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03/08/2012

(ISL) Pressa (The Press), saison 2 : une efficace série entre presse et investigations criminelles

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C'est l'été, il fait chaud. Comme cela est un peu devenu la tradition sur ce blog : il est temps de partir sous des latitudes plus clémentes ! Parmi mes destinations nordiques fétiches, figure un petit pays que vous devez commencer à connaître si vous passez par ici régulièrement : l'Islande. C'était il y a presqu'un an jour pour jour que j'avais achevée ma première série islandaise et avais consacré un premier billet à ce pays. Il s'agissait de Pressa, une fiction à suspense mêlant affaires policières et enjeux de presse, et venant donc prendre place aux côtés d'autres fictions sur le journalisme, de Reporters à The Hour en passant par The Newsroom.

La série ayant été renouvelée, j'attendais de pouvoir visionner sa seconde saison avec impatience. Cette dernière a été diffusée sur Stöð 2 durant l'hiver 2010. Et le succès a été au rendez-vous : non seulement elle a été accueillie de façon très positive par les critiques, mais elle est devenue le plus grand succès d'audience de Stöð 2 pour une de ses séries. Aprés visionnage, je dois dire que cela est mérité : tout en restant fidèle à elle-même (et en conservant la même équipe, Sigurjón Kjartansson au scénario, Óskar Jónasson derrière la caméra), Pressa 2 est apparue plus maîtrisée, parvenant à mieux jouer sur une tension et un suspense qui avaient pu faire défaut par moment durant la saison 1.

[Edit : Après recherches, bonne nouvelle, une troisième saison a été commandée. Elle comportera 6 épisodes et sera diffusée à l'automne 2012 en Islande. Vous n'avez donc pas fini d'en entendre parler !]

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Pressa débute quelques temps après la fin de la première saison. Lára vit désormais avec Halldor. Même si leur couple bat de l'aile, notamment en raison du nouveau travail de son compagnon qui souhaiterait émigré au Canada, leur famille s'est agrandie : ils viennent d'avoir leur premier enfant ensemble. La journaliste est encore en congé maternité, loin du stress et des rotatives du Post, ce grand tabloïd pour lequel elle travaille. Cependant les soucis professionnels ne lui laissent aucun repos : elle perd en effet un procès intenté contre elle pour atteinte à la vie privée et est condamnée à une lourde amende que Nökkvi refuse de faire payer par le journal. Ce sont ces raisons qui vont la conduire à s'intéresser à un fait divers qui défraye la chronique.

Dans une Islande où la situation économique reste difficile et au sein de laquelle la plupart des grands entrepreneurs sont tombés en 2008, en même temps que le système bancaire dont ils nourrissaient les failles, Hrafn Jósepsson fait jusqu'alors figure d'exception : jamais inquiété par la justice pour sa gestion financière, ses affaires pétrolières se portent bien. Mais c'est une histoire de moeurs, ou plutôt de meurtre, qui le rattrape : une jeune femme avec qui il a passé la soirée est retrouvée morte, pendue dans un square. Inquiété par la police, il engage Lára pour enquêter afin de le disculper. Toutefois, très vite, la journaliste découvre des zones d'ombre inquiétante dans le passé du pdg. Sa position au Post est également compromise du fait du conflit d'intérêt ainsi né. 

Ce qui commence comme une question d'éthique va vite prendre une autre tournure : le tabloïd a-t-il seulement les moyens de s'attaquer à un homme si puissant ? Quand l'industrie commence à se mêler de la presse, la liberté de cette dernière en sort rarement grandie. D'autant que Lára n'est pas au bout de ses problèmes lorsqu'elle décide de faire la lumière sur un trafic de drogue conduit par un gang de motards ambitieux.

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Le premier atout de Pressa, c'est d'avoir conservé la recette qui fait toute l'identité et l'intérêt de cette série : une dualité initiale lui permettant d'emprunter à la fois au thriller et à la fiction de journalisme. L'immersion dans les coulisses du tabloïd et les questionnements qui accompagnaient son quotidien avaient été l'aspect le plus réussi de la première saison. La série garde une même approche, tout en sachant se réinventer. Plutôt que de revenir une nouvelle fois explorer les méthodes discutables qui régissent la course aux scoops et la fascination/répulsion suscitée par les Unes voyeuristes, la saison 2 va cette fois s'attacher à mettre en avant la fragilité de l'indépendance de la presse.

