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24/02/2011

(Humeur) La sériephilie sans frontières peut-elle exister ?

Quand Livia met les pieds dans une cinémathèque et se prend à rêver...

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Je ne suis pas cinéphile. Cependant, je reste une grande consommatrice de culture. J'essaye de parfaire un peu mes explorations au-delà de mon obsession télévisuelle, de crainte de devenir trop exclusive. C'est ainsi qu'hier soir, je me suis retrouvée à la cinémathèque où le ciné-club local organisait une projection du magistral Château de l'araignée de Kurosawa (et pouvoir apprécier ce film sur grand écran, c'est classe). Dans les discussions qui suivirent, certains intervenants expliquant que le film avait mis de nombreuses années avant de parvenir jusqu'en France par le biais de festivals, la discussion a rapidement porté sur l'étanchéité des frontières à l'époque et les trésors qui pouvaient rester inaccessibles... Pourquoi est-ce que je vous parle de la cinéphilie de la fin des années 50 me direz-vous ? Outre que le fait que cet échange ne m'a pas paru sans faire écho à d'autres discussions sur cet autre média qu'est la télévision, mon cerveau a logiquement dérivé sur, justement, la sériephilie.

Parce que hier soir, j'ai mis les pieds au sein d'une communauté que je connais peu et j'ai pu assister - presque surprise et fascinée - à un quart d'heure d'échanges de vrais passionés comparant les différentes adaptations du MacBeth shakespearien, citant tour à tour Orson Welles, Kurosawa, puis dérivant sur les adaptations soviétiques (!) de Shakespeare. Chacun évoquait les influences qu'il y percevait, les spécificités culturelles, le classicisme de l'un, le théâtralisme de l'autre... Aucune des productions n'était dépréciée. Un vrai dialogue où chaque film était considéré comme recevable. Une fois rentrée chez moi, je n'ai pu m'empêcher de me demander... Et s'il me prenait l'envie de disserter et de réfléchir sur la perception de l'adolescence à travers le petit écran et les cultures, en comparant quelques-unes des séries emblématiques de ces dernières années, par exemple : Life Unexpected (Etats-Unis), The Secret Life of the American Teenager (Etats-Unis), Skins (Angleterre), Life (Japon), Jungle Fish (Corée du Sud), Gloomy Salad Days (Taiwan), pourquoi ai-je le sentiment que c'est avec une polie réserve que l'idée serait accueillie ? Pourquoi le premier débat est-il possible et, surtout, considéré comme normal et parfaitement légitime entre cinéphiles, tandis que le second paraîtrait impensable et sans pertinence ? Est-ce que je me suis trompée de passion ?

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 Entre défendre les frontières acquises ou explorer, il faut choisir.

Le premier contre-argument que l'on pourrait m'opposer serait sans doute celui-ci : comment parler de séries qui n'arrivent pas jusqu'à nous ? Vous aurez beau étudié vos programmes avec attention, vous ne croiserez pas un j-drama dans les grilles de vos chaînes. Notons cependant que l'alternative légale se développe peu à peu : il existe des services permettant de faire découvrir légalement au téléspectateur européen ces séries d'horizons si lointains, en témoigne le site dramapassion avec les séries sud-coréennes. Reste que, cessons la naïveté un instant, il n'y a aucune différence dans le mode opératoire du sériephile qui regarde sa série américaine le lendemain de la diffusion aux Etats-Unis et celui qui va visionner une série taiwanaise.

Serait-ce alors un problème linguistique ? Encore une fois, c'est un faux argument, tous les passionnés ne sont pas anglophones et le travail des fansubbers existe indifféremment dans tous ces domaines. D'autant qu'en France, la programmation des chaînes ne permet pas de vivre sa sériephilie par leur seul biais (le dernier massacre en date, avec The Good Wife, en étant une énième illustration) ; au minimum, le sériephile se rabat sur les DVD. Or les DVD édités ne sont pas cantonnés aux seules séries américaines, le net ouvrant la voie à des achats à l'autre bout du monde.

