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26/02/2012

(Pilote AUS) Miss Fisher's Murder Mysteries : une détective de caractère et de charme dans l'Australie des années 20

 

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La fiction australienne est décidément dynamique en ce début d'année ! Ou plus précisément, la chaîne ABC1 aborde 2012 avec pas mal d'ambitions et d'espérances dans le domaine des séries. C'est tant mieux pour le téléphage, car elle ne laisse de côté aucun genre, offrant aussi bien des comédies (Outland, Woodley) que des dramas (The Straits, dont je vous ai parlé dimanche dernier - qui, je le maintiens, mérite un coup d'oeil). Et c'est ainsi que ce vendredi soir, le 24 février, débutait une série sur laquelle la chaîne australienne misait beaucoup, la très attendue Miss Fisher's Murder Mysteries.

Il s'agit de l'adaptation d'une série de romans policiers de Kerry Greenwood, de quoi doter la chaîne de sa propre fiction historico-policière (13 épisodes d'une heure ont été commandés), avec, dans l'ambiance des années 20, une héroïne de caractère et de charme, la pétillante Phryne Fisher. Et la série a été bien accueillie par les téléspectateurs australiens : à la différence de The Straits qui, malheureusement, peine à atteindre le demi-million de téléspectateurs, les jeudi soirs, le lancement de Miss Fisher's Murder Mysteries a permis à la série de partir sur de très bonnes bases, atteignant presque le million de téléspectateurs en moyenne pour son pilote. 

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Miss Fisher's Murder Mysteries se déroule en Australie dans les années 20. Au début du premier épisode, Phryne Fisher débarque à Melbourne, en provenance de Londres. Si elle a passé dans ce pays une partie de son enfance, entâchée par un drame, celui de la mort de sa soeur, Phryne a depuis parcouru le monde, les bouleversements de la Première Guerre Mondiale ayant donné à sa famille un titre et une fortune conséquente. Dotée d'un esprit vif, un brin provocatrice à ses heures, c'est une jeune femme qui aime plus que tout son indépendance. 

Mais elle trouve à son arrivée la bourgeoisie locale perturbée par la mort d'un homme d'affaires, le mari d'une connaissance qui l'avait invitée justement à prendre part aux festivités qu'elle organisait le soir-même. Avec ce sens de l'initiative qui la caractérise, Phryne entame sa propre enquête sur ce décès suspect. Cette première investigation va être l'occasion de trouver une nouvelle servante, Dot, une catholique pratiquante fâchée avec l'électricité, ou encore de rencontrer l'inspecteur de police en charge du dossier, Jack Robinson, qui ne voit pas ses interventions d'un très bon oeil. Aidée par une amie médecin et encadrée par une tante pour qui les convenances importent, Phryne est bien décidée à connaître le fin mot de ces intrigues.

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Investissant un registre historico-policier léger et dynamique, Miss Fisher's Murder Mysteries est une série qui repose en grande partie sur la présence, le charme et l'aplomb sans faille de son héroïne. Dès ce premier épisode, la jeune femme trouve immédiatement ses marques, se glissant l'air de rien dans tous les mystères non résolus qu'elle croise dans Melbourne. Il faut noter que cet instinct du détective ne va pas sans une certaine ambivalence (un aspect que j'espère voir plus approfondi par la suite). En effet, la jeune femme renvoie une double image, à la fois un versant plus dramatique et intime lié aux blessures du passé - la mort de sa soeur, et un meurtrier qui n'a jamais avoué -, et un côté plus aventurier, où c'est une oisiveté bourgeoise un peu insouciante qui prend le dessus et se manifeste à travers le sens de l'initiative dont elle fait preuve. Les autres personnages, aux profils vite définis, forment une galerie de figures parfaitement complémentaires, dont les intéractions avec Phryne devraient bien fonctionner. 

Au-delà de l'introduction de ses protagonistes, le pilote de Miss Fisher's Murder Mysteries exploite aussi efficacement, même si de façon sans doute trop académique - et presque convenu -, le double genre qu'il se propose de retranscrire à l'écran. Du côté de l'historique, l'épisode s'attache à bien dépeindre l'ambiance de l'entre-deux-guerres : outre une bourgeoisie festive, il mêle ainsi divers thèmes attendus, entre questions de moeurs (émancipation féminine) et tensions politiques et sociales (communisme). Le côté policier use quant à lui de ficelles excessivement classiques. La première enquête ne brille, ni par son originalité, ni par la manière dont elle est conduite. Sa principale particularité tient à la tonalité volontairement légère, et assez enjouée, que la série suit tout au long de l'intrigue. Ce n'est pas tant l'histoire en elle-même que les rencontres et les échanges qu'elle occasionne qui retiennent l'attention du téléspectateur. Les réparties de Phryne donnent du piment à un récit qui se laisse ainsi suivre avec plaisir ; et plus généralement, le fait que les protagonistes soient le point fort de ces débuts incitent à l'optimisme, puisqu'ils seront l'élément constant de la série. 