D'une part, elle aborde les enjeux financiers derrière la publication du quotidien, tandis que The Post doit faire face à son rachat par un puissant industriel. Assister à la mise au pas du personnel, accompagné d'un inéluctable changement de direction, met en lumière par quel glissement dangereux, servi par le jeu des ambitions, un journal peut perdre sa liberté et son âme. D'autre part, en s'attaquant à un crime organisé qui opère en quasi-impunité, Lára doit faire face à un autre type de pressions, les menaces directes contre son intégrité physique. Entre le métier de reporter et la protection de sa famille, l'arbitrage est impossible. Si Pressa ne fait pas toujours dans la subtilité, elle aborde sans détour et avec un aplomb appréciable tous les tenants et aboutissants de ces diverses problématiques. 

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Parallèlement à cette immersion dans les coulisses de la presse, Pressa est une série à suspense. Cette fois, à la différence d'une saison 1 qui avait peiné à générer jusqu'au bout une réelle tension en dépit de ses bonnes intentions, l'ensemble est ici plus homogène et abouti. Sa grande réussite tient à son rythme. Multipliant les rebondissements, redistribuant constamment les cartes, ajoutant de nouvelles intrigues à celles déjà existantes, cette saison 2, comprenant toujours six épisodes, est extrêmement dense. Certes, certains développements peuvent paraître presque trop rapides, cependant on perçoit vraiment la volonté des scénaristes d'avoir cherché à écrire un récit très dense, sans le moindre temps mort. 

En réalité, c'est une double intrigue qui se construit sous nos yeux. D'une part, on a une histoire de meurtre et de puissant dont on se demande s'il est suspecté du fait d'une réputation créée par des jalousies ou s'il a été jusque là protégé par son statut privilégié. D'autre part, est mise en scène une investigation plus dangereuse qui conduit The Post à traiter de la grande criminalité. Dans les deux cas, le ressort narratif central - parfois un peu facile - permettant de faire progresser l'histoire demeure les prises de risque, pas toujours réfléchies, de Lára qui a cette capacité hors du commun à mettre le doigt dans des engrenages létaux. Si l'équilibre dans la gestion parallèle des storylines est parfois un peu vacillant, l'important est que l'ensemble fonctionne. Portés par une tension qui ne se dément pas, les épisodes s'enchaînent tout seul.

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Plus maîtrisée sur le fond, Pressa l'est également sur la forme. Si la réalisation conserve une nervosité caractéristique, la fébrilité de la caméra m'a paru moins forcée que lors du visionnage de la première saison. A la différence d'une série comme Tími Nornarinnar où l'on trouve vraiment une volonté de faire des paysages enneigés islandais (bien connus des sériephiles qui regardent Game of Thrones) un acteur à part entière du récit, Pressa reste un polar qui préfère les ambiances pesantes d'intérieur, le ciel bas et grisâtre et des paysages sombres. La photographie conserve une froideur qui sied parfaitement à l'atmosphère, tout comme la bande-son aux instrumentaux rythmés.

Enfin, la série bénéficie d'un casting solide. Parmi les nouvelles têtes de la saison, les téléspectateurs familiers du petit écran danois reconnaîtront avec plaisir Bjarne Henriksen (Forbrydelsen, Borgen) qui apparaît dans trois des six épisodes en gangster danois dont l'organisation criminelle envisage de s'étendre sur l'île. Sinon, on recroise des acteurs qui avaient déjà su trouver leurs marques en première saison. Sara Dögg Ásgeirsdóttir trouve le juste milieu entre la spontanéité parfois très insouciante de Lára et cette persévérance inarrêtable qui prouve que la jeune femme est plus solide qu'elle ne paraît. A ses côtés, on notera aussi la présence de Kjartan Guðjónsson, Þorsteinn Bachmann ou encore Stefán Hallur Stefánsson.

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Bilan : Série feuilletonnante à suspense, empruntant aussi bien au thriller qu'au récit de journalisme, Pressa propose une saison 2 dense et complète. Elle soigne le développement des personnages comme la manière dont elle conduit ses grands arcs narratifs. Distillant une tension prenante, elle se montre convaincante sur le fond et sur la forme, et fait preuve d'une maîtrise dans l'art du cliffhanger qui ferait vraiment espérer une saison 3. Elle est sans doute ce que l'Islande propose de mieux actuellement à la télévision dans le registre du polar, par conséquent, profitez de la période estivale et n'hésitez pas à être curieux !


NOTE : 7,75/10


[Comme beaucoup de séries islandaises, le coffret DVD de cette saison 2 comprend une piste de sous-titres anglais.]

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