Thorne : récital efficace de classiques policiers

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Si j'écris souvent que le genre policier rencontre plus difficilement mes faveurs téléphagiques actuellement, il est nécessaire de nuancer cette affirmation. Car la lectrice assidue de polars que je suis demeure profondément attachée à ces récits. Dans la mesure où elles se situent à l'opposé des simples formula show calibrés à l'excès ou de la prévisibilité désincarnée et déshumanisée d'un cop-show CBS-ien, des fictions comme Wallander, Prime Suspect ou encore Wire in the blood (La Fureur dans le sang) ont pu être ou constituent toujours des valeurs téléphagiques sûres que j'apprécie tout particulièrement.

Or, cette semaine, la télévision anglaise proposait de quoi rassasier mon amour du policier. Non seulement lundi marquait le retour de Whitechapel sur ITV, poursuivant son chemin à travers l'histoire criminelle britannique en étant confrontée, après un copycat de Jack l'Eventreur, à l'ombre des jumeaux Kray ; mais de plus, la veille, par un dimanche soir très chargé sur les chaînes britanniques (Downton Abbey s'étant installée à un niveau d'audience si confortable que ITV a déjà commandé une saison 2 - pour mon plus grand plaisir -, et BBC1 lançant une mini-série dramatique attendue, Single Father), c'est sur Sky One qu'une autre série débutait : Thorne.

Adaptée des romans policiers de l'écrivain Mark Billingham, les six épisodes commandés couvrent deux enquêtes - les deux premiers romans, Sleepyhead (publié en 2001) et Scarety Cat (2002) - d'un personnage récurrent chez cet auteur, le DI Tom Thorne, interprété par David Morrissey.

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Ce premier épisode de l'arc constitué par l'enquête relatée dans Sleepyhead se réapproprie efficacement tous les codes narratifs du policier, posant le cadre d'une chasse toujours aussi prisée à l'écran, celle du serial killer. Si l'histoire s'inscrit dans la droite ligne du genre, elle le fait cependant avec une réelle habileté, sans lourdeur, ni excès, sachant profiter de l'effet glaçant procuré par les crimes mis en scène que l'état de la seule survivante du tueur ne fait qu'accentuer. C'est le hasard d'une course-poursuite qui va placer les policiers face à des crimes jusqu'alors commis impunément sans que ne soit jamais identifiée la vraie cause du décès : les morts de plusieurs jeunes femmes ont ainsi trop rapidement été classées comme naturelles. L'autopsie minutieuse du cadavre d'une nouvelle victime, que découvrent Thorne et ses collègues au début du pilote, va leur révéler un mode opératoire d'exécution des plus glaçants.

Remontant le fil des morts classées au cours des derniers mois, ce sont plusieurs affaires similaires qui sont exhumées des archives policières. Et, surtout, c'est à l'hôpital que s'achève leur recensement de victimes potentielles, auprès d'une jeune femme qui semble être la seule survivante du rituel létal suivi par le serial killer, la laissant, de manière peut-être encore plus cruelle, entièrement paralysée mais consciente, comme prisonnière dans sa propre enveloppe charnelle, son corps ne lui répondant plus hormis pour les muscles lui permettant de battre des cils. Le DI Tom Thorne prend cette affaire particulièrement à coeur, ayant du mal à se détacher de cet être désormais inerte, mais toujours vivant, qui occupe une des chambres de l'hôpital. Tout en nous glissant dans le quotidien de l'unité policière enquêtant sur ces meurtres, l'épisode esquisse peu à peu les contours de son personnage principal, une figure avec ses zones d'ombre et encore beaucoup de non-dits à l'écran, qui fonctionne principalement à l'instinct et par impulsion.

