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14/01/2012

(FR) Nicolas Le Floch, saison 4, épisode 1 : Le Dîner de Gueux

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La soirée d'hier était exceptionnelle : j'ai allumé ma télévision pour regarder une chaîne française ! Ce vendredi 13 janvier, c'était en effet un peu le rituel annuel grâce auquel je renoue avec le petit écran de mon pays. Ce moment où je culpabilise aussi devant toutes mes belles résolutions non tenues le reste de l'année, me promettant une énième fois d'essayer de plus souvent donner leur chance aux séries françaises (tiens, pourquoi pas Les hommes de l'ombre à la fin du mois ?). Et ce, même si, en 2011, je suis satisfaite d'avoir rattrapé - et aimé - Un Village français, à défaut d'avoir trouvé mon bonheur parmi les autres fictions testées.

La série dont je vais vous parler aujourd'hui (et dont je vous ai de toute façon déjà parlé à plusieurs reprises par le passé) est un cas à part dans ma sériephilie : elle demeure une des rares fictions françaises à laquelle je suis profondément attachée et fidèle à travers les années - même si, en effet, au rythme de deux épisodes par saison, il y a peu de risque de voir la lassitude poindre ! C'est une série dont je guette chaque année le retour avec une impatience mêlée d'excitation. Car il émane de Nicolas Le Floch un parfum inimitable et savoureux, celui d'un plongeon aventurier et policier au XVIIIe siècle.

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Depuis la saison 3, Nicolas Le Floch s'est affranchi des romans de Jean-François Parot dont la série se contente de librement s'inspirer, Hugues Pagan écrivant désormais des aventures inédites du commissaire au Châtelet (avec une plume toujours aussi inspirée).

Le Dîner de Gueux débute de façon mouvementée. La jeune Clémence de Villerbois et son père échappent de justesse à des brigands grâce à l'intervention d'un noble étranger, le charmeur Giacomo Petracci, bien aidé par l'arrivée opportune de Nicolas Le Floch et de ses hommes, présents grâce aux renseignements fournis par la Paulet. Mais c'est l'ombre d'un célèbre bandit qui plane sur cette affaire : celle de La Griffe, brigand insaisissable dont la réputation n'est plus à faire dans tout le royaume. Dirigeait-il l'attaque que Nicolas a fait échouer comme un premier témoignage semble l'indiquer ? Mais pourquoi l'instinct rarement pris en défaut du commissaire lui dit-il de se méfier de ce seigneur si galant qu'est Petracci ?

Parallèlement à cette gestion quotidienne d'actes de brigandage, Nicolas Le Floch est également sollicité à Versailles pour des enjeux autrement plus importants qui touchent directement la couronne et ses finances alors dans un état épouvantable. En effet, si les jeux d'argent sont officiellement interdits par le roi, Louis XV s'adonne cependant, sans trop de restrictions, dans l'intimité de la cour, à des paris sur des duels opposant les plus fines lames d'Europe. Un combat est d'ailleurs prochainement programmé, or tant d'argent rassemblé à la cour ne peut qu'attiser toutes les convoitises... notamment d'un homme tel que La Griffe.

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Fidèle à l'atmosphère particulière qui règne dans la série, Le Dîner de Gueux est un pur divertissement historique de cape et d'épée, enthousiasmant et dynamique. Dans cet épisode, c'est dans une aventure foisonnante qu'il nous entraîne, avec une intrigue à plusieurs entrées où toutes les ramifications de l'histoire finissent par se rejoindre autour d'un enjeu principal : la confrontation avec La Griffe. Comme souvent, le téléspectateur se laisse facilement grisé par le soin apporté à l'ambiance, ne s'arrêtant pas sur les détails de l'enquête. Ce qui retient l'attention, ce sont ces savoureux échanges aux tournures de phrases délicieusement ampoulées qui maintiennent un savant équilibre dans les tonalités, entre effronterie, légèreté et sérieux. Ce sont aussi ces morceaux de panache et de bravoure, ce sens du théâtralisme assumé qui tend vers la grandiloquence, ces flirts jubilatoires avec un libertinage de folklore. Tous ces ingrédients sont ici réunis dans un épisode où l'on retrouve toute la saveur de Nicolas Le Floch.