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Aujourd'hui, la magie des technologies fait que ces frontières longtemps rédhibitoires ont depuis des années été virtuellement abolies, alors pourquoi est-ce si difficile de s'éloigner du seul giron anglo-saxon pour découvrir - émerveillé - qu'il existe des productions dans des contrées lointaines dont on aurait presque fini par se demander s'ils possédaient bien la télévision ? Aujourd'hui, la question se pose avec d'autant plus d'acuité face à tous ces pays qui deviennent de nouveaux acteurs sur la scène internationale (économique, etc.) : avec le développement d'une industrie télévisée ayant plus de moyens et la perfection de leur savoir-faire, ces petits écrans ne vont-ils pas gagner en légitimité et en qualité ? 

J'ai tendance à voir, dans le réflexe anglo-saxon de mon entourage, en premier lieu un problème de nouveauté : chronologiquement, cet accès facilité est récent. Il n'a été consacré véritablement qu'au cours de la dernière décennie. Les sériephiles adultes actuels ont grandi à un moment où tous ces moyens n'existaient pas et donc devant une culture télévisée dépendante et façonnée par les programmations des chaînes, donnant une perception du petit écran sans doute amplifiée par la qualité des fictions proposées alors. Sauf que si les réflexes de curiosité ne naissent pas forcément spontanément, rien n'empêche de les encourager.

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Certains se réfugieront peut-être derrière une question de représentativité. Après tout, les personnes susceptibles d'être intéressées par ce brassage des cultures téléphagiques représenteraient seulement une minorité : un public de niche au sein d'un public lui-même de niche, donc trop infime pour être pris en compte ? Si je veux bien croire que les supposées démocratisation et popularisation de la mode "séries" ressemblent parfois plus à des illusions d'optique qu'à une réalité, je pense (naïvement?) que c'est une erreur d'imaginer immuable le monopole culturel existant. L'exemple fera sans doute sourire, mais récemment, je lisais un article sur la déferlante des séries sud-coréennes en... Roumanie, où elles dominent désormais les anciens programmes préalablement installés.

Parmi les causes pour rechercher les raisons de ce succès, un argument en particulier a retenu mon attention : la volonté des téléspectateurs de voir de nouvelles choses. Certes le petit écran roumain (que je ne connais pas) n'a sans doute pas le dynamisme américain, mais il reste cet appel à l'exotisme qu'offrent des séries ouvrant les portes d'une autre culture plus lointaine et avec laquelle on est moins familier. Quiconque s'est déjà lancé dans ce type de drama a forcément ressenti ce petit frisson d'excitation quand on saute le pas. Je ne dis pas que les k-dramas pourront un jour être diffusés sur une grande chaîne, mais seulement que le paysage sériephile n'est pas une fatalité et une donnée irréductible qui ne peut évoluer. Je pense même qu'il est vital, à un moment ou à un autre, d'y introduire des variations, au risque sinon de finir par'épuiser le schéma que l'on reproduit.

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Cependant, parler de sériephilie sans frontière, c'est se heurter à d'autres obstacles plus pernicieux. Il faut aussi dépasser d'autres idées préconcues sur la télévision, celles-là mêmes qui sont entretenues par ceux qui, paradoxalement, prétendent défendre ce medium. Si on peut admettre que le téléspectateur ne va pas de lui-même s'ouvrir vers cet "au-delà" téléphagique, pourquoi est-ce que ceux qui sont supposés lui fournir les clés d'entrée dans cet univers ne se posent pas, eux, cette question de la télévision existant au-delà du pré carré confortable dans lequel ils ont pris leur quartier ? Si on veut vraiment construire la sériephilie, il est nécessaire et même vital de cesser cette compartimentalisation d'un autre âge qui ne peut, à terme, que s'essoufler. C'est dans la diversité que se trouvent le fondement et la réalité de tout art, et la pérennité de toute passion.

On ne peut pas en même temps défendre les fictions qui sont issues de la télévision - en décochant des accusations de snobisme à ceux qui médisent de ces "téléfilms" - et parallèlement déprécier par ignorance ou désintérêt toute une partie, importante quantitativement comme qualitativement, de ces productions. Certains journalistes, dont les articles ont pu me faire réagir ces dernières semaines, affirment promouvoir une télévision de qualité. Je ne doute pas qu'ils le pensent sincèrement. Mais en encourageant implicitement ou explicitement cette absence d'ouverture, ont-ils conscience du caractère improductif de la démarche ? C'est nuire au medium même qu'ils cherchent maladroitement à défendre que de se limiter ainsi.

