09/11/2014
(UK) Detectorists, saison 1 : 'Will you search through the lonely Earth for me ?'
♪ Will you search through the lonely Earth for me?
Climb through the briar and brambles?
I'll be your treasure
I felt the touch of the kings and the breath of the wind
I need the call of all the songbirds
They sang all the wrong words
I'm waiting for you
I'm waiting for you ♪
Parmi les concepts inattendus scénarisés pour le petit écran, figure sans aucun doute l'idée de suivre le quotidien de deux chercheurs de métaux vivant dans une petite bourgade anglaise. Écrite et réalisée par Mackenzie Crook (croisé dans des séries comme The Office, Game of Thrones ou encore Almost Human) qui interprète également l'un des protagonistes principaux aux côtés de Toby Jones (lequel, après Marvellous, confirme qu'il a décidément figuré dans certaines des plus chouettes fictions britanniques de cet automne 2014), Detectorists est une série qui a été diffusée sur BBC Four du 2 octobre au 6 novembre 2014. Elle compte pour l'instant 6 épisodes d'une demi-heure chacun. Au terme de cette première saison, cela aurait été un vrai crève-cœur de devoir abandonner si tôt l'univers créé ; heureusement, la série a été renouvelée en même temps qu'elle se concluait dans le courant de la semaine dernière.
Detectorists est une comédie douce-amère, teintée de mélancolie, s'imposant immédiatement dans ce registre un peu à part dans lequel les Anglais excellent. Elle bénéficie d'une écriture simple, où la sobriété est reine. Tout s'y construit par petites touches, entre tranches du quotidien et instantanés imprévus bouleversant soudain les habitudes bien réglées de chacun. C'est une fiction qui ne recherche ni enchaînement de gags, ni burlesque forcé : l'humour s'y fait subtil, diffus, se glissant dans les scènes sans le moindre artifice. La série a l'art de capturer et de transposer à l'écran un anodin qui happe le téléspectateur, mettant en scène des échanges empreints d'un naturel aussi déconcertant que réconfortant. Les dialogues -qu'il s'agisse de débats techniques sur les appareils utilisés pour détecter ou de discussions sur l'émission télévisée de la veille- cultivent un léger décalage indéfinissable. La narration est posée ; le récit lent, fluide et régulier. Se démarque de l'ensemble une humanité sincère qui met du baume au cœur.
La vie des deux personnages principaux, Andy et Lance, se répartit entre leur passion pour la recherche de métaux et une vie relationnelle compliquée. C'est avec une certaine tendresse que la série les évoque, les rendant vite attachants. Mi-historiens du dimanche, mi-chasseurs de trésor, ils sont surtout deux amis se retrouvant pour le plaisir de partager ce hobby particulier qui fait passer par toutes les émotions : de la patience qui s'étiole à mesure que la journée avance et que les recherches s'éternisent, à l'excitation lorsque l'alarme du détecteur de métaux se réveille, pour finir par la quasi invariable déception que provoque finalement l'extraction d'un obscur bouton, d'une pièce de quelques centimes à moitié rouillée ou encore d'une vieille voiture oubliée sur un terrain de jeu. C'est pourtant la quête de la tombe (légendaire ?) d'un roi saxon du VIIe siècle qui va constituer le fil rouge de la saison. Cela sera l'occasion d'apporter son lot de tensions et de petits drames, les recherches de nos deux compères suscitant diverses convoitises et autres quiproquos.
De plus, c'est également sur la forme que Detectorists se démarque. Il s'agit d'une œuvre visuellement très aboutie. En effet la série met pleinement à profit le fait qu'une bonne partie de ses scènes se déroule en plein air. La réalisation est soignée ; elle capture à merveille les nuances de tons de la campagne anglaise environnante, comme autant de jeux de couleurs et de palettes de dégradés qui sont portés à l'écran, à la fois dépaysants et apaisants pour le téléspectateur. Enfin, pour parachever l'ambiance particulière ainsi cultivée, il faut signaler que la série est accompagnée d'une bande-son folk, très sympathique, qui lui sied bien. En son sein, on retient tout particulièrement la chanson principale, interprétée par Johnny Flynn (lequel fait d'ailleurs une apparition sur scène dans le 3e épisode, au cours d'une soirée au bar durant laquelle Lance et Andy poussent aussi la chansonnette). Faisant office de générique pour une partie des épisodes, elle rythme et retranscrit parfaitement, avec une pointe de douce mélancolie, la quête au trésor des deux héros (à écouter sans modération - cf. la 2e vidéo ci-dessous).
Comédie tendre et attachante, teintée d'une amertume diffuse, Detectorists est une jolie réussite, un peu à part, qui mérite la curiosité. Avec son écriture simple et sincère, son cadre champêtre de campagne anglaise dépaysant particulièrement bien mis en valeur par la réalisation, et un casting impeccable, elle réunit de solides atouts pour porter à l'écran un concept de départ plutôt surprenant. En somme, une série profondément humaine et réconfortante, à la tonalité typiquement britannique, que je recommande chaudement : je serai au rendez-vous pour la saison 2. À découvrir !
