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10/02/2011

(Pilote UK) Outcasts : une série d'anticipation, entre ambitions initiales et limites réelles

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Il suffit que vous manquiez de temps libre pour que les petits écrans du monde entier croulent sous une vague de nouveautés à vous donner envie de devenir insomniaque pour avoir l'opportunité de les découvrir. Parmi les nombreuses nouvelles séries de la semaine, tâchons d'être méthodique et commençons donc par Outcasts. Cette dernière apparaissait peut-être comme la plus ambitieuse, tout autant que potentiellement la plus glissante. J'ai beau apprécier la qualité globale des fictions de cette chaîne, soyons honnête, de la Sci-Fi high concept, sur BBC1, cela ne s'accueille jamais sans une prudente réserve au vu du bilan de la chaîne dans ce registre au cours des dernières années.

Et ce n'est pas ce pilote qui va corriger cette impression. Soigné sur la forme - comment ne pas aimer les paysages sud-africains qui semblent être à la mode actuellement ? -, tombant tristement à plat sur le fond, ce premier épisode paraît surtout confirmer un diagnostic : le  fait que BBC1 a encore du chemin à faire pour maîtriser ce type de fiction. Sauf que pour le coup, même le pilote de Survivors fut plus convaincant en son temps (et vu ce qu'a donné la suite de la série...). Reste à espérer que Outcasts connaisse un développement qualitatif inverse.

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Outcasts est une série d'anticipation se déroulant dans un futur proche, au mileu du XXIe siècle. Les conditions de vie sur la planète Terre s'étant considérablement dégradées, son évacuation progressive est en cours, les humains se tournant vers de nouvelles planètes découvertes habitables à coloniser. Carpathia fait partie de ces dernières. L'arrivée des premiers colons, qui durent faire face à des conditions très difficiles, date de déjà dix années. Une ville s'est peu à peu construite, celle de Forthaven, dirigée par un président, Richard Tate. Mais ses habitants demeurent coupés du reste de la galaxie. Leurs seules nouvelles de la Terre proviennent des rares vaisseaux d'évacuation qui parviennent jusqu'à eux, mais les conditions de colonisation de Carpathia sont d'autant plus compliquées que son atmosphère rend les attérissages de vaisseaux très dangereux.

L'épisode s'ouvre pourtant sur l'arrivée d'un nouveau vaisseau d'évacuation en provenance de leur planète mère, après cinq années durant lesquelles les colons ont été coupés de tout. Endommagé par un long voyage, il lui reste encore à franchir le plus difficile et létal obstacle, celui de l'entrée dans l'atmosphère. Si l'évènement est important, la colonie a d'autres soucis internes à régler dans l'immédiat. La sédition menace. Un de ses explorateurs les plus chevronnés, Mitchell Hoban, entend en effet repartir sur de nouvelles bases, loin du cadre sécurisé et sécuritaire de Forthaven, ce que le président Tate ne peut accepter. Mais jusqu'où peut-on aller et que faut-il être prêt à sacrifier pour bâtir une nouvelle civilisation ? Les colons maîtrisent-ils et connaissent-ils leur nouvelle planète autant qu'ils le devraient ? L'arrivée de nouveaux venus peut-elle perturber le fragile équilibre qui s'y est instauré ? 

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Je serais tentée de dire que le pilote d'Outcasts démontre une nouvelle (énième) fois qu'il ne suffit pas d'un concept de départ fort pour bâtir une série. C'est presque un cas d'école : avoir un potentiel intéressant, c'est bien, encore faut-il ensuite se donner les moyens de ses ambitions. Or c'est une introduction sonnant bien creux qui nous proposée. Si on descelle une volonté avant tout d'exposition, destinée à introduire les grands enjeux, notamment éthiques, de la série, ces derniers ne sont pas mis en valeur, noyés dans une alternance frustrante entre le franchement pesant et le confusément maladroit. L'épisode ne parvient jamais à capter l'intérêt d'un téléspectateur rapidement gagné par la léthargie ambiante dans laquelle s'enfonce inexorablement l'épisode. Pire, ces débuts ne sont pas loin de réussir le tour de force de réduire presque à néant tout l'intérêt que pourraient susciter a priori ces thèmes de survie et de reconstruction d'une civilisation - certes, thématique ô combien prompte à glisser vers des caricatures indigestes sous la plume de scénaristes peu inspirés, mais qui conserve cependant un attrait lui étant normalement inhérent.