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J'ai la naïveté de croire qu'à la manière de tous les arts, cette notion encore jeune et si fragile qu'est la sériephilie devra apprendre à s'ouvrir pour grandir et acquérir sa pleine dimension, ainsi que des lettres de noblesse méritées. Il ne s'agit pas de renier les penchants naturels de tel ou tel téléspectateur pour telle ou telle télévision, mais seulement d'être prêt à envisager l'idée et à reconnaître le fait que l'on effleure seulement la richesse et la diversité du petit écran. Parce que parfois, devant certains articles pourtant rédigés probablement sans arrière-pensée, j'éprouve le sentiment désagréable que cette fameuse échelle de valeurs tant décriée, née des rapports oedipiens de la télévision et du cinéma, ce mépris sur lequel tant de sériephiles formulent tant de plaintes (légitimes), nous le reproduisons tout aussi naturellement et arbitrairement dans la hiérarchie subliminale que l'on pose entre les Etats-Unis et le reste du monde.


Peut-être suis-je naïve ou/et trop ambitieuse. Peut-être est-ce que je place dans cette passion des espoirs démesurés qui n'ont pas lieu d'être. Ne voyez dans ce billet qu'un exutoire désordonné de frustrations qui ont beaucoup grandi dernièrement. Je devrais sans doute cesser ces réflexions vaines sur mon rapport au petit écran. Je n'ai pas de perspective suffisante pour problématiser et prendre du recul sur toutes ces questions... Mais j'ai quand même le droit de rêver tout haut du jour où je pourrais vraiment et en toute légitimité avoir cette discussion sur l'adolescence dans les séries télé dont j'ai parlé plus haut. Est-ce utopique ?

Commentaires

Oui, bon, je vois de qui tu parles, et le fait que j'en ai fait part sur Twitter, qui a dû entraîner une discussion passionnée avec Lady Teruki... ;)

Peut-être as tu raison de ne faire que de Pierre le représentant d'une certaine pensée "snobinarde", ne voyant pas de salut au-delà des séries du câble américain.

Le fond du problème, je pense, pour apporter un autre point à la réflexion, c'est peut-être le trop, paradoxalement, auquel la technologie nous donne accès. On a accès à presque tout, maintenant. On a jamais eu autant de séries à pouvoir visionner. Et si peu de temps... C'est notre chance, et notre problème, peut-être aussi. Quelles séries dominent ? Quelles séries voir ? Et du même coup, on se rend compte, peut-être, à quel point la production américaine est "formatée", finalement. D'autant plus qu'elle râbache les mêmes sujets de plus en plus souvent.

D'autant plus, que paradoxalement, les séries diffusées à la télévision le sont pour occuper les grilles de programmes, et pas du tout destinées aux sériephiles, finalement.

Du coup, on se réfugie vers d'autres horizons, des valeurs sûres, ou les pépites du câble américain. Au point pour certains comme Pierre de se laisser absolument aveugler par leur éclat au point de négliger, voire mépriser, le "reste".

Écrit par : KNIGHT | 24/02/2011

@ KNIGHT : Je n'ai cité nommément personne parce que ce billet n'a vraiment pas vocation à répondre à un article précis, mais plus à partager des frustrations qui me semblent désormais presque remettre en perspective certaines certitudes que je pouvais avoir sur cette passion. Certes l'article que tu mentionnes, dont on avait parlé, a effectivement joué sa part dans cette réflexion, mais ce journaliste est très très loin d'être le seul à promouvoir ces idées préconçues. C'est l'opinion qui me semble dominante dans la communauté sériephile. Dans les échanges sur de nombreux blogs, ou encore les discussions que j'ai pu avoir avec passionnés sincères, j'aboutis à ce même constat prédominant. Que ce soit implicite, ou énoncé explicitement, c'est la même chose.

De plus, je me suis peut-être mal exprimée, mais je ne qualifie pas cette attitude d'arrogante, je peux comprendre même les raisons qui l'expliquent même si cela me semble dépassé comme comportement. Je trouve surtout cette conception de la sériephilie particulièrement maladroite et traduisant une ignorance, non pas une arrogance.


Le point sur la sur-consommation culturelle me paraît en effet très pertinent et juste. Mais c'est un problème qui me semble généralisé et que l'on retrouve au cinéma ou dans la littérature avec cette même impression de boulimie. Cela peut expliquer qu'on se sente submergé, mais à un moment donné ce n'est plus un argument suffisant pour expliquer l'absence de toute curiosité.

