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01/10/2012

(NL) Overspel, saison 1 : une infidélité, des trahisons et déchirements intimes et judiciaires

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Nouvelle étape de mon tour d'Europe en séries, avec une escale aujourd'hui dans un nouveau pays jamais encore traité sur ce blog : les Pays-Bas ! Ces dernières années, la télévision néerlandaise a en effet vu plusieurs de ses fictions retenir l'attention internationale. Penoza, datant de 2010, connaîtra début 2013 un remake américain prévu pour être diffusé sur ABC à la mi-saison sous le titre de Red Widow. Quant à la série dont je vais vous parler aujourd'hui, un projet de remake est aussi actuellement à l'étude aux Etats-Unis (mais je ne suis pas certaine qu'il existe un seul concept étranger intéressant dont le remake n'est pas envisagé en ce moment outre-Atlantique...).

Mais pour partir, nous, à la découverte des originaux, il faut franchir la barrière linguistique néerlandaise. Pour l'instant, une seule solution : prier pour que les coffrets DVD locaux contiennent une piste de sous-titres anglais. Ce n'est malheureusement pas le cas pour Penoza... Mais le téléspectateur est plus chanceux avec Overspel. Scénarisée par Frank Ketelaar et Robert Kievit, cette série - dont le titre signifie "Adultère" - a été diffusée à l'automne 2011 sur VARA. Inutile de faire durer le suspense la concernant : je l'ai beaucoup aimée. Après un temps d'exposition nécessaire, elle nous plonge dans un récit aussi prenant que très fort émotionnellement.

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Overspel débute par le coup de foudre inattendu entre deux adultes mariés, ayant chacun travail, famille et enfants. Leur adultère va venir bouleverser et remettre en cause bien des choses dans leur quotidien ordonné. Iris mène alors une vie tranquille de mère - elle a un fils de six ans - et de photographe en devenir dont la carrière décolle peu à peu. Elle est mariée à Pepijn, un représentant du ministère public en quête de la grande affaire qui pourra lui ouvrir les portes d'une promotion. Au cours d'une soirée où elle expose ses photos, Iris fait par hasard la connaissance de Willem, un avocat avec qui le courant passe instantanément.

Très vite, ils se recontactent, entamant une aventure extraconjugale en secret, nourrissant des sentiments l'un pour l'autre qui se renforcent au fil des jours. Cependant ils ignorent que, parallèlement, Pepijn réussit à mettre la main sur l'affaire qu'il attendait tant : essayer faire tomber Huub Couwenberg, un patriarche magnat de l'immobilier à la réputation trouble. Or Willem est non seulement l'avocat de la famille Couwenberg, mais il est également marié à la fille de Huub. Les choses prennent un tournant dangereux lorsque le beau-frère de Willem, qui souffre de séquelles neurologiques suite à un accident de voiture, est suspecté dans une mort touchant de près les Couwenberg.

A partir de ces évènements judiciaires sur lesquels vient s'ajouter en toile de fond l'adultère d'Iris et de Willem, c'est dans un jeu dangereux de trahisons et de déchirement intimes que vont glisser tous les protagonistes de la série.

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Dans sa construction, Overspel fait preuve d'une maîtrise très appréciable. C'est en effet une série qui sait tout d'abord prendre son temps : elle démarre par des épisodes qui cherchent à bien poser son univers et les enjeux, familiaux mais aussi professionnels, qui animent chaque protagoniste. Le scénario est dense, développant des histoires construites indépendamment en parallèle, destinées à se rejoindre d'une façon ou d'une autre à terme. Puis, très vite, le rythme de narration s'accélère. Une fois entrée dans le vif de son sujet, la série démontre au téléspectateur que son investissement était mérité. Elle va savoir exploiter pleinement tous les thèmes et toutes les facettes de son concept de départ. Gagnant constamment en tension et en intensité, l'histoire emprunte alors les codes narratifs du thriller, jouant sur un suspense bien réel et sur un sens du cliffhanger à saluer. Elle se fait de plus en plus prenante, conduisant sans temps mort jusqu'au solde final des comptes dans un dernier épisode qui fait office d'apogée des confrontations.

Le thème central du scénario est celui de la loyauté, ou, plus précisément, de son absence dans certaines circonstances. L'adultère n'est qu'une illustration et un évènement parmi d'autres dans un engrenage plus vaste. Cependant, il a pour conséquence de briser la frontière entre les sphères professionnelles et personnelles de chacun. L'originalité de Overspel est ainsi d'aborder, sur un registre beaucoup plus intime et donc émotionnel, un affrontement judiciaire classique qui oppose un patriarche aux affaires suspectes, tentant de protéger les siens, et les autorités souhaitant le faire définitivement tomber. A mesure que l'histoire progresse, elle se fait le récit d'implosions familiales et de déchirements. Les trahisons sentimentales mènent à d'autres trahisons dans la sphère professionnelle, tandis que la situation échappe au contrôle des différents protagonistes. Les mesures devenant plus désespérées et les arbitrages plus tranchés, bientôt, rien ne garantit plus qu'un drame ne viendra pas entacher cette escalade.

