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11/08/2010

(J-Drama) Mousou Shimai (Paranoid Sisters) : une poésie téléphagique à vivre et ressentir


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Trois coups de coeur téléphagiques japonais en un été. Je crois qu'on peut officiellement dire que je me suis réconciliée avec le Japon, non ? Ce qui est enthousiasmant, c'est de constater que ces trois coups de coeur concernent des séries très différentes, traitant de thématiques qui n'ont rien à voir. Preuve de richesse d'un petit écran japonais cachant décidément en son sein des perles téléphagiques qui justifient vraiment cette quête vers l'inconnu, un peu abstraite, qui pousse le sériephile à l'exploration. Certes, j'ai passé sous silence tous mes échecs et vous épargnerez donc les reviews des quelques dizaines de pilotes non concluants qu'il aura fallu visionner pour dénicher ces trois petits bijoux, mais qu'importe.

Armée donc de votre liste de recommandations j-drama-esques, samedi dernier, j'ai lancé le premier épisode d'une des séries conseillées, Mousou Shimai. Il y avait une part d'excitation chez moi, mais aussi un peu d'appréhension. Il faut dire que la critique dythirambique qu'en avait rédigée Ladyteruki m'avait un peu effrayée : la peur de rompre la magie que faisait ressortir la review.

Sur ce point, j'avoue que le coup de foudre avec Mousou Shimai n'a pas été immédiat. Le premier épisode m'a autant intriguée que déroutée. Surprise, presque perplexe, j'ai poursuivi la découverte. C'est progressivement, au fil des minutes, que je suis rentrée dans cet univers. La soirée progressant, je n'ai bientôt plus réussi à me détacher de cette ambiance si particulière. Et c'est véritablement au cours du troisième épisode que la magie de ce drama m'a touchée en plein coeur. Pour ne plus me quitter jusqu'à la fin. Un moment de grâce téléphagique comme on en ressent peu, à chérir précieusement.

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Composé de 11 épisodes d'une durée moyenne de 25 minutes, sauf le dernier qui en dure une cinquantaine, Mousou Shimai fut diffusé sur la chaîne NTV du 17 janvier au 28 mars 2009.

Ce drama nous plonge dans l'intimité de trois soeurs qui vivent dans la grande maison familiale que leur a laissée leur père, décédé, entre ces mêmes murs, il y a vingt ans, dans des circonstances mystérieuses. Écrivain prestigieux, au talent reconnu par ses pairs et le public, sa mort est demeurée depuis inexpliquée. La pièce dans laquelle il se trouvait ayant été fermée de l'intérieur, et le corps ne portant aucune trace de blessure, ni ne contenant le moindre poison, les enquêteurs ne purent relever aucun indice permettant d'écarter ou de valider l'hypothèse du meurtre ou du suicide. Les trois soeurs ont continué leur vie et ont grandi, enterrant quelque part au fond de leur coeur ces questions douloureuses et sans réponse laissées par leur enfance. Ne prêtant plus vraiment attention au passé, elles sont devenues trois jeunes femmes, chacune au tempérament très différent. L'aînée, la maternelle et douce Akiko, s'occupe désormais du quotidien domestique, tout en veillant sur ses soeurs. La cadette, Fujio, profite pleinement de la vie, entièrement consacrée à son plaisir personnel. Enfin, Setsuko, rêveuse à la constitution fragile, se complaît dans son statut de benjamine de la maisonnée.

Mais le jour du vingtième anniversaire de la mort de leur père, elles reçoivent une lettre qui va bouleverser ce petit quotidien bien huilé. Elle émane de leur père lui-même, qui l'a écrite juste avant sa mort. Le message est cryptique. Tout en leur demandant pardon, il laisse entendre qu'il leur a laissé un secret, dans sa bibliothèque qu'il aimait tant. L'enveloppe contient également une petite clé qui leur donne accès à un coffre-fort caché derrière les rayonnages des livres. A l'intérieur, les soeurs y trouvent onze ouvrages, qui paraissaient manquant dans la collection de leur père. A côté, ce dernier a laissé une instruction sibylline : elles doivent les lire dans l'ordre où il les a laissés. A partir de là, les jeunes femmes vont se plonger dans les histoires suggestives, parfois érotiques, de ces romans. En s'identifiant dans les héroïnes qu'elles mettent en scène, c'est une part d'elles-mêmes qu'elles vont découvrir.

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Cette première présentation laisse déjà présager l'étrange mélange des genres que va proposer Mousou Shimai. C'est une série qui ne ressemble à aucun drama que j'avais eu l'occasion de découvrir jusqu'à présent. Étrange assortiment, troublant, presque indéfinissable, illuminé par une beauté esthétique comme émotionnelle, aussi éblouissante que poétique, qui rend impossible toute classification, si ce n'est la certitude que seuls les japonais doivent être capables d'une telle création. Car Mousou Shimai est d'une richesse étonnante, investissant des thématiques qui se déclinent sur plusieurs niveaux de lecture.

