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08/09/2011

(Pilote AUS) Wild Boys : divertissement familial au parfum de western

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Septembre, c'est pour le sériephile une période toute particulière, pleine d'excitation : une orgie de pilotes de tous genres, tous horizons, l'attend au cours de ces quelques semaines d'arbitrages intensifs : que tenter ? Que suivre ? A laquelle de ces nouveautés donner sa chance au-delà du seul pilote ? Le ratio temps disponible/séries potentielles à découvrir doit être optimisé ; les stratégies se peaufinent méticuleusement. Même si je me sens moins concernée aujourd'hui par les grands networks US, cela ne signifie pas que je vais échapper complètement à ce rush de rentrée.

Et c'est donc en Australie que débutent mes explorations du mois. Seven Networks s'adressait à ces téléspectateurs ayant un penchant pour l'aventure dans la bush australienne, pour proposer un western à sa sauce : Wild Boys. Le pilote, diffusé ce 4 septembre 2011, a plutôt bien démarré en terme d'audience puisqu'il a battu Underbelly Razor. En un sens, ce n'est pas surprenant : on trouve dans cette nouvelle série tous les ingrédients consensuels d'un bon vieux divertissement familial d'action. Ni plus, ni moins. Autant dire qu'en dépit de mon amour inconditionnel pour les aventuriers du XIXe siècle, si je n'ai pas passé un trop mauvais moment, je n'ai pas été convaincue non plus.

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Wild Boys se déroule en Australie dans les années 1860. Aux abords d'une petite ville du nom de Hopetoun, des bushrangers - des bandits profitant de l'environnement et de la bush locale pour échapper aux autorités - attaquent régulièrement les convois qui s'y rendent. Car dans ce coin avancé, situé à la frontière de la civilisation, opportunistes et ambitieux se croisent et rêvent de faire fortune. Il y a peu de règles à Hopetoun... et encore moins de personnes prêtes à les suivre.

Dans ce milieu où la lisière de la morale est souvent floue, Jack et Dan vivent ainsi entre attaques de diligences - conduites sans violence non nécessaire - et retour à la ville pour dépenser le butin gagné - Jack ayant une aventure avec la gérante d'un des établissements de Hopetoun. Aidés par différents alliés parfois improbables, leur quotidien est cependant bouleversé dans ce pilote par l'arrivée d'un super-intendant, envoyé sur place pour sécuriser la région à n'importe quel prix. Ils se rendent vite compte que le nouveau venu ne reculera devant rien pour parvenir à ses fins.

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De mon point de vue d'amoureuse des westerns en tout genre, Wild Boys disposait a priori d'un certain nombre d'atouts aiguisant ma curiosité. A l'Ouest américain, ses déserts boueux ou poussiéreux et sa population pionnière aux accents bariolés succédaient une végétation luxuriante, d'autres accents bariolés et le cadre d'un autre pays en gestation. La justice y est toute aussi aléatoire, reposant sur l'éthique de quelques-uns et pouvant rapidement devenir source d'importantes dérives. Le cadre choisi pour fonder une série d'action et d'aventure est donc parfait, puisqu'elle met en scène des bushrangers, qu'on peut rapprocher des hors-là-loi de l'Ouest.

Dès son entrée en matière, en nous plaçant aux côtés d'un duo principal menant une attaque de diligence, Wild Boys donne d'ailleurs le ton. Indéniablement très manichéenne, elle inverse cependant les rôles en mettant en scène des bandits certes voleurs, mais au grand coeur et avec une certaine morale, opposés à un représentant de la loi abusif et tyrannique. Ce schéma très familier a su faire ses preuves dans d'autres fictions. Mais si la dynamique recherchée est donc transparente, les ambitions limitées d'une série qui ne va pas vraiment faire dans la nuance le sont tout autant.

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Au fond, soyons clair, Wild Boys n'a qu'un seul objectif, celui d'esquisser les contours d'un divertissement rythmé - n'hésitant pas à prendre certains raccourcis - devant lequel on s'amuse sans arrière-pensée. Le pilote donne un peu l'impression de remonter le temps dans les productions télévisuelles d'il y a quelques années, cherchant à faire revivre ces divertissements d'action, bien cadensés, devant lesquels toute la famille, du petit dernier jusqu'au grand-père, pouvait s'installer sans crainte. Il y a des ingrédients pour plaire à tous les publics. Dans le petit écran actuel, je le rapprocherai peut-être un peu de certaines séries d'aventures historiques proposées en Espagne.

Si ces fondations ne sont pas dénuées d'un certain potentiel, le pilote va souffrir de son calibrage excessif et d'une écriture maladroite. L'épisode est à la fois trop convenu pour vraiment divertir et trop caricatural pour permettre d'installer et exploiter pleinement son univers. Sans forcément exiger une  grande subtilité, il est impératif de se dégager de ce voile de prévisibilité qui pèse sur une intrigue où les grosses ficelles sont fréquemment utilisées. Une dose de spontanéité, un soupçon de complexité et une pointe de second degré plus marqué apparaissent indispensables pour alléger l'ensemble. En ce sens, le cliffhanger sur lequel se conclut l'épisode, et le  trailer qui suit, assez inattendus, ne sont d'ailleurs pas sans quelques promesses d'amélioration retenant l'attention du téléspectateur. Qui sait, la série pourra peut-être se réconcilier avec le registre qu'elle souhaite investir : une série sans doute anecdotique, mais sympathique et fun.

