13/01/2012
(UK) Sherlock, saison 2, épisode 2 : The Hounds of Baskerville
L'avantage de la brièveté des saisons comportant seulement trois épisodes, c'est que cela confère à chaque aventure une saveur particulière qu'il faut prendre le temps d'apprécier à sa juste valeur. L'inconvénient, c'est que la saison 2 de Sherlock se clôture déjà dimanche soir prochain sur BBC1 et qu'il faudra bientôt se résoudre à se contenter de l'intégrale en DVD pour sevrer notre accoutumance Sherlockienne.
Ce deuxième épisode de la saison ambitionnait d'adapter une des affaires les plus connues - si ce n'est la plus connue - du détective créé par Sir Arthur Conan Doyle, The Hound of Baskerville (Le chien des Baskerville en version française). C'est à Mark Gatiss, co-créateur de Sherlock aux côtés de Steven Moffat, qu'a été confié le soin d'adapter cette histoire familière. Si, comme durant la première saison, ce deuxième épisode se situe un peu en retrait par rapport à la flamboyance du premier, il n'en demeure pas moins jubilatoire et enthousiasmant comme Sherlock nous a habitué.
The Hounds of Baskerville s'ouvre sur un Sherlock Holmes encore plus agité qu'à l'accoutumée en raison d'un sevrage de cigarettes. Il attend avec anxiété une nouvelle enquête digne de lui. Si les sollicitations via son site web l'exaspèrent par leur futilité, il en va autrement lorsque Henry Knight passe la porte du 221B Bakerstreet. Le jeune homme vient lui parler de l'ancien traumatisme qui le poursuit depuis son enfance : il a vu son père tué sous ses yeux, déchiqueté par ce qu'il estime être une gigantesque créature aux yeux rouges. Depuis, ces souvenirs ne cessent de le hanter, tandis que dans la région où il vit, son histoire sert plutôt d'argument touristique.
La curiosité de Sherlock est piquée par la présentation, et surtout le vocabulaire choisi par Henry pour relater les évènements. Son intérêt est d'autant plus éveillé lorsqu'il apprend qu'à côté de Baskerville existe un site militaire dans le laboratoire duquel des expériences sont menées sur des animaux. L'affaire entraîne donc Sherlock et John loin de Londres, dans la campagne du Dartmoor, où Lestrade viendra les rejoindre, tandis que l'aide indirecte de Mycroft - ou du moins de son pass de sécurité - sera également requise pour percer le mystère de Dewer's Hollow.
Adapter The Hound of Baskerville était un challenge à plus d'un titre. Mark Gatiss opte pour un mélange des genres judicieux. Pour exploiter l'idée qu'une créature rôde peut-être dans les parages de Baskerville, l'épisode emprunte en parallèle deux voies toutes aussi prenantes. D'une part, l'intervention de l'armée et de possibles expériences scientifiques conduites dans les laboratoires proches esquissent un argument rationnel pouvant aller jusqu'à fonder les inquiétudes des plus sceptiques. D'autre part, l'histoire flirte avec des éléments tendant vers l'horreur et le fantastique en nous faisant rôder la nuit tombée dans les sombres bois du Dartmoor, et partager les frayeurs de Henry Knight.
Par sa construction, The Hounds of Baskerville est une aventure plus linéaire et posée que le tellement volatile A Scandal in Belgravia. Le scénario y est moins dense, plus prévisible aussi, le téléspectateur anticipant l'orientation de l'histoire. Si la résolution même de l'intrigue cède à certaines facilités critiquables, l'épisode n'en est pas moins conduit sur un rythme enlevé - une des marques de la série - avec une maîtrise narrative à saluer. Une partie de son attrait tient à son atmosphère particulièrement sombre : Mark Gatiss n'a pas son pareil pour exploiter ce cadre isolé loin de la ville et jouer sur un registre plus suggestif, distillant une tension appréciable tout au long de l'aventure.
De plus, l'intérêt de cette ambiance inquiétante, c'est qu'elle vient faire vaciller quelque peu nos héros, déstabilisant un instant Sherlock, et permettant d'éclairer la dynamique du duo qu'il forme avec John. Dans la droite lignée de la série, The Hounds of Baskerville maîtrise l'art de ciseler ses dialogues comme peu de fictions. Prenant le temps d'explorer les rapports de ces deux personnages phares, l'épisode recelle de passages qui sont de véritables bijoux riches en réparties jubilatoires, qu'il s'agisse de moments de tension ou des instants où ils retrouvent leur complicité. Au-delà du rire qui ne peut que fleurir aux lèvres du téléspectateur assistant à des excuses formulées avec une diplomatie et une maladresse relationnelles toute Sherlockienne, ce sont les fondements d'une amitié que l'épisode rappelle avec une justesse rare.