Naïvement, je pense que "se réfugier vers d'autres horizons", c'est justement ce que cet article a pour objet : quitter l'univers americano-américain.


Après c'est juste un billet d'humeur pour défendre une autre conception de la sériephilie que j'ai l'impression de ne pas croiser suffisamment, en plus d'un exutoire pour ma frustration ;)

Écrit par : Livia | 24/02/2011

Pourtant il semblait que si, vu qu'il sort après cet accrochage, d'autant plus que tu vises aussi pourtant clairement Pierre, à travers un passage de ta note, qui fait référence à une autre note récente. Mais passons.

Pour l'arrogance, c'est probablement très maladroit, mais c'est moi qui l'accuserais donc d'un tel comportement. Puisqu'écrire dans un magazine sur les séries, proposer une chronique "séries" à la radio, se poser en "autorité" en la matière, tenir un discours médiatique, juger des séries, de la supériorité de certaines sur d'autres, il faut que cette posture soit légitime et crédible.
Ca me gène vraiment, cette auto-proclamation de personnes en "autorités" sur un sujet donné, ce manque d'humilité.

Surtout qu'ils n'auraient même pas la courtoisie de chercher à s'informer en venant chez toi, par exemple. ;)
(tu es trop modeste pour cela)

oui, avec mon "se réfugier vers d'autres horizons", je parlais de toi, bien entendu, vu que le paysage des séries américaines actuel incite quand même pas mal à voir ce qui se passe... ailleurs, mais aussi de moi, qui finalement me réfugie ves des valeurs sûres, des séries que j'ai aimé et que je coninue à aimer, me les repassant plutôt que d'en tenter de nouvelles... :)

Tout comme les chaînes, finalement, de la TNT, où l'on nous propose des séries rentabilisées jusqu'à plus soif, qui n'ont plus rien à prouver : Charmed, Hercules, Loïs & Clark, Friends, les Simpsons...

Écrit par : KNIGHT | 24/02/2011

@ KNIGHT : Ce n'est pas le premier article ou la première conversation rapportée qui me donne envie de réagir sur ce sujet ;) Mais surtout, le débat nominatif ne m'intéresse pas ; il ne s'agit pas de mettre à l'index quiconque ou de transformer cela en histoires de personnes. Ca n'a rien à voir et l'enjeu est ailleurs (il n'y a rien qui nuit plus ) l'échange de points de vue que d'en faire des questions personnelles, ce qui n'est pas mon but).

Je voulais juste d'esquisser des problématiques qui me semblent absentes de la sphère sériephile actuelle et qui manquent à mes yeux, c'est tout. ;) C'est de ça que j'ai envie de parler, du fait que le débat génial auquel j'ai assisté hier à la cinémathèque est inconcevable actuellement transposé aux sériephiles. Et c'est cette absence qui me chagrine et qui pose question sur la manière dont on conçoit notre passion, et sur laquelle je voudrais faire réagir. ;) Parce que je crois que l'on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sur ce sujet à moins de risquer un essoufflement à plus ou moins moyen terme.

Moi je veux avoir des discussions et des débats sur je ne sais quel sujet, où pour illustrer une thématique on n'utilisera pas sur 10 séries 9 américaines et 1 britannique. C'est juste cet appel que reflète ce billet ;)



Sinon, je suis tout à fait partisane des valeurs sûres : dès que j'ai un coup de blues, je lance un épisode de TWW, de B5, de Farscape ou de Gilmore Girls, et c'est juste du pur plaisir ! ;) C'est ça aussi être sériephile, en effet. ^_^

Écrit par : Livia | 24/02/2011

Je n'ai pas tout compris, excusez-moi je suis un peu bête parfois (ou tout le temps, mais il ne faut pas le dire :)

Je suis un consommateur "dvdesque", je ne consomme pratiquement plus de télés à moins d'y trouver deux épisodes par soir, ce qui est naturellement impossible à trouver ailleurs que sur Orange. Voilà pourquoi j'ai eu plaisir à découvrir "Justified", "Rubicon" et autres petites pépites non proposées sur le hertzien.
Je suis ouvert à tout horizon de séries, du moment que la série me parle. Peu de nouveautées ont mes louanges (ce sera le cas de Pretty Little Liars, et encore j'ai été gentil), mais ce sont des séries qui ne s'adressent pas à moi.
Je regrette le temps où la série télé n'était pas exposé à tous ! Oui, car dans les années 90, nous étions des "êtres à part", puis sont sortis les magazines télés qui ont fait que l'on a pû exposer telles idées sur notre entourage.
Dire aujourd'hui qu'une série télé est un véritable programme passe encore très mal aux yeux de certains.
Pour finir, si je suis hors-sujet, ce n'est pas grave, c'est dans ce sens que j'ai compris l'article que tu as fait.