Tout d'abord, ce drama est une enthousiasmante ode à la littérature. Une forme de déclaration d'amour, sans retenue, à ces histoires intenses, émouvantes, passionnelles, dont regorgent les livres dormant sur les étages de nos bibliothèques. C'est d'ailleurs à travers un point de vue de lecteur que les scénaristes vont nous faire vivre le parcours intimiste des trois soeurs qui prend rapidement un tournant de quête identitaire, troublant un peu plus nos repères. Car c'est sur elles-mêmes, autant que sur leur père, que va porter cette introspection littéraire. Chaque épisode est l'occasion de pénétrer, de s'immerger dans un ouvrage. Et chaque histoire ouvre un peu plus leur coeur, mais aussi celui d'un téléspectateur qui ne peut se détacher de ce tumulte émotionnel en train de naître. Mousou Shimai nous glisse ainsi aux côtés des héroînes de chacun des romans, par le biais d'une reconstitution où l'une des soeurs incarne le personnage principal.

Là où la magie opère, c'est que la série va réussir à transmettre au téléspectateur un ressenti diffus, difficile à décrire, mais absolument unique : l'impression d'être en train de lire devant notre télévision. Comment s'y prend-elle ? En parvenant à introduire des ingrédients propre à lecture dans sa narration. Mousou Shimai, c'est de la poésie téléphagique. Cela se concrétise par une ambiance profondément contemplative et poétique, où l'empathie domine et où le fond et la forme fusionnent. Cela passe aussi par des procédés techniques, comme l'incrustation à l'écran de  certaines phrases du roman, lues à voix haute par une des soeurs. Ce sont aussi les échanges, souvent passionnés, qu'elles ont à la fin de chaque récit, et qui renforcent cette sensation par la vivacité et l'authenticité qui s'en dégagent. Le résultat est troublant car, au-delà même du sujet abordé, et comme s'il y avait plusieurs enjeux, plusieurs degrés de lecture, cette série apparaît tout d'abord comme un hommage d'une sincérité profonde à la littérature. 

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Outre ce choix narratif, Mousou Shimai, c'est aussi une histoire d'amour. Ou plutôt, il s'agit d'une histoire - ou d'une réflexion - sur l'amour. A mesure qu'elles progressent dans la collection de leur père, les soeurs vont explorer l'intensité, la versatilité, la diversité, la dangerosité, mais aussi la richesse, d'un sentiment a priori si volatile, si irrationnel, sur lequel elles ne se sont jamais vraiment penchées. D'une manière semblable à la construction de certaines fables, chaque histoire lue contient un apport, ou un enseignement, sur cette thématique centrale qu'est l'amour. Les soeurs suivent les pas d'héroïnes dont le destin fut commandé par ce sentiment. L'expérience est d'autant plus intense que les histoires mises en scène m'ont plus d'une fois laissée sans voix devant mon écran, y allant de ma petite larme. Car en entreprenant d'explorer des facettes multiples et différentes de l'amour, elles flirtent bien souvent avec la tragédie.

Pourtant, ne vous y trompez pas, Mousou Shimai n'est pas une série triste. Au contraire. Si l'amour et la mort semblent tout deux constamment, fatalement, imbriqués, ils le sont en reflet d'un lien plus profond, transcendant, qui unit deux êtres mortels. La narration conserve toujours une distance salutaire. Le rappel qu'il s'agit d'un roman est régulier, mais il est normal de se laisser toucher par des reconstitutions, dont le but premier est d'agir sur ses personnages, et par ricochet sur le téléspectateur. Les débats et analyses cliniques qu'en font les soeurs à la fin ne remettent d'ailleurs jamais en cause la décharge émotionnelle que constitue le récit brut que l'on vient de vivre ; le simple fait d'en discuter en accentue l'impact. Le tout est mis en scène de façon très contemplative, sans rapport avec les codes de narration occidentaux. C'est une mosaïque d'images et de ressentis qui se mélangent, d'où se dégage une authenticité émotionnelle rare. Dépourvue d'artifices, elle vous touche en plein coeur en un instant, sans que vous y preniez garde, vous submergeant le temps d'une parenthèse fictive au détour d'une page. Ce drama ouvre le coeur des soeurs, comme celui du téléspectateur. Et c'est tout simplement magique.

