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23/06/2010

(K-Drama) Hometown Legends (2008) : Return of the gumiho (The Tale of the nine-tailed fox)


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Cette semaine, j'ai recherché un peu d'originalité dans mes programmations asiatiques, tant dans le thème que dans le format. Ne souhaitant pas m'engager dans de nouvelles séries "sur le long terme", je me suis ainsi décidée à découvrir plusieurs épisodes de Hometown Legends, diffusée au cours de l'été 2008 sur KBS2 et qui s'est poursuivie, pour une deuxième "saison", l'année dernière.

Ayant un intérêt culturel très intéressant, ce drama se présente sous la forme d'une anthologie mettant en scène de frissonnantes légendes du folklore coréen. Inspirée de contes traditionnels du pays du Matin Calme, on y retrouve pêle-mêle tous les ingrédients classiques et incontournables de l'horreur fantastique : malédictions, fantômes, surnaturel, morts violentes...

Hometown Legends est, pourrait-on dire, une série récurrente à la télévision coréenne, puisqu'elle s'inscrit dans la continuité directe d'une tradition d'anthologies fantastiques que KBS proposa pour la première fois en 1977. La dernière remontait à 1999, avant que KBS ne remette au goût du jour le genre en 2008, en proposant 8 nouveaux récits. Le résultat fut convaincant, ce qui permit à Hometown Legends de revenir ensuite en 2009 pour 10 épisodes.

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Aujourd'hui, plus précisément, je vais vous parler du premier épisode de cette saison 2008. Une histoire que j'ai choisie principalement en raison de son sujet, puisqu'il met en scène le mythe du Gumiho ("nine-tailed fox"), c'est-à-dire, traduit littéralement, le "renard à neuf queues".

La période est d'autant plus propice à parler de cette légende que deux projets de séries reprenant  cette thématique sont actuellement en cours de développement et devraient arriver sur les petits écrans sud-coréens au cours des prochains mois, sur un registre sans doute plus léger que l'incursion historique proposée par Hometown Legends. Tout d'abord KBS devrait lancer Gumiho's revenge (avec en tête d'affiche Han Eun Jung), une série qualifiée de "mélo-drama". Tandis que SBS proposera plus tard dans l'été une série normalement un peu plus légère, écrite par les soeurs Hong, My girlfriend is a gumiho (avec Lee Seung Gi et Shin Mina).

C'était donc le moment où jamais de se pencher un peu plus sur ce mythe. J'étais d'autant plus curieuse de découvrir une autre approche de cette légende que la seule autre fiction que j'avais eu l'occasion de visionner concernant ce thème était le très oubliable Gumiho (Nine-tailed Fox), dont le beau générique ne put occulter la médiocrité d'ensemble (laquelle n'étant pas - uniquement - dû à la triste présence de Kim Tae Hee).

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L'avantage des anthologies est qu'elles offrent la possibilité de sélectionner les histoires qui nous intéressent. Tous les épisodes ne sont pas de qualité équivalente, mais The nine-tailed fox me semble assez représentatif de l'ensemble (même si je n'ai pas tout vu), s'inscrivant dans la lignée de la moyenne globale de cette saison 2008, sans se démarquer.

Commençons par le début, révisons notre culture : que sont donc que les Gumiho ? Ces créatures peuplent les légendes et les contes de Corée. Traditionnellement, elles sont perçues comme maléfiques et dangereuses. Ce qui s'explique sans doute en partie parce que, pour survivre, elles doivent consommer des organes humaines ; certains récits parlent de coeur, d'autres de foie (c'était ce cas dans Nine-tailed fox par exemple). La mythologie se complète, suivant les versions, d'une possibilité de devenir, à terme, humain, ou de changer son apparence. Et se mêle parfois à tout cela une pointe de séduction, quand lesdites Gumiho sont des "renardes".

En résumé, il s'agit donc d'une créature profondément ancrée dans le folklore populaire coréen.

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Hometown Legends se réapproprie de façon assez personnelle cette légende, redistribuant et brouillant les cartes par rapport au traitement traditionnellement manichéen qui est réservé à cette créature, tout en re-écrivant le mythe.

L'histoire se déroule au XIXe siècle, une époque où la Corée s'ouvre et découvre les Occidentaux, une nouvelle ère étant, progressivement, en train de se dessiner. Cependant la rigidité de la société confucéenne demeure encore une constante respectée, notamment par la famille Lee. Il s'agit d'un clan renfermé sur lui-même qui dissimule un secret, une malédiction qui leur a pourtant permis de traverser les siècles et de conserver leur fortune, en dépit des turbulences historiques. Ce secret se transmet à travers les générations à tous les héritiers mâles qui se voient confier la mission de protéger ce qui a fondé le clan. Si jamais tout cela échappait à leur contrôle, cela causerait leur destruction à tous. Lee Hyo Moon, l'aîné des petits-fils du patriarche, se voit ainsi révéler l'ampleur de sa mission, s'interrogeant sur sa moralité.