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L'atmosphère de Miss Fisher's Murder Mysteries se retrouve bien retranscrite dans la forme. Si la réalisation est très classique, la photographie opte opportunément pour des teintes claires et offre son lot de couleurs chatoyantes, bien aidée par les costumes et robes d'époque. C'est agréable à l'oeil, et sans donner l'impression d'être une reconstitution historique rigoureuse, le téléspectateur se laisse facilement entraîner par ce cadre. A noter également que l'épisode s'ouvre sur un générique swingant à souhait (que Jeeves & Wooster n'aurait pas renié), joli esthétiquement, et qui souligne la volonté d'impulser une réelle dynamique à l'épisode (même si certains passages de ce dernier perdront parfois ce rythme).

Enfin Miss Fisher's Murder Mysteries bénéficie d'un casting sympathique. Une bonne partie du charme et de l'attrait de la série tient évidemment à la performance d'Essie Davis (Cloudstreet, The Slap) qui, même si elle a tendance à parfois un peu trop en faire pour pleinement habiter son rôle, n'en demeure pas moins pétillante et énergique à souhait. A ses côtés, on retrouve notamment Nathan Page (Underbelly, All Saints), Miriam Margolyes, Ashleigh Cummings ou encore Hugo Johnstone-Burt (Cloudstreet).

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Bilan : Cocktail coloré et assez léger, mêlant insouciance des années 20 et intrigue policière classique, le pilote de Miss Fisher's Murder Mysteries se regarde avec plaisir. En dépit d'une écriture un peu trop académique et de quelques flottements ou raccourcis discutables, le téléspectateur se laisse emporter dans le sillage de Phryne, aventurière futée et charmante au sens de la répartie certain. Si on peut sans doute reprocher à cette entrée en matière un certain manque d'ambition, les amateurs de divertissement historico-policier devraient apprécier cette fiction. Espérons que, par la suite, les scénaristes sauront se montrer plus mordants et entreprenants ; me voilà en tout cas prête à faire un bout de chemin avec cette nouvelle héroïne ! 


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série :
 

09/10/2011

(Pilote / Mini-série AUS) The Slap : une gifle qui change tout

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Le rush de la rentrée américaine retombé, c'est l'occasion de repartir explorer les nouveautés anglophones au-delà des seuls Etats-Unis. Cela tombe bien puisque jeudi soir débutait en Australie une mini-série assez ambitieuse qui se propose d'adapter un des romans marquants de la littérature récente de ce pays (publié en 2008) : The Slap (La gifle), de Christos Tsiolkas. Diffusée sur ABC1, cette mini-série comportera en tout 8 épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun.

Plusieurs raisons m'ont motivé à lancer ce premier épisode : il y avait non seulement le prosélytisme toujours bien ordonné de LadyTeruki, mais aussi l'impressionnant casting rassemblé : la perspective d'y retrouver Alex Dimitriades (c'est mon adolescence devant Hartley Coeur à Vif qui s'exprime) ou encore Sophie Okonedo justifiait amplement la découverte au moins du pilote. Je n'ai pas regretté mon visionnage : ces débuts sont intéressants, posant solidement le ton et les bases pour la suite de l'histoire. 

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The Slap est une mini-série construite de manière chorale autour d'un geste central qui va tout déclencher : une gifle. Tout débute à l'occasion de la fête d'anniversaire de Hector. Il organise avec son épouse, Aicha, un barbecue où sont conviés sa famille, de ses parents à ses cousins, ainsi que des amis du couple. Si Hector est issu d'une famille d'immigrés grecs, la langue étant encore couramment parlé entre eux, la fête réunit cependant des personnes de tous les milieux sociaux et de toutes les cultures. Cette réunion conviviale, entre amis plus ou moins proches de Hector, ne va certes pas aller sans quelques antagonismes et autres tensions, puisque chacun a amené ses enfants, ce qui suffit à sur-ajouter à l'agitation ambiante.

Tout se déroule à peu près bien jusqu'à une scène de confrontation où un adulte, Harry, le cousin de Hector, gifle un des enfants qui a été insupportable tout au long de la journée. Le barbecue se termine abruptement par une altercation violente entre Harry et les parents de l'enfant giflé, des amis de Hector, qui n'entendent pas en rester là et veulent déposer plainte. Cette gifle va être l'événement catalyseur à partir duquel chaque personne présente va devoir se déterminer, provoquant des réactions en chaîne au sein de ce groupe qui soudain éclate sous nos yeux.