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Expérience littéraire, introspection sentimentale, le tableau de Mousou Shimai se complète enfin d'un fil rouge aux accents policiers. La résolution de l'énigme que constitue la mort de leur père demeure l'objectif de ce parcours initiatique à travers la collection qu'il leur a laissée. Si le mystère semble souvent un peu lointain et l'enjeu parfois presque ailleurs, pour un téléspectateur que les immersions romanesques fascinent plus, cela insuffle cependant une dynamique supplémentaire au récit. Notre seule peur, c'est peut-être qu'une réponse trop terre-à-terre vienne briser la magie que la série a su créer. Dans cette perspective, la conclusion se révèlera finalement être en parfaite continuité avec la tonalité d'ensemble du drama. Toute aussi déstabilisante aussi.

Il est d'autant plus facile d'apprécier pleinement cette série que les trois héroïnes, à travers leurs différences et leurs oppositions, se révèlent toutes attachantes, chacune à leur manière, avec les contrastes qu'elles offrent. Les tensions qui se créent entre elles, au fil de l'expérience que leur père est en train de leur faire vivre, sonnent toujours avec beaucoup de justesse. Toute cette dynamique est vivante, et redonne une touche très humaine à une réflexion aux allures parfois un peu abstraites.

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Cependant si Mousou Shimai est une oeuvre véritablement aboutie, elle l'est aussi parce que le fond et la forme se conjuguent en un tout indissociable, où la technique devient un ingrédient à part entière, faisant partie intégrante du récit. La réalisation s'avère être non seulement le reflet fidèle de la poésie émanant de l'ensemble, mais la magie ressentie lors des immersions littéraires se traduit également à l'écran par une photographie dont la beauté est à couper le souffle. Qu'il s'agisse des jeux de teintes et de couleurs ou du cadre choisi pour certaines scènes, Mousou Shimai compose sous nos yeux, qui oscillent entre émerveillement et fascination, de véritables oeuvres d'art, utilisant tout le savoir-faire japonais en la matière. En somme, c'est une belle histoire qui est également belle pour les yeux.


Un aperçu de la photographie de la série :

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Pour porter ce récit troublant, Mousou Shimai bénéficie enfin d'un trio d'actrices qui vont toutes être à la hauteur de la poésie de l'histoire. La superbe Kichise Michiko illumine chacune des scènes d'une grâce discrète et assurée, incarnant Akiko, l'aînée des trois soeurs. Konno Mahiru, plus intense et assumée en apparence, offre sans doute le plus de contrastes dans les attitudes qu'elle adoptera de façon toujours maîtrisée. Enfin, Takahashi Mai capte à merveille la fragilité sensible et innocente de son personnage.

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Bilan : Le visionnage de Mousou Shimai constitue en soi une expérience téléphagique. C'est une oeuvre à part, qu'il est difficile d'analyser de façon désincarnée dans une review. C'est une fiction contemplative, intimiste, profondément poétique et très métaphorique, qui se situe en dehors et au-delà des classifications. C'est une série pour les amoureux de littérature, qui retrouveront ce ressenti enivrant dans lequel on s'immerge lorsque l'on ouvre et se plonge dans un livre. C'est aussi un parcours initiatique, une réflexion d'une étonnante authenticité émotionnelle qui se révèle très touchante.

L'ambiance et la tonalité surprennent au départ, pouvant déstabiliser un téléspectateur occidental qui voit ses repères narratifs brouillés. Mais c'est une expérience qui mérite d'être vécue. Et si l'amour et la mort paraissent à jamais lier en son sein, Mousou Shimai n'a rien d'un drame. C'est un magnifique hymne à l'amour, reconnaissant, célébrant la beauté, la pureté et la noblesse de ce sentiment.


NOTE : 9/10


Le générique de la série :

(via Ladytelephagy)

Commentaires

J'ai pleuré.

Écrit par : ladyteruki | 11/08/2010

Wouah.
Avec Hagetaka, Mother, Gaiji keisatsu que je n'ai pas encore eu le temps de regarder, et maintenant ce Mousou shimai qu'il me tarde de découvrir, je ne sais plus où donner de la tête en matière de séries japonaises...

Écrit par : Fred | 11/08/2010

Si vous vous mettez à deux, maintenant (Ladyteruki et toi), comment je vais faire pour résister ?
En tous cas chapeau pour l'article. Superbe !

Écrit par : Eclair | 12/08/2010

Viens, Eclair, rejoins-nous du côté émerveillé de la Force...