Mais si le clan survit, en revanche, le sort des filles est moins enviable. En effet, à la puberté, chaque adolescente en laquelle coule le sang des Lee subit un étrange rituel. Ce dernier permet normalement d'identifier sa véritable nature : est-elle bien humaine ? Car il est dit que cette vieille malédiction jetée sur la famille et dont il faut protéger le secret touchera uniquement les filles. Si cette dernière est soupçonnée d'être un Gumiho, elle sera alors rapidement mariée et, envoyée dans sa belle-famille, ne sera plus jamais revue. Lee Myung Ok et sa soeur ont grandi dans la maison familiale. Elles vont bientôt atteindre l'âge fatidique... La curiosité jamais au repos de Myung Ok pourra-t-elle les sauver d'un danger qu'elles ne perçoivent pas ?

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Si le téléspectateur de dramas coréens a souvent coutume de dire qu'il faut savoir patienter et laisser le temps à la série de s'installer, dans Hometown Legends, les scénaristes n'ont pas ce loisir. Finalement, ce format d'anthologie s'avère plutôt bien géré. Similaire à un conte jusque dans sa construction narrative, l'histoire est conduite de manière rythmée, sans se perdre en scènes dilatoires inutiles. Le récit va former un tout convaincant : si la durée entraîne le sacrifice de certains détails qui nous échappent, le téléspectateur ne s'ennuie pas.

Cette dernière se révèle, il faut l'avouer, assez prévisible. Pour autant, les ingrédients fantastiques prennent plutôt bien à l'écran, mêlés qu'ils sont à une touche d'horreur qui n'effraiera pas, mais donnera la tonalité de l'ensemble en générant une atmosphère un peu lourde et inquiétante. L'écriture est simple, sans prétention particulière, mais, en dépit de cette naîveté scénaristique, on se surprend à suivre les développements avec attention et sans arrière-pensée.

Comme souvent devant les anthologies (j'en veux pour preuve mon expérience du visionnage d'Au-delà du Réel dans ma jeunesse), je me suis assez peu impliquée émotionnellement dans cette histoire peuplée de drames et de tueries. Cependant, cet insensibilité ne m'a pas particulièrement gênée (et il s'agit peut-être d'un ressenti très subjectif). J'ai plus perçu l'épisode comme une porte ouverte, une incursion dans le fantastique qui, à la manière d'autres anthologies célèbres du petit écran, met en lumière certains aspects peu reluisants de la nature humaine et dont la conclusion, au goût amer, ne peut pas offrir de satisfaction morale, ni même de réelle happy end.  

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Sur un plan technique, il est évident que Hometown Legends ne dispose pas d'un budget très important, encore moins pour le consacrer à des effets spéciaux. Le fantastique, s'il est donc bien retranscrit, reste très sobre et se contente d'effets un peu cheap. Cela empêche sans doute de pleinement exploiter cette dimension plus inquiétante qu'aurait pu apporter le sujet de l'épisode, cependant le téléspectateur s'adapte sans mal à ses contraintes budgétaires. D'autant que la musique sera, elle, utilisée pour accentuer le caractère angoissant d'un récit qui reste avant tout une fiction de fantastique, assez éloignée de la vraie horreur, et qui se rapprocherait plutôt de nos histoires occidentales de vampires.

Enfin, le casting de l'épisode convient à l'histoire. J'ai beaucoup aimé Park Min Young, qui incarne avec beaucoup de fraîcheur, Myung Ok. A ses côtés, nous retrouvons notamment Kim Ha Eun (croisée dans Chuno / Slave Hunters) et Kim Tae Ho (qui avait un petit rôle récurrent dans Pasta).

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Bilan : Return of the gumiho est une incursion sympathique dans un fantastique teinté de dangers, mais qui ne bascule jamais dans de la véritable horreur. L'écriture est parfois un peu naïve, reste que cela se suit sans déplaisir, finalement à l'image de Hometown Legends dans sa globalité.

Ce que j'apprécie principalement dans cette anthologie, c'est l'opportunité qu'elle nous offre de découvrir et revisiter avec elle les mythes d'une culture qui reste encore trop méconnue du public occidental. Le format a l'avantage de n'exiger aucun engagement particulier, il suffit de sélectionner les histoires qui nous intéressent. Je préviens que certaines seront plus angoissante que la chronique présentée dans ce billet.

Cependant, pour se détendre et se divertir, tout en profitant de l'occasion pour découvrir un peu plus la Corée, cela peut permettre de passer quelques soirées agréables devant son petit écran.


NOTE : 6/10