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Au vu de ce pilote, The Slap dispose de deux atouts qui retiennent l'attention. Tout d'abord, la série apparaît comme un portrait coloré et riche, véritable instantané de la middle-class résolument multiculturelle de l'Australie actuelle (Melbourne). Rien n'est en effet plus approprié qu'une fête pour réunir autour d'un barbecue des personnes d'origines et d'horizons différents, dont les liens sont très divers, tous rassemblés par ce fragile plus petit dénominateur commun incarné par Hector. On perçoit bien dans l'épisode la volonté manifeste de présenter, sans l'édulcorer, l'ordinaire des quotidiens des familles introduites.

Dans les portraits ainsi esquissés, la série n'évite pas certains clichés : Hector et sa mère envahissante, ses problèmes de couple avec Aicha ou encore sa potentielle aventure extra-conjugale, ne font pas particulièrement dans l'originalité. Cependant, il se dégage de l'ensemble une forme de proximité et beaucoup de naturel. Les dynamiques, globalement sobres, sonnent authentiques. Dans ce registre mêlant le social et l'humain, c'est certainement par sa dimension chorale que la série promet le plus et devrait gagner en épaisseur : chaque épisode se concentrera en effet sur un des personnages présents lors de la scène de la gifle, multipliant ainsi les points de vue et les perspectives.

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Si ce pilote démarre sur un rythme un peu lent, il gagne progressivement en intensité : une fois l'atmosphère posée grâce à une introduction appliquée en suivant le personnage de Hector, la gifle intervient dans le dernier quart de l'épisode pour assurer l'électro-choc final. Les problématiques soulevées par ce geste controversé, répréhensible socialement et juridiquement, permettent à The Slap de poser les bases solides d'un human drama des plus intéressants. Les répercussions de la gifle, au sein des amis et de la famille, sont immédiates. De plus, le conflit risque de s'envenimer encore plus si la police est impliquée.

En un instant, ce simple geste réflexe a rompu le fragile lien qui existait dans la petite communauté réunie pour célébrer l'anniversaire de Hector. Soudain, transparaissent des différences de vues et d'éducation - sur la manière d'élever les enfants. Se révèlent aussi les loyautés naturelles de chacun. Les dernières minutes du pilote sont très fortes. Elles s'assurent de la fidélité du téléspectateur qui perçoit tout le potentiel narratif du sujet : grâce à ce catalyseur, The Slap va pouvoir nous entraîner au-delà de la façade des familles sans histoire pour s'intéresser au coeur de chaque individu, à ce qui le définit plus intimement, mais aussi à ce qui peut le relier aux autres.

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Sur la forme, The Slap bénéficie d'une réalisation appliquée, relativement nerveuse tout en restant sobre. Cela cadre bien avec l'ambiance de ces chroniques humaines. La photographie est soignée, s'offrant quelques parenthèses plus ensoleillées, comme les scènes dans la piscine qui ont un côté relaxé que je qualifierais de "typiquement australien". La bande-son est plutôt plaisante, accompagnant le récit tout en restant en retrait. A noter également que la série dispose d'un court générique, très simple, mais dont la symbolique capture parfaitement l'esprit de cette histoire.

Enfin, The Slap rassemble un casting alléchant qui devrait s'assurer de porter de manière convaincante l'histoire à l'écran. On y retrouve notamment Jonathan LaPaglia (Sept jours pour agir, Washington Police) et Sophie Okonedo (Criminal Justice, Father & Son), incarnant le couple chez qui se déroule la fameuse scène de la gifle. Melissa George (Alias, In Treatment) joue la mère de l'enfant frappé ; tandis que Alex Dimitriades (Hartley Coeur à Vif, Underbelly) est celui qui lève la main sur ce gosse un peu trop turbulent. A leurs côtés, on croise aussi Essie Davis (Cloudstreet), Lex Marinos, Diana Glenn (Killing Time), Anthony Hayes, Sophie Lowe, Blake Davis (Dead Gorgeous, Tangle) ou encore Oliver Ackland (Cloudstreet).

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Bilan : Derrière son portrait d'une middle-class australienne multiculturelle, d'où émane un ressenti de proximité et de justesse, le pilote de The Slap pose les bases d'un human drama qui peut vraiment devenir très intéressant, notamment en raison de la narration chorale envisagée au fil des huit épisodes. L'épisode n'évite pas quelques facilités, mais il introduit efficacement une atmosphère volontairement ordinaire. Dès l'évènement déclencheur que constitue la gifle, le potentiel à explorer par les problématiques envisageables apparaît évident. A suivre.


NOTE : 7,25/10


La bande-annonce de la série :