Enfin une partie du charme de The Hounds of Baskerville tient tout simplement au dépaysement qu'il procure en s'éclipsant exceptionnellement de la capitale anglaise. Et l'escapade champêtre offerte par le Dartmoor, ainsi que l'atmosphère particulière qui règne durant l'épisode, n'auraient sans doute pas eu la même saveur sans le travail de Paul McGuigan, qui aura réalisé les deux premiers épisodes de cette saison 2 de Sherlock. La photographie est superbe, la mise en scène déborde d'inventivité : un vrai plaisir pour les yeux ! Et puis, du côté du casting, je pourrais me perdre une nouvelle fois en superlatifs pour qualifier les prestations de Benedict Cumberbatch et de Martin Freeman dont la complicité transparaît vraiment à l'écran. Quant au guest-star de l'épisode, le toujours attachant Russell Tovey, quoique restant logiquement en retrait, il prouve, comme souvent, qu'il n'a pas son pareil pour susciter l'empathie du téléspectateur.
Bilan : Sans atteindre la perfection (trop?) flamboyante du premier épisode, The Hounds of Baskerville sait habilement tirer parti de toutes les facettes de l'aventure prenante proposée : l'idée qu'une créature puisse errer dans ce coin de campagne anglaise mêle en effet secrets scientifico-militaires et horreur pour un cocktail au parfum inquiétant. Si la résolution de l'intrigue ne sera pas complètement satisfaisante, Sherlock reste fidèle à elle-même avec son rythme enlevé et ses répliques jubilatoires, saisissant l'occasion de cette escapade loin de Londres pour explorer un peu plus cette étrange amitié qui unit Sherlock et John. A savourer !
NOTE : 8,75/10
La bande-annonce de l'épisode :
13:43 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : bbc, sherlock, benedict cumberbatch, martin freeman, rupert graves, russell tovey | Facebook |
Commentaires
Encore une fois, tu m'enlèves les mots de la bouche ! Tout à fait d'accord avec ta critique, j'ai beaucoup aimé cet épisode, la dynamique du duo et les allusions consîrationnistes qui m'ont rappelé
X-Files ! 3 épisodes, c'est vraiment trop court !!
Écrit par : JainaXF | 13/01/2012
J'ai justement vu une pub de la BBC sur Sherlock l'autre jour, et j'ai pensé à toi! Et arès avoir lu ta critique, j'espère voir la saison 2 rapidement.
D'ailleurs ça me fait penser que ce soir, on est censé allé voir Sherlock Holmes 2 au cinéma alors qu'il n'est pas encore sorti en France! Je te dirais comment je l'ai trouvé et si j'ai compris l'histoire en elle même :p
Écrit par : Christelle | 14/01/2012
@ JainaXF : Mais trois épisodes, ça donne l'impression de savourer un mets précieux ! On va dire que la rareté donne plus de saveur ! ^^ (*tente de s'auto-convaincre*)
Il y aura une saison 3, ouf !
@ Christelle : Cette saison 2 est une belle réussite, dans la lignée et à la hauteur de la 1ère saison ! Donc, dès tu as l'occasion, n'hésite pas ;)
Tu as finalement trouvé le temps d'aller au cinéma le week-end dernier ? Sherlock 2 sort le 25 janvier en France ; j'irai probablement le voir ! (Je ne pense quand même pas que cela soit si compliqué à comprendre ; et puis ça fait quelques mois que tu es en Ecosse quand même ;) )
Écrit par : Livia | 18/01/2012
Pour ma part je trouve que c'était un vrai exercice de style, l'histoire ne collant peut-être pas forcément avec les exigences récentes du format.
Mais j'ai hâte de lire ta critique du season finale, absolument somptueux.
Écrit par : Eclair | 24/01/2012
@ Eclair : J'ai déjà re-écrit deux fois ma review du final. Je vais peut-être le re-regarder encore une fois dans les prochains jours. Il y a tant de choses à dire sur le sujet !
Je suis contente que tu te sois mis à Sherlock. C'est une série à l'écriture vraiment enthousiasmante. Tu te mets un peu au petit écran britannique ? ^_^
Écrit par : Livia | 28/01/2012
Que pensez-vous de cette 3ème saison ?
J' avoue qu' elle m' a fait le même effet que Luther. J' en attendais beaucoup, et ça il ne faut pas ^^.
Je ne vais pas spoiler avant quelques retours.
Mon impression générale est : énormément de forme pour très très peu de fond !
Écrit par : Trankill | 16/01/2014
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