Écrit par : David | 25/02/2011

@ David : On n'est jamais hors sujet dans des commentaires ;) Chacun réagit à sa façon aux billets écrits, surtout qu'ici, il s'agit plus d'un coup de gueule général et frustré sur la sériephilie, donc chacun va logiquement le comprendre avec son prisme et sa conception des choses. ;)

C'est bien vrai ce que tu soulignes pour des chaînes obscures comme Orange. J'ai l'impression parfois que pour être sériephile en France en 2011, il faut soit être abonné à mille et une chaîne les plus confidentielles, soit oublier la question de la diffusion et se rabattre sur d'autres moyens (DVD, etc.). C'est pour ça que je trouve un peu paradoxal de parler de vraie démocratisation des séries. D'autant que comme tu le dis, certains préjugés ont la vie dure sur les séries.
Mais comme tous les passionnés, je crois qu'on reste tous toujours des êtres un peu à part :P

Écrit par : Livia | 25/02/2011

Je rappelle en préambule, pour qu'on ne me le reproche pas ensuite, que je suis acquis à la diversité des séries, qu'elle soit géographique ou autre.
Je rappelle aussi que les séries télévisées ne constituent pas une passion chez moi, mais juste une des productions culturelles qui m'intéressent, parmi beaucoup d'autres. Je crois d'ailleurs, pour la légitimitisation de la passion télévisuelle, que certains passionnés de séries télévisées se verraient accorder beaucoup plus de crédit s'ils pouvaient montrer que les séries ne concentraient pas leur attention exclusive. Le quidam moyen a parfois l'impression d'entrer dans un monde de geeks sans aucune autre perspective que la diffusion de l'épisode de la semaine de telle ou telle série et ça fait un peu désordre si on veut démontrer la qualité de ce que l'on aime hors du petit cercle dont on fait partie.


Ceci dit, si le débat critique est possible en matière de cinéma, comme tu y as assisté, il faut nénamoins ne pas oublier que tel n'a pas toujours été le cas et que le cinéma, lui aussi, a dû attendre longtemps avant de se voir octroyé une légitimité critique autour d'enjeux esthétiques et thématiques forts.
En gros, il a fallu attendre les Cahiers du cinéma des années 50, et leur politique des auteurs menée par ceux qui allaient ensuite former la Nouvelle vague du cinéma français.

Paradoxalement, c'est dans cette politique des auteurs, qui a lancé à l'époque des débats esthétiques féroces autour de conceptions parfois extrêmement divergentes du cinéma, que se trouve les graînes de l'appréciation actuelle des séries télévisées par certains milieux "autorisés".
En gros, l'appréciation par une certaine critique des David Chase, David Simon, Matthew Weiner et quelques autres, chouchoutés par ce que certains nomment du snobisme télévisuel, sont une résurgence de cette politique des auteurs, mais appliqué cette fois au champ de la fiction télévisuelle.
Il faut dès lors bien comprendre que ces critiques fonctionnent avec une grille d'analyse qui n'est tout simplement pas compatible avec l'appréciation, par exemple, de la enième comédie romantique sud-coréenne produite à la chaîne (qu'elle soit de qualité ou pas).
On peut s'en désoler ou pas, mais c'est comme ça.
Personnellement, j'en ai un peu rien à foutre. :)

Bon sinon, pour terminer, et c'est un avis personnel, ben, j'attends toujours de voir une série non-anglo-saxonne qui rivalise, ne fût-ce qu'un tout petit peu, avec la qualité d'écriture, d'interprétation, de développements thématiques,... de séries comme Mad Men, The Wire, The Soprano et quelques autres.
Si ces séries sont portées au pinacle par certains, ne serait-ce pas tout simplement parce qu'elles sont de très loin les meilleures productions télévisuelles de la planète?
Et est-il si difficile d'accepter qu'il n'est pas besoin de parcourir assidûment les productions du monde entier pour en être convaincu?

