11/09/2011
(US) Third Watch (New York 911) : In their own words
Sur le 11 septembre dans les séries, on a beaucoup écrit. Aujourd'hui, avec le recul, on garde l'image de la symbolique Rescue Me, développée après, dans l'ombre de ces évènements, et dont le dernier épisode a été diffusé cette semaine aux Etats-Unis. Mais sans revenir sur la décennie écoulée, repartir 10 ans en arrière, c'est retrouver les premières réponses du petit écran aux évènements, écrites sans recul dans les semaines qui ont suivi les attentats. A l'époque, en septembre 2001, la saison télévisée s'apprêtait à reprendre. Si les diffusions seront quelque peu décalées, les scénaristes américains ont su faire preuve de beaucoup de réactivité. Certains ont essayé d'apporter, à leur manière, une réponse plus didactique, à l'image de l'exercice proposé par Aaron Sorkin dans The West Wing, avec une pièce pédagogique intitulée Isaac & Ismaël. Ecrit et tourné en quelques semaines, cet épisode spécial fut diffusé dès le 4 octobre sur NBC.
En 2001, dans le paysage offert par les productions des grands networks américains, il existait une série en particulier qui avait la légitimité, et sans doute le devoir, d'évoquer directement les évènements : Third Watch (New York 911). Créée en 1999, la série de NBC relate en effet le quotidien des pompiers, secouristes et policiers de New York (elle n'avait pas encore effectué le virage "cop-show" des dernières saisons). Cet automne 2001, elle allait débuter sa troisième saison. Et cet après-midi, je me suis replongée dans les trois premiers épisodes qui ont ouvert cette saison qui a démarré le 15 octobre 2001.
Third Watch était une série qui représentait New York. Au cours de ces trois épisodes, elle n'a sans doute jamais paru aussi proche des services de secours dont elle dramatise les vies pour le petit écran. Le premier épisode, In their own words, est un documentaire spécial, inédit en France, dans lequel des pompiers et policiers new yorkais racontent leur 11 septembre, et où plusieurs acteurs de la série interviennent à titre personnel pour s'adresser directement au téléspectateur. Molly Price (qui joue Faith Yokas), dont le mari est pompier, intervient comme une des interviewés. Cet épisode est et reste un témoignage, qui se conclut sous forme d'hommage par la liste des pompiers disparus ce jour-là.
Puis, les deux épisodes suivants marquent le réel début de la saison, reprenant le cours de la fiction pour y mêler la réalité. La série va intégrer les évènements dans ses intrigues. Je ne les avais jamais revus depuis leur diffusion sur France 2 à la fin de l'année 2001 lors d'une soirée spéciale au cours de laquelle la chaîne avait également diffusé Isaac & Ismaël. J'en gardais le souvenir d'une grande sobriété et de beaucoup de justesse dans la manière dont les scénaristes avaient su traiter de ce sujet, surtout en repensant au contexte dans lequel les épisodes avaient été écrits. Dix ans après, avec plus de recul, le travail réalisé pour prendre en compte ces évènements de manière si rapide apparaît encore plus admirable. Dans le même temps, devant cet exercice très particulier, on a conscience aussi qu'il s'agit désormais d'une part d'histoire qui s'écrit et que l'on peut l'analyser comme tel.
De façon très bien dosée, Third Watch prend le parti scénaristique d'évoquer l'avant et ensuite l'après du 11 septembre, en sautant le "pendant" et laissant donc s'écouler une dizaine de jours dans sa ligne temporelle entre les deux épisodes.
Le premier, September Tenth, est une illustration parfaite de l'expression, "le calme avant la tempête". La vie suit son cours pour nos protagonistes, avec les tracas du quotidien. Tout y paraît très anecdotique, surtout du point de vue du téléspectateur. L'épisode se conclut le matin du 11 septembre, se terminant sur l'impact du premier avion dans une des tours. Aucune image des attentats ne nous sera montrée : c'est à travers les réactions des personnages à la nouvelle que l'épisode nous fait vivre, et surtout ressentir émotionnellement, l'évènement. Il se clôture sur l'effervescence qui règne en ville, chacun répondant aux sirènes et se rendant sur les lieux pour faire, tout simplement, le job qui est attendu d'eux.
