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31/10/2011

(UK) The Fades, saison 1 : They came. It was inevitable (et prenant).

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Cet automne, BBC3 aura poursuivi son exploration dans le fantastique avec un divertissement qui se sera révélé prenant et plaisant à suivre : The Fades. Fin septembre, dans la review que je lui avais consacrée, je vous avais déjà confié combien le pilote et ses bases mythologiques aussi classiques qu'un peu brouillonnes avait su m'intriguer... La première saison s'étant achevée mercredi dernier (26 octobre) en Angleterre, au terme de six épisodes, il est donc temps de dresser un bilan de cette intéressante incursion - toujours bienvenue - dans le surnaturel. Et quoi de plus approprié que d'évoquer cette série en cette soirée de Halloween ?

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Les êtres auxquels le titre de la série fait référence, ces Fades, sont en quelque sorte les fantômes ou les âmes d'êtres humains décédés, mais pour lesquels le processus de l'Ascension s'est bloqué. Ils n'ont pas pu quitter la Terre et errent donc sans but sur la planète, ne pouvant avoir la moindre intéraction avec le monde des vivants. Mais l'un d'entre eux a découvert que le sang humain est capable de les sortir de cette isolation qui équivaut à une lente agonie. A terme, ce processus peut même les ramener à la vie. Parallèlement, des êtres aux pouvoirs très particuliers, les Angelics, s'efforcent de contenir des Fades devenues de plus en plus nombreux et menaçants.

Si le projet de faire revenir à la vie tous ces morts aboutit, ce sera la fin de l'humanité telle que nous la connaissons. Or les Angelics sont de plus en plus débordés et subissent des pertes importantes. Leur solution tient peut-être dans un jeune lycéen, Paul. Ce dernier, lui-même Angelic, dispose de facultés insoupçonnées. Il a notamment de terribles visions récurrentes d'un monde en cendres parvenu à sa fin. A mesure que la situation se détériore, chacun va peu à peu prendre conscience des enjeux de la lutte qui se joue et va devoir faire des choix parfois extrêmes. Aidé par ses quelques amis proches, entouré par sa famille, Paul peut-il être le sauveur espéré ?

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Navigant entre teen-show et fantastique, The Fades emprunte à ces différents genres, semblant en quête permanente d'un équilibre, souvent fragile, entre ces deux influences. Pourtant, s'il n'est pas exempte de certaines maladresses, l'humanité de ce mélange séduit. La série parvient ainsi sans peine à impliquer le téléspectateur dans le devenir de ses différents protagonistes. Les adultes voient leurs personnalités se nuancer et gagner en ambivalence au fil de la saison, à l'exception peut-être du professeur qui restera toujours trop à l'écart. Cependant, ce sont les adolescents qui restent au coeur du récit. S'ils sont tous les représentations de certains stéréotypes, la dynamique qui s'installe entre eux, ne manquant pas de répartie, les rend instinctivement sympathiques. On s'attache facilement à cette bande informelle, entre amitié, famille et amour.

A dessein, la série s'attache dans un premier temps à dépeindre le portrait le plus classique qui soit de son versant lycéen. Elle esquisse des histoires typiques, presque anecdotiques de premier abord. Cela lui sert en fait de caution narrative pour maintenir le plus longtemps possible un semblant de normalité dans l'univers qu'elle a créé. Une normalité dont on va assister à la lente, mais inéluctable, désagrégation dans le tourbillon d'étrangetés, puis de drames, qui s'enchaînent par la suite. Le volet teen-show de The Fades sert donc avant tout à poser les repères initiaux du téléspectateur... L'intérêt étant de les lui retirer peu à peu à mesure que la série bascule pleinement dans le fantastique et développe sa mythologie.