Bon sinon, pour ma préférence en matière d'adaptation de Macbeth, j'hésite vraiment entre le Kurosawa et le Welles.
Bon allez, je laisse tomber le Kurosawa parce que je préfère Mizoguchi et je prends le Welles, même si je préfère son Othello.
Mon dieu, mais qu'il est snob, ce Fred. :)

Écrit par : Fred | 25/02/2011

Penser qu'il n'y a que les Etats-Unis qui font de bons shows est assez présomptueux quand on ne connait pas ce qui se fait ailleurs...

Pour ma part, j'ai eu bcp de mal à me lancer dans les doramas, mais je ne regrette en rien mon incursion dans ce nouveau monde !
Ces séries m'ont fait rire, pleurer, alors que ca fait bien longtemps que je n'ai pas ressenti qqch devant une série américaine !

Bref, je ne sais pas si c'est utopique de penser que les téléspectateurs vont un jour s'ouvrir sur un autre horizon mais je l'espère vivement !

(A quand The Legend sur une chaîne de la TNT ? *_*)

Écrit par : Nephthys | 25/02/2011

@Livia : C'est exactement ça avec les séries aujourd'hui. Soit tu payes, soit tu payes :)
Dans les deux cas c'est la même chose mais tu es tout à fait satisfait.
Par exemple, sur les dvd, outre les épisodes, tu as les bonus. C'est parfois rien mais c'est beaucoup pour moi.
Ensuite pour Orange, on paye mais on es bien servi avec des séries comme Boardwalk Empire, Glee (que M6 a acheté et pas encore diffusé mais si c'est par tranche de 5 épisodes, laisse tomber !).
Moi, je suis tourné vers l'Allemagne, je ne cautionne pas tout, mais certains programmes valent le coup. Comme les Anglais qui ont de superbes séries.
Si ce n'est que pour voir des séries américaines qui parfois se termine sans aucun sens et aucune logique, je dis stop.

Par contre, en terme de cinéma, les films ne valent plus leur pesant d'or d'époque, on ne fait que rarement des bons films aujourd'hui. Ca me désole, je me rabats sur d'anciens films, bon j'en regarde encore aujourd'hui mais par épisode ^^

Écrit par : Vieux Bouc | 25/02/2011

Vieux bouc, it's David, je suis chez un ami ^^

Écrit par : Vieux Bouc | 25/02/2011

Intéressante question... J'avoue que jusqu'à Doctor Who et LOM, je ne m'intéressais qu'aux séries américaines, par habitude et manque de connaissances/d'infos sur les autres pays... Depuis, j'ai fait de très belles découvertes en matière de séries anglo-saxonnes, mais j'avoue que je n'ai fait que de tiimides tentatives pour aller voir d'autres horizons (lAsie principalement), la distance culturelle étant plus importante ! Et puis, je me rends compte qu'après un travail de longues haleine, j'apprécie de pouvoir regarder les séries de langue anglaise sans sous-titres quelque soit leur accent, alors que je suis dépendante de sous-titres de qualité moyenne (je n'ai pas été au-delà du 1er épisode de Secret Garden en grande partie pour cette raison !) pour tout ce qui est asiatique !


Pour ce qui concerne les critiques snobs qui ne parlent que des séries du câble américain, j'avoue que vu que j'accroche rarement aux séries portées au nues (souvent trop sombres pour moi, rythme trop lent... Je ne suis pas fan de SFU, Mad Men...), j'ai tendance à les ignorer purement et simplement et à me fier aux blogs de sériphiles plus ouverts !

Vieux Bouc : Pour Orange, ils proposent leurs épisodes en VM, au moins, ou uniquement en VF ? Sinon, ça ne vaut pas le coup à mes yeux !

Écrit par : jainaxf | 26/02/2011

@Jainaxf : ils les proposent en version multilingue en effet, donc ça vaut largement le coup :)

Écrit par : David | 27/02/2011

J'ai pas une très grande connaissance des séries TV, je connais vraiment que ce qu'on me propose et j'allais pas voir plus loin.
Finalement, internet m'a permis de découvrir autre chose. Au début, je cherchais des infos sur mes séries préférées diffusées n'importe comment par F2 (Gilmore Girls et That 70's show) et je suis tombée sur les dramas.
Actuellement, je ne regarde plus que Cold Case, Grey's Anatomy m'ennuie de plus en plus (ben oui, arte diffuse toujours en même temps que le 3e épisode un film plus intéressant).
Voilà, donc comme tu l'as dis, ce qui m'intéresse c'est la nouveauté, un truc que ce qu'on nous propose n'a pas...et c'est ce que j'ai trouvé en découvrant les séries asiatiques.
Et puis c'est agaçant toutes ces diffusions faites dans le désordre!

