22/09/2012
(UK) Bad Education, saison 1 : une comédie scolaire drôle et rafraîchissante
Comme vous le savez, je regarde peu de comédies. C'est donc un mini-évènement quand je tombe enfin sur une que j'apprécie. Si j'ai cessé d'essayer de tester les sitcoms américaines, je donne toujours régulièrement leur chance aux dernières nouveautés anglaises. En cette rentrée, plusieurs avaient pour cadre un milieu propice à l'humour, l'éducation : il y avait l'école primaire du point de vue des parents avec The Gates sur Sky Living, dont le pilote, sans être déplaisant, ne m'a pas convaincu de poursuivre ; et le lycée du point de vue enseignant avec Bad Education, au premier épisode autrement plus percutant.
Pourtant les comédies de BBC3 et moi, c'est surtout, il faut l'avouer, une longue histoire d'incompréhension mutuelle. Mais pour une fois, ces dernières semaines ont été celles de la réconciliation devant Bad Education. Cette dernière a débuté le 14 août 2012. Sa première saison, comptant 6 épisodes, s'est donc achevée cette semaine (le 18 septembre). La série a rencontré son public, battant même le record d'audience de la chaîne du meilleur lancement pour une comédie. Elle a d'ores et déjà été renouvelée pour une seconde saison. Pour ma part, j'ai été conquise dès le pilote, et la suite ne m'a pas déçue.
Bad Education met en scène un jeune enseignant, Alfie, aux méthodes pour le moins inclassables. Partisan du moindre effort, faisant toujours preuve d'un pragmatisme assumé et d'une irresponsabilité chronique, il enchaîne les idées farfelues et modes d'enseignement alternatifs. Rivalisant d'immaturité face à des élèves avec lesquels les réparties fusent, Alfie n'a rien de l'image que l'on se fait normalement d'un professeur. Mais, du fait de son style à part, il n'en est pas moins apprécié par la plupart de ses élèves qu'il inclut dans ses nombreuses combines, notamment pour tenter de gagner le coeur de Mrs Gulliver qu'il essaie par tous les moyens d'impressionner. Bénéficiant du soutien sans faille du directeur de l'établissement, il doit cependant se méfier de la rigide directrice adjointe qui n'adhère pas du tout à son approche "je-m'en-foutiste" revendiquée.
Bad Education est une série qui choisit d'exploiter pleinement un cadre scolaire aux contours caricaturaux assumés. Dans sa construction et dans la distribution des rôles qui s'opère, elle apparaît de premier abord extrêmement classique et donc familière. C'est assez révélateur d'ailleurs que des parallèles puissent facilement être établis avec la dernière fiction scolaire que j'ai visionnée, Rita, très différente dans sa tonalité autrement plus dramatique et posée, mais n'en partageant pas moins avec Bad Education un certain nombre de ficelles narratives caractéristiques. La série n'innove ainsi pas par l'approche de son sujet, assumant les stéréotypes rejoués, et investissant des dynamiques connues : on y retrouve pêle-mêle la figure de l'enseignant atypique, la complicité pouvant naître au sein d'une classe avec cette figure d'autorité qui n'en est pas vraiment une, l'ennemi représenté par la sous-directrice psychorigide, et même une pointe de relationnel avec les tentatives de séduction de la jolie collègue. Tous les ingrédients utilisés ont déjà été vus, mais l'atout de Bad Education est d'y apporter une touche personnelle opportune : une fraîcheur et un humour décalé qui fonctionnent.
Pour ce faire, la série bénéficie d'un rythme de narration rapide, qui ne laisse aucun temps mort, tout en sachant bien ménager les chutes qui conviennent aux imbroglio dans lesquels plonge Alfie. De manière générale, la fiction n'aime rien tant qu'explorer toutes les facettes d'un comique de situation souvent drôle, construisant de longs développements sur des qui pro quo, recherchés ou non. Elle n'hésite pas non plus à exploiter la particularité du personnage d'Alfie. Multipliant les idées saugrenues et autres plans initiés spontanément, qu'il s'agisse d'échapper à ses responsabilités ou d'attirer l'attention de Mrs Gulliver, le jeune homme semble s'employer pour prendre rebours toutes les attentes légitimes du téléspectateur face à un professeur. La dynamique avec ses élèves, qu'il n'hésite pas à instrumentaliser à ses propres fins avec une vision purement utilitariste, est assez savoureuse. Plus globalement, c'est l'ensemble des situations mises en scène, y compris au sein de l'équipe enseignante, qui font mouche par leurs excès, les tournants et chutes inattendus et autres développements absurdes occasionnés. Bad Education réussit d'autant plus son pari que ses personnages n'en restent pas moins foncièrement attachants : qu'il s'agisse d'Alfie ou de son groupe d'élèves, on se prend d'affection pour ce petit univers créé et la fidélité du téléspectateur est vite assurée.
Si Bad Education fonctionne, elle ne serait sans doute pas aussi enthousiasmante sans son casting qui répond parfaitement aux attentes, et s'approprie à merveille les différents rôles marquants que l'on retrouve dans la distribution. Jack Whitehall (Fresh Meat) est parfait dans le rôle d'Alfie, capturant le maniérisme et l'immaturité de cet enseignant qui n'en est pas moins aussi exaspérant que sympathique. Du côté enseignant, Mathew Horne (Teachers, The Catherine Tate Show, Gavin & Stacey) s'en donne aussi à coeur joie dans un rôle de directeur de l'établissement excentrique : la dynamique entre les deux amis donne d'ailleurs des scènes très réjouissantes. De même, Sarah Solemani (Him & Her) incarne comme il se doit l'enseignante compréhensive et posée ; tout l'opposé de Michelle Gomez (Green Wing) dont les excès correspondant bien à la figure ambitieuse et caricaturale de la directrice adjointe tout de noir vêtue. Du côté des élèves de la classe d'Alfie, ils sont également bien castés, contribuant à la dynamque de classe décalée dans laquelle la série s'épanouit. On y croise notamment Nikki Runeckles, Jack Bence, Kae Alexander, Ethan Lawrence, Charlie Wernham, Jack Binstead et Layton Williams.