Cependant, la réussite du Dîner de Gueux est double, car c'est grâce aux personnages mis en scène qu'il va se démarquer. Parce que Nicolas Le Floch n'est jamais autant attachant que lorsqu'est éclairée cette ambivalence qui le caractérise, à la fois esprit légal rigoriste et enquêteur hors pair, mais aussi impulsif charmeur et bon vivant aimant se faire plaisir. Or il se retrouve face à un adversaire à sa hauteur, qui n'est pas si dissemblable. Descendant direct d'un Mandrin, La Griffe respire le même sens du panache que Nicolas. La bonne idée de départ est de les avoir faits se rencontrer dans ces circonstances mouvementées au cours desquelles Nicolas sauve La Griffe dont il ignore alors la réelle identité. A partir de là, l'épisode peut construire leur confrontation sur des bases solides : la proximité des styles permet la naissance d'une certaine estime entre les deux hommes, même si chacun a bien conscience d'être dans des camps opposés. L'intervention finale de la chanoinesse permettra cependant à l'épisode de conserver la part d'insouciance que Nicolas, comme La Griffe, auront encouragé tout au long de l'aventure.

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Si Nicolas Le Floch s'offre donc un retour convaincant dans le registre assez léger du divertissement enthousiaste de cape et d'épée qui se savoure sans modération, un bémol vient pourtant ternir quelque peu ce tableau positif. Tout en prouvant que la série a désormais trouvé ses marques pour pleinement s'épanouir, en entamant (déjà) sa quatrième saison, avec son (seulement) septième épisode, Le Dîner de Gueux signe cependant l'abandon du feuilletonnant : il ne donne aucune nouvelle de la Satin, quittée enceinte il y a plus d'an lors de la fin de la saison 3 (Hugues Pagan ne voulant apparemment pas de bébé venant enrayer la dynamique de sa série). Or si Nicolas Le Floch s'est construit une identité propre dans le petit écran français, il est dommage d'oublier que l'avantage du format télévisé est justement de permettre de voir grandir et mûrir une oeuvre, mais aussi des personnages. C'est récompenser la fidélité et l'investissement du téléspectateur que de ne pas jeter aux oubliettes la continuité narrative.

Pour terminer sur une note positive cette critique, il me faut m'arrêter un instant sur les performance d'un casting excellent. Il faut tout particulièrement saluer Jérôme Robart capable de parfaitement retranscrire toutes les nuances de ce personnage fascinant qu'est devenu Nicolas Le Floch. A ses côtés, tous les acteurs sont très solides et pleinement dans leur rôle. Les comparses de Nicolas sont des alliés précieux, du docteur Scemacgus (Vincent Winterhalter) à qui est donné l'occasion de démontrer de nouveaux talents, au toujours fidèle inspecteur Bourdeau (Mathias Mlekuz). Sartine (François Caron), ses perruques et son ordre des priorités, fournissent encore un élément comique très appréciable. Enfin, il faut également citer, pour cet épisode, un Grégori Dérangère en grande forme, qui campe un adversaire digne de Nicolas, les deux rivalisant de charisme pour le plus grand bonheur du téléspectateur.

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Bilan : Avec Le Dîner de Gueux, Nicolas Le Floch nous entraîne dans une aventure enthousiasmante et virevoltante, pleine de panache et de flamboyance, qui se suit avec beaucoup de plaisir. La saveur des dialogues admirablement ciselés n'a d'égal que le charme des personnages mis en scène. Toujours très attachante, s'inscrivant pour son retour dans un registre volontairement plus léger - même si elle perd pour l'occasion sa dimension feuilletonnante -, Nicolas Le Floch confirme qu'elle reste une série à part (que j'aime très fort).


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce de l'épisode :


Le générique de la série :