Et c'est la même chose pour le cinéma, j'aime le cinéma et encore plus que les séries et pourtant, j'ai finis par me tourner vers les films asiatiques (sans pour autant abandonner les autres, faut juste trouver le meilleur parmi tout ce qu'on nous propose...)

Je ne pense pas voir un jour les séries asiatiques en France...je rêve...
Je m'aperçois que je connais quasiment pas de séries anglaises et ça aussi c'est bien dommage.
Les séries américaines sont connues et ça marche bien non? je sais pas...enfin, tant que ça marche bien on nous en proposera toujours...Faut aller voir du côté des dvd et internet pour faire d'autres découvertes.

(Arte propose peu de séries, mais souvent elles sont originales)

Écrit par : Ageha | 27/02/2011

Pour info, tu peux voir des séries tv sur le site de la cctv-f. Je sais que tu aimes les séries historiques, ils en proposent quelques unes :-)
Je suis tombée par hasard sur une de leur série à la télé, j'avais jamais vu de série chinoise avant^^ C'est une première pour moi.

http://fr.cntv.cn/program/telefilm/index.shtml

Écrit par : Ageha | 27/02/2011

@ Fred : Très intéressant commentaire qui remet en perspective toutes ces problématiques.

Tout d'abord sur la question de notre rapport aux séries, peut-être qu'effectivement qu'il faudrait parfois replacer les choses dans un enjeu culturel plus global. J'ai tendance à croire que dernière cette notion de "sériephilie", c'est aussi une volonté de reconnaissance qui s'exprime ; légitimer un medium globalement déprécié a priori (tout particulièrement en France). Bref c'est du militantisme, avec sa part de passionnel et justement une approche biaisée visant à justifier cet intérêt. Je pense aussi que l'on est tous, avec nos sensibilités propres pour chacun, de grands consommateurs culturels, dont les séries ne sont qu'une déclinaison (il suffit de voir les blogs des quelques lecteurs qui se sont manifestés ici, par exemple).

Sinon, concernant la sériephilie sans frontières, si je suis d'accord pour saluer des séries comme les Sopranos ou The Wire, ce qui me dérange surtout dans l'assertion véhiculée selon laquelle "les productions des USA sont meilleures que les autres", c'est que c'est formulé de façon à être érigé en généralité, et que cela donne la fausse impression que tout est mieux aux US. On cite les références qui sont au summum, mais c'est la frange la plus haute, elle ne reflète pas la qualité d'ensemble des productions US.
On trouve d'autres productions très abouties dans d'autres pays. Je laisse de côté l'Angleterre, mais si on part vers l'Asie, une série aboutie de très haute qualité, je citerais par ex. Mother l'an dernier au Japon ? A mes yeux, elle se situe qualitativement au-dessus d'au-moins 95% des séries diffusées l'an dernier aux Etats-Unis. Ou encore, toujours l'an dernier, la construction d'une série décalée comme Atami no Sousakan était un petit bijou. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si je cite des séries japonaises, ces derniers ayant un savoir-faire qui remonte déjà à quelques décennies.

[Et puis, j'ajouterai qu'il n'y a rien qui m'agace plus que de raisonner à partir des arguments d'autorité quand on ne voit pas plus loin que le bout de sa série US... Je ne demande pas de placer la dernière comédie sud-coréenne sur le même plan que The Wire, juste de savoir qu'elle existe :P -et puis il y a peut-être là matière à problématique sur les oeuvres d'auteur et la culture "populaire"]

Au-delà de cette question des grilles d'analyse, je trouve que l'on se restreint un horizon et que c'est très dommageable de se contenter de "penser les séries par les séries américaines". C'est un réflexe qui reste profondément enraciné. Tu dis qu'il faudrait ne pas se contenter de penser les séries par les séries mais élargir sa vision, et peut-être que se situe le coeur du problème et ce que j'ai voulu dire. En fait, il faudrait aussi apprendre à élargir le regard plus globalement sur ce qu'est la production culturelle "série".
Il ne s'agit pas d'évaluer avec les mêmes grilles d'analyse, de tomber dans un complet relativisme, mais il ne faut pas non plus être aveuglé par quelques joyaux. Pourquoi est-ce que la télévision devrait être plus exclusive nationalement que le cinéma ou la littérature ?