Puis, le second épisode, After Time, s'ouvre dix jours après. Il se concentre une nouvelle fois sur la manière dont chacun vit l'après-coup, le deuil des disparus, la fatigue qui se fait de plus en plus sentir, et puis la nécessité de reprendre sa vie... Il frappe par la mise en lumière de la solidarité new yorkaise : en filigrane, c'est la reconnaissance du travail et du sacrifice des pompiers, dont un certain nombre ont trouvé la mort en accomplissant leur mission. Versant dans un émotionnel souvent poignant, l'épisode n'en fait pourtant jamais trop. Il y a une forme de début de deuil qui s'esquisse, dont l'épisode semble être finalement une partie intégrante. On perçoit la recherche d'une mise en scène de communion collective avec la population, et à travers elle, avec les téléspectateurs américains qui regardèrent NBC à l'époque. Il dépasse largement le seul cadre de la fiction, et cela en fait un objet télévisuel à part.
Revoir ces épisodes dix ans après, c'est constater qu'ils n'ont rien perdu de leur force originelle. Aujourd'hui, plus qu'une intégration réussie d'un bouleversement réel dans les intrigues de la série, ces épisodes apparaissent comme un témoignage et le reflet d'un état d'esprit particulier, retranscrivant l'impact des évènements sur la population new yorkaise dans les semaines qui ont suivi. C'est un vrai instantané très poignant.
C'est pour cela qu'ils garderont toujours une place à part dans l'histoire télévisuelle. La fiction pourra sans doute se réapproprier de manière plus aboutie, plus recherchée, plus travaillée, ces quelques jours qui ont marqué les Etats-Unis, mais Third Watch aura proposé un apport d'une authenticité et d'une sincérité qui resteront inégalés en raison de la spontanéité de l'écriture de ces épisodes, faisant d'eux des sources d'Histoire, qui mériteront toujours un visionnage.
La fin de l'épisode September Tenth (le premier impact à travers les différents personnages) :
Le début de l'épisode After Time (dix jours après) :
20:02 Publié dans (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : third watch, new york 911, nbc | Facebook |
Commentaires
Il est incroyable que les scénaristes aient réussi à intégrer à leur série une tragédie, alors toute fraîche, d'une façon aussi digne.
Oliver Stone aurait mieux fait de s'en inspirer avant de commettre son WORLD TRADE CENTER...
Écrit par : Jérôme | 11/09/2011
j'avoue que je n'aimais pas trop cette série au tout début, et je ne l'a regardais que pour Bosco et Faith, j'adorais voir leur quotidien de simple flics en uniformes et leur duo était vraiment très attachant entre émotion et humour; j'ai d'ailleurs beaucoup plus suivi la série, une fois leur virage cop show comme tu dis, les personnages de policiers étaient mes préférés, j'aimais bien aussi les ambulanciers, mais je n'ai pas trop accroché avec les personnages des pompiers;
Écrit par : trillian | 12/09/2011
Très grande série lors de ses 2 premières saisons,bel hommage aux disparus du 11 septembre aau début de la saison 3, mais la série n'a fait que sombrer par la suite... hélas...
Écrit par : Jérôme | 12/09/2011
saison 3 épisode 2 à 9,48 min on peut apercevoir en arrière plan les tours de nuit avant leur destruction.
saison 3 épisode 3 à 12,51 min, on peut voir le drapeau américain avec le drapeau français juxtaposé.
Écrit par : kimlee | 13/09/2011
@ Trillian & Jérôme : Tout le monde s'accorde pour dire qu'il y a eu une progressive transformation de la série. Dans ces premières saisons, son angle d'attaque me semblait plus original, apportant une valeur ajoutée à cette volonté de chronique sociale new yorkaise. C'est vraiment une série qui m'avait séduite dès son pilote.
Après il est vrai aussi que l'intérêt des storylines a pu parfois être inégal, notamment du côté des pompiers, où il y a des arcs plus faibles que les deux autres (j'aimais bien les paramedics par contre).
