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20/01/2011

(Pilote US) Being Human US : quête identitaire et d'humanité (de l'autre côté de l'Atlantique)

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Sur la question épineuse des remakes, j'ai une position de principe : si je ne connais pas l'original, je me lance sans arrière-pensée ; dans le cas contraire, le maître-mot est "attendre et voir". En cette mi-saison américaine, les adaptations ayant un arrière-goût très britannique (au sujet duquel le visionnage d'Episodes fait figure de docu-fiction instructif, à défaut d'être drôle), je connais - et même parfois, aime beaucoup - toutes les versions originales. Et forcément, cela crispe mes instincts téléphagiques de découvrir une autre adaptation anglophone d'une série appréciée... a fortiori encore en production ! C'est pour cela qu'il n'y aura pas de review de Shameless US (dont je respecte bien trop la version de Channel 4), ni de Skins US (dont j'ai déjà établi en regardant trois saisons de la version anglaise que cette série n'était pas faite pour moi - il n'y a pas de raison que la traversée de l'Atlantique change quoique ce soit).

Au fond, pointer l'absence de valeur ajoutée de ces pilotes et dresser des comparaisons sans fin ne servirait pas à grand chose. Si la liste des adaptations mortes-nées est excessivement longue, on pourra toujours objecter que la première saison de The Office US fut une atroce tentative de copier/coller ratée... Mais qui oserait dire aujourd'hui que, sur l'ensemble de son oeuvre, cette série n'a rien apporté et n'a été qu'une pâle copie de son aînée ? On peut apprécier diversement les changements effectués, reste qu'elle a trouvé sa place. Par conséquent, si pour le moment, je ne vois pas l'utilité de suivre Shameless US, seul le temps pourra me permettre de juger.

Cependant, être allergique aux remakes de mes séries, c'est une chose. Me servir une série vampirique en guise de hors d'oeuvre alors que j'attends le 23 janvier avec impatience, c'en est une autre. Et, même si c'est sur SyFy (qui m'a excessivement déçue ces dernières années), vous me connaissez : dans ces cas-là... je teste bien évidemment !

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Mine de rien, il faut dire que c'est quand même le troisième pilote en quatre ans qui nous est proposé de Being Human, la naissance chaotique de la série sur BBC3 étant restée dans les mémoires (ses ajustements de tonalité, comme son recasting). A force, je suppose que cela contribue à vous faire aborder les déclinaisons qui s'enchaînent avec un esprit plus ouvert (j'étais de ceux qui avaient déjà considérablement râlé devant les modifications apportées par rapport au pilote d'origine). Et puis, si j'ai énormément d'affection pour elle, je reconnais aussi que Being Human verse souvent dans une forme d'expérimentation narrative pas toujours pleinement maîtrisée (et que la première saison fut très poussive). En résumé, je n'attendais rien de particulier de Being Human US. Mais finalement, à son niveau de divertissement fantastique et au vu du matériel de départ, il faut reconnaître que ce premier épisode d'introduction remplit son office. Ni plus, ni moins.

Reprenons pour les retardataires : cette série raconte la colocation compliquée de trois créatures surnaturelles, un vampire, un loup-garou et un fantôme, qui aspirent toutes à une humanité qui leur est malheureusement inaccessible. Le pilote reprend les grandes lignes de l'originale britannique. Aidan et Josh travaillent tous deux dans un hôpital de la ville. Ils sont amis, rapprochés par une relative "différence" par rapport au monde qui les entoure, même si leurs genres ne s'entendent guère en temps normal : Aidan est en effet un vampire (le choix du prénom ayant des airs de private joke qui ne laissent pas indifférent) et Josh est un loup-garou. Après une énième nuit extrêmement mouvementée où leur nature a repris le dessus et fait des ravages - les conséquences des actions d'Aidan étant plus dramatiques -, ils se décident à reprendre leur vie en main et à emménager ensemble dans une maison où ils pourront être eux-mêmes. Cette résolution les conduit dans une nouvelle demeure qu'ils découvrent déjà habitée... par un fantôme ! Sally hante en effet les lieux depuis sa mort mystérieuse il y a quelques mois.

Ensemble, les trois colocataires vont essayer de tendre vers une "normalité" à laquelle ils aspirent tant, se soutenant et s'entre-aidant pour embrasser une humanité qui se refuse à eux.

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C'est en jouant une partition connue que le pilote de Being Human US s'approprie plutôt efficacement le concept et les codes de la série. Ne perdant pas inutilement son temps, il pose rapidement les grandes problématiques qui vont être au coeur du show et qui en font tout l'intérêt : cette quête fragile et vaine vers une banalité qui n'est malheureusement pas envisageable pour nos trois héros. Les premières scènes d'une nuit sanglante, sur lesquelles se superpose opportunément un monologue de présentation chargé d'amertume où perce une détresse qui touche facilement le téléspectateur, n'innovent pas, mais ont le mérite de permettre à chacun de rentrer directement dans la série. Ce passage souligne ainsi toute l'ambivalence de la démarche du trio. Le reste de l'épisode déroule ensuite de façon calibrée. Sans surprise, chacun des personnages correspond (invariablement, certains soupireront sans doute) au stéréotype classique auquel renvoie sa nature dans l'imaginaire collectif.