NOTE : 8/10
Une preview du premier épisode :
La chanson thème de la série, par Johnny Flynn :
18:40 Publié dans (Comédies britanniques), (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bbc, detectorists, mackenzie crook, toby jones, lucy benjamin, rachael stirling, aime-ffion edwards, adam riches, gerard horan, sophie thompson, pearce quigley, david sterne, paul casar, simon farnaby | Facebook |
19/10/2014
(UK) Marvellous : sincérité et humanité pour un biopic inspirant
Malcolm: How'd you wangle that?
Neil : I just asked.
Malcolm : You can't just get things by asking.
Neil : Can't you? I can.
On parle souvent du petit écran anglais pour ses séries, ses mini-séries... Sachez qu'il existe un autre format à ne pas négliger : les téléfilms. Et dans l'art des unitaires percutants qui savent se démarquer, BBC2 fait partie des chaînes à surveiller, à l'image, l'année dernière, du génial The Wiper Times ou encore de la genèse de Doctor Who retracée dans An Adventure in Space and Time. Cet automne, c'est une fiction également à part qui a été proposée aux téléspectateurs anglais le 25 septembre 2014.
Écrit par Peter Howker (à qui l'on doit notamment un autre OTNI du petit écran anglais, Blackpool), Marvellous s'inspire d'une histoire vraie, la vie de Neil Baldwin (lequel effectue d'ailleurs plusieurs apparitions). Souffrant de troubles d'apprentissage, exclu très tôt du système scolaire, il est malgré tout toujours allé de l'avant, déjouant et dépassant les attentes pour réaliser ses rêves et vivre de ce qu'il aimait. On suit donc son parcours bigarré, d'une carrière de clown dans un cirque jusqu'à l'université de Keele, en passant par le club de football de Stoke City.
La séquence d'ouverture du téléfilm pose immédiatement le ton particulier que va adopter Marvellous. Rythmée par une chanson entraînante qu'entonne et joue un chœur, la jeunesse de Neil défile à travers quelques instantanés fondateurs, mêlant fiction tournée en noir et blanc et brèves images d'archive, de son exclusion de l'école à sa découverte du cirque ou à la naissance de sa passion pour le football grâce à sa mère qui l'emmenait voir les matchs. Durant l'heure et demie qui suit, l'unitaire va cultiver une sincérité d'écriture rare, aussi imperturbable que désarmante, qui résonnera durablement au plus profond du téléspectateur. Optant pour une sobriété bienvenue, sans excès de bons sentiments, ni approche manichéenne, c'est un récit parfaitement ciselé qui se déploie. L'impression d'authenticité demeure, notamment grâce à une tonalité non dénuée d'ambivalence, dans laquelle les limites et les difficultés auxquelles se heurte Neil ne sont jamais passées sous silence. Marquée par des passages dramatiques émouvants, mais aussi des moments drôles et légers, se dévoile avant tout une humanité qui touche en plein cœur et fait la force de cette œuvre.
Marvellous apparaît en fait comme une bulle d'air frais au sein du petit écran. Il y règne une sorte de dynamisme communicatif : l'espace d'un instant passé aux côtés de Neil (un Toby Jones magistral), tout semble possible. Du fait de sa condition, Neil aurait pu être destiné à une vie isolée, guère épanouissante, loin de ce qu'il aimait. Mais, avec un aplomb indéfectible, il a su aborder le quotidien d'une manière qui lui a permis de s'affranchir de tous les cadres dans lesquels il aurait dû se trouver limité et enfermé. Multipliant les contacts, il a réussi à nouer des liens bien au-delà de son seul entourage proche. Il a su faire confiance, compter sur les autres qui, même si beaucoup ont d'abord été perplexes, le lui ont souvent rendu. Il est aussi resté fidèle à lui-même, à sa franchise rafraîchissante comme à son art de faire rire les autres. Son attitude lui a ouvert des portes inattendues, lui permettant de dépasser toutes les attentes et de réaliser ses rêves. C'est sans doute aussi là que réside la clé de la magie de Marvellous : en nous entraînant dans le sillage de Neil, le téléfilm nous transmet une partie de l'état d'esprit qui le caractérise. L'impossible paraît soudain réalisable, les barrières se troublent... et c'est avec une énergie comme renouvelée que le téléspectateur ressort de cette heure et demie.
Toby Jones et... le vrai Neil Baldwin
Dotée d'une écriture sincère et authentique, Marvellous propose un récit d'accomplissement, à l'humanité sobre et touchante, qui ne laisse pas le téléspectateur insensible. En ces temps où le cynisme et la noirceur paraissent plus porteurs dans le petit écran, voilà une œuvre qui cherche à inspirer et distille cette idée folle, aussi vertigineuse qu'entêtante, que les projets qui semblent les plus inaccessibles peuvent parfois se réaliser. Véritable antidote à tout blues d'automne, ce téléfilm a l'art de réchauffer les cœurs. Il est parfait pour accompagner une soirée qui s'annonçait morose : à découvrir !
NOTE : 7,75/10
La bande-annonce de cet unitaire :
19:15 Publié dans (Mini-séries UK), (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : unitaire, bbc, marvellous, toby jones, tony curran, gemma jones, greg mchugh, nicholas gleaves | Facebook |