PS : Sinon, l'honneur est sauf : je préfère la version de Kurosawa ! ;)


@ Nephthys : C'est vrai qu'en ce qui concerne les séries asiatiques, il y a une certaine innocence d'écriture qui permet de toucher une fibre émotionnelle de façon très intense si on rentre dans l'histoire.

Après c'est aussi une question de priorité et de mode de fabrication. Par ex., pour les séries sud-coréennes, ce n'est pas la construction narrative et sa rigueur qui sont généralement ce qui va retenir l'attention du scénariste, c'est toucher/divertir le téléspectateur (après il y a des exceptions, comme Story of a man par ex.).


@ JainaXF : Finalement la question linguistique est peut-être plus importante que ce que je le pensais ; c'est vrai que devant une série asiatique, il ne faut pas quitter l'écran un instant, sinon on perd le sens du dialogue instantanément (sauf ceux qui ont pris de l'avance et en sont déjà à prendre des cours de ces langues). ^_^
Après oui, chacun a ses sensibilités, ce qu'il faudrait, c'est que ceux qui sont sensés "détenir les clés de cet univers" se montre aussi ouverts !


@ Ageha : Tu as parfaitement résumé le problème de la diffusion des séries en France. ^_^ Logiquement, je me retrouve beaucoup dans tes motivations, avec cette idée de nouveauté/découverte culturelle. Mais c'est aussi pour ça que je me dis que... pourquoi pas... les curieux pourraient être séduits. Encore faut-il simplement leur proposer, ou du moins en parler !

PS : Merci pour le lien ! Les séries chinoises "mainland", je connais assez peu. J'avais regardé The Legend of the Condor Heroes il y a quelques années, et j'adore le genre wuxia qui est beaucoup exploité. Malheureusement, je n'ai pas suffisamment de temps libre. Mais voilà un autre exemple de séries d'autres nationalités accessibles légalement ! :D


En fait, si j'aime bien pouvoir naviguer entre les nationalités, entre les savoir-faire et les grilles de lecture et d'analyses, je comprends parfaitement que c'est mon envie du moment et que c'est un point de vue très personnel. Mais ça me frustre de voir tant de personnes avec des œillères, fonçant dans un registre très particulier de la production culturelle (séries télévisées américaines, en faisant des ponts avec le cinéma à l'occasion) sans avoir ne serait-ce conscience qu'il existe un vaste tableau d'ensemble autrement plus grand !

Écrit par : Livia | 01/03/2011

Je comprends très bien le militantisme du passionné. Je l'ai assez pratiqué pour des choses parfois largement plus décriées et nécessitant à mes yeux une légitimisation largement plus absente que celle dont ont besoin aujourd'hui les séries télévisées.
Mais bon, j'ai donné.
Là maintenant, c'est quelque chose qui ne m'intéresse plus.

Pour ce qui est de la qualité moyenne de la production, je me doute bien qu'elle n'est guère brillante, quelque pays qu'on choisisse d'aborder.
En gros : quelques pépites qui se détachent, un paquet de trucs qui fonctionnent au savoir-faire et une brouette de nullités.
C'est partout pareil.
Dans le domaine des pépites qui se détachent, la crème de la production anglo-saxonne me parait intouchable.
Dans les deux autres catégories, je ne vois aucune raison pour laquelle tous les pays ne pourraient pas être correctement représentés.
Alors, pourquoi la majeure partie du public se contente-t-elle des productions US?
Ben, Jean-Luc Godard disait qu'entre un mauvais film bulgare et un mauvais film américain, il préférait aller voir le mauvais film américain.
Voilà, faut pas aller chercher plus loin.

Écrit par : Fred | 02/03/2011

Ils sont très forts pour ca, et je suis ravie de pouvoir avoir ce genre de sentiments devant une série !

Tu me rappelles que j'ai tjs Story of a Man sur mon DDE :D !!!

Écrit par : Nephthys | 02/03/2011

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