Écrit par : ladyteruki | 12/08/2010

@ Ladyteruki : Encore une fois, merci de m'avoir permis cette découverte ;-)


@ Fred : Comme ça, cela offre une variété de choix importante suivant l'humeur du moment, car ce qui est agréable, c'est l'extrême différence qui existe entre toutes ces séries. Et n'hésite pas à nous dire ce que tu en as pensé si tu prends le temps d'en découvrir !
Par contre, ce genre de bijou étant quand même difficile à dénicher, je pense que tu as sans doute une marge avant le prochain. ;-)


@ Eclair : Le prosélytisme en collectif, c'est encore plus efficace. ^_^ Ne résiste Eclair, on t'attend ! ;-)

Écrit par : Livia | 13/08/2010

Mise sur ma liste "à voir". Ça ne veut pas dire grand chose, vu le temps que je mets généralement à voir les choses sur ma liste, mais quand même, pour mon amour de la littérature et des séries à la sublime photographie, il faudra que j'y jette un œil, obligé.

Écrit par : Saru | 15/08/2010

Celui là est sur ma PAV depuis ta présentation à l'Auberge!! je rattrape mon retard côté Corée et je m'y mets!

Écrit par : Galy | 25/08/2010

@ Saru et Galy : J'espère que j'aurais l'occasion de lire vos avis sur cette série si particulière et tellement fascinante ! ^_^
(et j'espère que vous apprécierez le voyage et le dépaysement autant que nous !)

Bonne découverte ! :-D

Écrit par : Livia | 25/08/2010

Bonsoir,
Question bête et naïve d'un non initié aux séries asiatiques. Où peut-on trouver les vidéos sous-titrés dans le cas spécifique?
Max

Écrit par : Max | 05/05/2011

@ Max : Il ne faut absolument pas hésiter à poser ce genre de question, parce que justement le but de blog tel que le mien, c'est d'élargir l'horizon des lecteurs et de ne pas s'en tenir à un public "d'initiés". ;)
Pour te répondre et t'indiquer où trouver cette série, je t'ai envoyé un mail à l'adresse que tu donnes en commentaire. Tu y trouveras tous les renseignements que tu demandes ;)
Et encore une fois, n'hésite absolument pas à poser des questions. La curiosité est une qualité !

Écrit par : Livia | 05/05/2011

Bon, le charme n'a pas du tout pris sur moi. J'ai fait l'effort de regarder les 3 premiers épisodes et ça ne m'a pas du tout plu.
Une "série pour les amoureux de la littérature", moi je veux bien, mais pour le lecteur que je suis de Natsume Soseki, Izumi Kyoka, Tatsuo Hori ou encore Ango Sakaguchi (pour ne prendre que des auteurs évoqués dans les 6 premiers épisodes), je trouve que l'illustration des textes sombre malheureusement très largement dans le ridicule.
Et par pitié, mais que l'on pende le compositeur du brouet infâme qui fait office de musique d'accompagnement.

Bon, un coup dans l'eau donc. :)

Écrit par : Fred | 12/05/2011

@ Fred : Je ne te cache pas que je me demandais si Mousou Shimai n'était pas destiné plutôt à un public peut-être plus féminin. C'est certainement un drama un peu à part ; si bien que pour celui-ci, je crois qu'on peut être légitime aussi bien à l'aimer qu'à rester sur la réserve. La magie opère ou non, c'est une question de feeling.

Par contre, je culpabilise maintenant de t'avoir entraîner dans le visionnage de deux jdramas avec lesquels cela n'a pas collé. ^_^' Est-ce que tu as un genre de prédilection dans le petit écran japonais ?
J'aurais tendance à te conseiller fortement Fumou Chitai (mais c'est sans doute déjà vu?), et Soratobu Taiya (qui est beaucoup plus sobre visuellement et musicalement qu'un Hagetaka, sonnant plus "juste"/"authentique", donc qui pourrait plus te plaire ; d'autant que le scénario reste classique).

Ne désespérons pas du petit écran japonais ! ^_^

Écrit par : Livia | 18/05/2011

"Est-ce que tu as un genre de prédilection dans le petit écran japonais ?"

En fait, je ne connais absolument rien en matière de séries télévisées japonaises...
Donc, pas de genre de prédilection, non...

Je suis un accro de culture japonaise depuis très longtemps, mais surtout via la littérature, le cinéma (encore que j'aie aussi eu une période manga et anime), mes voyages là-bas et ma vie quotidienne avec une épouse japonaise... qui d'ailleurs n'en a rien à battre des séries télévisées japonaises et préfère les coréennes. :)
Je crois que le très grand intérêt que j'éprouve depuis très longtemps pour la culture japonaise provoque un niveau d'exigence plus élevé pour les productions télévisuelles nippones que je peux découvrir par curiosité via ce site. Niveau d'exigence très largement plus élevé que pour par exemple une série coréenne, que je peux apprécier en mode automatique en me disant que c'est pas mal mais qu'au fond, c'est pas si terrible que ça.

Mais bon, je ne désespère pas... et Mother, Fumou chitai et Karei naru ichizoku figurent toujours sur mes tablettes...

Écrit par : Fred | 18/05/2011

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