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Classique dans ses ressorts scénaristiques et la distribution des rôles qu'il opère entre les protagonistes policiers, ce premier épisode installe un cadre globalement convaincant. L'épisode opte pour une approche encore superficielle du relationnel entre ses différents personnages, tout en parsemant sa narration de suffisamment de références glissées au détour des conservations, pour orienter le téléspectateur ou aiguiser sa curiosité. De manière générale, il n'y a pas de difficulté pour identifier la dynamique des plus familières qui joue au sein de l'unité de police : du rookie ambitieux qui souhaite s'imposer, jusqu'au fragile équilibre installé entre le policier instinctif, un peu déconnecté, qu'est Thorne, et son partenaire rationnel rejetant le ressenti hors de ses analyses et déductions, c'est donc une distribution sans réelle surprise, mais efficace, qui se dévoile.

Si, en elle-même, l'enquête ne présente pas d'originalité particulière dans son traitement, l'approche va prendre une tournure plus ambitieuse et recherchée en choisissant de s'arrêter sur le destin de la seule victime encore vivante. Témoin paradoxalement réduit au silence par son infirmité, plongée dans une confusion quant aux faits s'étant produits qui ne l'empêche pas de comprendre son état et sa situation désspérée, Thorne n'hésite pas à nous placer de son point de vue. La caméra emprunte ainsi les yeux de la jeune femme, tandis que certaines scènes nous glissent directement dans ses pensées, troublantes de cohérence. Ce procédé narratif consistant à proposer au téléspectateur de s'identifier ainsi à la victime constitue sans doute l'originalité la plus marquée de cette enquête policière. C'est une façon efficace de renforcer le caractère glaçant des meurtres et d'accentuer finalement ce léger malaise qui se forme face à l'affaire.

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Tout en installant de manière convaincante et plutôt prenante ce premier acte, Thorne prend également le temps de trouver peu à peu ses marques esthétiquement parlant. Un réel effort a en effet était fait de la part du réalisateur, Stephen Hopkins. Outre une utilisation un brin confuse de flashbacks qui laisse pour le moment le téléspectateur quelque peu dans l'expectative, Thorne bénéficie surtout d'une photographie aux couleurs assez éteintes qui semble servir de reflet à cette forme de pessimisme ambiant un peu oppressant qui règne sur tout l'épisode. Cela accentue, avec une certaine classe, l'impression de polar sombre d'une enquête dont les crimes glaçants ne peuvent laisser insensible le téléspectateur.

Enfin, atout non négligeable, Thorne rassemble un casting appréciable, même si le scénario du premier épisode ne permet pas encore pleinement d'en prendre la mesure. Je ne vous cache pas que David Morrissey (State of Play, Meadowlands, Blackpool) fait partie de cette poignée d'acteurs britanniques que j'apprécie tout particulièrement et dont j'aime suivre les parcours téléphagiques. A ses côtés, nous retrouvons Eddie Marson (Little Dorrit, Criminal Justice), Natasha McElhone (Californication), mais également Aidan Gillen (The Wire, Identity).

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Bilan : Polar aussi classique qu'efficace, c'est autant une enquête qu'une ambiance que ce premier épisode de Thorne s'attache à installer avec conviction et sobriété. S'il reste encore à explorer plus avant une dimension humaine peut-être trop négligée, le téléspectateur n'a cependant aucun mal à rentrer dans cette histoire, une enquête somme toute fort prenante, servie par une narration sans temps mort, dont l'intensité culmine au cours des dernières minutes de l'épisode. La tournure que prennent les évènements dans ce cliffhanger qui est presque un cas d'école, à défaut de vraiment inquiéter, devrait assurer la fidélité de téléspectateurs désormais bien accrochés au récit. 

Reste donc à Thorne à confirmer dans la durée, à travers les deux arcs qui vont rythmer ses six épisodes, le potentiel indéniable que ce premier volet laisse entrevoir.

  
NOTE : 6,75/10


La bande-annonce :

Commentaires

La série anglaise par excellence à voir absolument sauf qu'il impossible de télécharger le 6eme épisode de la saison1 et c'est terrible qui sait où elle se cache??
Merci d'avance

Écrit par : kate14 | 12/03/2011

Les commentaires sont fermés.