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Par ailleurs, la force de Overspel réside également dans ses personnages. L'écriture s'attache en effet à humaniser chaque individu, capturant ses failles, soignant la crédibilité et l'authenticité de ses réactions. Ce ne sont pas des figures unidimensionnelles ou caricaturales auxquelles on a à faire. Au contraire, chacun apparaît nuancé, avec ses ambivalences, ses principes, mais aussi ses cordes sensibles qui le rendent capable de décisions qu'il n'aurait jamais osées normalement. La série met l'accent sur les conflits internes, de plus en plus importants, qui marquent des protagonistes tiraillés entre plusieurs loyautés : les liens du sang, les sentiments, mais aussi le devoir. Les dilemmes qui les traversent créent peu à peu une solide empathie à leur profit que la série va habilement exploiter.

C'est tout particulièrement par l'intermédiaire du couple central, infidèle, et des épreuves qu'il affronte que Overspel orchestre une partition émotionnelle à l'intensité croissante. En effet la série ne fait pas durer longtemps le secret de leur histoire. Très vite, elle les place face à leurs responsabilités, les obligeant à assumer les conséquences de leurs actes auprès de leur entourage, et surtout, à choisir. Il est impossible de rester insensible devant le basculement auquel on assiste dans la vie de ces deux adultes dépassés par leurs sentiments, qui se laissent ennivrer par un amour naissant, au risque de mettre en danger tout ce qu'ils ont construit jusqu'à présent. Dans sa seconde partie, la série devient particulièrement éprouvante, relatant avec une dimension sentimentale à fleur de peau, des épreuves de plus en plus difficiles à surmonter, où aucun retour en arrière ne sera possible, et d'où personne ne sortira complètement indemne.

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Sur la forme, Overspel est une série maîtrisée. Sa réalisation est solide, avec une photographie qui sied bien à une histoire où les passions troublent les évènements et occasionnent tant de déchirements. Dans le travail d'ambiance effectué, la musique joue aussi un rôle important. Tout d'abord, il y a l'utilisation opportune d'un thème musical nerveux, écho à cette impression d'un engrenage qui se referme sur chacun. De plus, la série prend l'habitude de conclure ses épisodes sur un morceau musical - souvent un vinyle qui se lance, extrait de la collection de Huub - qui permet de passer en revue, les balayant en quelques images, les situations complexes dans lesquelles se trouve chaque protagoniste. C'est une orchestration du cliffhanger qui fonctionne, accompagnée de musiques souvent bien choisies.

Enfin Overspel bénéficie d'un casting qui se montre dans l'ensemble convaincant. Sylvia Hoeks (Vuurzee, Bloedverwanten) est la clé d'entrée du téléspectateur dans l'univers de la série : elle sait susciter de l'empathie, et laisse parfaitement transparaître les conflits qui parcourent son personnage tout au long de l'histoire. Face à elle, Fedja van Huêt (Penoza) interprète une figure d'un abord beaucoup plus ambivalent. A mesure que les choses lui échappent, il va cependant pareillement être en mesure d'impliquer le téléspectateur dans ses dilemmes émotionnels. Ramsey Nasr a lui un rôle plus difficile, celui de l'homme trompé, blessé, qui ne va pas rester sans réagir : son glissement face à la trahison retranscrit bien la perte de repères et de certitudes qu'il connaît. Kees Prins (Jiskefet) est très convaincant en patriarche devant gérer un mélange affaires-famille des plus explosifs, protecteur de son fils, incarné par Guido Pollemans (Wolfseinde). On retrouve également Rifka Lodeizen (Evelien), Trudy de Jong, Bert Luppes, Hidde Maas, Jeffrey Hamilton, Sigrid ten Napel, Nanette Drazic, Kenneth Herdigein ou encore Redmar Siegertsz.

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Bilan : Prenante série dont la construction se rapproche du thriller, Overspel entremêle les genres, le registre sentimental et le judiciaire, de façon convaincante. Loin d'être une simple histoire d'adultère, elle exploite habilement son angle d'approche particulier : l'infidélité vient s'ajouter et menacer d'enrayer à sa manière l'engrenage judiciaire plus classique dans lesquels les autres protagonistes sont pris. Lier la femme du procureur et l'avocat de la défense était un choix intéressant qui nécessitait de soigner la crédibilité de la relation ; mais la série négocie très bien cette dificculté. Conséquence immédiate, une charge émotionnelle importante accompagne un récit qui marque par son intensité.

Overspel aura donc été pour moi une première incursion néerlandaise réussie. Il est certain que le concept peut offrir matière à un remake parfaitement transposable aux Etats-Unis. Cependant, comme rien n'est sûr pour le moment, si jamais cette review vous a intrigué, pourquoi ne pas directement investir dans le coffret DVD néerlandais ? Je l'ai acheté sur ce site.


NOTE : 8/10


Le générique de la série :


La bande-annonce de la série :