Cependant l'enjeu réel ne réside pas  dans ces mises en scène ou dans cette éventuelle exploitation d'une mythologie fantastique, comme c'est souvent le cas dans les séries de ce genre. Dans Being Human, ce qui a toujours fait tout l'attrait de la franchise, par-delà les versions, reste la dynamique qu'elle doit être capable d'insuffler entre ses différents protagonistes. C'est par l'affectif qu'elle gagnera la fidélité du téléspectateur. Et dans cette perspective, ce pilote dévoile un potentiel indéniable. Si Sally reste pour le moment en retrait, le duo entre Aidan et Josh fonctionne bien, avec une réelle complicité à l'écran. Le personnage du loup-garou est sans doute celui qui se détache le plus en raison de la frustration extrême qu'il exprime, tout en investissant aussi un registre plus comique - de la même manière, en somme, que George est le personnage le plus intéressant de Being Human - , mais le côté plus sombre et posé d'Aidan sert de pendant parfait. 

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Sur la forme, Being Human US est une fiction bien calibrée, s'inscrivant parfaitement dans le registre des fictions de SyFy. Il faut dire que, côté effets spéciaux, la franchise part de très loin avec le budget proche du néant et les transformations laborieuses offertes sur BBC3. En clair, il n'était pas possible de faire plus cheap ; par conséquent, un peu par contraste, Being Human US semble avoir les moyens de transposer de façon honnête tous ces passages fantastiques à l'écran. Pour contribuer à installer la tonalité, il a été jugé bon d'ajouter à cela une bande-son pas désagréable, mais trop envahissante à mon goût. En espérant que cela soit un peu plus modéré par la suite.

Enfin, le casting, un peu trop aseptisé et fade, ne m'a pas pleinement convaincu. Mais il faut reconnaître que chacun fait ce qui est attendu de lui et propose une interprétation correcte à défaut de marquer (du SyFy donc). De tout façon, leur atout réside incontestablement dans les personnages qu'ils campent : ces derniers étant facilement attachants, il est aisé de les suivre sans déplaisir. Le temps fera le reste. Sam Witwer (Battlestar Galactica, Smallville) joue le rôle d'Aidan le vampire, Sam Huntington (Cavemen), celui de Josh le loup-garou, et Meaghan Rath (The Assistants), Sally la fantôme. Par ailleurs, les téléphages noteront en second plan la présence de Mark Pellegrino (Lost, Supernatural), dans ce qui est l'adaptation du rôle de Herrick, le chef des vampires qui porte le nom de Bishop dans la version américaine.

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Bilan : Le pilote de Being Human US délivre ce que l'on pouvait attendre de lui : une introduction prévisible mais pas dénuée d'identité, dans un univers fantastique où les thématiques très humaines parlent facilement au téléspectateur. Optant pour une tonalité assez sombre (plus proche du pilote original ou de la saison 2 de la version UK) qui sied aux préoccupations et actions des différents protagonistes et devrait plaire aux amateurs du genre, la série part sur des bases tout à fait correctes, sans autres ambitions que de proposer un honnête divertissement fantastique.

Autant dire que pour une téléphage telle que moi, qui a besoin de sa dose vampirique hebdomadaire, Being Human US trouverait facilement une place dans mes programmes. Elle en trouvera d'ailleurs sans doute une dans quelques semaines. Mais en attendant, ce dimanche 23 janvier reprend sur BBC3 la saison 3 de la seule Being Human existant dans mon coeur à ce jour. Cette dernière ayant l'avantage de l'ancienneté et l'attachement que je lui porte n'étant aucunement comparable avec ce dernier rejeton de SyFy, je vais mettre sa consoeur américaine  de côté en prévision des périodes plus creuses.

A suivre donc, mais pour les amateurs du genre !


NOTE : 6/10


La bande-annonce :

Commentaires

Ah mais oui, elle a commencé ce week-end la version US ! J'ai tellement le 23 janvier en tête que j'avais totalement zappé le remake.
D'ailleurs, je trouve ça un peu bête d'avoir lancé le remake à une semaine de la nouvelle saison de l'original. Ils vont perdre tous les téléspectateurs fans de l'original mais curieux de voir le remake... dont moi.

J'attendrais que la série soit diffusée dans son intégralité comme ça j'aurais tous les épisodes sous le coude et plus de motivation pour les voir (et surtout j'aurais pas autant la version UK en tête)

D'ailleurs, tu sais combien d'épisode elle comporte la version US ?

Écrit par : Filipa | 20/01/2011

J'ai vu le pilote de la version UK, qui ne m'avait pas assez emballé (rythme lent, ton hésitant) pour que je continue ! Tu me donne envie de retenter la version originale jusqu'à la saison 2 et, si j'ai plus de temps, de donner sa chance à la version US !