Bilan : Comédie en milieu scolaire qui se réapproprie des ficelles très classiques, pour mieux les détourner et s'en amuser de façon décalée, Bad Education est une série rafraîchissante et amusante. De ce divertissement excessif et rythmé, on retient des personnages hauts en couleur et un sens très affuté de la répartie, le tout en parevenant à créer un cadre qui reste attachant et donne envie de revenir. Bref, une combinaison comique qui fonctionne. Vivement la saison 2 !
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
11:18 Publié dans (Comédies britanniques), (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : bbc, bad education, jack whitehall, mathew horne, sarah solemani, michelle gomez, leila hoffman, nikki runeckles, jack bence, kae alexander, ethan lawrence, charlie wernham, jack binstead, layton williams | Facebook |
Commentaires
Moi qui me suis brièvement frotté au monde professoral, j'ai toujours un intérêt pour les séries en milieu scolaire et ton article me donne bien envie de tenter celle-là, même si j'ai également du mal à apprécier une comédie ! Je vais tester le pilote !
Écrit par : JainaXF | 22/09/2012
Comme souvent je suis tout à fait d'accord :D Une série bien sympathique qu'on regarde avec le sourire. J'ai aussi trouvé les personnages très attachants. Vivement la suite !
Écrit par : Jessica | 22/09/2012
Totalement d'accord avec toi, j'ai bien aimé le pilote, mais l'épisode qui m'a vraiment convaincu d'attendre patiemment la deuxième saison est le cinquième, que j'ai vraiment adoré (quiproquo entre Alfie et Gulliver). Bonne découverte en tout cas, et vivement la saison 2 !
Écrit par : Florian | 23/09/2012
Je n'avais pas entendu parler de cette série avant de lire ton article. Du coup elle me tente beaucoup, j'ai été voir en plus les trailers, je pense que ça va me plaire.
Écrit par : Mystical | 24/09/2012
@ JainaXF : J'ai vu sur ton blog que le pilote ne t'avait pas trop conquise. C'est une comédie avec ses caricatures et ses excès volontaires, donc c'est vrai que cela reste très subjectif comme ressenti. Quand on a côtoyé le milieu professoral, peut-être est-ce même plus dur d'adhérer à ces situations vaguement improbables.
Toi qui apprécies les period dramas, as-tu jeté un oeil à Hunderby de Sky ? C'est un peu comme A Touch of Cloth, mais détournant cette fois les codes des period drama. Un trailer par là : http://youtu.be/Zy0oYzia1sg
@ Jessica : Je crois que ce qui a justement fait la différence avec les comédies où j'ai d'habitude plus de mal à revenir d'épisodes en épisodes, c'est justement l'attachement suscité pour les personnages. La série joue sur des traits caricaturaux, mais en même temps, on se prend d'affection pour l'ensemble.
@ Florian : Progressivement j'ai eu l'impression que la série trouvait vraiment bien son équilibre entre ses gags et ses personnages. Et puis, j'ai aussi bien aimé la chute finale qui tombe logiquement, curieuse donc de voir la suite.
@ Mystical : Pour moi, cela a été une sympathique surprise. N'hésite pas à repasser nous dire ce que tu en as pensé. En espérant que cela te plaise ! ;)
Écrit par : Livia | 30/09/2012
Livia : oui, j'ai vu quelques situations pas très drôles comme prof, donc ça n'a pas dû aider, c'est sûr ! Ton conseil me tente bien par contre, je vais y jeter un oeil ! :-)
Écrit par : JainaXF | 30/09/2012
Ta review, et surtout la présence de Jack Whitehall, m' a incité à la regarder. J' ai bien aimé, mais largement préféré Fresh Meat.
A quand un post sur How not to live your life ?
Dan Clark est magique !
Écrit par : Trankill | 16/03/2013
@ Trankill : J'ai des rapports assez compliqués avec les comédies. C'est d'ailleurs un effort constant pour tenter d'aller vers le genre (ce qui explique qu'il existe une rubrique entièrement dédiée d'ailleurs). Il y a des séries qui fonctionnent pour moi, d'autres auxquelles je suis totalement imperméable. J'ai des goûts assez difficiles (et que je ne comprends pas toujours).
Par exemple je n'ai pas du tout accrocher à How not to live your life.
Si tu navigues dans ma rubrique "comédies britanniques", tu verras qu'elle reste assez espacée, même si j'essaie de faire des efforts. Ma comédie britannique préférée la plus récente est sans conteste The Thick of It. Et sinon j'ai une affection toute particulière pour Rev. ;)
Écrit par : Livia | 22/03/2013
Je vais suivre ton conseil et regarder Rev, quant à The Thick of It, elle fait partie de mes priorités.
Pour How not to live your life, la saison 2 fait évoluer le personnage principal, et l'épisode spécial noël est dantesque!
Écrit par : Trankill | 22/03/2013
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