Comment peut-on s'attacher à démystifier mécaniquement et à lever le voile si rapidement sur tous les recoins d'un nouvel univers qui ne demande qu'à se construire sous nos yeux ? L'écriture ne pèche assurément pas par un excès de subtilité, l'ensemble ronronnant avec une prévisibilité tout juste troublée par quelques trop rares étincelles. Toujours est-il que l'épisode ne va jamais réussir à dépasser ses évidents défauts de conception. Plombé par des dialogues aux répliques donnant l'impression d'être interminables, versant facilement dans un pompeux assez lourd, tout semble y manquer d'épaisseur comme d'identité. Les personnages sont rapidement catégorisés, répondant à un cahier des charges policé d'une complémentarité toute artificielle. Et le seul protagoniste laissant entrevoir un certain potentiel pouvant remettre en cause cette distribution des rôles sans saveur est celui qui se fait abattre à la fin du pilote, ce qui ne présage rien de très enthousiasmant pour la direction future de la série.

En résumé, beaucoup de frustration et un sentiment de faux départ, voici ce qui prédomine après cette première heure de visionnage.

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A défaut d'avoir réussi à exploiter son concept sur le fond, Outcasts sauve quelques meubles du naufrage sur la forme : elle a au moins le mérite de faire ressortir le superbe décor que lui offre son cadre dépaysant. D'ailleurs j'en profite pour glisser que j'adhère pleinement à cette mode actuelle de tournages sud-africains. On y croise de beaux paysages, pour peu que le réalisateur les accompagne d'une photographie soignée et sache les mettre en valeur par quelques plans inspirés. De manière générale, l'épisode fait preuve d'une ambition esthétique louable, qui va malheureusement trouver ses limites dans les scènes d'action et les scènes tournées en intérieur. Ces dernières apparaissent contaminées par le même mal qui ronge toute la série, une lourdeur lancinante et constante.

Si j'impute la responsabilité de cette relative léthargie au scénario, c'est que les dialogues eux-mêmes souffrent de ce problème, influant également sur la performance d'un casting où les acteurs ne sont pas encore tous vraiment rentrés dans leurs personnages. Pourtant, a priori, on y croise plutôt des valeurs sûres qui ont su se montrer convaincantes sous d'autres latitudes, comme Hermione Norris (La Fureur dans le sang, Spooks), Liam Cunningham ou Daniel Mays (Ashes to Ashes). Celle que j'ai trouvée la plus en porte-à-faux est sans doute Amy Manson (Being Human). Reste que l'ensemble sonne tout au long de ce pilote singulièrement faux ; et vu que celui qui s'en tire le mieux est à mes yeux Jamie Bamber (Battlestar Galactica, Law & Order UK) qui joue dans ce premier épisode un rôle autodestructeur énergique, c'est assez révélateur de la faiblesse globale. Tout ça en attendant l'arrivée d'Eric Mabius (Ugly Betty), ce qui ne contribue pas franchement à me rassurer. De toute façon, tant que les soucis de fond ne seront pas réglés, je ne pense pas que les acteurs puissent vraiment influer sur la série. 

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Bilan : Outcasts, c'est donc joli esthétiquement. L'emballage est celui d'une série d'anticipation ambitieuse, avec des thématiques éthiques et civilisationnelles fortes qu'on aurait vraiment envie d'apprécier. Mais le produit final a le goût d'une entrée en matière ratée, avec un pilote d'exposition sans relief qui esquisse de manière excessivement académique et prévisible des enjeux, certes intéressants, mais peu mis en valeur. Une aussi peu convaincante exploitation d'un tel concept, c'est quand même frustrant. Bref, peut doit mieux faire.


NOTE : 4,5/10


Le trailer de la série :