Au début NY911 avait une certaine sobriété, une exigence de réalisme, qu'elle va ensuite perdre. Personnellement je pense avoir apprécié la série jusqu'à certains dérapages (et l'arrivée de certains personnages comme Cruz, avec des storylines qui devenaient moins vraisemblables). Elle m'est toujours restée chère et je l'ai suivi jusqu'à la fin (j'appréciais beaucoup certains personnages, la dynamique Bosco/Faith notamment), mais je pense qu'elle aurait pu plus marquer en préservant son originalité de départ. (Je serais plus nuancée que Jérôme sur ce point malgré tout ;) )
@ Kimlee : Ils ont soigné jusqu'à la symbolique des plans en effet. ;)
Écrit par : Livia | 15/09/2011
Je trouve que la série a su rester au niveau durant ses six saisons. Traversant les années avec ce que le monde a subi aussi. New York 911 n'était pas aussi estimé que cela avant les attentats. La série a pû prendre son réel envol à partir de ces épisodes où la finesse et la sobriété de l'histoire a fait beaucoup plus de fans qu'avant.
Il faut reconnaitre que les producteurs n'ont pas misé sur les scènes "hard" et ont sû respecter les téléspectateurs.
Quant aux dernières saisons, elles restent dans l'ensemble très correctes avec des cliffhangers de fous ;)
Dommage que la série ne soit plus aussi bien respectée depuis son arrivée sur France 4 (épisodes censurés et dans le désordre...)
Écrit par : Le Dav' | 17/09/2011
@ Livia : Même en étant nuancée, voir Fred découvrir dieu dans un ascenseur, Boscoe sauver Emily des "vampires", Alex qui meurt en pleine intervention mais toute propre, Sully se battre contre la mafia russe, Cruz s'immoler dans l'entrepôt tenu par le ridicule chanteur des Fugees...
Et que dire des interminables histoires autour de la mère de Boscoe ("Mauriiiiiiiice"), de la soeur de Cruz ("Lettyyyyyyyyyy") ?
Sans parler des cross-overs foireux avec URGENCES et NIH, des formidables guests (Roy Scheider, Aidan Quinn, Tom Berenger, Mia Farrow, Paul Michael Glaser, Kate Jackson, Henry Winkler, Helen Mirren etc.) à qui les scénaristes n'ont offert que des arcs narratifs au pire minables, au mieux faciles.
J'adorais HILL STREET BLUES, mais quitte à organiser une réunion d'anciens de cette série (épisode des funérailles d'Alex), autant leur donner des scripts dignes de ce nom !
@ Le Dav' : France 4 n'est pas la seule à avoir malmené la série.
RTL 9 a rediffusé plusieurs fois les saisons 1 et 2, mais n'a jamais programmé la suite, tandis que Sérieclub a proposé la série dans le désordre le plus complet, allant même jusqu'à sauter certains des derniers épisodes.
Écrit par : Jérôme | 17/09/2011
@ Le Dav' : Avant les attentats, NY911 était un peu présentée comme la petite soeur d'Urgences. Mais ils ne sont finalement pas allés au bout de ce thème après les attentats. La série a délaissé les pompiers et secouristes progressivement alors qu'ils auraient été au coeur de l'éclairage particulier du traumatisme post-11 sept. Third Watch a capture l'instantané le plus juste de l'évènement ; Rescue Me est celle qui a traité de l'après et du traumatisme sur ces personnels.
Je ne trouve donc pas qu'elle est pris un "envol" après les attentats ; elle a évolué, c'est sûr. Mais elle était plus originale au tout début.
@ Jérôme : Tu as des souvenirs vraiment très précis. ^^ Je me rappelle maintenant la soeur de Cruz (de manière générale, ce personnage n'a vraiment pas été la meilleure idée des scénaristes).
Mon affection générale pour la série fait que j'ai sans doute une mémoire sélective et que je me rappelle surtout ces moments, ces personnages qui ont pu me marquer. ;)
Après les seules saisons que j'ai revues sont les deux premières, celles qui ont indéniablement ma préférence. ;)
Écrit par : Livia | 23/09/2011
Les avis seront toujours partagés entre les saisons que l'on adore. Je trouvais les deux premières bien construites, la troisième relevait un certain hommage et les 3 dernières sont pour moi ( et uniquement pour moi) les meilleures saisons avec des cliff' à couper le souffle. Et des débuts de saison très chauds (dans la continuité). Ce que la série Urgences n'a plus arrivée à faire après sa 9ème saison :)
Comme mes personnages préférés étaient Faith et Bosco, je dois dire que la saison 6 m'a un peu emmerdé. Mais son retour à la fin m'a fait très plaisir et c'est l'une des rares séries à avoir une conclusion plus que correcte ;)
Écrit par : Le Dav' | 25/09/2011
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