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Après avoir fait prévaloir un parfum de teen-show, c'est dans la seconde moitié de la saison que The Fades prend pleinement la mesure du potentiel mythologique de l'affrontement qu'elle relate, entre Fades et Angelics. Elle va habilement savoir faire ressortir toutes les ambiguïtés de cette confrontation. De manière inéxorable, l'atmosphère, déjà relativement sombre à l'origine, ne cesse de s'obscurcir. A mesure que la frontière qui sépare les Fades du monde des vivants s'amenuise, les enjeux se complexifient. Ce ne sont pas les Fades en tant que tels qui représentent le problème, mais bien l'Ascension qui ne fonctionne plus comme elle le devrait. La série perd alors son apparence manichéenne, bouscule les certitudes du téléspectateur, et embrasse véritablement des accents de fantastique apocalyptique des plus exaltants.

Accordant un soin particulier à son ambiance, The Fades n'est jamais aussi convaincante que lorsqu'elle met en scène des drames. Car au fil de la saison, le danger se fait de plus en plus concret. Le désespoir progresse et, avec lui, une impression pesante d'inéluctabilité et d'urgence pour réagir. Chaque protagoniste va être poussé dans ses derniers retranchements. Si la figure de Paul poursuit son chemin initiatique et reste le repère du téléspectateur, d'autres subissent des évolutions autrement plus radicales. Dans cette optique, le personnage de Neil est sans doute le personnage le plus intéressant. Face à ces circonstances exceptionnelles, il n'hésite pas à faire des choix extrêmes. De rôle de pseudo mentor, nous guidant dans cet univers, il devient de plus en plus inquiétant, perdant le sens des priorités. Contribuant à cette désagrégation de nos repères et plus généralement de la normalité du quotidien, il sera ainsi à l'origine d'une des scènes les plus fortes et marquantes de la saison : l'exécution de sang froid d'une innocente.

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Bilan : Entre teen-show et fantastique apocalyptique, The Fades aura su exploiter de manière très intéressante la mythologie créée, laqelle conserve jusqu'à la fin sa part de mystère (et une suite serait la bienvenue). C'est grâce à son glissement vers une ambiance de plus en plus sombre et ambivalente, à mesure que disparaissent les repères confortables initialement posés, que la série trouve sa pleine dimension. Il s'agit donc d'un essai dans le fantastique qui n'aura pas été sans quelques maladresses, notamment dans la première partie de la saison, mais qui se sera révélé dans l'ensemble très prenant. A découvrir !


NOTE : 7,25/10


La bande-annonce de la série :


Le générique :

Commentaires

Encore une grand merci pour la découverte de cette série ! déjà rien que pour l'avant-première que ça donne de voir Joe Dempsie et Natalie Dormer dans d'autres rôles que dans GoT ! Et puis comme d'hab', dépasser les préjugés qu'on a sur le fantastique en général et encore plus sur les séries UK.

J'encourage les gens à voir plus loin que le pilot en ce moment qui était un peu brouillon mais je vois la série comme quelque chose en deux parties :

- Les 3 premier épisodes sont très flous à l'image de Paul qui met les pieds dans ce monde étranger

- Les 3 derniers, sublimes, (dès que Dempsie apparaît en fait) qui balaye tout ce que l'on savait pour établir de nouveaux enjeux.

La fin est tragiquement sublime (saison 2 ?), la résolution des rêves apocalyptiques bien amené, je regrette juste les épisodes d'une heure dont je n'ai pas l'habitude...

Merci pour la découverte encore ;)

Écrit par : LL | 01/11/2011

@ LL : Heureuse que The Fades t'ait plu. Mais tu sais, vu toutes les séries anglaises que tu as aimées ces derniers temps, je crois que tu peux ranger les préjugés anciens que tu pouvais nourrir : tu les as définitivement adoptées !

Je perçois la même structure sur la saison ; c'est dans sa deuxième partie que The Fades trouve un ton propre et va véritablement au bout de son concept, investissant habilement ce genre apocalyptique.

Pour les épisodes d'1h, on s'habitue vite. Et puis, c'est la même chose sur le câble US sur des chaînes comme HBO. ;)
(En fait, mon visionnage de séries sud-coréennes a repoussé ma tolérance à 1h10 par épisode ; à partir d'1h15, j'ai tendance à commencer à trouver le temps long : c'est une question d'entraînement ^^)

Écrit par : Livia | 09/11/2011

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