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Sur la forme, Wild Boys s'efforce d'entretenir son ambiance de "western", agrémentée de morceaux de musique adaptés, et d'une exploitation du cadre particulier offert par la bush australienne. Il y a quelques jolis plans de paysage au cours de ce pilote, et ce dépaysement n'est pas déplaisant. Cependant, la réalisation cède aussi à certains effets de style franchement discutables, comme certains passages un peu ralentis censés accentués la tension. Dans l'ensemble, la caméra essaie d'insuffler un dynamisme supplémentaire à l'aventure dans laquelle la série nous embarque, mais le résultat reste assez mitigé.

Enfin, Wild Boys réunit un casting assez inégal, mais globalement correct pour ses personnages principaux. Le héros est incarné avec un certain bâgout par Daniel MacPherson (City Homicide, Tripping Over). Son amie pragmatique est jouée par Zoe Ventoura (Packed to the Rafters), tandis que c'est Michael Dorman (The Secret Life of Us) qui interprète son acolyte et complice de ses braquages. A leurs côtés, on retrouve aussi David Field (City Homicide), Nathaniel Dean, Alex England, Anna Hutchison (Underbelly, Go Girls), Christopher Stollery, Jeremy Sims (Fireflies) ou encore Krew Boylan.

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Bilan : En dépit de tous les reproches objectifs qu'on peut lui adresser, si le pilote de Wild Boys n'est pas des plus réussis, il n'est pas non plus désagréable à suivre. J'aurais même tendance à le juger avec une certaine indulgence. Certes je confesse un penchant naturel pour son cadre et l'immersion dans la bush australienne, mais cette mansuétude s'explique aussi parce qu'il s'agit d'une fiction qui semble assumer sa relative simplicité et le registre dans lequel elle tente de percer. Elle est parfois maladroite, mais jamais prétentieuse pour un sou, n'essayant à aucun moment de se vendre plus haut qu'elle n'est. Plutôt bien rythmée, on ne s'ennuie pas, même si l'intrigue est trop convenue.

Nul doute que Wild Boys restera probablement très dispensable. Je n'ai personnellement pas de temps à lui consacrer dans mes programmes. Mais dans d'autres circonstances et la télévision actuelle ne croulant pas vraiment sous les westerns/action familiale... Tout dépendra des prochains épisodes : la série aura-t-elle la capacité de se construire et de mûrir au-delà de cette introduction ?


NOTE : 4,5/10


La bande-annonce de la série :

Commentaires

Faute d'avoir pu prendre le temps de visionner Wild Boys -pour le moment-, je me limiterai à suggérer quelques pistes si certain(e)s souhaitaient continuer l'aventure en cavalant à travers le bush...

Le western australien, s'il est très peu représenté à l'écran, a néanmoins connu ces dernières années quelques très bons ambassadeurs, même s'il faut abandonner le petit écran pour se diriger vers son grand frère.
Ne pas rater, donc, The Proposition (2005, à ne pas confondre avec la rom-com de Sandra Bullock), écrit par Nick Cave, avec nottamment Guy Pearce, Emily Watson & John Hurt.
Sorti l'an dernière, plus mineur mais plus contemporain (pas un western stricto sensu, mais qui en utilise les codes, comme Justified), Red Hill, dont les interprètes cachetonnent désormais outre-atlantique (Kwaten dans True Blood, Claire Bloom dans Hawaii Five-O).

En remontant dans le temps, on peut également s'intéresser aux grandes figures historiques, à commencer par Ned Kelly & son gang: le(dispensable) Ned Kelly de 70 avec Mick Jagger dans le rôle-titre, et celui de 2003 avec Heath Ledger, Naomi Wats, Orlando Bloom & Geoffrey Rush, sans compter la parodie potache, "Ned", sortie la même année.
Si la figure de Mad Dog Morgan a été incarnée par Dennis Hopper dans les 70's, on peut également en profiter pour en découvrir la production on ne peut plus improvisée dans le documentaire sur l'Ozploitation, "Not quite Hollywood".

Pour finir sur du plus classique, on peut s'intéresser à ce "bon vieux divertissement familial" du début des 90's qu'est "Quigley Down Under", avec, dans les rôles principaux Tom Selleck, sa moustache, et Alan Rickman...

Écrit par : F.H.R. | 09/09/2011

*Reprends sa (très longue) liste de recommandations résultant de tout échange avec F.H.R*

Merci de tous ces conseils ! :D

J'avoue que j'ai beau cherché dans ma mémoire, je crois que le western australien m'est complètement étranger. Je crois que je ne m'étais même jamais vraiment posé la question. Bref, merci, je souligne notamment The Proposition (en faisant bien attention à ne pas confondre ^^), et essaierai d'explorer ce genre en suivant tes indications !

Écrit par : Livia | 15/09/2011

Petite erreur, d'ailleurs, c'est non pas avec la rom-com de Bullock (The Proposal) qu'on risque de confondre The Proposition, mais avec le drame du même nom qui comprend Brannagh, William Hurt & NPH en têtes d'affiche.

Si on ne devait en garder qu'une poignée, outre The Proposition, on peut tout à fait se restreindre au Ned Kelly de Ledger/Rush, Quigley, Red Hill, ainsi que "Not Quite Hollywood", ce dernier permettant de passer en revue un certain nombre de productions de série B des 70's, 80's, & 00's.

Écrit par : F.H.R. | 19/09/2011

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