Écrit par : JainaXF | 20/01/2011

@ Filipa : La saison 1 de la version US comportera 13 épisodes normalement ; ce qui devrait lui permettre de se construire une relative indépendance assez rapidement par rapport à la version UK.

Sinon, je ne sais pas trop si la stratégie de SyFy a vraiment été pensée par rapport à celle de BBC3. D'une part parce que bon, les téléspectateurs tels que nous qui ne sommes sensés pouvoir regarder d'ailleurs ni l'un, ni l'autre en ce beau mois de janvier, ne doivent pas entrer en considération (^^'). D'autre part parce que si la version UK a déjà sa communauté de fans, reste qu'elle n'a jamais été diffusée aux Etats-Unis, donc je pense qu'il y a là un public qui sera facilement réceptif.

Par contre, de façon très ironique, à un moment durant l'épisode, apparaît une publicité pour la diffusion de... Merlin. Et là, on se demande vraiment pourquoi SyFy qui n'a aucun problème pour diffuser Merlin (avec ses accents !) a eu besoin de faire son propre remake de Being Human... Mais bon... ^^'


@ JainaXF : Assez bizarrement, dans les critiques de ce pilote US, j'ai croisé certains paragraphes très louangeurs sur Being Human UK. Il faut croire que donner naissance à un remake vous donne une légitimité supplémentaire aux yeux de certains, alors qu'elle était jusqu'à présent plutôt sous-évaluée et assez peu évoquée.
Ce n'est pas une série parfaite, elle a pas mal de défauts et une saison 2 plus aboutie - mieux maîtrisée en terme de rythme et de tonalité - que la saison 1. Mais elle est profondément attachante, avec des personnages qu'on aime à retrouver. C'est le genre de divertissement honnête, qui va parfois vous frustrer à l'extrême devant certaines facilités, et d'autres fois vous faire complètement fondre, voire vous bluffer par la force de certains passages.
Je m'y suis très attachée (pour ses personnages, son casting, son ambiance générale), mais je ne dirais pas objectivement que son visionnage est un indispensable.
Reste que si tu apprécies le genre fantastique, l'expérience peut ne pas être déplaisante.

J'avais fait un billet bilan sur la saison 1 juste avant que la s2 ne débute l'an dernier : http://myteleisrich.hautetfort.com/archive/2009/11/08/uk-being-human-saison-1-en-quete-d-humanite.html

Écrit par : Livia | 20/01/2011

J'aime bien le genre fantastique (même si j'ai une préférence pour la SF).
Je retenterai donc peut-être la série pendant les vacances de février, l'avantage des séries britanniques, c'est que les saisons sont courtes donc on peut rattraper un retard assez facilement !

Écrit par : JainaXF | 21/01/2011

Définitivement, le George américain me semble avoir beaucoup moins de charme (tandis que je préfère le physique du Mitchell US ! :P)
Bon, sinon, j'avoue que l'idée de suivre en parallèle la même série me pose problème... J'aurai sûrement envie de jeter un coup d'oeil à ce remake, mais je crois que je vais attendre (la fin de la version anglaise ?)...
Et puis, si les personnages sont aseptisés, le ton l'est-il aussi ? (Parce que la transformation de George... Quand même quoi... Par exemple).

Écrit par : Nakayomi | 23/01/2011

@ JainaXF : J'aime le format british des séries de plus en plus. :) Il faut dire que j'ai toutes les peines du monde désormais à tenir un marathon de networks US de 22+ épisodes.


@ Nakayomi : Ca fait un peu bizarre d'imaginer suivre les deux séries en parallèle. Après j'imagine par ex. qu'entre deux saisons de Being Human (le vrai :P), il est possible de caser en période creuse comme pendant l'été la version américaine. D'autant que la saison 1 devant déjà compter 13 épisodes, elle va rapidement prendre son indépendance et s'éloigner de la série originale.
Pour ce qui est du ton aseptisé, c'est difficile de juger sur ce seul pilote. A priori je serais quand même tentée de dire qu'on est un brin plus libéré et naturel sur BBC3 que sur SyFy. On retrouve dans certaines scènes le côté léger cheap/gore/nudité de la britannique, mais je me demande comment cela va être traité sur le long terme. A suivre !
Sinon, pour le casting, j'avoue que le Mitchell-US-qui-s'appelle-Aidan me laisse assez indifférente :S Je n'ai pas lu beaucoup de critiques négatives à son sujet, mais j'avoue que le courant n'est que modérément passé, indépendamment même du reste. Pour le loup-garou, Russell Tovey étant de toute façon irremplaçable, c'est certain qu'il a moins de présence à l'écran. Dans l'ensemble, je ne lui trouve pas trop de charme à ce casting a priori. Mais aussi je me suis étonnamment attachée au casting UK, plus pour des raisons d'affectif et du à mon rapport au petit écran britannique, je pense.

Écrit par : Livia | 24/01/2011

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